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Monte Hellman en blu-ray

Si la presse dans sa globalité à saluer le retour - après 20 de "silence" - de Monte Hellman, son nouvel opus laisse un gout trouble de déception. Peut-être que cette nouvelle vision permettra de réévaluer le film d'un cinéaste devenu légendaire grâce à Macadam à deux voies.


Mitchell Haven prépare un nouveau film inspiré de faits réels dans lesquels un politicien corrompu, sa maîtresse et plusieurs milliers de dollars ont disparu. A la recherche de son actrice principale, il rencontre une jeune femme qui ressemble étrangement à l’héroïne de son histoire. Alors que le tournage commence, il tombe amoureux d’elle et la sombre affaire criminelle remonte à la surface.

Son nom d'enfer ("Hellman") est légendaire depuis Macadam à deux voies (1971), road-movie beckettien, limite conceptuel, tout l'opposé d'Easy Rider. Mais sa carrière est pleine de trous - en cinquante ans, seulement dix films, échecs commerciaux pour la plupart, certains jamais distribués. Curieux parcours, assurément, que celui de Monte Hellman, inconnu du grand public comme des jeunes cinéphiles, mais adulé par une faction de partisans isolés. Ni reconnu ni vraiment maudit, cet atypique n'a cessé de travailler, souvent dans l'ombre, faisant du montage çà et là, produisant Tarantino (Reservoir Dogs) ou lançant Vincent Gallo. Voilà qu'il revient en pleine lumière avec Road To nowhere, polar bizarre, arty et qui se moque de l'être, autour d'un tournage de film compliqué par une affaire criminelle et l'amour d'une femme (la troublante Shannyn Sossamon). C'est une mise en abyme du cinéma (avec au moins trois films dans le film !), un excercice de style qui peut sembler un peu vain, autour de l'idée selon laquelle le cinéma détruit à mesure qu'il crée. Reste qu'on est bluffé par la définition inédite de l'image - on a l'impression qu'elle regorge d’oxygène - associé à de la pure mise en scène, autrement dit à du jeu sur le point de vue. Les dix première minutes, puzzle de plusieurs séquences aussi spectaculaires que silencieuses et qui n'ont a priori rien à voir entre elles, sont d'une beauté à couper le souffle.
Jacques Morice in Beaux-Arts Magazine

Et les journalistes ne s'y sont pas trompés en rapprochant le nom du film à l’œuvre culte des années 70 à travers des articles créant un pont entre ces deux long-métrages.

"Monte Hellman reprend la route" Le monde / "Reprendre la route" Chronic'art / "Monte Hellman, la route du retour" GQ /

Mais on est face à une impasse, un cul-de-sac, tant le concept du film tourne rapidement à vide et la force du projet s'évapore, se dilue, dans une mise en scène exemplaire mais dénué d'âme. Espérons que le dvd ou le blu-ray annoncé pour le 8 novembre prochain permettra de revivre cette mise en abyme et d'en apprécier toute l'ampleur.
En bonus, on retrouve un making of, une bande-annonce et les scènes coupées. Vu le temps qu'il a fallu à Monte Hellman pour retrouver le chemin des plateaux, ne laissez pas passer ce (dernier ?) film d'un réalisateur "fantôme".

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