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Moi qui ai servi le Roi d'Angleterre / Jiri Menzel

A de très rares exceptions, (les premiers Milos Forman ou Les Aventures d'Ivan Tchonkine chez Mk2, l'amoureux du cinéma tchèque devait se contenter des sorties de Malavida. Or le 2 mars mars prochain (si tous se passe bien, le dvd était annoncé dans un premier temps pour la fin février), CTV éditera le dernier long métrage en date de Jiri Menzel, réalisateur Des trains étroitement surveillés, Mon cher petit village, Un été capricieux disponible en dvd chez... Malavida, dont voici la présentation du cinéaste :

Un des cinéastes tchèques les plus importants, dont la carrière est émaillée de réussites artistiques et de succès publics, et marquée par la collaboration avec Bohumir Hrabal . Formé à la FAMU, il démarre comme comédien. En 1965, il réalise un des segments du film LES PETITES PERLES DU FOND DE L'EAU. TRAINS ÉTROITEMENT SURVEILLES lui apporte une reconnaissance internationale, avec un Oscar en 1966. Les événements de 1968 interrompent sa carrière, qu’il ne reprend qu’en 1975. Il signe depuis des films qui illustrent un point de vue mordant sur ses contemporains (MON CHER PETIT VILLAGE, 1986)



Tchécoslovaquie, années 1960. Après 15 ans de prison, Jan Díte est envoyé dans une forêt des Sudètes. Il y rencontre Marcela, une croqueuse d’hommes, et s’y souvient de sa jeunesse. Prague, années 1930. Jan rêve d’être millionnaire. Il travaille dans un bistrot visité par des hommes d’affaires, tout en découvrant la sexualité avec la prostituée Jaruska. Grâce au richissime Walden, Jan est embauché à l’Hôtel Silence, où les industriels s’amusent, entre festins et prostituées. Puis Walden le place à l’Hôtel Paris. Jan y est formé par l’excellent maître d’hôtel Rossignol, qui a servi le roi d’Angleterre. L’Empereur d’Éthiopie, en visite, décore Jan à la place de Rossignol, trop grand. Alors que le Reich annexe les Sudètes, Jan rencontre Líza, une Allemande exaltée par le nazisme. Jan défend Líza contre les Tchèques, et perd ainsi son travail. Après un examen médical (certifiant qu’il est apte à se marier avec une Allemande), il l’épouse. Désormais, le Reich domine la Tchécoslovaquie. Jan travaille à l’Hôtel Silence, devenu un lieu d’»élevage de la race future». À la fin de la guerre, l’hôtel accueille les soldats mutilés. Líza ramène du front des timbres volés chez des Juifs. Elle meurt en tentant de les sauver d’un incendie. Grâce à eux, Jan devient millionnaire et achète l’Hôtel Silence. Mais les communistes prennent le pouvoir. Jan est emprisonné. Son rêve se réalise : il partage sa cellule avec le cercle restreint des millionnaires.

Dernier film en date du réalisateur, aujourd'hui âgé de 74 ans, fut un retour salué par la critique en France ("Jiri Menzel n'a rien perdu de son inventivité visuelle. Ses trouvailles scénaristiques, ses effets de montage et sa distribution impeccable hissent ce film réjouissant,(...) à la hauteur des meilleures comédies" par Jean-Claude Raspiengeas dans La Croix), à l'international ou le film fut présenté aux Oscars dans la catégorie meilleurs films étranger et dans son pays où il remporta quatre Lions (récompenses du cinéma tchèque) dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.

Si le film marque le retour d'un cinéaste (très) engagé politiquement dans les années 60 (et très censuré par le régime de l'époque), ce film scelle les retrouvailles entre Menzel et Bohumil Hrabal, auteur de nombreux livres portés à l'écran par le premier (Alouettes, le fil à la patte, Trains étroitement surveillés ou encore le segment La Mort de M. Balthazar dans Les petites perles au fond de l'eau). Entre réalisme social et poésie burlesque, Jiri Menzel retrouve le meilleur de son cinéma à travers une fresque à l'acidité comique réjouissante.

A ce jour les bonus n'ont pas été dévoilé. Peut-être une bande-annonce ? Attendons patiemment les prochains jours...



Pour les plus courageux sachez que le film, dans son intégralité, est disponible sur le même site de partage de vidéo que la bande-annonce ci-dessus en version originale non sous-titré.

source CTV / Les Fiches du Cinéma

Lydia Lunch à Nice

Figure culte de la no wave (mouvement musical new-yorkais de 1976 à 1980) et égérie des courts-métrages de Richard Kern (dont le cultissime Fingered, 1986) et de Nick Zedd, pères du cinéma de la transgression, Lydia Lunch sera à Nice le dimanche 4 mars à la salle de concert Le Volume. Une formidable occasion pour voir et écouter l'une des femmes les plus influentes de l'underground. Aussi bien actrice (Le livre de Jérémie, Asia Argento [2004]) que écrivain, Lydia Lunch est une touche à tout de génie. Du spoken word au garage, Miss Lunch transforme sa bile en funeste mélodie relatant des sombres histoires.


Pour accompagner cette annonce de concert, THE END vous propose la chronique du premier album de Lydia Lunch avec le groupe Teenage Jesus and the Jerks par Philippe Robert. Un bon moyen pour connaitre les motivations de la dame.

De la no-wave new-yorkaise, Teenage Jesus and The Jerks, emmené par Lydia Lunch, signe l'un des premiers singles [...] La jeune Lydia Lunch, dont le groupe sera immortalisé par la fameuse compilation No New York produite par Brian Eno, sait déjà clairement ce qu'elle veut : incarner autre chose qu'une banale musicienne de plus. Sauf que passer pour une artiste ne lui convient pas non plus - elle méprise les artistes... Pas encore écrivain (on lui doit l'époustouflante prose de Paradoxia), elle serait pourtant bien vue manier les mots sur scène, ce qu'elle finira par faire. Le spoken words l’intéressent, le rock moins - qu'elle voit plutôt comme un vecteur capable de véhiculer des émotions fortes. [...] La no wave ne pouvait que se construire sur des refus, une table rase du passé à la différence du post-punk anglais émergeant au même moment[...]


Philippe Robert in Post-Punk, No wave, indus & Noise (2011) p.40






Les courts-métrage de Richard Kern sont disponibles dans notre boutique en ligne

Corman's World en blu-ray / dvd [MAJ]

En novembre dernier, nous évoquions le documentaire Corman's World, présenté au Festival Lumière à Lyon, consacré au réalisateur culte, Roger Corman. Plus récemment, le film a fait le plaisir des festivaliers de l'édition 2012 du festival de cinéma fantastique de Gérardmer.
Pas encore annoncé en vidéo en France, les anglophones auront le privilège de découvrir ce film documentaire le 26 mars prochain en blu-ray et en dvd via Anchor Bay. Les éventuels suppléments n'ont pas encore été révélé.


Présentation du festival de Gérardmer 2012 :
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Ce documentaire retrace l’ascension triomphale du réalisateur, scénariste et producteur le plus prolifique d’Hollywood, le vrai « parrain » du cinéma indépendant, Roger Corman. Connu pour travailler très rapidement - certains de ses films furent réalisés en deux jours - et pour se complaire dans le monde des monstres de série B, des effets spéciaux médiocres, du jeu d’acteur bas de gamme et de la nudité à outrance, Roger Corman est aussi un rebelle respecté du cinéma.



Mise à Jour du 1/03/12
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Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, THE END a appris la diffusion du documentaire le samedi 10 mars prochain sur Arte à 22h10 sous le titre "Des ovnis, des monstres et du sexe" dans le cadre d'une série de documentaire rendant hommage à des figures cultes du cinéma de genre (Bud Spencer le 17 mars ; Christopher Lee le 24 et Udo Kier le 31).

Présentation de la chaine :
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Pour les uns, Roger Corman est le parrain du film indépendant américain, pour les autres, tout simplement, le roi des rois de la série B. Né en 1923, cet Américain hors normes a réalisé une cinquantaine de films et en a produit environ quatre cents. Extraordinaire découvreur de talents, il a permis à Jack Nicholson, Peter Fonda, Dennis Hopper, Martin Scorsese, Francis Ford Coppola ou James Cameron de faire leurs premiers pas. Si certaines de ses productions à microbudget bâclées en cinq, voire deux jours, sont oubliées, d'autres sont de vrais bijoux entrés par la grande porte dans le panthéon du cinéma, comme La petite boutique des horreurs et surtout le cycle Poe (La chute de la maison Usher, La chambre des tortures, Le corbeau, etc.).
Dans ce portrait alerte et malicieux, ponctué d'extraits à frissons, le Who's Who du septième art rend hommage à celui qui sut inventer les films les plus terrifiants du moment, sans jamais se départir d'une désarmante bonhommie.


Encore une fois, Arte témoigne de sa qualité éditoriale et quelques semaines après le Festival de Gérardmer, la chaine Franco-allemande offre aux fans de Roger Corman 115 minutes de plaisir à ne pas rater !

source : Anchor Bay UK / Arte

Pour une poignée d'inédits [DVD]

Pour un cinéphile, parlez de film méconnu, voire carrément inconnu du grand public est un plaisir qui ne s'explique pas. Pouvoir le faire partager est une chance et c'est pourquoi, nous avons le plaisir d'évoquer trois nouveautés disponibles sur notre site de vente en ligne (theendstore.com).
Commençons par le plus impressionnant, le plus violent et le plus troublant. White Lightnin' est le premier long-métrage de fiction de Dominic Murphy. Précédemment il s'était consacré à deux documentaires autour des maitres de l'horreur (Fear in the dark, 1991) et sur Alejandro Jodorowsky.

White Lightnin' - Dominic Murphy (2009)


Au coeur des montagnes Appalaches, en Virginie Occidentale, où tout homme possède une arme et de quoi distiller de l'alcool de contrebande, vit une légende : Jesco White. De sa jeunesse trempée dans les effluves d'essence en passant par de nombreux séjours en maison de redressement ou en hôpital psychiatrique, la vie tumultueuse et incandescente de Jesco se consumait dangereusement. Pour le sauver, son père tente de lui apprendre au moins une chose dans la vie : la danse ou plutôt une version frénétique de claquettes sur de la musique country. Propulsé sur le devant de la scène, applaudi aux quatre coins du pays, Jesco goûte à la vie et tombe amoureux. Mais, obsédé par la vengeance du meurtre son père, il réveille les démons qui sont en lui !


Aucun bonus à signaler sur le dvd mais deux ans après sa sortie cinéma en France (17 février 2010), il est de nouveau possible de revoir ce premier film aussi bouleversant que tétanisant.
White Lightnin' risque de passer inaperçu et pourtant, c'est un choc comparable à la découverte des premiers longs métrages de Darren Aronofsky en son temps, autant pour le mélange de poésie brute que pour les qualités de fabrication proches du cinéma-guérilla. Si on devait le rapprocher d'un film récent, ce serait sans doute Bronson, de Nicolas Winding Refn, avec lequel il partage un style underground et la même caractérisation d'un personnage flingué par la vie partagé entre l'expression et la manière, l'art et la violence.
Romain Le VERN, journaliste




Heureusement pour les cinéphiles que le film remporta le grand prix du jury du festival du film britannique de Dinard, sans ça, il ne fait aucun doute que ce long-métrage serait toujours inédit en France.

Changeons de continent pour le Japon avec Funuke, connu également sous le titre Funuke Show Some Love, You Losers! Malgré le fait que le film ait été présenté à Deauville en 2008, le film n'a jamais connu d'exploitation en France, comme les autres films du réalisateur.

Funuke - Daihachi Yoshida (2007)


Sumika, qui veut devenir actrice à Tokyo, rentre dans sa ville natale pour l'enterrement de ses parents. À son retour, sa jeune sœur Kiyomi semble avoir peur d'elle. Leur demi-frère aîné, Shinji, se retrouve au milieu. Il a un secret qu'il ne peut dévoiler à sa nouvelle femme Machiko, témoin perplexe de la relation de ces trois personnages, mais heureuse d'avoir sa belle-sœur à la maison.


Comme pour White Lightnin', Funuke est vierge de tout bonus mais cette édition est la seule qui propose un sous-titrage en français, autant dire que si vous souhaitez découvrir ce film, il ne faut pas laisser passer ce dvd.



Si de prime à bord le synopsis du film ne laisse pas présager une grande nouveauté dans le traitement du film, le réalisateur arrive à hisser son film grâce à un sens de l'imprevu élévé au rang d'art. Le spectateur ne pourra jamais deviner à l'avance la suite des événements. En ces temps de calibrage, c'est un vrai plaisir de se faire emmener dans un univers qui se découvre petit à petit excentrique à la limite du barré. Certes, nous sommes très loin d'un Crazy Family de Sogo Ishii ou de Visitor Q de Takashi Miike (autres films sur des famille "traditionnelles" japonaises qui partent à la dérive, pour ne pas dire dans la folie) mais l'ambiance et le visuel du film participe à une folie douce. Et puis les amateurs de Eriko Satô seront content de la voir dans un autre chose que dans Cutie Honey, seul film à être, jusque là, disponible en France

Double Take - Johan Grimonprez (2009)


Thriller politique, Double Take met en scène un récit orchestré par Alfred Hitchcock, où se mêlent faux-semblants, couples étranges et histoires croisées. Alors que la guerre froide s’intensifie, la télévision prend peu à peu le cinéma en otage en s’immisçant dans les foyers américains. Les dirigeants des deux blocs s’efforcent désespérément de rester cohérents lors d’un débat à la télévision. Et, Hitchcock et son insaisissable double apparaissent de plus en plus obsédés par le meurtre parfait... de leur double respectif ! A partir d’un collage d’archives télévisuelles et cinématographiques, Johan Grimonprez, sur un scénario inspiré d’une nouvelle de Borges, détourne la figure mythique du « maître du suspense ». Sous la forme d’une intrigue ludique, il dissèque la paranoïa d’un individu comme métaphore de la crise politique et nous invite à réfléchir à notre propre rapport aux images.


Au contraire des deux premiers titres évoqués ci-dessus, Double Take est l'édition la plus soignée, digipack cartonné, comportant une interactivité. On retrouve un module autour du casting Londonien "The Hitchcock Casting", les teasers et la bande-annonce. Autre supplément, les spots publicitaires réalisé par Johan Grimonprez pour du café soluble "Folger coffee".



Double Take est difficilement appréhendable, et c'est toute sa richesse de proposer aussi bien un portrait d'Alfred Hitchcock qu'un thriller centré autour de la guerre froide. Artiste plasticien de formation, Johan Grimonprez questionne notre mémoire visuelle pour semer le trouble dans la réalité en la confrontant à la fiction. Ce maelström de collage visuel et sonore, offre à l'artiste une troisième voie, poétique, virtuose, intriguant... passionnant.

Tous ces films sont donc disponibles en version originale sous-titré en Français dans notre espace boutique (accessible depuis le blog en haut à droite).

Phill Niblock Six Films

Si certains cinéastes sont pluridisciplinaires, nous pensons à David Lynch en premier lieu ou à Vincent Gallo, leur reconnaissance est avant tout liée à leurs activités principale. D'autres, acquiert notoriété et intérêt grâce à des activités annexes qui viennent aussi bien poursuivre leur réflexion artistique qu'ouvrir un vaste champs d’expérimentation. Dans ce cas précis, nous pensons à Phill Niblock. Méconnu du grand public mais reconnu pour son travail dans la musique expérimentale, son passé de photographe (de jazz) et principalement de réalisateur est remis au gout du jour avec un dvd compilant six courts-métrages entre 1966 et 1969.



Né en 1933 dans l'état de l'Indiana, Phill Niblock découvre la scène new-yorkaise après son installation en 1958. Travaillant dans un premier temps comme photographe, c'est son travail de cinéaste qui lui permit de rencontrer artiste et comédien underground et d'être confronter à la musique.

Morning (1966-69) 17 minutes
Réalisé par Phill Niblock à partir d'une idée de Niblock et de Jean Claude Van Itallie, filmé par Niblock avec un texte de Lee Worley et Michael Corner, avec des membres du Open Theater (Lee Worley, James Barbosa, Cynthia Harris, Sharon Gans, Joseph Chaikin)

The Magic Sun (1966-68) 17 minutes
Filmé par Niblock avec les membres du Sun Ra Arkestra.

Dog Track (1969) 8:30 minutes
Filmé par Niblock avec un texte lu par Barbara Porte

Annie (1968) 8 minutes
Portrait de la danseuse Ann Danoff.

Max (1966-68) 7 minutes
Filmé par Niblock, monté par David Gearey. Portrait de Max Neuhaus (1939-2009)

Raoul (1968-69) 20 minutes
Portrait du peintre Raoul Middleman avec une musique improvisé par ses soins.

Comme nous l'évoquions, les films de Niblock sont une entrée en matière à sa musique, et celle-ci est un prolongement de son art visuel. C'est pourquoi nous avons décidé de vous proposer la présentation de Philippe Robert parue dans son ouvrage consacré au musique expérimentale afin de capter des bribes de l'univers de Phill Niblock

De manière obsessionnelle, et sans que cela en ait fait pour autant un boulimique de la production, Phill Liblock n'a pas cessé d'inventorier le même sillon depuis 3 to 7 - 196, une composition pour violoncelle datant de 1974. Chez lui, cette quête, comme cela a pu être le cas pour certains de ses confrères ( et certaines de ses consœurs, n'a cependant jamais été guidée par quelque préoccupation d'ordre mystique que ce soit, à la différence d'une Eliane Radigue ou d'un La Monte Yoing qu'il découvrit à New-York et en direct, à l'époque du Dream Syndicate, une formation comptant parmi ses membres Marian Zazeda, Tony Conrad, John Cale et Angus McLise. D'ailleurs, Phill Niblock ne s'avouera pas particulièrement intéressé par l'intonation juste, pas plus que par la musique indienne. Alors comment, dans son cas tirer profit d'une formation musicale inexistante (à part quelques leçons de piano et une passion pour Duke Ellington et les 78 tours de jazz) ? La réponse lui parut évidente : en décidant de ne s’intéresser qu'au champs de l'expérience, juste pour la beauté de cette dernière et sans arrière-pensée théorique ou philosophique. Du coup, l'adéquation s'est avérée d'emblée totale entre sa méthode, minimale s'il en est, et son obstination à la sublimer en la remettant constamment sur l'ouvrage. Sa découverte du travail de Morton Feldman, la première, leva toute inhibition, comme si certaines de ses pièces l'avaient autorisé à faire fi, lui aussi, des progressions harmoniques habituelles. C'est ce qu'il mettra effectivement en œuvre à partir de 1968, après avoir compris que de longues notes tenues permettaient de sonder en profondeur la dimension contemplative de l'écoute, comme d'appréhender la fluidité temporelle inhérente au phénomène musicale

Avec Alvin Lucier, Phill Niblock représente certainement l'une des figures majeures du minimalisme. Seules les architectures sonores massives le passionnent - et donc tout ce qui leur est associé, des projections d'ondes aux microtonalités en passant par le volume sonore et l'espace. Simple, sa méthode n'a finalement évolué qu"en raison des avancées technologiques, en passant de deux magnétophones à bandes à huit puis vingt-quatre pistes, couplées avec un ordinateur et un logiciel performant. Ce dernier, indispensable à la composition, permet d'obtenir des épaisseurs de sons presque illimitées, dans lesquelles les sources instrumentales acoustiques sont préférées à l'électronique. Les flûtes de Susan Stenger, Eberhard Blum, comme les guitares de Rafael Toral, Kevin Drumm, Lee Ranaldo, Thurston Moore ou Alan Licht ont ainsi nourri, comme les appelle Phill Niblock, des "partitions de mixage" correspondant à des assemblages de blocs d'informations précis, avec des hauteurs prédéterminées et vérifiées de façon - pour ainsi dire - scientifique.

En résultent des pièces devant être jouées, chez soi ou en public, à un volume sonore conséquent proche de ceui du rock. C'est seulement ainsi, par immersion, que l'on pourra percevoir au mieux l'effet littéralement physique que générent ces masses sonores se superposant jusqu'à créer un bourdon envahissant et hypnotique.

Philippe Robert in Musiques expérimentales - une anthologie transversale d'enregistrements emblématiques, Formes, Éditions Le mot et le reste / Grim, Marseille, septembre 2007 p 220

Depuis 1985, Phill Niblock est le directeur la fondation Experimental Intermedia à New-York. Pour finir, voici deux courts-métrages représentatifs de son travail visuel.





Le dvd Phill Niblock Six Films 1966-1969 est en vente dans notre boutique

Elia Suleiman | L'Éclat - Villa Arson (Nice)

A partir du mercredi 22 février, la Villa Arson accueille le cinéaste palestinien Elia Sulieman pour un cycle dédié à l'histoire. Une initiative à mettre au crédit de l'association cinéma de la Villa Arson, L’Éclat, aidé pour l'occasion par Philippe Azoury, journaliste à Libération.

Présentation de la manifestation :
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“ En fait, pour moi, il n’y a pas de terre-patrie ; la seule “patrie”, c’est la mémoire, et la mémoire, ce sont d’abord des corps".
Elia Suleiman

Elia Suleiman est cinéaste. Réalisateur, scénariste et acteur palestinien. Il réalise d’abord des courts métrages à New York (Introduction à la fin d’un argument, essai sur la représentation des Arabes à la télévision et dans le cinéma hollywoodien). Avec Chronique d’une disparition, Prix du meilleur premier film à La Mostra de Venise en 1996, la scène internationale le découvre, et le consacre à nouveau d’un Prix du Jury au Festival de Cannes 2002 pour Intervention divine. Après plusieurs participations à des projets collectifs (acteur dans Bamako et Je t’aime… moi non plus, réalisateur dans Chacun son cinéma), Le Temps qu’il reste est présenté en compétition au Festival de Cannes 2009. Elia Suleiman fait partie de ces cinéastes pour qui le projet politique du film est indissociable du projet esthétique. Le corps et son mouvement dans l’espace, le souci du cadrage et de la mise en scène, sont autant de ressorts burlesques pour rendre les frontières floues ; il est souvent comparé à Tati et Keaton.

PROGRAMME :

MERCREDI 22 FÉVRIER
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à 18h > Conférence d’Elia Suleiman introduite par Philippe Azoury
à 20h30 > Introduction à la fin d’un argument d’Elia Suleiman et Jayce Salloum (Palestine, 1990, 45’, vostf)
Patchwork et montage d’images issues de photos, journaux télévisés, fictions, mettant en scène le peuple arabe et les préjugés qui accompagnent leurs représentations visuelles.

suivi de
Cyber Palestine d’Elia Suleiman (Palestine, 2000, 16’, vostf)
Marie et Joseph tentent de passer un check point pour se rendre à Béthléem… Commandé par l’Autorité palestinienne à l’occasion du passage à l’an 2000.

JEUDI 23 FÉVRIER
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à 20h > Le Temps qu’il reste d’Elia Suleiman (2009, 1h45, vostf)


L'action du film débute à Nazareth, la ville natale du cinéaste, en 1948, avec son père en combattant défait, et s'y termine de nos jours, tandis qu'Elia Suleiman vient visiter sa mère. C'est une épopée stylisée du destin de ceux qu'on appelle les Arabes israéliens, ces Palestiniens demeurés dans les frontières du futur Etat d'Israël.
suivie d’une rencontre avec Elia Suleiman



VENDREDI 24 FÉVRIER
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à 18h > Intervention divine d’Elia Suleiman (2002, 1h32, vostf) - présenté par Philippe Azoury


Es, Palestinien de Jérusalem, est partagé entre la nécessité de s'occuper de son père et son amour pour une Palestinienne de Ramallah. Comme la femme ne peut aller plus loin que le checkpoint situé entre les deux villes, le couple se retrouve dans un parking près du checkpoint.



à 20h > Chronique d’une disparition d’Elia Suleiman (1998, 1h24, vostf)
Un réalisateur revient en Israël pour faire un film sur la perte d'identité de la population arabe d'Israël et organise son récit en deux parties. “Nazareth, journal intime” : sa famille, au sens large, et “Jérusalem, journal politique” : la situation et le bouillonnement sous le calme apparent d’une société qui attend.

à 21h45 > Ici et ailleurs de Jean-Luc Godard et Anne- Marie Mieville (1976, 1h)
Ici : une famille française qui regarde la télévision. Ailleurs : des images de la révolution palestinienne.
En 1970, lors du massacre des combattants palestiniens par l'armée jordanienne, le groupe Dziga Vertov tourne une commande de l’Organisation de Libération de la Palestine. Après la dissolution du groupe, J-L. Godard et A-M. Mieville termine le projet.

Outre le plaisir de pouvoir se confronter à un cinéma en présence de son réalisateur, L’Éclat nous permet (au delà de découvrir un cinéaste) de voir des films qui ne sont toujours pas disponibles en vidéo (du moins en France). Malgré les récompenses dans les plus prestigieux festivals du monde (Cannes, Venise), l’œuvre d'Elia Suleiman reste encore à explorer.

Angoisse, le prochain dvd Mad

Non, le prochain dvd vendu avec Mad Movies ne sera pas le film de Jacques Tourneur (1944) mais il s'agit du tout aussi excellent Angustia (1987) signé Bigas Luna. Ce réalisateur espagnol vous dit surement quelque chose puisque certains de ces films ont connu les honneurs du grand écran en France, comme Jambon Jambon (1992) qui révéla une certaine Pénélope Cruz ou Bambola, autre long-métrage au caractère fortement érotique.

Si l'annonce de sa prochaine disponibilité en dvd et blu-ray était connue depuis le mois de janvier dernier grâce à 1kult et dvdclassik, c'est au détour du forum de la revue spécialisée dans le cinéma de genre et dans l'horreur en particulier que nous avons appris cette (bonne !) nouvelle.


Tout cela commence de manière très classique : dominé par une mère terrifiante, un homme commet des crimes en séries. Peu à peu, nous découvrons que nous sommes dans une salle de cinéma, et que cette histoire de tueur en série est un film que regardent des spectateurs. Parmi eux, il y a un tueur. Dès lors, dans le cinéma et sur l'écran, les mêmes crimes vont avoir lieu...

En bonus, nous retrouvons un Fac-similé de l'article de Mad Movies sur la sortie du film (8 pages), une interview de Bigas Luna, un making of et une bande-annonce.

The Ballad of Genesis and Lady Jaye en dvd

Un de nos films coup de cœur de l'an passé, (découvert à Nice en mai 2011 grâce à L’Éclat) sera prochainement disponible en dvd le 4 avril prochain dans une édition très riche. Mais avant de vous dévoiler le contenu de cette sortie, retour sur le film avec la chronique de Stéphane Du Mesnildot dont nous apprécions particulièrement son travail, que se soit aux Cahiers du Cinéma, sur son blog (les films libèrent la tête) ou en tant qu'auteur*.


The ballad of Genesis and lady Jaye retrace l'histoire hors norme de l'artiste Genesis Breyer P-Orridge et de sa femme et partenaire artistique, Lady Jaye, qui par amour ont décidé de se fondre en une seule entité. Artiste majeur de l'avant-garde new-yorkaise de ces 30 dernières années, considéré comme l'un des pères de la musique industrielle, Genesis a défié les limites de l'art et de la biologie. En 2000, il débute une série d'opérations afin de ressembler trait pour trait à Lady Jaye, une performance risquée, ambitieuse et subversive. The ballad of Genesis and Lady Jaye relate cet acte ultime d'amour et de dévotion.

Je serai ton miroir
"I'll be your minor" : c'est la chanson à laquelle on pense devant The Ballad of Genesis ans Lady Jaye, magnifique chanson que Lou Reed écrivit pour Nico sur le premier album du Velvet Underground. Le film de marie Losier, portrait de l'amour symbiotique de deux personnalités hors du commum, pousse le voeu jusqu'au bout : renier jusqu'à son identité génétique pour ne faire plus qu'un avec l'aimé.

Lorsqu'en 1993, Genesis P-Orridge, "pape" de la musique industrielle et leader des groupes Throbbing Gristle et Psychic TV, rencontre Jacqueline Breyer alias Lady Jaye, "performance" new-yorkaise extrême, il en tombe fou amoureux. Tous deux s'engagent dans un projet artistique et passionnel qu'ils nomment "pandrogynie" : devenir le reflet l'un de l'autre par une série d'opérations chirurgicales et hormonales, et créer ainsi une nouvelle entité, ni masculine ni féminine. La transexualité est au cœur du projet, même si les deux artistes entendent dépasser le genre. Genesis et Lady Jaye se vivent comme des superstars warholiennes, des personnages de fiction et des œuvres d'art. Avec Brummel, ils pourraient dire : "La création de moi-même est ma folie".

On mesure le chemin parcouru lorsque marie Losier montre Genesis retrouvant dans ses archives son premier disque, enregistré à 17 ans. "Voilà ce qui peut arriver parfois à une idée", déclare-t-il, considérant le jeune rebelle londonien, fou de beat litterature, devenu depuis une flamboyante créature. L'idée, de façon très cronenbergienne, a le pouvoir de modifier le corps et la chair. "Le corps n'est qu'une valise dans laquelle nous sommes transportés, déclare Genesis. La pandrogynie, c'est l'esprit, la conscience. Pendant les années 70, au sein de Throbbing Gristle ou du collectif COUM Transmissions, proche des activistes viennois, Genesis travaillait une dimension charnelle souvent dérangeante, exposant l'envers d'une société britannique puritaine et répressive. La nudité, les mutilations, la pornographie, l'exposition de déchets organiques étaient déjà une façon de dévoiler la vie scandaleuse de la chair. Dans sa musique, intégrant les sons concrets de la société industrielle et dans son corps, site des mutations les plus radicales, Genesis applique les méthodes littéraires de William S. Burroughs et de Brion Gysin, en particulier le célèbre cut-up : la création d’œuvres originales à partir du découpage d'un ou plusieurs textes et de leur assemblage aléatoire. "Ouvrir un trou dans la réalité", et mettre au monde des entités artistiques inédites, tel est le but du cut-up pour Genesis. C'est à une opération du même ordre, sur leurs organismes et leurs identités sexuelles, que se sont livrés Genesis et Lady Jaye, pour parvenir à la créature hermaphrodite Breyer P-Orridge (nom désormais adopté par Genesis). "La peau que j'habite" aurait pu aussi être le titre de cette love story transgenre où l'amour fait muter les corps.

Construire un documentaire autour de tels personnages impliquait de ne pas se limiter à une succession de témoignages face caméra. La Française Marie Losier, basée à New-York, s'inscrit dans la tradition de l'underground new-yorkais et du cinéma à la fois intime et expérimental de Jonas Mekas. Elle retrouve l'économie artisanale de l'underground, maîtrisant de bout en bout la conception du film, du tournage à la prise de son et au montage. Cette liberté, ce goût pour l'improvisation et ce rapport direct au corps sont en parfait adéquation avec les principes artistiques de ses modèles. Lady Jaye avait accepté la présence de la réalisatrice car elle considérait son histoire d'amour avec Genesis comme leur œuvre d'art commune et voulait qu'en soit conservé le souvenir. Marie Losier s'est immergée dans le quotidien du couple pendant sept ans, suivant leurs performances et concerts, mais aussi leur vie sentimentale, simple et émouvante, d'anniversaires en promenades dans Central Park. Le tournage à la Bolex 16mm et les bobines de trois minutes obligeaient la réalisatrice à la fragmentation, à saisir des instants et à travailler par croquis rapides, sans plan établi.
Ce témoignage était déjà précieux mais Marie Losier a poussé son exigence plus loin au montage. L’absence de linéarité est complexifiée par le collage de photos, de documents en vidéo ou de home movies en super 8, pour la plupart inédits. Autour de ces personnages en métamorphose, c'est l'identité organique du film lui-même qu'il devient ardu de définir. La pellicule mutante agrège non seulement les supports mais aussi les époques. Genesis, comme en rêve, retourne dans le passé et rejoue sa rencontre avec Lady Jaye dans le donjon d'une domina new-yorkaise. Nous le retrouvons aussi enfant, revivant une traumatisante journée d'école. Dans d'autres saynètes, cette fois libérées de tout ancrage temporel, il exécute de petites chorégraphies burlesques et émouvantes. Avec audaces, la réalisatrice reprend les formes du cinéma expérimental et monte certaines séquences en d'hypnotisantes coupes métriques, boucles et répétitions. Si l'influence du cut-up est perceptible chez la "biographe", plane également l'ombre de Derek Jarman qui fut l'ami intime de Genesis. Malgré les couleurs pop, acidulées ou saturées, et les excessives queens punks, le cinéma de Marie Losier, comme celui du Jarman de Jubilee, est profondément mélancolique : ces belles fleurs artificielles sont déjà en train de se faner et mourir. La chronique d'un amour, sujet originel de la réalisatrice devient le récit tragique d'un deuil.

La ballade est écrite au passé puisqu'en 2007, la mort a ravi à Genesis sa compagne, mettant brutalement un terme à leur utopie pandrogyne. Cette dimension mélodramatique est la plus douloureuse, car Genesis se retrouve désormais seul dans un corps dont le destin était d'être couplé. c'est le romantisme noir et l'histoire de fantômes dissimules sous le camp, le strass et les paillettes. Le film de Marie Losier pourrait être un tombeau pour l'amante défunte si la tentation funèbre n'était pas balayé par l'énergie créatrice de Genesis Breyer P-Orridge. Plutôt que de parler de mort, il dit : " Elle a abandonné son corps." Si Lady Jaye n'est plus de ce monde, l'idée qu"elle a représentée demeure et continue d'être la force motrice du travail de l'artiste. Et The Ballad of Genesis and Lady Jaye atteint un optimisme inattendu.


Stéphane Du Mesnildot in Cahier du Cinéma #672 (novembre 2011) p.54-55

En bonus, voici l'interview de Genesis P-Orridge et de Marie Losier, extrait du dossier de presse du film.


(Cliquez sur l'image pour agrandir)

Et les suppléments du dvd dans tout ça ? Vous retrouverez donc les courts-métrages de Marie Losier (par encore de titres mais espérons qu'il s'agisse de ceux diffusés en janvier dernier au Centre Pompidou dans le cadre de la soirée spéciale qui lui était consacrée. Pour informations voici la liste des courts projetés pour Hors pistes 2011 : Tony Conrad DreaMinimalist, Slap the Gondola, Cet Air La, The Ontological Cowboy, Papal BrokenDance) ; une interview de la réalisatrice ainsi que du producteur et de Genesis P-Orridge ; retour sur l'avant première du film et bien entendu les traditionnelles filmographies, biographies et bande-annonce.



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*Jess Franco, Énergies du fantasme et Fantômes du cinéma japonais, tous deux disponibles dans notre boutique theendstore.com
La reproduction de l'article est dans un but informatif et promotionnel, si la rédaction ou l'auteur souhaite son retrait, merci d'envoyer un mail à theendstore@gmail(POINT)com.

Spectrum Films : les nouveautés

Annoncé pour le 6 mars prochain, les nouveautés Spectrum Films confirment et signent la liberté de ton dans les choix éditoriaux du label. Entre un mockumentaire (The Heavenly kings - 2006) et un film social à vif (The Way we are - 2008), cette nouvelle salve en provenance de Hong-Kong s'annonce passionnante.

The Way We are (2008) - Ann Hui(Ann HUI On-Wah - 許鞍華)


Tin Shui Wai est un quartier populaire à la mauvaise réputation. Kwai, veuve, la cinquantaine, habite avec son fils Cheung Ka-on l'une des nombreuses tours. Leur relation est compliquée car Cheung ne parle pas. Kwai rencontre au supermarché où elle travaille Grand-mère Leung qui cherche un emploi. Les deux femmes, voisines et collègues, vont petit à petit, partager leurs solitudes.

Réalisé par Ann Hui (Boat People, Passeport pour l'enfer, Zodiac Killer), The Way we are sera seulement le second film de la réalisatrice à être disponible en France. Film d'une simplicité et d'un humanisme touchant, ce long-métrage est un beau moment en perspective. Un coup de chapeau à Spectrum car sauf erreur de notre part, c'est la première fois que le film sera disponible en dvd en occident. En supplément, l'éditeur nous proposera un contenu très riche avec une interview de la réalisatrice, un court-métrage et des bandes-annonces.



Le second film est nettement plus léger mais tout aussi intéressant dans sa belle entreprise de décortiquer le fonctionnement des majors de la musique à travers la création d'un boys'band. Ce docu-menteur est un croisement entre Spinal Tap et Michael Moore.

The Heavenly Kings (2006) - Daniel WU (Daniel Wu Yin-Cho - 吳彥組)


En 2005, Daniel Wu star du cinéma de Hong Kong, Conroy Chan Terence Yin et Andrew Lin comédiens de série B, décident de s'unir pour fonder un boys band appelé Alive. The Heavenly Kings suit le gorupe dans toutes les étapes de sa carrière : du premier instant jusqu'au splir final. Face à l'incompétence du groupe, des stars actuelles de la Canto Pop s'expriment : Jackie Cheung, Karen Mok, Nicholas Tse ou Candy Lo. Aucun ne comprend la motivation d'Alive de se lancer dans un tel défi. The Heavenly Kings est un "mockumentary", et rappelle le film culte de Rob Reiner This is spinal Tap réalisé en 1984.



Encore une fois, Spectrum fait un boulot formidable avec des compléments pertinents permettant de décrypter davantage ce film qui provoqua quelques remous dans la presse Hong-kongaise. On retrouve donc une interview du réalisateur, un commentaire audio, un reportage Alive is Not Dead (nom du groupe), un court métrage de Daniel Wu et les bandes-annonces Spectrum pour découvrir un catalogue sortant des sentiers battus d'un cinéma asiatique se résumant (malheureusement) trop souvent à quelques têtes de gondoles.

Source : Spectrum Films

Supplément à la vie de Barbara Loden

Jusqu'à une période récente, Barbara Loden (1932 - 1980) se résumait à très peu de chose. Quelques anecdotes, quelques faits, seconde épouse d'Elia Kazan, réalisatrice d'un film méconnu, Wanda en 1970, et accessoirement actrice. Aujourd'hui, le livre de Nathalie Léger est un bonus indispensable à l'unique film de Barbara Loden, à sa compréhension et à sa réception émotionnelle.



Présentation de l'éditeur
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Plusieurs destins s'entrelacent dans ce nouveau récit de Nathalie Léger. Ils se nouent autour d'un film, Wanda, réalisé en 1970 par Barbara Loden, un film admiré par Marguerite Duras, une œuvre majeure du cinéma d'avant-garde américain. Il s’agit du seul film de Barbara Loden. Elle écrit, réalise et interprète le rôle de Wanda à partir d'un fait divers : l'errance désastreuse d'une jeune femme embarquée dans un hold up, et qui remercie le juge de sa condamnation. Barbara Loden est Wanda, comme on dit au cinéma. Son souvenir accompagne la narratrice dans une recherche qui interroge tout autant l'énigme d'une déambulation solitaire que le pouvoir (ou l'impuissance) de l'écriture romanesque à conduire cette enquête.
Il y a d'abord l'errance de cette femme, Wanda, apparemment sans attaches et sans désirs ; il y a ensuite la recherche de Barbara Loden, une actrice rare, une cinéaste inspirée, une femme secrètement blessée, et qui cherche la vérité de son existence à travers un fait divers ; il y a enfin l'enquête de la narratrice. Trois destins entremêlés pour une même recherche sans objet, une même façon d'esquiver ou d'affronter la réalité. Wanda/Barbara : qu'est-ce que l'une cherche à travers l'autre, et qu'est-ce que la narratrice cherche à travers elles ?
Barbara Loden est née en 1932, six ans après Marilyn Monroe, la même année qu'Elizabeth Taylor, Delphine Seyrig et Anouk Aimée. Elle a trente-huit ans lorsqu'elle réalise et interprète Wanda en 1970. Elle est la seconde femme d'Elia Kazan. Elle a joué dans Le Fleuve sauvage et dans La Fièvre dans le sang. Elle devait jouer dans The Swimmer avec Burt Lancaster, mais ce fut Janet Landgare qui eut le rôle ; elle devait jouer dans L'Arrangement avec Kirk Douglas, mais ce fut Faye Dunaway qui eut le rôle. Elle est morte jeune, à 48 ans. Wanda est son premier et son dernier film. Quoi d'autre ? Comment la décrire, comment décrire un corps et une présence inconnus ? La narratrice lit des témoignages, regarde des images, décrit le film, tente de s'approprier un visage, de découvrir un corps sous un autre, elle cherche à reconstituer les bribes d'une vie pour la tirer un instant de l'oubli, et revenir sur sa propre amnésie.


Sorti en dvd en mars 2004 avant une reprise en salle durant l'été 2004, le dvd est aujourd'hui difficilement trouvable. Souhaitons que cette publication redonne un coup de projecteur à ce film bouleversant qui mérite bien plus que l’anonymat dans lequel il est plongé depuis des décennies.

Prix : 14 euro - 149 pages

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Mariée à un mineur de Pennsylvanie et mère de deux enfants, Wanda ne s'occupe pas de son foyer et passe ses journées affalée sur le canapé du salon en peignoir et bigoudis. Peu à peu sa famille se détache totalement d'elle, allant jusqu'à la rejeter. Seule, sans domicile ni moyens pour vivre, elle erre sans but précis. Après quelques mésaventures, Wanda fait la connaissance de Dennis, gangster, dont elle devient la complice et la maîtresse occasionnelle. Un jour, un braquage tourne mal...

Miki Satoshi Collection

Au détour de divers articles parus dans les Cahiers du Cinéma, ce mois-ci encore, la situation économique du cinéma indépendant japonais semble problématique pour ne pas dire en péril. Des réalisateurs aussi reconnus que Kyoshi Kurosawa (rétrospective prochainement à la Cinémathèque de Paris) ou Shinji Aoyama (Eureka - 2000) ont de très grande difficulté à produire leur nouveaux long-métrages. Alors imaginez ceux qui n'ont pas la reconnaissance critique ou d'être présenté dans de prestigieux festivals.

Cela semble être le cas de Miki Satoshi, scénariste et réalisateur à l'univers complétement barré et décalé dont le dernier film remonte à 2009. Le seul film a avoir eu la chance de sortir en France et à être disponible en dvd est, Les tortues nagent plus vite qu'on ne le croit. Avec ce titre improbable nous vous laissons imaginer... en fait non. Il est impossible d'imaginer quoique se soit, il faut découvrir le film et être subjugué par l'inventivité constante et ce, malgré quelque baisse de rythme.

Suzume est une femme au foyer qui s'ennuie et mène une vie faite de mondanités. Son mari, muté pour son travail dans une autre ville, laisse Suzume souvent seule. Sa seule occupation "importante" réside dans le seul fait de nourrir la "bien-aimée" tortue de son mari. Suzume est lassée de cette vie. Un jour elle lit une annonce dans le journal : "Recherche Espion". Excitée par la curiosité, Suzume rencontre donc un couple d'espions "professionnels" Mr and Mme Kugitani, qui engage Suzume pour son côté ordinaire et passe-partout. Pour sa première enquête, elle doit se créer une "couverture" de femme au foyer insignifiante... Mais certaines circonstances vont bouleverser la situation, et Suzume va passer de l'anonymat à la célébrité, malmenant son plan d'action...

Malheureusement les autres longs-métrage tout aussi loufoques ne connaitront aucune exploitation en France. Et comme bien trop souvent, l'import reste l'unique moyen (légal) pour continuer à suivre un auteur que l'on pourrait qualifier de David Lynch de la comédie nippone (nous faisons le parallèle avec le cinéaste américain car comme lui, Miki Satoshi s'est frotté à plusieurs reprises avec la série TV comme Atami no Sousakan qui n'aurait rien à envier à Twin Peaks).



Le 27 février prochain sortira en dvd zone 2 UK, le film Tenten (Adrift in Tokyo). Si c'est une nouveauté pour le marché britannique, le film lui date de 2007, preuve que l'éditeur anglais croit sérieusement en la qualité du long-métrage et du réalisateur. Et ce à juste titre puisque le film a remporté divers Prix à Toronto et à Fantasia.


Takemura, étudiant endetté, doit une forte somme d'argent à des prêteurs. Lorsqu'un recouvreur se présente, il lui laisse trois jours pour rembourser ou de tout effacer seulement si il marche avec lui dans les rues de Tokyo.

Nous n'osons pas trop vous dévoiler les motivations qui se cachent derrière ce marché peu commun mais croyez-nous sur parole, ce film, sorte de road movie à pied, vous proposera une galerie de personnage étonnant comme les différents genres que le long-métrage traverse pour arriver à un questionnement sur l'existentialité.



Pour ceux qui voudraient découvrir le reste de la filmographie, sachez que l'éditeur fait les choses correctement puisqu'il propose le même jour, un coffret regroupant la nouveauté Adrift in Tokyo plus deux autres films, Les tortues nagent plus vite qu'on ne le croit et Instant Swamp (2009).



Instant Swamp
Le personnage principal de cette comédie loufoque, Haname, est rédactrice dans une maison d'édition. Suite à l'arrêt de la publication d'une revue dont elle a la charge, elle donne sa démission. Puis son compagnon la quitte... Elle trouve, par hasard, une lettre de son père, et apprend qu'il s'appelle Noburo Jinchoge. Après cette découverte, elle appelle sa mère qui vient d'être hospitalisée et décide de rendre visite à son vrai père, patron d'un magasin d'antiquités...



Au générique de ce film, on retrouve l'acteur bien connu des productions horrifiques indépendantes de Kyoshi Kurosawa (Licence to Live et Kairo, tous deux disponibles en dvd zone 2 française) ou plus récemment dans Achille et la Tortue de Takeshi Kitano. Trois longs-métrages representatif d'un univers aussi poétique que comique, étrange et mélancolique, un monde dans lequel le spectateur prendra plaisir à s'immerger grâce à des acteurs très souvent en état de grâce.

Espérons qu'un éditeur français se décide un jour à se pencher sur la carrière du réalisateur et qu'il nous offre davantage qu'un unique film en VOSTF mais le style de Miki Satoshi reste, peut-être encore aujourd'hui, trop inclassable pour le public Français.

This is England, la série

En 2006, Shane Meadow se crée un nom et un prénom à l'international (et en France particulièrement) grâce à son film This is England. Récit semi autobiographique autour d'un groupe de jeune Skinkead, This is England était un film âpre, à la violence sourde et évoquant l’Angleterre des années 80 sous le gouvernement de Margaret Thatcher.


1983. Shaun, 12 ans, habite avec sa mère dans une ville côtière du nord de l'Angleterre. Garçon solitaire, c'est pour lui le début des vacances d'été, lorsqu'il rencontre un groupe de skinheads locaux. Avec eux, Shaun découvre le monde des fêtes, du premier amour et des bottes Dr Martens. Le ton change quand Combo, un skinhead raciste et plus âgé, sort de prison. Alors que sa bande harcèle les communautés étrangères locales, Shaun va subir un rite de passage qui le sortira violemment de l'enfance.

La grande qualité du film était de dépeindre un groupe multiculturelle qui tombe progressivement dans l’extrémisme mais de manière non manichéenne ou caricaturale. Face à l'engagement du Royaume Uni dans la guerre des Malouines, la pauvreté galopante, le chômage des cités ouvrières, vous avez là le terreau d'une haine envers le système d'immigration à l'anglaise dans une nation qui laissent les plus démunis sur le bas côté.

Face au succès, Shane Meadows entame une série TV afin de poursuivre ce portrait d'une génération en quête d'identité.



Trois ans après les événements du film, on retrouve avec plaisir les acteurs de This is England pour 180 minutes de foot, de musique, de violence. Une tranche de vie dans l’Angleterre de Ken Loach.

1986 : Top Gun triomphe dans les salles, la Coupe du Monde de football bat son plein au Mexique, Queen joue à Wembley, Margaret Thatcher est Premier Ministre… et le Royaume-Uni compte 3,4 millions de chômeurs. 1986, c’est aussi l’année où le jeune Shaun quitte l’école et retrouve la bande d’amis avec qui il trainait trois ans plus tôt. À l’époque, il n’était qu’un jeune garçon, devenu malgré lui la mascotte d’ados flirtant avec la mouvance skinhead. Aujourd’hui ado lui-même, il ne rêve que de deux choses : avoir un scooter et une copine !
Ses amis aussi ont grandi : Woody et Lol veulent se marier et emménager ensemble, Milky est secrètement amoureux de Lol, Gadget tombe dans les griffes d’une "cougar" avant même que le terme ne soit inventé et Smell tente tant bien que mal de faire comprendre à Shaun qu’elle voudrait être sa copine. Entre deux rendez-vous infructueux à l’agence pour l’emploi, la bande ne pense qu’à faire la fête, et à regarder les matchs de l’équipe d’Angleterre.
Mais le retour du père de Lol va donner aux événements une tournure dramatique : la jeune femme cache en effet un terrible secret dont elle va vouloir protéger sa sœur Kelly et son amie Trev.


Diffusé en France sur une chaine d'un célèbre opérateur téléphonique, la série n'est disponible en dvd que dans son pays d'origine. Une situation qui évoluera peut-être avec la prochaine sortie de la suite de la série, This is England'88, en dvd et en blu-ray.



Ces trois épisodes, pour une durée totale de 180 minutes ne sont pas comme les précédents épisodes structurés autour d'un événement marquant pour le Royaume-Uni mais se déroule durant le Noël 1988. Cette série sert essentiellement de transition pour This is England'90 qui marquera un net changement dans l'histoire. Diffusé en décembre 2011, cette nouvelle monture de l'univers de Shane Meadows est annoncé en vidéo pour mars prochain. Croisons les doigts pour qu'un diffuseur (Arte ? la chaine a diffusé à de multiples reprises le film à l'origine des séries) trouve un regain d’intérêt pour l'une des séries britanniques les plus intéressantes de ces dernières années.

Nous ne pouvions terminer ce message sans évoquer un des éléments (parmi tant d'autres) de la qualité globale de la série, sa bande son. Chaque volet permet de retrouver des standards, des hits de l'époque permettant une immersion dans l'univers des cités ouvrières anglaises. On retrouve pêle-mêle : Toots & The Maytals, The Specials, Soft Cell, Al Barry & The Cimarons, Jimmy Cliff, Dr. Feelgood, The Jam, UB40, Lee Dorsey, The Buzzcocks,...

Monte Hellman en blu-ray [MAJ]

En octobre 2011, nous annoncions la sortie en blu-ray et en dvd du dernier long métrage de Monte Hellman, Road To Nowhere, pour le mois de novembre. Finalement, il aura fallu attendre le mois de février pour apprendre que le film sortira en avril prochain, non plus dans deux éditions distinctes mais en combo blu-ray dvd. Une belle initiative à mettre au crédit de l'éditeur Capricci.


Mitchell Haven prépare un nouveau film inspiré de faits réels dans lesquels un politicien corrompu, sa maîtresse et plusieurs milliers de dollars ont disparu. A la recherche de son actrice principale, il rencontre une jeune femme qui ressemble étrangement à l’héroïne de son histoire. Alors que le tournage commence, il tombe amoureux d’elle et la sombre affaire criminelle remonte à la surface.

Si la presse dans sa globalité à saluer le retour - après 20 de "silence" - de Monte Hellman, son nouvel opus laisse un gout trouble de déception. Peut-être que cette nouvelle vision permettra de réévaluer le film d'un cinéaste devenu légendaire grâce à Macadam à deux voies.

En supplément, cette très sobre édition (comprendre très jolie car le contour bleu du blu-ray a laissé la place à un gris plus "classe") aura droit à un livret de 8 pages, un making of, des scènes coupées et à la traditionnelle bande-annonce.

Son nom d'enfer ("Hellman") est légendaire depuis Macadam à deux voies (1971), road-movie beckettien, limite conceptuel, tout l'opposé d'Easy Rider. Mais sa carrière est pleine de trous - en cinquante ans, seulement dix films, échecs commerciaux pour la plupart, certains jamais distribués. Curieux parcours, assurément, que celui de Monte Hellman, inconnu du grand public comme des jeunes cinéphiles, mais adulé par une faction de partisans isolés. Ni reconnu ni vraiment maudit, cet atypique n'a cessé de travailler, souvent dans l'ombre, faisant du montage çà et là, produisant Tarantino (Reservoir Dogs) ou lançant Vincent Gallo. Voilà qu'il revient en pleine lumière avec Road To nowhere, polar bizarre, arty et qui se moque de l'être, autour d'un tournage de film compliqué par une affaire criminelle et l'amour d'une femme (la troublante Shannyn Sossamon). C'est une mise en abyme du cinéma (avec au moins trois films dans le film !), un excercice de style qui peut sembler un peu vain, autour de l'idée selon laquelle le cinéma détruit à mesure qu'il crée. Reste qu'on est bluffé par la définition inédite de l'image - on a l'impression qu'elle regorge d’oxygène - associé à de la pure mise en scène, autrement dit à du jeu sur le point de vue. Les dix première minutes, puzzle de plusieurs séquences aussi spectaculaires que silencieuses et qui n'ont a priori rien à voir entre elles, sont d'une beauté à couper le souffle.
Jacques Morice in Beaux-Arts Magazine

Et les journalistes ne s'y sont pas trompés en rapprochant ce film à l’œuvre culte des années 70 à travers des articles créant un pont entre ces deux long-métrages.

"Monte Hellman reprend la route" LE MONDE
"Reprendre la route" CHRONIC'ART
"Monte Hellman, la route du retour" GQ


Si nous n'avons pas été très convaincu par le film lors de son exploitation salles, cette édition fait office d'événement compte tenu du temps qu'il a fallu à Monte Hellman pour retrouver le chemin des plateaux. Alors ne laissez pas passer ce (dernier ?) film d'un réalisateur "fantôme".

Prix : 22 euro

Prochainement sur notre boutique en ligne theendstore.com

Cahiers du Cinéma #675 | Spielberg, face à face

Si Spielberg a toujours été soutenu (ou presque) contre vent et marée par la presse spécialisée (et par bon nombre de cinéphile), Steven n'a jamais fait l'unanimité dans la presse "généraliste" et encore moins dans les Cahiers du Cinéma.


Aujourd'hui, tout cela semble bien loin depuis "l'arrivée" de la nouvelle équipe en septembre 2009 et le rédacteur en chef, Stéphane Delorme, ne cache pas la relation difficile que le cinéaste américain entretient avec la mythique revue.

La place de Steven Spielberg dans la critique en général et aux Cahiers du cinéma en particulier n’a jamais été évidente. Les points de ralliement ont été la couverture sur E.T. en 1983, la défense surprenante de La Liste de Schindler en 1994 et le tournant pris avec A.I. (2001), pour encore deux films (Minority Report, Arrête-moi si tu peux). Pour le reste, la méfiance à son égard n’a pas baissé. Lorsqu’en janvier 2010, la rédaction a classé La Guerre des mondes dans les dix meilleurs films des années 2000, beaucoup de lecteurs, souvent anglo-saxons, nous ont fait part de leur incompréhension. Même interrogation avec le Top Ten 2011, discuté pour la présence incongrue de Super 8 de J.J. Abrams, blockbuster produit par Spielberg. Le dialogue en tout cas ne s’est pas engagé avec lui, puisque les Cahiers n’ont jamais pu l’interviewer : pour son passage à la Cinémathèque en janvier, il accordait seulement des press junkets de vingt minutes… On croirait vouloir interviewer Tom Cruise. Il est étrange qu’un cinéaste comme Spielberg divise encore à ce point. Son œuvre conséquente, 40 ans et 29 longs métrages, aussi cohérente que variée, a une consistance rare aujourd’hui et si on peut toujours s’acharner sur ses mauvais films, on ne peut nier que Rencontres du troisième type, E.T., A.I., Minority Report, La Guerre des mondes, au moins, tracent une des plus belles courbes dans le cinéma américain de la période


Et ce n'est pas moins de 28 pages de réconciliation qui sont offertes aux rédacteurs des Cahiers pour témoigner de l'amour comme de leur respect face à un metteur en scène aussi bien "entertainer" de classe que cinéaste en quête de sens. Ce dossier événement, l'est pour de nombreuses raisons. Qu'il s'agit d'analyse, de critique ou de document rare, comme le journal de François Truffaut sur le tournage de Rencontre du Troisième type, l'amateur de cinéma comme le fan sera comblé par la foultitude d'informations et d’anecdotes.

L'autre "gros morceau" de ce numéro du mois de février est l'entretien avec Willem Dafoe. 10 pages revenant sur une carrière dévoué à un certain cinéma indépendant (The Loveless, Go Go Tales qui sort enfin en France) et un cinéma commercial (Spider-man, Inside Man). Si vous souhaitez savoir comment Dafoe s'est retrouvé dans Les Rues de feu de Walter Hill, de sa relation avec Paul Schrader (cinq films) ou sur sa participation dans La Porte du Paradis de Michael Cimino, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Philippe Grandrieux, terroriste de l'image

Combien de réalisateurs contemporains français peuvent se targuer d'avoir une signature visuelle aussi reconnaissable que Philippe Grandrieux ? F.J. Ossang ? Gaspar Noé ?

Philippe Grandrieux ne sera jamais nommé au César, n'aura jamais de Palme d'Or mais il ne fait aucun doute que chacun de ses trois longs-métrages ont causé des interrogations, des gènes, des troubles, de l'amour et beaucoup d'incompréhension et pour tous cela, ils resteront dans l'histoire du cinéma. C'est pourquoi nous avons le plaisir de proposer à la vente Sombre (1998) et Un Lac (2009) Jusqu'à présent Sombre et un Lac étaient introuvables en dvd. Le premier était bien sorti en dvd en juillet 2000, autant dire aux prémices du support en France, mais n'était plus disponible depuis des années. Quant à Un Lac, sorti en salle en mars 2009, celui-ci ne semble pas trouver d'éditeur assez courageux pour le sortir en dvd... en France. Mais c'était sans compter sur THE END.


Jean tue, il rencontre Claire, elle est vierge. Claire aime Jean. Elle reconnaît à travers les gestes de Jean, sa maladresse, sa brutalité, elle reconnaît ce qui obscurément la retient elle aussi hors du monde. Et jusqu'alors frappée de désespoir, du désespoir d'une vie non vécue, cet homme la redonne à la lumière. C'est un conte. L'amour est ce qui nous sauve, fut-il perdu, d'emblée perdu.

Aucun bonus pour cette édition mais le plaisir de pouvoir décortiquer à foison cette première œuvre fondatrice du style Grandrieux. Pour en savoir plus sur le projet artistique de Grandrieux, nous vous proposons un extrait de l'article d'Antoine de Baecque pour les Cahiers du Cinéma. Pour l'auteur, Grandrieux fait un cinéma Contre. Explications.


"Contre la qualité technique du cinéma français, celle qui le faisait traiter de fou par les laboratoires au vu des rushes assombris, par des fabricants de pellicules, de focales ou de caméras dont toute la pensée technique, normative et formatés, se voit ici remise en cause. Contre les habitudes de la profession et de la critique, qui n'aiment rien moins que l'idée d'un cinéaste, artiste contre vents et marées, qui leur impose ce qui est nouveau et ce qui est absolument original dans le cinéma français. Contre son spectateur enfin, puisque celui-ci est ouvertement mis à l'épreuve, épreuve sensorielle : tous ses sens sont convoqués et comme saturés par les brouillages, sous-expositions, sonorités, étouffements, violences"
Antoine de Baecque, "La Peur du Loup" in Cahiers du Cinéma #532 - février 1999 - p37

Autre critique, Serge Kaganski, pour évoquer ce premier film :


Sombre est un film/cinéma, c'est-à-dire un film qui englobe et résume à lui seul tout le cinéma. Parce que son auteur travaille prioritairement la pellicule et la matière de l'image, la relation entre les plans, les sons et la musique, bien sûr. Aussi parce qu'il intègre (sans jamais les recopier littéralement) une somme de références balayant toute l'histoire de son art, depuis ses origines (le muet, Murnau, mais aussi la peinture, le Greco, Goya, Bacon...) jusqu'à ses visions les plus contemporaines (Lynch, Wong Kar-wai...) en passant par les expériences des avant-gardes passées (Mekas, Brakhage...), sans oublier l'immense Jacques Tourneur (pour le travail sur l'invisible, mais aussi parce que le personnage joué par Marc Barbé pourrait être un descendant des cat people, ces créatures qui se transformaient en félins féroces au moment de l'acte sexuel). Mais Sombre est un film/cinéma parce qu'il renvoie aux caractéristiques les plus matérielles du septième art : l'alternance lumière/obscurité comme une émanation du principe fondamental du cinématographe, les travellings avant sur les routes comme une bobine qui tourne et pendant lesquels on jurerait entendre le son du projecteur en marche, le souffle du défilement. Sombre nous enserre dans ses rets et nous impressionne comme si nous devenions un rouleau de pellicule pris dans les griffes de la machine-cinéma, Grandrieux nous infuse son sang noir en intraveineuse. "Un film, ça ne se dit pas, ça se vit" ­ J.-L. Godard. Alors arrêtons-là le bavardage, oubliez ce qui précède. Courez vivre ce film.
Serge Kaganski in Les Inrockuptibles



Réalisé après Une Vie nouvelle (2002), Un Lac confirme la veine radical du cinéma de Philippe Grandrieux. Scénario ramassé, rongé jusqu'à l'os pour laisser place aux sons et à l'image toujours tremblotante, aux dialogues chuchotés, aux flous, à la noirceur de notre monde.


Le film se déroule dans un pays dont on ne sait rien, un pays de neige et de forêts, quelque part dans le Nord. Une famille vit dans une maison isolée près d’un lac. Alexi, le frère, est un jeune homme au cœur pur. Un bûcheron. Enclin à des crises d’épilepsie, et de nature extatique, il ne fait qu’un avec la nature qui l’entoure. Alexi est très proche de sa jeune sœur, Hege. Leur mère aveugle, leur père et leur plus jeune frère, observent en silence cet amour incontrôlable. Un étranger arrive, un jeune homme à peine plus âgé qu’Alexi…



Comme pour la précédente édition, pas de supplément mais c'est le seul moyen pour découvrir ce film, qui, comme le reste de la filmographie de Grandrieux n'a connu qu'une exploitation limitée. A bien des égards Un Lac partage bon nombre de points communs avec Sombre, son premier effort dans le cinéma "traditionnel", cette même quête sensitive vers l'abîme.

Les deux films sont donc disponibles sur notre boutique en ligne
> Sombre (1998)
> Un lac (2009)

Cinémathèque de Nice | Steven Spielberg & Elizabeth Taylor

La programmation du mois de février de la cinémathèque de Nice est en ligne sur leur site internet et malgré le fait qu'il s'agisse du mois le plus court de l'année, celui-ci risque d'être riche en plaisirs cinématographique. Une des première constatation face à la sélection, c'est la ressemblance de plus en plus grande avec les choix de la cinémathèque de Paris. Car après la rétrospective consacrée à Steven Spielberg, l'institution niçoise propose à son tour un ensemble de film autour du cinéaste américain. Un "ensemble" car il manque à l'appel un nombre conséquent de long-métrage mais peut-être seront-ils programmés au mois de mars, espérons-le. En attendant voici les films diffusés à partir de la semaine prochaine.

ANNÉE 70 : SUGARLAND EXPRESS (1974) | LES DENTS DE LA MER (1975) | RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE (1977)

ANNÉE 80 : LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE (1981) | E.T. L'EXTRA-TERRESTRE (1982) | LA QUATRIÈME DIMENSION (1983) | INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT (1984) | LA COULEUR POURPRE (1986) | EMPIRE DU SOLEIL (1987)

ANNÉE 90 : LA LISTE DE SCHINDLER (1993) | IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN (1997)

ANNÉE 2000 : LE TERMINAL (2004)

Outre Steven Spielberg, la cinémathèque de Nice propose un hommage à Élizabeth Taylor presque un an après sa disparition. Une sélection qui ne révèle pas de grande surprise, les grands classiques sont présents (Qui a peur de Virginia Woolf, Géants, La chatte sur un toit brulant, Cléopâtre) et tous disponible en vidéo. En revanche deux films avec Elizabeth Taylor sont toujours (honteusement) indisponible en dvd en France. Le premier, et non des moindres, est Reflet dans un œil d'or (Reflections in a golden eye - 1967) de John Huston avec, s'il vous plait, Marlon Brando, Brian Keith, Julie Harris et Robert Foster.


Dans une garnison militaire du Sud des États-Unis, le couple du Major Penderton bat de l'aile. Son épouse a pour amant un officier supérieur et l'arrivée d'un jeune soldat va perturber le major…

> mardi 28 février 2012 à 16h00

Le second film, le Chevalier des sables (Sandpiper - 1965) réalisé par Vincente Minnelli, est tout autant introuvable en dvd en France. Jadis sorti dans un coffret zone 1 consacré à l'actrice aux yeux couleur améthyste, c'est donc une opportunité à saisir pour découvrir ce film au casting prestigieux. On retrouve aux côtés d'Elizabeth Taylor, Richard Burton et Charles Bronson.


Laura Reynolds, artiste et esprit libre, vit avec son fils de 9 ans dans une villa isolée de la côte californienne. Révoltée que la justice veuille placer son enfant en pension, elle rencontre le proviseur de l'école…

> vendredi 17 février 2012 à 19h30
> dimanche 19 février 2012 à 15h00

L'amateur de curiosité ou de rareté sera comblé puisque le film Cérémonie secrète (1969) de Joseph Losey fera également parti de la célébration.


Léonora, prostituée londonienne, a perdu sa fille il y a quelques années. Régulièrement, elle se rend sur sa tombe. Un jour, sur le chemin du cimetière, une étrange jeune fille la suit et l'accoste…

> mardi 21 février 2012 à 16h00
> vendredi 24 février 2012 à 19h45

Croisons les doigts pour que le mois prochain, la cinémathèque nous propose l'incroyable Boom, toujours de Joseph Losey, tourné l'année suivante.

Et comme chaque mois finissons avec les séances rattrapages et ce mois-ci on peut dire que le cinéphile azuréen est gâté !

MELANCHOLIA | THE HOUSEMAID | GAINSBOURG (VIE HÉROÏQUE)

Pour retrouver toutes les dates et les horaires, nous vous invitons à faire un tour sur le site de la cinémathèque de Nice.