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Les (petits) plaisirs de 2010

Le mois de décembre est traditionnellement le mois du champagne, du foie gras et des cotillons (mais pas de Cotillard ! au risque d'être malade) mais également celui des bilans, des top 10, top 5 et autres best of cinématographiques.

En cette fin d'année nous aussi nous avons décidé de publier notre podium des films à (re)voir. Mais avant de divulguer nos choix, tour d'horizon des meilleurs films selon les Cahiers du Cinéma, Chronic'art.com et les Inrockuptibles :

Les premiers a avoir dégainé leur liste furent les Cahiers dans leur numéro du mois de décembre toujours en kiosque mais trêve de suspense :

1. Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies anterieures) de Apichatpong Weerasethakul
2. Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans de Werner Herzog
3. Film Socialisme de Jean-Luc Godard
4. Toy Story 3 de Lee Unkrich
5. Fantastic Mr Fox de Wes Anderson
6. A serious Man de Joel & Ethan Coen
7. Mourir comme un homme
8. The Social Network de David Fincher
9. Chouga
10. Mother de Bong Joon-ho

Vous pouvez retrouver la liste des meilleurs films par journaliste dont celle de Stephane du Mesnildot (Love Exposure de Sono Sion / Le guerrier silencieux de Nicolas Winding Refn / Bliss de Drew Barrymore / Summers Wars de Mamoru Hosoda / The Runaways de Floria Sigismondi / Twilight 3 de David Slade) ou celle de Vincent Malausa (Teza de Haile Gerima / La terre de la folie de Luc Moullet / The Crazies de Breck Eisner).

Passons maintenant à Chronic'art.com qui a publié sur son site et non dans sa publication (devenue bimestrielle) :

1. Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)
2. Toy Story 3
3. Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans
4. The Social Network
5. A serious man
6. Kaboom de Gregg Araki
7. Unstoppable de Tony Scott
8. The Ghost Writer de Roman Polanski
9. La Vie au ranch de Sophie Letourneur
10. Mother de Bong Joon-ho

et enfin la liste des Inrockuptibles publié dans le numéro 786 (22 décembre > 4 janvier) :

1. Les mystères de Lisbonne de Raul Ruiz
2. Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)
3. The Ghost Writer
4. Film Socialisme
5. Mourir comme un homme de Joao Pedro Rodrigues
6. Bad Lieutenant
7. The Social Network
8. Policier, adjectif de Corneliu Porumboiu
9. La Vie au ranch
10. Sexy Dance 3 de John Chu ex-aequo avec Kaboom

Quant à nous, voici notre podium :





Mention spéciale pour Amer (Hélène Cattet et Bruno Forzani) et à Enter The Void (Gaspar Noé) deux des meilleurs films français que nous avons vu en salle cette année.

N'hésitez pas à publier votre liste ou votre film de l'année dans les commentaires ou sur notre page facebook.

Artus Films encore & toujours !

L'éditeur montpellierain ne semble plus s'arrêter en cette fin d'année 2010. Au programme de cette seconde vague du mois de décembre : du Bela Lugosi et un film fantastique finlandais oublié retrouvé !



Le Tueur aveugle - Walter Summers (1939)

Avec : Bela Lugosi, Hugh Williams, Greta Gynt...

L’inspecteur Holt de Scotland Yard enquête sur une série de noyades suspectes. Cinq corps ont été repêchés dans la Tamise, et Holt découvre que chacune des victimes a souscrit une assurance-vie au bénéfice du docteur Orloff, l’énigmatique directeur d’un institut pour aveugles. De surcroit, un message en braille a été retrouvé sur l’un des noyés. Holt est secondé dans son enquête par Diana, fille de l’une des victimes. Mais, aidé par un monstrueux aveugle totalement asservi à ses noirs desseins, l’assassin va encore frapper.


Croisement réussi entre horreur et film noir, Le tueur aveugle est adapté d’un roman d’Edgar Wallace (King-Kong), auteur prolifique dont l’œuvre fut portée maintes fois à l’écran, à travers notamment les Krimis allemands et les Giallos italiens. Le mythique Bela Lugosi (Dracula) interprète le mystérieux docteur Orloff, qui commet ses méfaits dans un décor urbain sombre et oppressant, digne des meilleurs feuilletons populaires. Jess Franco rendra hommage au film de Walter Summers en réalisant en 1961 le premier film d’horreur espagnol : L’horrible docteur Orlof.

Bonus :
> “Les yeux morts du Dr Orloff” par Alain Petit
> diaporama de photos
> bande-annonce

Le Renne Blanc - Erik Blomberg (1952)

Avec : Mirjami Kuosmanen, Kalervo Nissila, Ake Lundman...

Pirita, une jeune femme douée, à son insu, de pouvoirs magiques, épouse Aslak, un lapon gardien de rennes. Souvent délaissée par son mari, elle va voir un sorcier qui lui ordonne un sacrifice au dieu de pierre, afin de jouir pleinement de son pouvoir de femme. Une nuit, Pirita immole un petit renne blanc que lui avait offert Aslak. Aussitôt, s’éveillent en elle les puissances endormies. Ensorcelée, elle se mue la nuit en renne blanc, attirant un a un les chasseurs, qu’elle égorge dans une étreinte de vampire.

Tourné dans les décors somptueux du cercle polaire, Le renne blanc est une pure merveille du cinéma fantastique finlandais. S’appuyant sur une vieille saga laponne, le film offre un mélange de magie, chamanisme, et sorcellerie, dans un magnifique noir et blanc. Jean Cocteau lui-même ne s’était pas trompé, en décernant au Renne blanc le prix du film légendaire au Festival de Cannes en 1953.

Bonus :
> “Le chamanisme au cinéma” par Georges Foveau
> diaporama de photos
> bande-annonce

source : Artus Films

Le Soldat Dieu... enfin à Nice !


Durant la Seconde Guerre Sino-japonaise, en 1940, le lieutenant Kurokawa est renvoyé chez lui, en héros de guerre, couvert de médailles…mais privé de ses bras et de ses jambes, perdus au combat en Chine continentale. Tous les espoirs de la famille et du village se portent alors sur Shigeko, l’épouse du lieutenant : à elle désormais de faire honneur à l’Empereur et au pays et de montrer l’exemple en prenant à coeur de s’occuper comme il se doit du soldat dieu…

Oyez ! Oyez ! Le Soldat Dieu est enfin arrivé jusqu'à Nice après sa sortie nationale du 1 décembre 2010. Le dernier film de Koji Wakamatsu sera proposé au Mercury aux dates suivantes :

> jeudi 23 décembre à 20h15
> samedi 25 à 17h00
> dimanche 26 à 21h20
> lundi 27 à 14h00

Peut-être le film de l'année ?

Pour vous convaincre de vous ruez le voir voici quelques critiques et entretiens pour découvrir Wakamatsu et son univers érotico-politique nihiliste.

Charlie Hebdo #963
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[...]
Wakamatsu signe ici son centième film. Chez le réalisateur de Sex Jack (c'est son côté Pasolinien), sexe et politique ont toujours fait bon ménage, le premier servant de cheval de Troie au second, depuis Quand l'embryon part braconner (1966) jusqu'à ce Soldat Dieu qui, de retour de la guerre sino-japonaise, muet et amputé de ses quatre membres, n'a plus que son sexe pour exprimer sa colère. Au fond, Caterpillar reprend et creuse la ligne de l'embryon (l'affrontement à huit clos entre un homme et une femme ; les rapports de maître à esclave), même si Wakamatsu opte pour une mise en scène en apparence plus assagie. Mais les séquences au cours desquelles la femme exhibe dans une brouette, à des paysans en pâmoison, sa larve de mari, jouissant ainsi d'une humiliation (la haine) qu'elle maquille en glorification (la dévotion et la raison d'État), comptent parmi les images les plus glaçantes jamais filmées par son auteur.

Jean-Batiste Thoret

Cahiers du Cinéma #662
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L'empire de la haine
[...]Le Soldat Dieu est une œuvre brève (1h25), se réduisant à deux personnages et au décor unique d'une maison paysanne[...]. Le Soldat Dieu pourrait se lire comme le négatif de l'Empire des sens d'Oshima, dont Wakamatsu assura la production. La mutilation y est inversée (seul le pénis de l'homme demeure opérationnel) et le huit clos, au lieu d'isoler le couple de la folie belliciste de l'empire japonais, en concentre la violence et l'aliénation.
Wakamatsu adapte une nouvelle d'Edogawa Rampo, La Chenille, un classique de l'ero-guro (l'érotisme grotesque), courant littéraire japonais des années 20 dont les excès sanglants et la sexualité déviante en font l'ancêtre des brûlots érotiques et révolutionnaires de Wakamatsu. [...] En regard de l'esthétique ténébreuse de ces fils des années 60, Le Soldat Dieu pourrait sembler frontal et dénué de mystère. Le cinéaste efface les ombres de ses images de la même façon qu'il prive l'œuvre d'Edogawa Rampo de sa dimension fantastique et baroque ( à la différence de la Bête aveugle de Yasuzo Masumura, retranscription exemplaire de l'univers de l'écrivain). Cette littéralité n'est pourtant pas un défaut, puisqu'elle lui permet de dessiner sans ambiguïté un monstre concret et naturaliste : un être humain ramené à quelques besoins vitaux et pulsions élémentaires.

Stéphane du Mesnildot

Chronic'art (extrait)
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[...]
En transposant la trame d'un des sommets de la littérature japonaise (le Caterpillar d'Edogawa Ranpo) en plein conflit sino-japonais, Wakamatsu oriente sa guérilla contre les manœuvres hypocrites d'un gouvernement pour justifier l'effort de guerre. Faut-il en conclure, avec ce Soldat Dieu et ses râles antimilitaristes, à une redite déphasée du mythique Johnny got is gun ? Pour la deuxième fois consécutive, Wakamatsu préfère le naturalisme HD au magma de scories surréalistes qui agitaient son cinéma bis. Mais la reconstitution ne semble pas le souci principal (ni le point fort, avouons-le) du cinéaste. Au contraire : Le Soldat dieu ressemble davantage à une synthèse détournée, mais brillante, des marottes du Wakamatsu circa 60-70's.

Orfèvre de la perversion domestiquée, Wakamatsu revient à ce qu'il filme le mieux : la répétition ad nauseam d'actes quotidiens, le présent perpétuel comme matrice de crise conjugale. Comme souvent, l'Histoire n'a qu'une valeur de simple toile de fond, soumise au réticule domestique. Certes, les invectives de Wakamatsu ont pris de l'âge : sa consternation a gagné en sérénité et perdu en trépignements de sale gosse. Signe d'une tempérance inédite, le personnage féminin principal (étonnante Shinobu Terajima) apporte même une ampleur romanesque inédite - chez Wakamatsu, les personnages se réduisent souvent à de pures idées - à une œuvre peu versée dans l'identification empathique.

Mais ce tournant contemporain, plus mainstream, n'annonce pas pour autant un gâtisme en phase terminale. Avec son personnage démembré, Wakamatsu fait vite oublier son postulat historique pour retrouver cette galerie de freaks familière à son cinéma. Le Soldat dieu a beau être un film « en costumes », sa charge transgressive résonne bien avec l'actuel. Toujours aussi efficace, cette hargne punk explose lors des ébats intimes entre la jeune femme et son homme-lombric, véritable scuds adressés aux archétypes d'un dogme conjugal intemporel. Le guérillero du pinku eiga peut paraître assagi. Sa croisade contre le conformisme, quant à elle, semble loin d'être terminée.


Yann François

Entretien de Yann François avec Koji Wakamatsu : Le soldat mohican

Quel regard jetez-vous sur votre carrière ?
Chaque film est comme un de mes enfants. Quand je regarde mes anciens films, je les trouve assez mal réalisés. En tant que père, j'ai vraiment enfanté de sales gosses. Je ne sais pas si mon cinéma a évolué de manière positive. En tout cas, il a changé. Aujourd'hui, je fais des films plus librement. Quand j'étais jeune, j'étais souvent à la botte de mes distributeurs. Je me disais que, si 30 % de mes films pouvaient transmettre ce que je voulais dire, le travail était accompli. Les 70 % restants étaient destinés aux distributeurs et aux exploitants. Aujourd'hui, le taux est inversé : je suis libre à 70 % ! (rires)


Les Inrocks
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Avec Kôji Wakamatsu, aucun risque de s’ennuyer. Virulent, radical, extrémiste, le cinéaste gratte depuis longtemps les plaies de la société japonaise et ce nouveau film prouve de façon éclatante qu’il ne s’est nullement assagi avec l’âge.
Le Soldat dieu est un brûlot rageur, un coup de sabre tranchant dans le militarisme, le nationalisme et le patriarcalisme. Pour en donner une vague idée, quelque chose entre L’Empire des sens, Rambo, Freaks et Johnny Got His Gun. [...]
Tel Flaubert, Wakamatsu pourrait sans doute s’écrier “Shigeko, c’est moi !” Le Soldat dieu se passe il y a soixante-dix ans, mais son âpreté, sa colère, son féminisme, son tempérament iconoclaste sont d’aujourd’hui, et probablement de tout temps.


Serge Kaganski

Rencontre avec Kôji Wakamatsu, le plus subversif des cinéastes japonais par Olivier Père

Le sexe est politique dans vos films. Il n'est pas associé à la libération ou au plaisir, mais plutôt à la domination ou à la soumission.
C'est ma vision de l'acte sexuel. Pour moi, c'est beaucoup plus qu'une simple éjaculation.

Cahiers du Cinéma #662 | Tokyo, années 60 : l'esprit de Shinjuku

Beaucoup (de cinéphiles) connaissent les Cahiers du Cinéma, peu en revanche savent que la revue est sans aucun doute le mensuel de cinéma le plus intéressant et ce depuis quelques mois (qui aurait cru voir un jour la critique de film porno dans les Cahiers ? peut être que je connais mal l'histoire des Cahiers mais depuis que je le lis c'est une première !)

Hier comme aujourd'hui, les Cahiers jouisse d'une réputation de magazine "intello", or depuis l'arrivé de certains critiques (Vincent Malausa) ou la place de plus en plus grande accordé à une nouvelle vague de journaliste (Stéphane du Mesnildot en autre), les Cahiers du Cinéma propose avec éclectisme un sommaire étonnant et rafraichissant, entre film d'auteur et cinéma de genre, accordant autant de place à l'un comme à l'autre et proposant ainsi des espaces critiques de qualités à des films jadis méprisés.



Et le numéro du mois de décembre est une belle confirmation de ces propos, jugez par vous même avec le sommaire :

Cahiers du cinéma n°662

Événement : Top Ten 2010

Le Top Ten 2010
Retour sur les films de l’année
Une année d’humiliations par Cyril Béghin
Moines, moches et méchants par Jean-Philippe Tessé
Films Capitalisme par Stéphane Delorme
Godard : retour sur terre par Alain Bergala
Un an de vidéos sur Internet par Joachim Lepastier

Le jeune cinéma allemand

Fleurs d’Allemagne par Pierre Gras
Sous toi, la ville de Christoph Hochhäusler
Everyone Else de Maren Ade
Entretiens avec Maren Ade, Christoph Hochhäusler et Benjamin Heisenberg

Cahier critique

Le Quattro Volte de Michelangelo Frammartino
Renouveau du cinéma italien par Emiliano Morreale
Another Year de Mike Leigh + Entretien
Les Yeux de Julia de Guillem Morales
Machete de Robert Rodriguez et Ethan Maniquis
Notes sur d’autres films

Journal

Reportage à Nollywood, Nigeria
Distribution : retour sur trois films français
Festivals : Pusan, San Sebastián
Exposition : Tsai Ming-liang

Cinéma retrouvé

Tokyo, années 60 : l’esprit de Shinjuku
par Stéphane du Mesnildot
+ Entretien avec Masao Adachi
Le Soldat dieu de Koji Wakamatsu + Entretien
+ Entretien avec Jim O’Rourke


DVD

La sélection des Cahiers
+ Analyse d’une séquence de Ténèbres par Bertrand Bonello

Livre

La sélection des Cahiers
+ Analyse d’une séquence de La Fureur du dragon par Bernard Benoliel


Nous avons souligné en gras les sujets (qui nous paraissent) les plus intéressants de la revue et ceux qui contrastent le mieux avec la ligne éditoriale plus classique (dossier sur la nouvelle vague allemande, les critiques de films indépendants). On constate avec plaisir une ouverture vers des films et un cinéma plus souvent chroniqué dans Mad Movies, Impact voire dans Positif.

LE dossier de ce numéro (10 pages) est sans conteste celui consacré au cinéma japonnais des années 60 écrit par Stéphane du Mesnildot (auteur de l'ouvrage Jess Franco : Énergies du fantasme et blogueur via son excellent site Les Films libèrent la tête).

Un numéro à se procurer d'urgence !

source : Cahiers du Cinéma

Jean Rollin (1938 - 2010)

La semaine dernière, lors de la dernière visite d'Eric Escoffier (fan-éditeur des Monstres de la nuit) celui-ci nous a appris l'hospitalisation de Jean Rollin, la dernière.
Depuis la première édition de l'Étrange Festival de Lyon où Jean Rollin avait fait le déplacement pour présenter son dernier long métrage "La Nuit des Horloges", nous savions que le réalisateur français avait une santé de plus en plus précaire...

Retour sur quelques (sublimes) affiches et les liens vers d'autres messages consacrés à ce pape de l'onirisme à la française.






> Collection Jean Rollin en dvd
> Autobiographie de Jean Rollin , MoteurCoupez ! ... clap de fin
> les films de Jean Rollin sont en vente sur theendstore.com

Independenza ! Part 13 : L'Échappée

Avec la découverte d'un réalisateur révolutionaire comme Koji Wakamatsu, nous avons eu envie de proposer des livres revenant sur les tumultes des années 60 et 70 à travers des mouvements citoyens, groupuscules, voire des terroristes des idées. La première salve est édité par L'Échappée - structure associative désirant promouvoir des écrits libertaires - qui a l'heureuse initiative de proposer en français des bouquins passionnants pour approfondir et comprendre les changements sociaux grâce aux combats menés par des femmes et des hommes.
Trois des ouvrages proposés sont issus de la collection "Dans le feu de l'action" dont voici les présentations :

PANTHÈRES NOIRES
Histoire du Black Panther Party


« Si tu me tires dessus, je te tire dessus » est le message que fait passer le Black Panther Party à la police d'Oakland en 1966. S'inscrivant dans la filiation des mouvements d'émancipation noirs aux États-Unis, ses membres passent de la théorie à l'action. Ils représentent le réveil de l'homme noir face aux violences physiques et sociales dont il est victime. Ni intégrationnistes, ni séparatistes, leur objectif est la Révolution. Pour l'atteindre ils mettent en place des actions concrètes contre la pauvreté et l'aliénation des populations noires des ghettos. Face à cet appel à renverser l'ordre établi, loin du folklore dans lequel on a voulu les enfermer, le gouvernement décide d'anéantir les panthères noires. Il utilisera tous les moyens nécessaires. Malgré sa brièveté, cette expérience révolutionnaire reste encore un modèle pour les opprimés du monde entier.

Tom Van Eersel, journaliste et historien, a travaillé deux ans sur le Black Panther Party. De Paris à New York, il a rencontré d'anciennes Panthères noires qui lui ont raconté leurs souvenirs et leurs engagements.

WEATHER UNDERGROUND
Histoire explosive du plus célèbre groupe radical américain
Dan Berger


« Faisons la guerre chez nous ! » est le mot d’ordre lancé par le Weather Underground à la fin des années 1960. Ce groupe d’étudiants issus de la middle class américaine, révoltés par la guerre du Vietnam et galvanisés par les luttes des Black Panthers décide de prendre les armes pour renverser le gouvernement. Leurs attentats contre le Capitole, le Pentagone, le Département d’État, le FBI et leur spectaculaire libération de prison de Timothy Leary, le pape du LSD, les placent en tête des ennemis de l’État. Clandestins, pourchassés de toute part durant dix ans, certains de ses membres finiront par se rendre et resteront de longues années en détention.

Ce livre, fruit d’un travail de recherche minutieux et inédit et de nombreux entretiens avec d’anciens Weathermen, nous plonge dans l’histoire tumultueuse de ce groupe armé révolutionnaire. Il retrace la vie de ses membres, nous décrit leur quotidien de clandestins, détaille leurs objectifs politiques et dévoile leur stratégie militaire. Il porte un regard distancié et parfois critique sur leur action et sur ces années de feu où tout paraissait possible, y comprisune poignée d’activistes déterminés attaque l’impérialisme là où il se croyait invulnérable.

Dan Berger est universitaire et militant politique. Il vit à Philadelphie et a co-édité Letters From Young Activists : Today’s Rebels Speak Out, un ouvrage collectif qui donne une voix à la nouvelle génération de militants Nord-Américains.

LES DIGGERS
Révolution et contre-culture à San Francisco (1966-1968)
Avec un DVD du documentaire Les Diggers de San Francisco d’Alice Gaillard et Céline Deransart.


«EVERYTHING IS FREE, do your own thing».
Automne 1966, c'est avec ce mot d'ordre que les Diggers, un petit groupe de jeunes révoltés issus du théâtre, cherchent à radicaliser les enfants fleurs en train de converger vers San Francisco. Référence faite aux paysans anglais du XVIIe siècle menés par Gerrard Winstanley qui s'étaient appropriés des terres seigneuriales pour les cultiver en commun, les Diggers de San Francisco s'emparent du quartier de Haight Ashbury et y cultivent les graines d'une utopie en acte. Partisans du «théâtre guérilla», ils mettent en scène leur rêve d'une vie Libre et Gratuite, distribuent des repas, ouvrent des magasins gratuits, organisent de gigantesques fêtes..., et réclament la rue comme théâtre de leurs actions politiques critiques, subversives et festives.
Entrés dans la légende de la contre-culture avec le flamboyant roman autobiographique d'Emmett Grogan, Ringolevio, les Diggers ont traversé les années 1960 comme un de ces «orgasmes de l'histoire» qui jaillissent ça et là, aussi intense que court, et pour lequel il est autant question de révolution que de plaisir...

Alice Gaillard est co-auteur du film Les Diggers de San Francisco pour lequel elle a rencontré la plupart des membres du groupe.

PAUL CARPITA
Un cinéaste franc-tireur. Entretiens avec Pascal Tessaud
Préface de Ken Loach | Textes de Dominique Cabrera, Robert Guédiguian et Eric Guirado


Marseillais, fils d'une poissonnière et d'un docker, résistant, instituteur, communiste, Paul Carpita réalise en 1954 son premier long métrage Le Rendez-vous de quais. Il reconstitue la grève mythique des dockers phocéens contre la guerre d'Indochine. Le film frappe par son enracinement dans le réel. Tourné clandestinement avec des acteurs non professionnels et des décors naturels, caméra à l'épaule, il anticipe la Nouvelle vague et est considéré comme l'unique film néo-réaliste français, le chaînon manquant entre Toni de Jean Renoir et A bout de souffle de Jean-Luc Godard.
Lors d'une projection, la police saisit les bobines. Il subira la plus incroyable censure du cinéma français. Pendant 35 ans, Paul Carpita croit son film détruit, il continue son métier d'instituteur tout en tournant de somptueux court-métrages: La récréation, Marseille sans soleil, Graines au vent… Lorsqu'une copie du film ressurgit en 1989, le public découvre une oeuvre extraordinaire qui fera le tour du monde. Il réalise ensuite Les Sables mouvants et Marche et rêve!
Ces passionnants entretiens nous font découvrir l'incroyable parcours et le cheminement artistique de ce cinéaste engagé au regard singulier, défenseur d'un cinéma populaire en phase avec les tourments intimes et sociaux qui agitent notre société.

Après des études de Lettres et cinéma à la faculté de Nanterre, Pascal Tessaud, réalise plusieurs court-métrages de fiction ainsi que le documentaire Slam, ce qui nous brûle. Il produit aussi des documentaires sonores pour l'émission Surpris par la Nuit sur France culture dont Paul Carpita, portrait d'un cinéaste franc-tireur.

source : L'Échappée

Serbis | Arte Cinéma Trash



Au coeur d'Angeles, aux Philippines, la famille Pineda a élu domicile dans un vieux cinéma qu'elle exploite et qui projette des films érotiques des années 70. Alors que tous les personnages vaquent à leurs occupations quotidiennes, on découvre peu à peu leurs penchants, et les difficultés auxquelles ils se heurtent, qu'elles soient d'ordre relationnel, économique ou sexuel. En prise avec leurs démons intérieurs, tous les membres de cette famille ferment les yeux sur le business qui fleurit au sein même du cinéma : celui de la prostitution.

Ne vous fiez pas à l'affiche du film, passé deux scènes de sexe explicites, le film tend un miroir aux particularités philippines par l'intermédiaire d'une "clientèle haut(e) en couleurs !

Critique des Inrockuptibles
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[...]Brillante Mendoza a la particularité d’être arrivé tard (à 45 ans) à la réalisation après une carrière dans la publicité. Depuis son premier film, Le Masseur (2005), il a enchaîné les films, “sans trop savoir comment”, se faisant surtout remarquer grâce à John John (2007), mélo poignant, élégiaque où la filiation peut être artificielle et sublime à la fois. John John évoquait les derniers moments tendres entre un orphelin et sa nourrice avant qu’il ne parte avec ses riches parents adoptifs. Le temps réel est aussi à l’œuvre dans Serbis, soit une journée dans un cinéma porno philippin tenu par une famille dysfonctionnelle. A sa tête, une matriarche (incarnée par l’actrice Gina Pareño, à l’image de la salle : splendeur fanée mais toujours digne) menant de front un divorce –vital pour ses affaires– et la gestion d’une salle devenue contre son gré un lieu de passes homo comme hétéro. Les acteurs sont d’un naturel confondant, et ceux qu’on suspectait d’être des amateurs se révèlent être des pros, à en croire Brillante Mendoza. Il y a du soap opera dans l’air (la fille s’entichant de son cousin, le neveu pressé au mariage par sa petite amie enceinte, les problèmes d’argent), mais le louvoiement des intrigues s’accorde en fait avec l’architecture du cinéma, personnage à part entière de Serbis, où couloirs et recoins obscurs sont soigneusement arpentés par la caméra de Mendoza comme un labyrinthe où papiers peints et peaux ont la même importance. Comme dans John John, Mendoza sait se faire documentariste – avec l’urgence requise, Serbis fut tourné en seulement douze jours –, il sait aborder de front, mais aussi toucher à une magie secrète des choses. Serbis (à traduire comme “service” au sens sexuel) dévoile ainsi des corps, un furoncle mal placé, des scènes de sexe crues (entre vrais prostitués et clients) tout en donnant la pulsation secrète d’un lieu organique, notamment dans une scène où le cinéaste semble d’abord s’attarder sur une bagarre pour ensuite révéler l’environnement des protagonistes et d’autres événements simultanés – un vol, l’excitation des spectateurs, le va-et-vient des clients qui entrent et sortent. Tout y est possible, pourvu que ce soit vivant, comme l’irruption d’une chèvre au cours d’une séquence surréaliste où la patronne essaie d’inculquer un peu de professionnalisme à ses employés. Le regard de Mendoza sur les déclassés a de la hauteur sans jamais être hautain, et évite heureusement le style favela chic d’un Meirelles (La Cité de Dieu). “Mes films ne sont pas vraiment politiques, mais plutôt au plus près des individus”[...]. Pourtant, Le Masseur, John John et Serbis ont en commun un thème économique (et donc forcément politique) :la marchandisation des corps, qu’il s’agisse de prostitution ou d’adoption (John John). “C’est une donnée propre aux Philippines et au tiers-monde, où il s’agit de survivre chaque jour – et donc inhérente à mon cinéma. Ce sont des préoccupations économiques, alors qu’en Occident elles sont plus psychologiques.” Tout de même, avec ses corps-objets, Mendoza se rapproche d’un cinéaste très occidental : Rainer Werner Fassbinder. Le cinéaste confère aussi une autre dimension au film grâce à un beau travail sonore qui avait fait son effet à Cannes : le cinéma de Serbis est ainsi perméable au soundtrack citadin de klaxons, motos et sirènes (comme dans toute ville du tiers-monde), qui s’insinue dans la vie de famille, déjà troublée par les gémissements des pornos projetés. Le son affirme aussi le côté maternel du film par un renversement opéré : ce cinéma était d’abord un ventre un peu honteux qu’on croyait échographié, vie publique et vie privée se confondant, décloisonnées. Et on se retrouve vite comme un bébé émerveillé, caché, attentif et craintif quant aux bruits extérieurs. Avec l’idée folle de ne pas vouloir en sortir, pour nous comme pour les personnages, de ne pas partir. Comme John John. Arrêter le voyeurisme au bord des profondeurs et de leur magie, telle est bien la subtilité de Serbis.

Léo Soesanto

critique de Chronic'art
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Serbis crache l'urgence par tous ses pores. Shooté en une vingtaine de jours par Brillante Mendoza (John John), cette plongée dans les entrailles d'un cinéma porno philippin bouillonne de pulsions, de crasse et de sexe jusqu'à déborder. De son précédent film, le cinéaste n'a gardé que photo cramée et vérisme sauvage, le reste a été sacrifié sur l'autel du mouvement. Au centre du magma trône le fameux cinoche. Un bordel insalubre digne des trompe-l'oeil d'Escher, où les volées d'escaliers se grimpent dessus, où l'espace s'entortille tel un nœud gordien. En fait, c'est tout Serbis qui carbure au chaos et à l'inversion, comme s'il répondait au troublant métissage philippin (écoutez leur langue, regardez leurs traits). Jusqu'à ce titre - serbis / service - qui désigne le joli paradoxe de la prostitution locale : ici, c'est celui qui suce qui paie.

Dans un indescriptible foutoir, homos, hétéros et travelos se mélangent dès lors au point de ne plus se distinguer. C'est le retour du corps en tant que véhicule, délesté de tout jugement ou considérations, moins pris pour ce qu'il est que pour ce qu'il fait. Ici tout n'est qu'action, expulsion, éjaculation, miction, comme s'il fallait nettoyer, assainir avant tout. Dans Serbis, on balaie les chiottes comme on se branle ou perce un furoncle : c'est une même manière de vider le trop-plein, d'appuyer sur reset pour purger le système. En vain. Le film entier obéit à ce principe incendiaire, flirte avec les points de suture et les digues prêtes à péter. Documentaire, fiction, fantastique, quotidien s'écrasent les uns sur les autres dans une frénésie croissante, portés par une caméra sur la brèche et un souci de vitesse permanent. Jusqu'au dernier plan où tout se consume. Un geste radical que les gardiens du temple taxeront sans doute de plagiat, hermétiques hélas à sa belle évidence : cette image n'est que l'issue logique d'un film en surrégime, l'embrasement d'un feu qui couvait.


Julien Abadie

> mercredi 15 décembre à 3h00

le film est disponible en dvd à la boutique

Coming soon : Cinema Retro #19


Analyse du blu-ray de L'exorciste | interview de William Peter Blatty | interview d'Angie Dickinson sur le film de Roger Vadim "Si tu crois fillette" (Pretty Maids All in a Row)| 45ième anniversaire de "The Sound of Music | Retour sur la carrière de Rod Taylor | 2ième partie de l'interview de Lewis Gilbert (revenant notammanet sur le film Alfie | Analyse de la sexy comedie "Here We Go Round the Mulberry Bush" (1968) de Clive Donner | Hitoire des affiches de la Hammer | Rencontre avec l'acteur / chanteur Jimmy Dean pour son rôle dans Les Diamants sont éternels | Autobiographie de l'acteur Shane Rimmer | Hommage à Brian Clemens, réalisateur de nombreux épisodes de Chapeau Melon et bottes de cuir | Reportage sur l'apparition de Sean Connery au Festival International d'Édimbourg pour la projection de L'Homme qui voulait être Roi | Rencontre avec Guy Hamilton (007) | Les meilleurs films de l'année 1978 | plus les rubriques habituelles sur les dvd, les livres et les bandes originales de films,...

Independenza ! Part 12 : Doriane Films

Cela faisait un moment que nous n'avions pas évoqué un éditeur indépendant, le manque est réparé avec la disponibilité en boutique des titres suivants édité par Doriane Films.
Introuvable, Incontournable, Indispensable, voilà autant d'attributif pour qualifier le travail d'un éditeur qui creuse aussi bien dans les recoins de l'histoire du cinéma que dans les gloires passées (notamment dans leur collection "Typiquement British"). Le résultat (pour le cinéphile) est admirable.



Isadora - Karol Reisz (1968)
Un portrait poignant et haut en couleur de la célèbre danseuse américaine qui bouleversa l'art de la danse au XXè siècle et jeta les bases de la danse moderne contemporaine.

C'est avec maestria que Vanessa Redgrave incarne cette artiste extravagante, rebelle et avant-gardiste, en traversant avec la grâce de son corps et de son jeu la vie tumultueuse de la danseuse révolutionnaire, de la mère effondrée et de la danseuse bohème. Isadora, à présent vieillie, nimbée de vapeurs d'alcool et drapée de longues étoffes rouges, se penche sur son passé glorieux, entre la scène, les salons londoniens, la Russie communiste, puis la French Riviera... Avant de partir pour toujours dans un joli coupé Bugatti.

« Un des grands atouts du film est, évidemment, Vanessa Redgrave, capable de tout faire, y compris la frêle adolescente et la douloureuse épave ; y compris de danser. »

Michel Delahaye - Les Cahiers du Cinéma 1969

BONUS
Extrait de « Maïa », film de Dominique Delouche (les Films du Prieuré, 1999)
sur Maïa Plissetskaïa (10mn) :
> la danseuse étoile du Bolchoï dans le ballet « Isadora I »
que Maurice Béjart avait créé pour elle.
> Maurice Béjart et Maïa Plissetskaïa parlant d'Isadora.


Un gout de miel - Tony Richardson (1961)

Jo, une petite collégienne un peu gauche, vit à Manchester avec sa mère Helen qui se soucie plus de se trouver un nouvel amant que de s’occuper de sa fille. Un soir que sa mère l’a mise dehors pour vivre une nouvelle aventure amoureuse, Jo vit une brève idylle avec un marin noir qui repart dès l’aube. Enceinte, et abandonnée par sa mère qui s’est mariée, elle rencontre Geoffrey, un jeune homosexuel qui lui propose de vivre à ses côtés. Mais la mère ne l’entend pas de cette oreille.

Un film mémorable signé par un des maîtres du cinéma britannique des années 60. Une œuvre qui brise des tabous encore puissants à l’époque du tournage : l’homosexualité et le rapport sexuel interracial.


BONUS
« Momma don’t allow » de Tony Richardson et Karel Reisz. 1956. Un des films du programme Free Cinema.


Un dimanche comme les autres - John Schlesinger (1971)

Alex, ravissante jeune divorcée, et Daniel, médecin quinquagénaire, partagent les faveurs de Bob Elkin, jeune artiste londonien bisexuel. Quand il n’est pas en compagnie d’Alex, Bob se glisse dans le lit de Daniel.

Par peur de perdre leur Apollon, Alex et Daniel préfèrent tolérer ce Vaudeville – quitte à en souffrir. Car aucun d’entre eux n’aura jamais la préférence du jeune bohême insouciant. Avec la crise économique des années 70 en toile de fond, dans un Londres brumeux.
Une étude de moeurs très en avance sur son temps dans l’histoire du cinéma britannique : un des premiers films à parler ouvertement de la liberté de mœurs et de l’amour homosexuel masculin. Les protagonistes ne sont pas pour autant présentés comme des marginaux, mais comme des gens aux prises avec des difficultés amoureuses, et dont le désir fait doucement craquer le corset victorien.



Samedi soir, dimanche matin - Karol Reisz (1960)

Ouvrier tourneur dans une usine de Nottingham, Arthur Seaton oublie son travail abrutissant quand arrive le week-end. Là, il partage son temps entre le pub où la bière coula à flots, le lit de son amante Brenda, une femme mariée à l’un de ses collègues et les parties de pêche. Alors qu’il vient de rencontrer une belle jeune fille, Brenda lui annonce qu’elle est enceinte de lui. Cette nouvelle bouleverse le jeune homme qui va devoir se sortir de ce mauvais pas.

Arthur Seaton est par excellence le « working class hero » des jeunes hommes en colère anglais des années 60. Karel Reisz signe là une œuvre majeure, un succès phénoménal qui ouvre la voie du réalisme social britannique. Un cinéma qui parle, sans mépris ni angélisme, de la classe ouvrière qui jusque là n’avait pas souvent le droit à la parole – ni à l’image.

« Une évocation chaleureuse et , somme toute, nostalgique d’une Angleterre en voie d’extinction, celle des paisibles réunions familiales, des pubs enfumés et des sorties dominicales à bicyclette, comme eût pu la filmer John Ford »


Claude Beylie – Films - clés du cinéma

BONUS
Court métrage « We are the Lambeth Boys » de Karel Reisz. 1959. Un des films du programme Free Cinema


Les corps sauvages - Tony Richardson (1959)

Jimmy Porter est le type même de l'écorché vif, instable et agressif. Sa vie dans une petite ville du nord de l'Angleterre est d'une monotonie exaspérante, qui se partage entre un foyer étouffant, la vente de bonbons sur les marchés et un club de jazz. Réalisant la banalité de son existence, il s'en prend, au cours de colères subites, à ceux qui vivent auprès de lui.

Un film qui marque le renouveau du cinéma anglais au début des années 1960. C'est avec cette vibrante adaptation de la pièce de John Osborne, « Look Back In Anger », que Tony Richardson lança le mouvement des jeunes hommes en colère, groupe d'artistes contestataires, déçus par le travaillisme et en rébellion contre l'Establishment.



Le prix d'un homme - Lindsay Anderson (1963)

Jeune mineur du nord de l'Angleterre, Franck Machin vit dans une chambre de bonne. Il tombe fou amoureux de sa logeuse Margaret, une jeune veuve ravissante. Son destin bascule le jour où il devient joueur vedette du club de rugby local. L'argent coule à flot, les femmes lui courent après... mais les honneurs ne parviennent pas à calmer la colère de cet homme rageur, séducteur et brutal. Surtout quand la belle Margaret se refuse à lui...

« Le regretté Richard Harris (1930-2002) aimait les femmes, l'alcool et, par-dessus tout, le rugby. "J'échangerais volontiers tous mes films contre la fierté d'avoir porté, ne serait-ce qu'une seule fois, le maillot de l'équipe d'Irlande", assurait l'acteur »
Samuel Douhaire - Télérama

« Lindsay a fait seulement cinq ou six films de fictions... Mais quels films! »
Claude Chabrol

Le Prix d'un homme est le premier long métrage de Lindsay Anderson, chef de file de la mouvance britannique du Free Cinéma. Ce chef-d'œuvre est emblématique du mouvement des "jeunes hommes en colère", artistes de théâtre et de cinéma révoltés contre l'establishment et profondément déçus par le travaillisme dont les hérauts avaient promis une société plus juste.

BONUS
« O'Dreamland » (1953) de Lindsay Anderson, court métrage du Free Cinéma


La solitude du coureur de fond - Tony Richardson (1962)

Par un soir d’hiver, à Nottingham, Colin Smith et son comparse cambriolent une boulangerie et s’enfuient avec la caisse. Le jeune Colin est arrêté et aussitôt envoyé en maison de redressement. Là, le directeur va vite découvrir ses talents de coureur de fond. Il en fait son favori et le soumet à un entraînement intensif.

C’est pendant ces longues courses solitaires que le jeune homme s’évade en rêveries, déroule le film de sa vie passée, avec ses douleurs familiales et ses joies amoureuses. Ses prouesses font espérer qu’il gagnera le cross-country opposant les gars du centre à de jeunes privilégiés d’une école voisine. Rebelle et contestataire, Colin finira pas refuser de jouer le jeu de l’institution… Un final bouleversant.

Inspiré d’une nouvelle d’Alan Sillitoe, cette œuvre unique, dans la veine du Free Cinema anglais, est une féroce dénonciation de la violence sociale. Elle tire sa force poétique et politique de la qualité du scénario et de la réalisation, mais surtout de l’époustouflante interprétation de Tom Courtenay.



Joseph Andrews - Tony Richardson (1977)

Dans la campagne anglaise, en plein 18è siècle, Joseph Andrews, bel Adonis aux cheveux bouclés, est abandonné dès son plus jeune âge chez la sulfureuse Lady Booby. Bientôt séduite par ses charmes, la maîtresse dévergondée tente de l’initier aux délices de l’amour – de gré ou de force. Mais Joseph, éperdument amoureux de Fanny, ma belle oie blanche, résiste et est jeté dehors. Parti sur les routes, tel un Don Quichotte dans les prés anglais, Joesph Andrews vit des aventures rocambolesques. Il se retrouve dépouillé par des bandits, victime de qui pro quo, coupable d’amours interdites avec sa dulcinée, pour finalement résoudre, dans un happy end savoureux, le mystère de ses origines.

Une comédie haletante et haute en couleur, adaptée du célèbre roman de Henri Fielding, qui passe au crible l’hypocrisie des classes dominantes et raconte avec truculence les méfaits des fausses vertus chrétiennes. En costumes d’époque ! En 1978, Ann-Margret a été nominée au Golden Globe pour le meilleur second rôle féminin.


I was soldier - Michael Grigsby (1970)

En 1970, Michael Grigsby prend sa caméra et part filmer trois jeunes Texans récemment rentrés du Vietnam. Là, au cœur de l’Amérique profonde et poussiéreuse, les jeunes gens vont progressivement se livrer au réalisateur, étonnés de rencontrer des hommes qui s’intéressent à eux et à leur histoire. Car depuis leur retour, Lemar, Delis et David se heurtent à l’incompréhension des leurs. Comment comprendre ? Et d’abord, comment expliquer leur effet ? C’est leur regard à la fois absent et hanté, par un humaniste, qui nous informe sur ce qu’ils ne pourront pas oublier.

Michael Grigsby est un grand documentaire anglais, dans la lignée des Grierson, Jennings, et Anderson. Il a participé au mouvement du Free Cinema et a réalisé une trentaine de films traitant de réalité sociale et politique de notre monde contemporain.

BONUS
> Gravel and Stones (25min -2007)
Trois victimes du désastre cambodgien parlent de leur vie au quotidien.
> The Score (13min – 1998)
Un court-métrage musical sur les supporters de football.
> A propos de I was a Soldier (15min – 2008)
Entretien avec le réalisateur Michael Grigsby


Février 1956. Ceux qui allaient devenir les hérauts de la Nouvelle Vague britannique décident de se regrouper pour faire connaître leurs films : Lindsay Anderson, avec ses amis Karel Reisz, Tony Richardson et Lorenza Mazetti, présentent leurs courts-métrages au National Film Theatre de Londres. Le Free cinema est né - mouvement fondateur de l’histoire du cinéma anglais, précurseur du réalisme social de la fin des années 50 et du début des années 60. La première programmation est si retentissante que cinq autres programmes Free Cinema vont suivre. Ce coffret présente les 11 films des trois programmes anglais du Free Cinema (les 3 autres ayant été consacrés à des cinéastes étrangers), 5 films tournés plus tard, mais clairement inspirés de ce mouvement, ainsi qu’un documentaire exclusif présentant des entretiens avec les réalisateurs de l’époque.

Le Free Cinema se définit avant tout comme une vision nouvelle du métier de cinéaste tranchant avec l’orthodoxie conservatrice du cinéma dominant. Documentaires souvent produits grâce au bfi Experimental Fund, ces films racontent en toute liberté l’histoire des petites gens, leur quotidien, leurs loisirs et leur désarroi. En donnant la parole à ceux qui en sont le plus souvent privés, ces réalisateurs remettent en cause l’establishment et livrent un commentaire humain et poétique sur le monde qui les entoure.

DVD 1
Free Cinema 1
O Dreamland (Un Endroit de rêve) (1953)
Momma Don’t Allow (1956)
Together (Together) (1956)
Free Cinema 3
Wakefield Express (1952)
Nice Time (Un peu de bon temps)(1957)
The Singing Street (La Rue aux chansons) (1952)
Every Day Except Christmas (Tous les jours sauf Noël) (1957)
DVD 2
Free Cinema 6
Refuge England (L’Angleterre, ce refuge)(1959)
Enginemen (Les Cheminots) (1959)
We Are the Lambeth Boys (C’est nous les gars de Lambeth) (1959)
Food for a Blush (De quoi rougir) (1959)
DVD 3
Le Free Cinema, et après ; d’autres films inspirés de ce mouvement
One Patato, Two Patato (Une Patate, deux patates) (1957)
March to Aldermaston (Marchons sur Aldermaston) (1959)
The Vanishing Street (Une rue disparaît) (1962)
Tomorrow’s Saturday (Demain, c’est samedi) (1962)
Gala Day (Jour de Gala) (1963)

BONUS
> Small is beautiful, le Free Cinema raconté par ses inventeurs.


Sex Power et Un Été américain de Henry Chapier

Sex Power - (1970)
Avec Jane Birkin, Bernadette Lafont, Alain Noury et Juliette Villard - musique de Vangelis
Un poème onirique sur la recherche d'une femme idéale à travers l'errance à la fois réaliste et rêvée d'un jeune homme traversant le désert saharien, ces champs pétrolifères, les rivages californiens de Big Sur ou les décors des studios hollywoodiens pour mener cette folle quête.

Un Été américain - (1968)
Sous-titré en français
Ce docu-fiction, l'un des premiers du genre, illustre un moment unique de la jeunesse américaine des années 60. Celui où les Blancs du campus de Berkeley intègrent à leurs combats contre le pouvoir la cause des Noirs. On y découvre l'émergence du mouvement des Blacks Panthers, leurs meetings féroces et leurs entraînements militaires.
« Peace and freedom » reste le slogan de cette époque où Blancs et Noirs se battent côte à côte pour leurs droits et leur liberté...




« Au départ, la naïveté est nécessaire ; c'est elle qui permet de vivre les désirs. Ceux-ci pourtant ne prennent leur sens que s'ils débouchent sur une pratique. Il faut rompre avec les méthodes qu'utilise en général la société, s'inventer une nouvelle manière de vivre, d'aimer, de travailler, de sentir. Cela Renart ne le comprend pas. Il reste accroché aux vieilles méthodes et se retrouve finalement prisonnier de l'ancienne morale. Peut-être n'est-il pas assez courageux ou suffisamment outillé pour changer ; peut-être n'est-il pas assez plein de son désir ? Pour fonder une famille, il choisit une femme pour laquelle il n'a pas une passion, mais un devoir, un sentiment fraternel. Cela ne suffit pas. »
Michel Soutter



Quatre films de Michel Soutter (1932-1991)

Le cinéaste suisse romand Michel Soutter est né à Genève en 1932. Entré à la télévision suisse romande en 1961, il écrit et réalise d'abord des dramatiques. En 1967, il tourne La lune avec les dents. Ce premier film ouvre la brèche du nouveau cinéma suisse dont il est le précurseur avec ses camarades Alain Tanner et Claude Goretta. Auteur de dix longs-métrages de fiction, Michel Soutter réalise aussi de nombreuses émissions pour la télévision, des téléfilms, et connaît une importante carrière de metteur en scène au théâtre et pour l'opéra. Au cinéma il travaillera notamment avec Jean-Louis Trintignant et Marie Dubois (L'Escapade, 1972), Jean-Louis Trintignant, Delphine Seyrig, Léa Massari et Valérie Mairesse (Repérages, 1977), Heinz Bennent, Pierre Clémenti et Jean-Marc Bory (L'Amour des Femmes, 1981), Pierre Arditi (Condorcet, 1989).

La Lune avec les dents - (1966)
16mm N/B gonflé en 35, 78'
Festival de Locarno 1967

Avec William Wissmer, Noëlle Frémont, Desko Janjic, Michel Fidanza, Gérald Ansermet
Image : Jean Zeller
Son : Rose-Marie Jenni
Montage : Eliane Heimo
Musique : Jacques Olivier
Production : Anita Oser et Michel Soutter

DVD 1 - BONUS
> Mick et Arthur
court-métrage, 1965, 16mm, 30'
Une Poule sur un mur - Rigolades dans un HLM
court-métrage réalisé pour la Télévision suisse romande, 1965, 16 mm,12'
Cinéma Vif
> entretien avec Michel Soutter et l'équipe du tournage de « La Lune avec les dents », réalisé par la Télévision suisse romande, 1967, 16 mm, 42'

Haschich - (1967)
16mm N/B gonflé en 35, 80'
Festival de Locarno 1968, Semaine des Cahiers du cinéma 1968

Avec Edith Scob, Dominique Catton, Gérard Despierre, Marcel Vidal, Violette Fleury
Image : Jean Zeller
Son : Rose-Marie Jenni
Montage : Eliane Heimo
Musique : Jacques Guyonnet
Production : Anita Oser et Michel Soutter

DVD 2 - BONUS
> Les Métiers de la banque
court-métrage réalisé pour la Télévision suisse romande, 1966, 16mm, 25'

> René Char
portrait du poète à l'Isle-sur-la-Sorgue, réalisé pour la Télévision suisse romande, 1967, 16mm, 23'

La Pomme - (1968)
16mm N/B gonflé en 35, 98'
Festival de Locarno 1969, Quinzaine des Réalisateurs,Cannes 1969

Avec Elsbeth Schoch, André Widmer,Claudine Berthet,Antoine Bordier, Pierre Holdener, François Rochaix
Image : Simon Edelstein
Son : Marcel Sommerer
Montage : Eliane Heimo
Musique : Jacques Olivier, J.S. Bach
Production : Anita Oser et Michel Soutter

DVD 3 - BONUS
Impressions de cinq femmes sur le célibat
documentaire réalisé pour la Télévision suisse romande, 1968, 16mm, 48'

James ou pas - (1970)
16mm N/B gonflé en 35, 88'
Quinzaine des Réalisateurs, Cannes 1970

Avec Harriett Ariel, Jean-Luc Bideau, Serge Nicoloff, Nicole Zufferey, Jacques Denis
Image : Simon Edelstein
Son : Marcel Sommerer
Montage : Yvette Schladenhaufen
Musique : Guy Bovet, Frédéric Chopin
Production : Arado-film/le groupe 5/Télévision Suisse

DVD 4 - BONUS

Les Nénuphars
dramatique écrite et réalisée par Michel Soutter pour la Télévision suisse romande, 1972, 65'
Avec François Rochaix, Jean-Luc Bideau et Jacques Denis


Michel Soutter, dans les Arpenteurs, ne raconte pas une histoire qui, de l'exposition du thème à son dénouement, se soumet aux conventions du récit traditionnel. Pourtant, il bâtit, à la manière précise d'un horloger, un divertissement dont le mécanisme est proche de celui d'un vaudeville : afin de rendre service au lunaire Lucien, Léon, grand bavard qui arpente dans le secteur, accepte de porter chez Alice un panier de légumes. Il y trouve Ann, qu'il prend pour Alice et qui le reçoit avec une telle gentillesse qu'il en oublie le panier vide. Il vient donc le chercher un peu plus tard et découvre Alice qui finit par deviner qu'une mystérieuse idylle s'est nouée dans sa chambre, dénouée sur son lit...

BONUS
> Mick et Arthur, premier court-métrage de Michel Soutter, 1965, 30 mn
> Entretien avec le cinéaste à l'occasion de la sortie de son premier long métrage La Lune avec les dents, 1967, 14 mn
> Une manière de faire, documentaire. Avec Alain Tanner, Marie Dubois, Freddy Buache, Adrienne Soutter-Perrot et Simon Edelstein, 2003, 55 mn



Jacquie est une belle fille blonde de vingt ans qui traîne son spleen avec un guitariste. Le générique achevé, ils se quittent bons amis. Elle retourne alors chez sa mère à Palavas-les-Flots, où elle retrouve les copains d'enfance, une mère popote (Paulette Dubost, parfaite), et une soeur mal mariée. Jacquie met alors les pieds dans le plat et dénonce une morale bourgeoise qui lui sort par les yeux. Pour autant, ce n'est pas une intellectuelle et elle ne possède pas de réponse toute faite. Elle saute donc d'aventure en aventure, veut vivre à son gré et se heurte à l'impossible.

Au moment de sa sortie, en 1964, La Dérive défie les conventions, trace un portrait sans complaisance, mais d'une rare tendresse, d'une fille un peu paumée, d'une godiche capricieuse. Un hymne léger à l'émancipation féminine, où l'on découvre que l'insoumission n'est pas l'apanage des garçons. Tourné en noir et blanc avec très peu de moyens, le plus souvent en décors naturels dans la région de Montpellier, le film est dans le style de la nouvelle vague. A l'époque, les censeurs, choqués par la liberté de ton et de moeurs de l'héroïne, avaient interdit le film aux moins de 18 ans, le privant ainsi d'un succès commercial auquel il aurait pu prétendre.

BONUS
> "Dany, entrez dans la danse" court métrage de Paula Delsol réalisé en 1958 sur les déboires amoureux d'un jeune homme tombé amoureux d'une fille de joie
> Pierre Barouh, qui chante la chanson du film
> Interview et carnet de tournage de la réalisatrice
> Filmographie de la réalisatrice

"Je suis ému - je sors de "la Dérive" - on n'est jamais allé plus loin avec cette audace tranquille."
Jean Rouch

"Par son audace, la dérive ne peut etre comparée qu'aux tout premiers films d'Ingmar Bergman."
François Truffaut



Culloden - (1964)
Version originale anglaise, sous-titres français, 69mn

Culloden, en Écosse, 1746. Les soldats anglais affrontent les paysans fatigués, mal armés, des clans des Highlands. La bataille tourne au massacre, plus de 1000 écossais sont tués, au moins autant seront abattus pendant la chasse à l'homme qui suit. La culture des clans s'est effondrée pour toujours...
En filmant cette bataille comme un reportage de télévision, Peter Watkins en montre toute l'horreur.


« Une expérience inoubliable. Une technique complètement nouvelle et totalement audacieuse. Je n'ai jamais reçu un tel choc en voyant un film de télé. »
The Observer

La Bombe - (1965)
Version originale anglaise, sous-titres français, 48mn

La guerre froide. Peter Watkins imagine que par suite d'incidents à Berlin, l'escalade dans les "ripostes" entre les deux puissances aboutit à une attaque atomique russe sur l'Angleterre. Les milliers de victimes, la ridicule insuffisance des mesures de protection prévues pour les civils, la détresse des survivants, le retour à la barbarie face à la pénurie, tout est montré dans le style des actualités, en s'appuyant sur ce qui s'était passé à Nagasaki et Hiroshima.

« Un film terrifiant de 50 minutes qui nous fait réfléchir pendant des heures. »
Le Canard Enchaîné

« La Bombe est un film exceptionnel, même si certains spécialistes pensent que Peter Watkins est encore en dessous de la vérité. »
Le Monde

La Commune - (2000)
Version originale française, sous-titres anglais, 345mn

Peter Watkins a réalisé une fiction sur la Commune comme un documentaire contemporain pour, dit-il : "Insuffler à l'histoire figée des historiens, l'énergie épique de l'immédiateté". Pour raconter la Commune il montre une télévision aux ordres (Télévision Nationale Versailles) qui débite des informations lénifiantes, tandis qu'une télévision libre jaillie du Paris insurgé s'efforce de capter la fureur populaire.

« Un ovni dans le paysage audiovisuel : une œuvre à part, belle et crispante, qui dynamite les mécanismes de création habituels. »
Les Inrockuptibles

Punishment Park - (1971)
Version originale anglaise, sous-titres français et Allemands, 88mn

« Punishment Park est une grande leçon de cinéma, d'oû est exclu tout didactisme. Il s'agit actuellement du seul parc d'attraction qui vaille vraiment le détour. »
Le Monde

« Il y a plus d'un quart de siècle, ce fut un choc. Utilisant avec une virtuosité stupéfiante toutes les techniques du reportage télévisé, Peter Watkins filme la course dans le désert imposée aux marginaux ou révolutionnaires, réels ou supposés, arrêtés après que le président américain eut décrété l'état d'urgence. Cinéaste rebelle auquel son originalité et sa maîtrise garantissent de rester à jamais unique, Watkins prend tout le monde au piège. En 1971, cela vous faisait froid dans le dos. Aujourd'hui, c'est toujours aussi impressionnant. »
Le Nouvel Observateur

The Gladiators - (1968)
Version originale sous-titres français, 85mn
Dans un avenir proche, en Suède, des gladiateurs des temps modernes s'affrontent lors de jeux de massacre télévisés. L'épisode du jour, qui oppose des commandos chinois et occidentaux, sera momentanément perturbé par la "trahison" amoureuse d'un Anglais et d'une Chinoise qui ne se conforment pas au Système. Dans ce film pacifiste et critique du pouvoir médiatique, il suffit d'appuyer sur un bouton d'ordinateur pour donner la mort. Jusqu'où la manipulation télévisuelle peut-elle aller ?

« Peter Watkins est un réalisateur que j'admire beaucoup. Dans tous ses films, la colère et le vif intérêt pour les problèmes majeurs de notre société le distinguent de l'ensemble de ses contemporains britanniques. Eux cherchent rarement à changer la société avec leurs films : Watkins s'y efforce tout le temps. C'est pour cette raison qu'il a été couvert d'opprobre. Et aujourd'hui sort "Les Gladiateurs", tourné en Suède, et dans la droite lignée de ses explorations clairvoyantes du monde social. »
The Illustrated London News

BONUS
> Les 2 premiers courts métrages de Peter Watkins
> The Diary Of An Unknown Soldier et Forgotten Faces
> Interview de Peter Watkins
> Articles et documents sur les films

Mondo Movies et films cannibales, Reflets dans un oeil mort

Encore une fois, Bazaar & Co montre son indépendance et son courage dans l'édition de bouquin de cinéma en publiant LE livre sur les Mondo Movies et les films de Cannibales. Qui d'autre que Bazaar & Co aurait pu ? Personnellement je ne vois pas ?
Si vous voulez tout savoir sur Mondo Cane et ses suites, sur Cannibal Holocaust, Cannibal Ferox et la crème des cannibales movies, n'attendez plus, jetez-vous sur ce pavé de 370 pages.



Mondo movies et films de cannibales. Deux genres qui n'en sont qu'un, à mi chemin entre le documentaire et le film d'horreur. De Mondo cane (1962) à Cannibal holocaust (1980), plus de vingt ans d'images-choc, de polémiques, de scandales. Un cinéma du XXe siècle, inconnu, mystérieux. Ici, les explorateurs se perdent dans la jungle, fusils et caméras aux poings. Ici, le monde entier est un spectacle et la vie et la mort sont authentiques. Authentiques, vraiment ? Où se termine la réalité et où commence la fiction? De l'Italie à la France, en passant par les États-Unis, une fascinante cinématographie parallèle, véritable panorama de l'étrange. De L'Amérique insolite jusqu'à La France interdite, de Mondo Hollywood jusqu'à Face à la mort, un voyage aux frontières de l'extrême. Reviendrez-vous de ces continents perdus ?

« Les mondo movies et films de cannibales sont deux frères jumeaux issus d’une même matrice. Ils ressortent en fait d’un seul genre que l’on pourrait appeler, un peu à défaut d’autre chose, le docu-horreur. Le principe en est simple : il s’agit de mélanger images prises sur le vif et scènes de fiction dans le but de créer une confusion dans l’esprit du spectateur. Le documentaire, genre associé à la notion de règle déontologique, est détourné au service du sensationnel et de l’image-choc. Les sujets sont toujours les mêmes : la violence, la mort, le retour à un état primitif dégénéré. Les lieux choisis sont lointains afin de satisfaire le désir d’exotisme du public, mais aussi pour établir un contraste entre l’état civilisé (sous-entendu celui du spectateur) et l’état de nature (les indigènes folkloriques).
Et puis bien sûr il y a l’horreur. Les mondo et films de cannibales sont des films d’une violence extrême qui ne reculent devant rien pour choquer le spectateur : tortures, comportements sexuels extrêmes, massacres d’animaux non simulés, exécutions sommaires, le tout aggravé encore par la confusion entretenue sur la nature des images montrées.
Le discours de ces productions est là aussi toujours le même : l’homme est un loup pour l’homme, sa nature est la violence.
Parfois ambiguë dans sa formulation, cette vision du monde est au diapason d’un dispositif cinématographique oscillant en permanence entre dénonciation et complaisance pure et simple. Cinéma d’exploitation par excellence, le docu-horreur est aussi un genre hybride. Il emprunte son langage à la fois au cinéma de genre et à « l’art et essai » et anticipe une rhétorique télévisuelle qui finira par l’achever. Au carrefour de nombreux courants esthétiques, politiques et philosophiques, il jette des ponts entre l’underground et le grand public, abolit la frontière entre le vulgaire et le poétique.
Totalement imprégné des remous d’une période allant du début des années 60 au milieu des années 80, il constitue plusieurs décennies après un fascinant objet cinématographique, le témoignage excentrique d’une histoire secrète du XXe siècle.

Regarder ces films aujourd’hui, c’est plonger son regard dans un miroir déformant dans lequel nous pouvons nous reconnaître ou pas. C’est vivre une expérience qui nous pousse à mobiliser toutes nos facultés critiques, à ressentir dans son intimité une profonde décharge sensitive.
C’est le moindre de ses paradoxes : le docu-horreur, bien que souvent qualifié de morbide, s’avère au final d’une vitalité peu commune.
»

Sébastien Gayraud et Maxime Lachaud

préface de Boyd Rice.

Sélection dvd pour accompagner la lecture :


> Cannibale Ferox - Umberto Lenzi (1981)

Des étudiants en anthropologie se rendent en Amazonie pour étudier les moeurs des tribus cannibales. Sur place, ils rencontrent Mike et Joe, deux américains trafiquants de diamants et de cocaïne, ayant réduit des indigènes à l’esclavage. A la suite du viol et du meurtre d’une fille de la tribu, les cannibales se révoltent contre leurs tortionnaires. Ces derniers vont être soumis aux pires outrages…

> Emanuelle et les derniers cannibales - Joe d'Amato (1977)

Travaillant dans un hôpital psychiatrique, Emanuelle découvre un étrange signe tribal tatoué sur le ventre d’une jeune fille. Cette dernière pourrait bien avoir été en contact avec une tribue de mangeurs d’hommes, pourtant supposés disparus de la région. Intriguée, Emanuelle décide de se rendre dans la forêt amazonienne pour y percer le mystère. Elle va y découvrir que les cannibales sévissent toujours, avides de chair fraîche et de boyaux fumants…

> Amazonia : L'Esclave blonde - Mario Gariazzo (1985)

Alors qu’elle comparait en justice pour le meurtre de son oncle et de sa tante, Catherine Miles explique à la cour comment le drame s’est déroulé. Passant des vacances en Amazonie, elle et ses parents se sont fait agresser par des indigènes. Evanouie, c’est lorsqu’elle reprend connaissance qu’elle aperçoit ses géniteurs inanimés se faisant trancher la tête par la tribu. Captive, elle devient l’esclave des sauvages et subit toutes les humiliations. Mais, dans son coeur, seul le désir de vengeance subsiste, et les sauvages ne sont pas forcément ceux que l’on croit…

> Cannibalis : au pays de l'excorcisme - Umberto Lenzi (1972)

John Bradley, un journaliste photographe en voyage dans la jungle thaïlandaise, est capturé par une tribu de cannibales sauvages. Réduit à l’état d’esclave, il subit les pires humiliations comme autant de rites de passage. Bientôt, l’amour que lui porte une jeune sauvageonne, fille du chef du clan, va lui permettre de se faire accepter par la tribu. Très vite le mariage est célébré… Malheureusement, l’attaque d’une tribu rivale rendra sa femme aveugle. Il doit alors faire un choix entre sa vie civilisée et le nouvel homme qu’il est devenu…



> Cannibal Holocaust - Ruggero Deodato (1980)

Une équipe de jeunes reporters à la recherche de cannibals disparaît dans la jungle sud-américaine. Une équipe est envoyé pour tenter de savoir ce qu’il s’est passé. Cette équipe ne récupère que les bobines de films. De retour aux Etats-Unis, le visionnage des bobines va leur apprendre l’effroyable vérité…

et bien sur les Mondo Cane de Prosperi et Jacopetti



Choquant, fascinant, cruel, barbare, ce voyage aux confins de l'horreur ne vous laissera pas indemne. Découvrez la folie et la violence d'un animal monstrueux, véritable aberration de la nature : l'homme. Oserez-vous accepter la vérité de notre monde ?

Inventeur d'un genre à part entière, le "mondo", Mondo Cane fut un choc lors de sa présentation au Festival de Cannes en 1962. Repoussant toutes les limites de ce que l'on peut montrer à l'écran, ce film a marqué le cinéma d'une empreinte indélébile tant que la carrière des réalisateurs en fut marqué à jamais.



Plus de 5 heures de suppléments :

> Cette liberté de Chien (96mn), documentaire relatant le parcours des réalisateurs et l'impact énorme sucité par "Mondo Cane".
> Mal d'Afrique (40mn), analyse du rapport entre les auteurs et l'Afrique,...etc

Édition Limitée et numérotée !

Jean-Luc Godard & Wang Bing | L'Éclat / Villa Arson suite et fin

C'est aujourd'hui (samedi 4 décembre) que se termine la première partie du cycle "Écouter voir l'histoire" pour laisser place à Wang Bing à partir de demain et ce jusqu'à mercredi.

La diffusion des films de Wang Bing aurait du être marqué par sa présence, malheureusement le cinéaste chinois ne peut se déplacer pour des raisons de santé.

L’agent de Wang Bing nous informe de l’annulation de la tournée française du cinéaste (Festival des 3 continents, Centre Pompidou, Cinéma Eldorado) pour des raisons médicales.
En effet, suite à un récent repérage dans les hautes montagnes chinoises, le cinéaste souffre de troubles importants liés à une mauvaise oxygénation. Une décision médicale lui interdit toute activité.
Wang Bing s’excuse auprès de tous les spectateurs et les incite, malgré son absence, à venir découvrir ses films qui seront bien accompagnés par Patrick Leboutte. Il est vrai que le cinéaste qui a signé avec A l’Ouest des rails une des œuvres les plus monumentales de l’histoire du cinéma, explique souvent avec modestie que son travail de cinéaste est avant tout de faire connaître l’histoire d’une Chine contemporaine en pleine mutation.
Wang Bing sera ravi de rencontrer le public niçois lors de son prochain voyage en France, notamment à l’occasion de la sortie de son nouveau film de fiction, Le Fossé.


Dimanche 5 décembre

A l'ouest des rails (2004)


A Shenyang, dans la Chine profonde, Tie Xi est un gigantesque complexe industriel né au temps de l'occupation japonaise. Il a ensuite prospéré jusqu'à compter un million d'ouvriers avant 1990. Wang Bing a filmé de 1999 à 2001 la lente agonie des usines et des hommes dans l'effondrement final d'un système obsolète. En suivant au quotidien la descente aux Enfers d'une classe ouvrière autrefois promise à d'autres gloires par la Révolution chinoise, Wang Bing nous plonge au coeur d'une épopée moderne et il élève ces hommes et ces femmes au rang des plus bouleversants héros de cinéma.
Chacune des trois parties intitulées Rouille (4h), Vestiges (2h56) et Rails (2h15) peut se voir indépendamment, car elles correspondent à la même histoire, mais vue d'un point différent.


14h - Rouille 1 (2h04)
16h30 - Rouille 2 (1h59)
19h30 - Vestiges (2h58)

Lundi 6 décembre
A l'ouest des rails (2004) : 18h30 - rencontre / 20h - Rails (2h15)


Mardi 7 décembre
20h - L'homme sans nom (2009 / 1h37) - débat

"Le protagoniste de cette histoire vit loin des mondes de la matières et de l'esprit. C'est un homme de quarante ans, il n'a pas de nom. Il a construit sa propre condition de survie. Il va souvent dans des villages voisins, mais il ne communique pas avec d'autres personnes. Il ramasse des restes et des déchets mais il ne mendie pas. Il rôde dans des ruines de village abandonnés, à la fois comme un animal et un fantôme. Sous la double pression politique et économique, la plupart des gens se retrouvent privés peu à peu de leur dignité. [...] Mais l'homme reste toujours un homme. Il cherche toujours des raisons pour continuer à vivre. J'ai filmé sur une longue durée, en toutes saisons et toutes conditions pour pouvoir capter des moments essentiels"
Wang Bing

Mercredi 8 décembre
19h - Fengming, chronique d'une femme chinoise (2007 / 3h06)

Un hiver en chine. Une ville enneigé. Le jour tombe. Enveloppée dans son manteau rouge, une femme avance lentement. Elle traverse une cité puis rentre dans son modeste appartement. Le salon. Fengming s'installe au creux de son fauteuil. Elle se rappelle. Ses souvenirs nous ramènent aux débuts, en 1949. Commence alors la traversée de plus de 30 ans de sa vie et de cette nouvelle Chine. A partir de la vie de Fengming, Wang Bing réalise un film pour tisser un lien avec les nouvelles générations, raconter la Grande Histoire, constituer des archives pour les mémoires futures.

source : L'Éclat / Villa Arson

Jean-Luc Godard à 80 ans

Joyeux anniversaire Monsieur Godard ! Né le 3 décembre 1930.

Nous postons fréquemment des affiches sur les disparus. Aujourd'hui nous entamons une nouvelle ère en célébrant les anniversaires. Place au vivant !





Les trois visages de la... Hammer

Trois nouveaux livres viennent de faire leur apparition à la boutique consacré au mythique studio anglais de la Hammer. Trois thématiques venant illustrer les composantes du succès dans le monde des productions de la Hammer.
Car la Hammer c'était des histoires d'épouvante, d'horreur, de suspense, bref des films pour créer des émotions, interprétés notamment par des actrices aux charmes équivoques emballés dans une imagerie aux couleurs chatoyantes et ce jusqu'aux affiches. Trois livres pour découvrir toute l'histoire de la Hammer et comprendre leur place dans l'histoire du cinéma.

HAMMER GLAMOUR



Over fifty years ago, with the release of The Curse of Frankenstein and Christopher Lees iconic performance in Dracula, Hammer ushered in a whole new era of blood and barely-restrained cleavage in glorious colour, mixing sex and horror with a style and panache that made the small British company world famous.

Bursting at the seams with rare and previously unpublished photographs from Hammers archive and private collections worldwide, and featuring many new interviews, Hammer Glamour is a lavish, full colour celebration of Hammers female stars, including Ingrid Pitt, Martine Beswick, Caroline Munro, Barbara Shelley, Joanna Lumley, Nastassja Kinski, and of course Raquel Welch (who can forget her fur bikini in One Million Years B. C.?).


Fifty years ago, Hammer Films released their first gothic horror movie, The Curse of Frankenstein. The now-legendary British company went on to make such classics as Dracula (and its many sequels), making international stars out of Peter Cushing and Christopher Lee, changing the face of horror cinema, and inspiring a generation of Hollywood filmmakers, including the likes of George Lucas, Martin Scorsese and Tim Burton.

Now, for the first time, Hammer have given their active backing to an authorised history of the company, and have provided unlimited access to their archives.
The Hammer Story provides a film-by-film dissection, dripping with rare promotional material and previously unpublished photographs.


THE AUTHORISED COLLECTION, WITH HUNDREDS OF HAMMER FILM POSTERS FROM AROUND THE WORLD Hammer is almost as well known for the way it promoted its films as for the films themselves. The legendary British production company supported each new release with eye-catching posters that have become classics of their kind. This is the first collection of these iconic posters, with nearly 300 examples drawn from Hammers own archive, and private collections worldwide. Some are well remembered, most are extremely rare. The Art of Hammer is a testament to the companys pioneering mastery of film promotion, and a celebration of movie art at its best.