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Ken Russell, l'iconoclaste

A l'occasion de la sortie événement en Angleterre du film Les Diables (1971) de Ken Russell (1927-2011) dans une édition double dvd (prochainement disponible dans notre boutique en ligne) retour sur le réalisateur culte d'Altered States (Au-delà du réel) et de Tommy avec l'article hommage de Jean-Baptiste Thoret paru dans Charlie Hebdo.

Ken Russel, Queer et baroque (1927-2011)

Personne n'a oublié la malformation dorsale de Vanessa Redgrave dans Les Diables (1971), nonne lubrique qui, dans la France obscurantiste du XVIIe siècle, accusa l'abbé Urbain Grandier (Oliver Reed) de sorcellerie à défaut de le posséder physiquement. Ou encore cette lutte ambiguë qui, dans Love (1969), oppose le même Oliver Reed à Alan Bates, deux hommes massifs, nus comme des vers, et premier acte provocateur de Ken Russell, futur réalisateur de Mahler, Tommy, Savage Messiah, Au-delà du réel et autre Jours et nuits de China Blue.



Oublié depuis une vingtaine d'années des cénacles critiques et du public, Ken Russell fut pourtant une rock-star du cinéma. En 1975, tout le monde se serait damné pour apparaitre dans l'un de ses films. Souvenez-vous du casting de sa comédie musicale Tommy : Roger Daltrey, Tina Turner, Ecric Clapton, Jack Nicholson, Elthon John (pour lequel il signera plus tard le clip de Nikita) ou encore Pete Townshend. Est-ce un hasard si, au début des années 1980, le clip vidéo et l'esthétique bariolé de la nouvelle chaîne MTV ont tant pillé l’œuvre de Russell ?
Venu au cinéma par la photo (puis la télévision), à l'instar de Kubrick, dont il partageait le tropisme satirique et grotesque - l'immense pénis en plâtre que Malcom MacDowell écrase sur la figure de la femme aux chats dans Orange Mécanique n'aurait pas dépareillé dans l'univers baroque et sulfureux de l'auteur du Repaire du ver blanc -, Ken Russell fit une apparition séismique sur la scène cinématographique britannique à la fin des années 60, creusant à coup d'images scandaleuses et colorée une tranchée nouvelle entre le réalisme social de l'époque anglaise (Reisz, Anderson, Richardson), les films kitsch de la Hammer et les rêveries poétiques du duo Powell / Pressburger.



Les années 70, décennie de toutes les audaces formelles et libertaires, allèrent comme un gant à ce pasticheur fou au style baroque, maniant le camp et le mauvais gout carnavalesque avec la même dextérité que les biopics bigger than life d'artistes mégalos et déjantés (les Who, Liszt, lord Byron) qui le rendront célèbre. Ken Russell, c'est Orson Welles et John Waters, l'intellectuel Eisenstein qui, dans son coin, dessinait des petits croquis cochon. La sexualité et la religion, les institutions et le puritanisme, le grotesque des rituels et l'indifférenciation des sexes, soit les motifs/cibles favoris de Russell, dont on identifie l'origine lors d'un voyage de noces à Lourdes en 1958, où, ulcéré par l'exploitation mercantile des apparitions de la Vierge, il décide de réaliser un documentaire à charge pour la BBC, aussitôt suivi de peep Show, consacré lui à la prostitution. Et puis, la découverte du Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski qui, à l'âge de vingt ans, provoqua chez lui une extase.
Celui que Leslie Caron appela un jour "le Fellini du Nord" survivra difficilement aux seventies. Après l'échec commercial de Valentino (1977), vision sulfureuse et outrancière de l'acteur séducteur éponyme des années 20, la filmographie de Russell perd de sa puissance visionnaire, son rêve d'adapter Gargantua de Rabelais s'éloigne, les folies formalistes n'ont plus la cote et les tabous retrouvent de leurs vigueur : Au-delà du réel et ses visions psychédéliques, Gothic (et sa nuit d'orage et d'orgie au cours de laquelle lord Byron et Mary Shelley imaginèrent le personnage de Frankenstein), Le Repaire du ver blanc et même la Putain, version clinique et vitriolée de Pretty Woman, témoignent d'une marginalisation progressive de Russell, qui finira reclus dans sa maison située aux abords du Lake District, dans la région de Cumbria.

Jean-Baptiste Thoret in Charlie Hebdo #1016 - décembre 2011 - p.20

Autre citation, plus courte, mais qui témoigne à défaut d'une reconnaissance totale de son travail par la critique, que Ken Russell était un repère non négligeable dans le cinéma anglais. Une balise représentatif d'un cinéma anglais innovant, jeune et insouciant et si peu connu en France.
La véritable image du cinéma anglais, loin du cliché "social", se situe quelque part entre les "deux Ken" : Loach et Russell...

Nicolas Saada in Typiquement British, Le cinéma Britannique - Centre Pompidou 2000 - p.117


Si malheureusement cette édition anglaise ne comporte pas de version intégrale (trois minutes manquent à l'appel dont la scène du viol du Christ), elle ne possède pas non plus de sous-titre en français. Un sous-titrage anglais pour malentendant permettra de suivre le film pour ceux qui maitrisent un minimum la langue de Shakespeare. En supplément, la British Film Institute (BFI) nous gratifie d'un contenu très riche dont voici le détail :

Présentation du réalisateur Ken Russell
Commentaire audio de Ken Russel, Mark Kermode, Mike Bradsell et Paul Joyce
Documentaire Hell on Earth de Paul Joyce ( 2002 - 48 mn) revenant sur la production du film la sortie houleuse du long-métrage en salle.
Documentaire "Director of the Devils" (1971 - 21 mn): interview de Ken Russell et de Sir Peter Maxwell Davies compositeur de la bande originale.
Commentaire du monteur Mike Bradsell sur des images de plateau
Court métrage Amelia and the Angel (Ken Russell, 1958, 30 mn)
Bande-annonce anglaise
Bande-annonce US
Livret d'analyse de Mark Kermode, Craig Lapper, Sam Ashby et d'autres...
Longtemps désiré, cette édition vient combler les attentes du public anglo-saxon de fort belle manière. A quand une sortie en France en version intégrale ?

Rockyrama #1

Le revival des années 80 semble être un concept marketing fonctionnant à plein régime (retour des dessins animés de notre enfance sur la TNT, retour des "chanteurs vedettes" en tournée dans toute la France,...) mais ne vous y trompez pas le livre Rockyrama sent l'amour d'une période devenue culte et non l'ambition de surfer sur un quelconque phénomène. Le livre retrace les grands moments cinéma de cette décennie, si souvent décriée, mais également, avec l'apport d'une iconographie impressionnante avec tous les marqueurs visuels de cette époque qui ont été imprimé dans la mémoire de bon nombre de personne ayant vécu leur adolescence à travers leur premiers émoi/choc culturel (cinéma, musique, jouets, série TV,...) .


Edito:

Here is Rockyrama premier du nom, donc.
Chère lectrice, cher lecteur, le numéro que tu tiens entre tes deux mains que tu as préalablement lavées pour prendre soin de ton mook se lit comme on mate un bon blockbuster, tu sais, celui que tu as au fond du placard sur une vieille K7 VHS usée et fatiguée : entre potes, confortablement installé, avec une bonne quantité de junk food à portée de mains, et toutes ces putains de punchline que tu connais par coeur. Avec ce premier opus nous avons voulu te ramener dans les eighties, celles qu’on aime toutes et tous. Que tu aies connu cette époque ou pas, tu vas avoir l’occasion de « sentir » l’ambiance perdue d’un vidéo club, apprendre comment Don Simpson a révolutionné le cinéma moderne, découvrir l’épopée Tetris, fantasmer sur les théories extra terrestres visant Michael Jackson, comprendre pourquoi Breakfast Club se vit mais ne se raconte pas, porter avec nous Predator au panthéon des plus grands films de l’histoire, analyser Cobra, rencontrer Bob Gale ou John Carpenter, et encore plein d’autres trucs qui te rendaient si impatient ces derniers mois, sans que tu saches vraiment pourquoi.
Évidemment nous sommes tous d’une mauvaise foi évidente, et l’exagération outrancière est ici élevée au rang de religion, sans quoi l’aventure serait beaucoup moins drôle.
Ce numéro se veut la De Lorean du lecteur, le véhicule qui va le ramener dans le passé en le gardant fermement tourné vers l’avenir, une sorte de « marche arrière en avant », parce que là où on va y a pas vraiment besoin de route et du reste.
Un vrai retour vers le futur en somme.
Enfin je tiens à remercier ici, les auteurs et graphistes, qu’ils soient professionnels ou juste passionnés, pour le temps, l’énergie et la rage qu’ils ont mit à mon service, et surtout au vôtre, bande de veinards.
Gloire à vous nobles guerriers, car Rockyrama, son ring, c’est la rue !

Rocky bisous !

Johan Chiaramonte, fondateur, rédacteur en chef et patron de la sauce tomate.




SOMMAIRE

Leave me alone / Retour sur l'accident de Michael Jackson durant le tournage d'une publicité pour Pepsi en 1984 / p.12
John Hughes p.20
Motorcycle Boy / Souvenir d'un cinéphile à mobylette / p.26
Le temps du massacre / La place du film de Michael Cimino, La Porte du Paradis (Heaven's Gate) dans le cinéma US des années 80 / p.42
Bubble Gum Memories / Souvenir des chewing gum et des autocollants/ p.46
The Eiffel tower ou l'histoire d'un français à Wrestlemania / André le Géant, star du catch US / p.50
Top Cruise / Sex symbol des années 80 / p.52
Tyler Stout, back from the poster / interview de Tyler Stout "revisiteur" des affiches des films les plus cultes des 80's / p.60
It's 80's, stupid / Et si les films des années 80 n'avait pas à rougir par rapport à la décennie précédente ? / p.70
Les Ganaches de derrière / Qui sont Al Leong, Henry Kingi et Thomas Rosales Jr / p.76
Les Nouveaux Barbares / Le héros musclés dans le cinéma /p.80
Metal Militia / Une décennie Metal / p.92
Cannon is life /Article jamais publié sur Golan / p.98
De Batman au Dark Knight / La carrière de l'homme chauve-souris / p.112
Les années Laser /Le jogging Laser d'Adidas / p.116
Plastic Passion / La musique des années 80 / p.122
Young Guns / Les réalisateurs des années 80 / p.128
To live and die in L.A. / film de William Friedkin / p.132
Jack Hues | Wang Chung /Interview des compositeurs de la bande-originale/ p.136
De venin dans les veines par Stéphane Moissakis / Stallone 85-88, le Roi d'Hollywood / p.146
Joel Silver / Interview du producteur par Rafik Djoumi / p.150
Superman II par Jérôme Wybon /Le film maudit de Richard Donner / p.160
Big Trouble in Anthropology / Analyse de l'oeuvre de John Carpenter /p.178
John Carpenter / interview / p.183
From Russia with fun /Création du jeux vidéo TETRIS /p.186
Don "The light concept" Simpson /Producteur culte des plus "grand" films des années 80/ p.190
La loi de Murphy par Stéphane Moïssakis / Eddy Murphy, acteur comique / p.192
Georges Lucas / p.202
Steven Spielberg / p.204
Predator / Film culte / p.210
Run DMC /L'explosion Hip Hop /p.224
Alan Moore, magie, 80's et fin du monde /Révolution dans le comics book/ p.228.
In the air forever /Miami Vice, LA série 80's / p.234
Pop Ex Machina /La pop music des années 80/ p.238
Hollywood 80 / Transition entre les années 70 et 80 dans le cinéma / p.248
VHS after all / Le phénomène VHS et des vidéo clubs / p.270
Bob Gale / interview du producteur et scénariste de Retour vers le futur / p.272
John Leslie //p.272
Bastards Rendez-vous / interview / p.278
Top 10 / Meilleurs films des années 80 / p.288
La crème du meilleur / les autres meilleurs films des années 80 / p.310

En bonus, un poster - libre réinterprétation- de l'affiche du film Indiana Jones et le temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom, 1984) par les Pirates Vultures. A noter également qu'une version collector limitée à 500 exemplaires et accompagné d'un vinyle 45 tours des Bastards Rendez-vous. Croisons les doigts pour que nous recevions prochainement cette édition. Pour le moment, la version normale est disponible dans notre boutique.

Rockyrama #1 x THE END

Prix : 29,90 euro

Artus Films, les nouveautés

Depuis la disparition de Neo Publishing en mars 2010, (les Fulci en dvd c'est eux ! les giallo c'est eux ! les Poliziotteschi c'est eux ! autant de bonne raison pour regretter leur arrêt) beaucoup d'internautes espèrent l'apparition d'un éventuel héritier. Et si au fond cet héritier était déjà présent depuis 2005 ? Et si Artus Films était le nouvel élu ? Catalogue pléthorique, packaging soigné (ou édition économique), présence de bonus et même si Artus touche à plus de genres, on retrouve en eux, la même passion, le même souhait de faire plaisir au cinéphile comme au curieux par l'intermédiaire d'éditions dvd de qualité.

Leur nouvelle salve, véritablement débarquement de nouveautés avec pas moins de six nouvelles références, réjouiront - à ne pas en douter - les amateurs de curiosités.

Commençons par un film culte italien, Il Boia Scarlatto (1965) de Massimo Pupillo, connu sous le nom de Bloody Pit of Horror en anglais et en France sous le titre Des Vierges pour le bourreau.


Daniel Parks, un éditeur de romans photos, organise des séances photos dans un vieux château, pour les illustrations des couvertures de ses prochaines publications. Ce qu’il ignore, c’est qu’autrefois, ce lieu a été le théâtre de la mort sanglante de l’exécuteur public, le bourreau rouge. Et l’on dit que souvent, la nuit, le bourreau rouge vient hanter les murs du château.

En bonus, nous retrouvons l’infatigable Alain Petit qui présentera l'historique du film, des bandes-annonces et un diaporama d'affiches et de photos du film. Dont voici pour le plaisir l'affiche italienne :


Artisan de la série B italienne, Massimo Pupillo n'a malheureusement jamais trouvé la gloire ou le succès à travers sa courte carrière cinématographique et Des Vierges pour le bourreau reste peut-être son film le plus connu. La même année il signa Cinq tombes pour un médium alias Le cimetière des morts vivants avec la vénéneuse Barbara Steele puis un western en 1968 trompeusement nommé Django le taciturne (Bill, il taciturno - 1968). Seul ces trois long-métrages semblent avoir franchi les alpes.
A noter qu'un dvd italien est disponible à la vente depuis ce mois-ci et affiche un minutage de 71 minutes contre 87 pour la future édition française. Pour rappel lorsque le film fut diffusé dans la case Cinéma de Quartier de Jean-Pierre Dionnet sur Canal+, le temps était de 83 minutes. Il faudra attendre le mois de juin pour résoudre cette interrogation concernant ce classique du cinéma Bis. Ce n'est pas THE END qui l'affirme mais Laurent Aknin et Lucas Balbo dans leur livre Les Classiques du cinéma Bis.

Resté célèbre pour ses photographies très graphiques, ce petit film italien fauché se traine en fait pendant près d'une heure, en réutilisant un scénario déjà vu des dizaines de fois. Mais la dernière demi-heure est un pur régal, en grande partie grâce au cabotinage effréné de Mickey Hargitay. Culturiste, ancien Mr Univers (comme Steve Reeves), Hargitay n'a pas eu une grande carrière au cinéma, gérant plutôt celle de son épouse d'alors, Jayne Mansfield 'avec laquelle il a tourné Les Amours d'Hercule. Ici, non dirigé, il se livre à une composition démentielle. On remarquera entre autres la longue séquence où il se transforme de noble châtelain en bourreau écarlate, en passant par une belle scène de narcissisme devant son miroir, révélant ainsi une face cachée et trouble du culturisme. Dans la salle de torture, le film tombe dans le délire le plus total. Hurlant, bondissant, magnifique en habit rouge et masque noir, le bourreau Hargitay se livre à un véritable carnage. Ses victimes sont lacérées, écartelées, brûlées, ébouillantées, et la dernières manque de peu d'être rôtie sur un gril en forme de taureau ! Un très grand moment du cinéma bis italien.

Laurent Aknin, avec la collaboration de Lucas Balbo, Les Classiques du Cinéma Bis - Nouveau Monde éditions - 2009 - p.154

Passons maintenant au film noir L'évadée (1946) d'Arthur Ripley (1897-1961). Il s'agit de l'adaptation du livre The Black Path of Fear de Cornell Woolrich connu également sous le nom de William Irish, dont plusieurs de ses œuvres ont fait l'objet d'adaptation au cinéma (La Mariée était en noir, Fenêtre sur cour, L'homme Léopard pour ne citer que les plus connus).


Ancien soldat, Chuck Scott (Robert Cummings) se fait engager comme chauffeur par Eddie Roman (Steve Cochran), le chef d’une bande de malfrats. Séduit par Lorna, la femme d’Eddie, il décide de fuir avec elle. Alors qu’Eddie a mis des tueurs à leurs trousses, Chuck est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. La police se met alors, elle aussi, à traquer Chuck et Lorna.

En bonus Stéphane Bourgoin revient sur la carrière de l'écrivain William Irish et son rapport avec le Film Noir. On retrouvera les bandes-annonces de l'éditeur ainsi qu'un diaporama d'affiches et de photos.

Retour en Italie avec Riccardo Freda. Après avoir édité Le Spectre du professeur Hichcock (1963), deuxième volet d'un diptyque consacré au Professeur Hitchcock, Artus propose le premier épisode, L'Effroyable secret du docteur Hichcock, réalisé un an plutôt.

Ayant mis au point un puissant anesthésique, le Dr Hichcock l’utilise sur son épouse, Margherita, pour assouvir sa déviance sexuelle : la nécrophilie. Un jour, une surdose accidentelle entraine la mort de la jeune femme. Le Dr Hichcock quitte alors sa résidence à Londres. Il y revient quelques années plus tard, en compagnie de sa nouvelle épouse, Cynthia (Barbara Steele). Mais, dès la première nuit, la belle subit une apparition fantomatique et menaçante, drapée dans son suaire blanc…

Pour accompagner le film, un entretien avec Gérard Lenne, auteur du livre Érotisme et cinéma, une galerie d'affiche et de photos sans oublier les traditionnelles bandes-annonces. Réalisé en à peine douze jours sous le pseudonyme de Robert Hampton, Riccardo Freda signe un magnifique film sur un sujet pourtant difficile et peu traiter à l'écran.

Le film suivant, Le Tueur de Boston (1964), est une vrai curiosité de part son acteur au physique hors normes et d'autre part, il s'agit, à notre connaissance, de l'unique film du réalisateur Burt Topper à avoir franchi l'Atlantique. En effet, Victor Buono (1938-1982) pesait près de 180 kg pour 1 mètre 90, autant dire un beau bébé.


Peu gâté par la nature et victime d’une mère possessive, Léo Kroll (Victor Buono), pour se défouler, étrangle des jeunes femmes. Un jour, il tombe amoureux, mais celle avec qui il croyait pouvoir être heureux le repousse. Léo va donc essayer de l’étrangler…

En complément, LE spécialiste français des serial killers, Stéphane Bourgoin reviendra sur l'histoire vraie de l'étrangleur de Boston qui inspira également Richard Fleischer pour le film éponyme sorti en 1968 avec Tony Curtis.

Avec les deux derniers titres, Artus déclare tout son amour pour le cinéma de genre transalpin. L'orgie des vampires (1964) est le premier film de Renato Polselli (1922-2006) a être édité en dvd en France. Polselli est bien connu des amateurs de films bizarres et dérangeants. Même en Italie, Polselli est méconnu dont seulement quelques films furent édités via la collection dvd de la revue Nocturno comme Rivelazioni di uno psichiatra sul mondo perverso del sesso(1973) et Riti, magie nere e segrete orge nel trecento tourné la même année avec Mickey Hargitay.
Une troupe de danseuses investit un vieux théâtre abandonné pour les besoins des répétitions. Malgré les avertissements répétés du gardien des lieux, le directeur décide d’y rester. D’étranges phénomènes vont faire surgir la vieille malédiction qui plane sur le théâtre.
Suppléments :

Pour nous éclairer sur ce film, Alain Petit est fidèle au rendez-nous et nous sommes impatients de découvrir comme à l'accoutumé les anecdoctes de cet historien du cinéma (de genre). Ajoutez à cela les bandes annonces et les galeries de photos et d'affiches est vous aurez une belle édition d'un film rare.

Finissons avec un acteur de légende en la personne de Klaus Kinski dont la (re)découverte de sa filmographie semble inépuisable et les amoureux du western spaghetti vont être ravi de (re)voir le film Chacun pour soi (1968) de Giorgio Capitani.



Étonnamment ce n'est pas Alain Petit, grand défenseur du western à l'italienne et ce depuis les premières heures qui se charge de la présentation du film mais Curd Ridel. Si ce nom ne vous dit pas grand chose (du moins c'était le cas pour l'auteur de ces lignes avant de faire des recherches), Curd Ridel a participé à l'édition du livre Western Spaghetti, accompagné du film de Sergio Sollima Le dernier face à face, chez Seven Sept. Encore une fois Artus donne la parole à un passionné et le résultat ne pourra être que probant.

Le bonus THE END fera également appel à un passionné en la personne de Jean-François Giré, auteur de la bible Il était une fois le western européen, dont voici un extrait de sa chronique.

Avec Chacun pour soi, Giorgio Capitani entre dans la catégorie des réalisateurs qui n'auront donné qu'une seule œuvre au western européen, mais d'emblée, elle compte parmi les plus intéressantes. Après quelques films mineurs, il devient réalisateur de seconde équipe sur des péplums. En 1964, il est l'auteur à part entière du Grand défi, réunissant les gros bras d'Hercule, Maciste, Samson et Hursus ! Chacun pour soi ne s'impose pas avec les délires habituels. Son esthétiques, rigoureuse, sobre, le rapproche du modèle américain. Certains aspects du développement dramatique ne sont pas sans rappeler un grand classique hollywoodien : Le Trésor de la Sierra Madre (1948) de John Huston.


Une comparaison (avouez on a vu pire) qui rend l'attente encore plus longue avant de découvrir ce long métrage proposé comme pour les autres en version originale sous titré en français.

Néo est mort (RIP), vive Artus !

Robert Fuest (1927-2012)

Robert Fuest, digne artisan de la série B et du cinéma de genre, nous quitte en laissant derrière lui une dizaine de long-métrage, une influence non négligeable sur la série Chapeau Melon et Bottes de cuir (The Avengers) et un film culte, Les décimales du futur aka The Final Programme aka The Last Man on earth de son compatriote écrivain Michael Moorcock, qui n'a pas le même enthousiasme à l'égard de l'adaptation de son livre le Programme Final et encore moins envers le réalisateur.

Ce film représente par bien des aspects le parfait exemple de toutes les conneries à la mode que le roman voulait dénoncer. Il est devenu culte, précisément pour cette raison, je suppose. J'ai donné récemment une conférence au British Film Institute où il était projeté devant un large auditoire qui semblait l'apprécier. En ce qui me concerne, le le déteste toujours autant. [...]
Contrairement à Mick Jagger qui a refusé le rôle pare que le personnage était trop barré à son gout, Jon (Finch, ndr) était déjà un bon ami à moi (on était dans la même école de poker). Il aimait bien la bonne bouffe et idéalement, il aurait pu être un peu plus maigre pour le rôle. J'aurai aussi dû lui montrer comment jouer le personnage, plutôt que de laisser le réalisateur Robert Fuest faire n'importe quoi avec. Le producteur, les acteurs et moi-même avons dû batailler ensemble pour sauver le film de l'incompétence de son, réalisateur. Les meilleurs moments ont été improvisés par les acteurs.

Michael Moorcock in Chronicart #72, Eté 2011 - p.110
Paru en dvd dans la collection, Les Films Inclassables de Marc Caro, aux côtés de La Dixième victime, La Prisonnière, Britannia Hospital et de Jeu de Massacre, cette édition est aujourd'hui épuisée... mais disponible sur theendstore.com

Les autre faits de gloire du metteur en scène sont le diptyque L'Abominable Dr. Phibes (1971) et sa suite, Le Retour de l'abominable Dr. Phibes tourné l'année suivante, avec dans le rôle titre Vincent Price. Par la suite, il signa un film sur le satanisme, genre alors très en vogue à l'époque dans le cinéma américain avec La pluie du diable (1975).





Mais si ces films ont tous des qualités certaines, la filmographie de Robert Fuest possède un diamant, And soon the darkness (1970). Une œuvre injustement oubliée qui a connu en 2010 un (triste) remake. Étrange, angoissant, And soon the darkness se déroule en France où deux jeunes anglaises filent à vélo sur les routes de nos belles campagnes, l'une d'entre elle disparait, l'autre part à sa recherche. Sur une histoire originale de Brian Clemens (génial scénariste du Dr Jekyll et Sister Hyde) And soon... est un film envoutant toujours indisponible en France en vidéo. A redécouvrir de toute urgence !


Paul Sharits, déconstruire le cinéma

Dans la constellation des cinéastes / artistes expérimentaux, Paul Sharits tient une place à part, de part son travail - divisé en divers temps - que de sa personnalité imprévisible. Réalisateur de courts et de moyens métrages questionnant le dispositif cinématographique, Sharits a participé à l'aventure Fluxus initié par Jonas Mekas, Yoko Ono et de Georges Maciunas. Travaillant sur des motifs simples en apparence (couleurs, mot) mais soulevant énormément de questions sur la perception, Sharits a une œuvre protéiforme qui dépasse le cinéma pour déborder sur les arts en général.

Depuis quelques semaines, un dvd regroupant trois de ses films est disponible par l'intermédiaire des éditions Re:voir et donc auprès de THE END.


Présentation de l'éditeur :
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Au milieu des années 1960, Paul Sharits met au point un cinéma abstrait en rupture avec la tradition picturale. Toute son œuvre constitue une réflexion sur la nature même du cinéma et de ses composants : la pellicule, le photo-gramme, le défilement, les perforations, l'écran, la projection ayant principalement recours à la technique du flicker (clignotement de motifs et de couleurs), il met en évidence la discontinuité des photogrammes, révélant les puissances insoupçonnées du montage.

Le dvd contient les films suivants :
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Piece Mandala / End War, 1966, color, silent, 5 min.
N:O:T:H:I:N:G, 1968, color, son, 36 min.
T,O,U,C,H,I,N,G, 1968, color, son, 12 min.

En supplément un livret de présentation de Vincent Deville avec des écrits de Paul Sharits.
"L'écran, irradié par le N:O:T:H:I:N:G de Paul SHARITS, semble adopter une forme sphérique, par moments - due, je pense, à la magnifique qualité de lumière obtenue par ses flashes de photogrammes, une perle baroque pourrait-on dire-merveilleuse! Un des plus beaux films que j'aie vu."
Stan Brakhage
"Le film vous entraîne dans un monde coloré, il accroît votre sens des couleurs, l'enrichit. Vous devenez attentif aux changements de tonalités qui entourent votre réalité quotidienne. Votre vision a changé. Vous commencez à voir la lumière sur les objets autour de vous. L'éventail de vos expériences s'est élargi. Vous disposez maintenant d'une nouvelle compréhension. Vous en sortez humainement plus riche."

Jonas Mekas
Pour en apprendre davantage sur l'homme, voici quelques éléments biographique permettant de retracer son parcours aussi bien universitaire que artistique.

Paul Sharits, né le 7 février 1943 à Denver dans le Colorado, est l’un des plus singuliers représentant de l’école de Buffalo, du mouvement du cinéma structurel et un des premiers inventeurs du «flicker genre», le film à clignotements. A sa sortie du lycée en 1960, il se rend à la « University of Denver’s School of Art » où il obtient quatre années plus tard un « Brevet of Fine Arts » en peinture. Initialement dévoué à cette pratique, il découvre grâce à un enseignant, Stan Brakhage, qui deviendra son mentor, les films 16 mm. Afin de parfaire cette nouvelle direction artistique, il se rendra à la « Indiana University » où il obtiendra un « Master of Fine Arts » en design visuel. Tout en continuant à explorer diverses techniques liées à l’expérimentation filmique, Paul Sharits enseigne au « Maryland Institute of Art, puis au « Antioch College ». Invité dès 1973 par le professeur Gerald O’Grady à rejoindre l’équipe de recherche qu’il monte autour du cinéma expérimental à la « State University of New-York » de Buffalo, Paul Sharits y fréquente alors Hollis Frampton, Tony Conrad ou encore Woody et Steina Vasulka. Depuis cette date jusqu’à sa mort, Sharits enseigne dans le « Departement of Media Study », le premier aux États-Unis à s’intéresser aux relations que tissent l’art, la science et les nouveaux médias.

Paul Sharits meurt le 8 juillet 1993, à l’âge de 50 ans.


Cet extrait est issu du guide de l'exposition FIGMENT, première exposition rétrospective autour de l’oeuvre de Paul Sharits qui eu lieu à l’Espace multimédia Gantner Paul de Belfort en 2007/2008.
En introduction, nous évoquions la personnalité de Paul Sharits comme quelqu'un d’imprévisible ou plutôt aventureuse comme les essais qu'il a pu entreprendre par l’intermédiaire du cinéma ou de ses créations artistiques (installations et peintures). C'est ce qui ce dégage de cette anecdote de Jonas Mekas que nous vous proposons.



De la vie de Paul Sharits
Extrait de mon journal
- 19 juillet 1982

Paul Sharits, 8 juillet : bléssé par balle à l'entrée d'un bar minable de Buffalo. Erreur d'identité : on l'a pris pour quelqu'un d'autre. Ablation de la rate.
Paul Sharits, 1981 : ayant perdu ses clefs, a tenté de rentrer chez lui par le vasistas sur le toit. Est tombé. S'est brisé le pelvis.
Paul Sharits, 1980 : poignardé dans un bar lors d'une dispute avec un inconnu. [...]
Paul Sharits, 1979 : a décidé d'apprendre à faire du roller. Dès la première tentative, fait une mauvaise chute et se casse la jambe. [...]
Paul Sharits, 1978 : accident de voiture dans un cimetière près de Buffalo. A fini hospitalisé pour plusieurs jours. Et déclaré que la vision de ce cimetière l'avait plongé dans une profonde méditation sur la mort, lui faisant oublié de regarder la route.
Paul Sharits, 1990 : à une fête de l'université de Buffalo où il enseignait, Paul, complètement ivre, s'est approché du doyen, lui a exprimé toute sa haine et signifié sa démission immédiate.
Arrivant dans sa classe tout à fait normalement le lendemain, Paul a été accueilli par un représentant officiel de la fac qui lui a demandé ce qu'il faisait là. Paul l'a informé que c'était sa classe. L'officiel l'a informé en retour que lui, Paul, avait démissionné la veille au soir, et qu'il n'avait donc rien à faire là. Des amis, d'autres professeurs ont tenté d'obtenir sa réintégration, mais le doyen n'a pas cédé. Paul n'avait plus de poste.
Paul Sharits, 1990 : de la fumée a été repérée dans le hall de l'Anthology. Le directeur a appelé les pompiers. Cette fumée venait des toilettes. Où l'on a retrouvé Paul Sharits avec un extincteur, en compagnie d'une jeune femme vêtue d'une drôle de tenue. Paul était en train de brûler des trous dans sa robe. [...]
Paul Sharits, 1971 : Paul ayant besoin d'un endroit où passer la nuit, j'ai décidé de l'autoriser à dormir dans le bureau de l'Anthology. En y entrant le lendemain matin, je n'ai pas cru au spectacle qui s'offrait à moi : Paul, entièrement nu, flashait la moindre parcelle de son anatomie sur notre énorme photocopieuse.
Tandis que je suis en train de taper ces notes, je reçois un coup de téléphone de Gerald O'Grady, de l'Université de Buffalo. Il me rassure : d'après les médecins Paul ne devrait pas garder de séquelle de sa blessure. [...]
"Ah, et puis, a ajouté O'Grady, son père est avec lui, il est venu le voir." De surprise, je l'ai fait répéter. Je croyais que le père de Paul avait depuis longtemps fini comme tous les Sharits, tant ils sont prédisposés aux accidents. "Non, a-t-il précisé, mais il y a une dizaine de jours il est tombé d'un arbre et s'est cassé quelques côtes. C'est pour ça qu'il n'a pu venir voir Paul les premiers jours, il était lui-même hospitalisé. [...]

P.-S. Un entrefilet dans un journal de San Fransico m'apprend que Greg Shapiro, le frère de Paul, a été abattu par la police. [...] Greg avait dirigé la Film Maker's Cinematheque pendant quelques mois en 1966. Il était tombé amoureux de Carla, qui tenait le guichet. Comme ce n'était pas réciproque, il avait pris un train pour Buffalo. Tout près de l'arrivée, comme le train traversait de hauts passages en surplomb, il avait sauté dans le vide ; survécu ; subi un an d'hospitalisation.

Jonas Mekas in Anecdotes - Éditions Scali - p.291


Deux choses à noter par rapport à ces extraits. Premièrement, l'épisode universitaire semble se terminer bien avant sa mort, ce qui contredit la présentation faite dans le programme de l'exposition qui stipule qu'il a enseigné dans l'université de Buffalo jusqu'à sa mort. Le deuxième point est une précision qui dit beaucoup sur la personnalité de Paul Sharits. Après toutes ses (més)aventures, c'est lui qui décida de mettre fin à ces jours le 8 juillet 1993.



Prix : 25 euro

Pour commander le dvd, merci d'envoyer un mail à contact@theendstore(POINT)com

José Benazeraf, l'événement

Depuis novembre 2008, et la publication des premiers coffrets dvd renfermant 8 longs-métrages réalisés par le "Godard du X, l'Antonioni de Pigalle, le Buñuel de l'érotisme", nous étions orphelins des films de José Benazeraf. Longtemps censuré et exploité confidentiellement, Benazeraf n'aura malheureusement pas retrouvé le chemin de la lumière et de la reconnaissance (à l'exception d'une poignée de connaisseur et de cinéphile) avec les éditions K-Films. Mais nous espérons que le temps permettra à leur courage éditorial d'être récompensé...

L'objet de ce message n'est pas seulement d'informer nos ami(e)s lecteurs de la disponibilité sur notre site de vente en ligne (theendstore.com) en quantité (très) limitée de ces éditions mais également pour saluer la reprise du flambeau dans cette quête de réhabilitation de Benazeraf, par LCJ éditions avec la sortie de Frustration ou les dérèglements d'une jeune provinciale (1971), film érotique ambitieux, avec Michel Lemoine (Les Chiennes, Les désaxées) accompagné de sa Janyne Reynaud (Madame Lemoine à la ville) et de Elizabeth Tessier !


Adelaïde est une jeune femme solitaire qui vit dans une superbe maison isolée, en compagnie de sa sœur Agnès et du mari de cette dernière, Michel. Frustrée, refoulée, elle vit dans un monde de phantasmes érotiques qui la mènent à imaginer des rapports sexuels avec son beau-frère, des caresses saphiques avec sa sœur, des idées de meurtre, de prostitution et de torture liée à l’Inquisition.

Pas de bonus mais cette sortie événement remet Benazeraf sous les projecteurs ce qui nous enchante grandement tant ce cinéaste, croisement improbable et unique entre la Nouvelle Vague et le cinéma d'exploitation et à (re)découvrir de toute urgence. Si ce titre en annonce un suivant, Les Contes Galants de Jean de la Fontaine (1980), croisons les doigts pour cela soit le début d'une nouvelle collection "José Benazeraf" car même si ses films sont critiquables, ils représentent (aux yeux de l'auteur de ses lignes et peut-être également pour vous) un pan de l'histoire du cinéma en France, un temps ou les salles pullulaient sur les boulevards, une époque ou le cinéma était une aventure de chaque instant.

Pour rappel, voici les autres titres disponibles dans notre boutique :

L'éternité pour nous (1961)


Une plage déserte, une auberge au bout du monde… Le vieux mari de la patronne agonisent dans une des chambres. Débarquent un pianiste raté et une superbe chanteuse sans voix. Le bal d’éros et thanatos peut commencer…

Le concerto de la peur (1962)


Nora, jeune et belle laborantine, sort un soir avec un de ses collègues, dont le corps est retrouvé sans vie le lendemain. Soi-disant emmenée pour identifier le cadavre, Nora est conduite auprès d’éric, un trafiquant de drogue aveugle qui joue de la trompette jour et nuit devant sa cheminée. L’étrange regard fixe du gangster émeut et fascine la jeune femme…

La Nuit la plus longue (1964)


Une bande de truands séquestre la fille d’un riche industriel dans une maison isolée. Dans ce huis clos tendu, entre déshabillage au couteau et strip-tease au fouet, va s'installer un lourd climat de violence et de volupté...

L'enfer sur la plage (1965)


Alex, un ancien mercenaire retiré des affaires, vit sur un yacht ancré au large d’Antibes en compagnie de sa femme, la belle et hermétique Hélène, et de Jean, un ancien amant de celle-ci. Autour de ce trio, gravite Heidi, une blonde angélique , catalyseur des évènements tragiques qui vont se succéder dès lors que son passé trouble rattrapera Alex.

Joë Caligula (1966)


Comme dans le « Caligula » de Camus, Joe, un petit voyou du midi, est amoureux de sa sœur. Il monte à Paris avec elle et toute sa bande, dans l’intention délibérée de mettre le milieu à feu et à sang. La guerre des gangs, entre vieux barons respectueux des codes et jeunes nihilistes, sera sans merci.

"La Commission recommande l'interdiction totale pour la raison suivante : l'auteur a soigneusement accumulé, sans aucune justification de caractère artistique ou intellectuel, les scènes de violence, de torture et d'érotisme. Il en résulte un film totalement immoral, qui ne fait qu'illustrer le crime et les sentiments pervers et qui ne peut se prévaloir, en contrepartie d'aucun aspect positif, sur quelque plan que ce soit." Commission de contrôle des films cinématographiques (22 juin 1966)


Le désirable et le sublime (1968)


Un couple mène une vie harmonieuse dans une propriété retirée sur l’île de Chausey. Un soir, un ami vient dîner. Comme on est en période électorale, les candidats à la Présidence de la République se succèdent à la télévision. Les passions vont se déchaîner entre l’abstraction des mots et la réalité du désir.

Brantôme 81 (1981)


Belles, mystérieuses, intrigantes, elles sont les maîtresses ou les épouses des hommes de pouvoir. Dans le monde des affaires ou de la politique, ces courtisanes modernes utilisent leurs charmes pour obtenir argent et influence.

“ Dans son célèbre livre « Les dames galantes », Brantôme, à l’instar de Diderot et de Musset plus tard, s’était essayé à écrire une chronique galante du XVIème siècle. J’ai essayé d’en faire un film du XXème siècle.” José Benazeraf


Anthologie des scènes interdites
(1975)


Cinéaste de la politique et du désir, mainte fois censuré, José Benazeraf revient sur les scènes interdites d'une quinzaine de ses films : scènes jugées pornographiques à l’époque, anticléricales ou politiques. Il commente sur un ton confidentiel, parfois attendri, ses propres images.

Tous ces films sont sur theendstore.com

Les Journées du cinéma Italien | Nice

Après la présentation d'Eriprando Visconti, réalisateur italien méconnu en France, continuons notre célébration du cinéma italien avec la 27ième édition des journées du cinéma Italien de Nice qui se dérouleront à l'Espace Magnan entre le 21 et le 31 mars 2012.


Depuis le 14 mars dernier et jusqu'au 31, vous pouvez contempler dans l'enceinte de l'Espace Magnan toute une série de photographie rendant hommage à l'acteur italien Gian Maria Volonté (1933 - 1994)

Connu aussi bien pour son rôle de bandit mexicain chez Sergio Leone que pour ses choix de films engagés, Gian Maria Volonté est l'une des figures majeures du cinéma italien. Exposition de photos de scène mise à disposition par la Cinémathèque de Cesena (Cineteca di Cesena).

Chacun de ses rôles a marqué autant le public, le cinéphile que le critique. Il suffit d’énumérer les films ou les réalisateurs pour se rendre compte de sa place et de son importance dans le cinéma italien des années 60 et 70. Pour une poignée de dollars (1964) et Et pour quelques dollars de plus (1965) de Sergio Leone ; El Chuncho de Damiano Damiani ; Le Dernier face à face de Sergio Sollima (1967) ; Sous le signe du Scorpion (1969) des frères Taviani ; Vents d'est (1970) de Jean-Luc Godard et du groupe Dziga Vertov ; Le Cercle Rouge (1970)de Jean-Pierre Melville sans oublier Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970) d'Elio Petri qui se projeté.
Déjà disponible en dvd dans une sublime édition 2dvd à tirage limité (3000 exemplaires) contenant la bande originale signée Ennio Morricone ainsi qu'une foultitude de bonus. Mais il ne comprend pas le documentaire italien Enquête sur un citoyen nommé Volonté (Indagine su un cittadino di nome Volonté - 2004) d'Andrea Bettinetti qui est pourtant antérieur à l'édition vidéo de Carlotta. Une occassion à ne pas rater.
Gian Maria Volonté : maître du jeu d'acteur, il interpréta de façon exceptionnelle des personnages-clés de l'histoire italienne. Il travailla avec les principaux réalisateurs du cinéma engagé italien, Elio Petri (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon) et Francesco Rosi, Giuliano Montaldo et les frères Taviani. Mais Volonté n'était pas que cela. Derrière l'acteur se cachait un homme impulsif et méthodique, créatif mais fragile, marqué par un passé familial tragique. Un documentaire marqué par des témoignages inédits de sa famille, de réalisateurs, d'acteurs et de son agent.

Mais si ce focus sur l'acteur italien a particulièrement retenu notre attention, les 27ièmes journées du cinéma Italien de Nice sont également lieu d'une compétition dont voici les prétendants pour remporter le Prix Garibaldi :

DICIOTTO ANNI DOPO (18 ans après) de Edoardo Leo - Fiction
Deux frères, Genziano et Mirko, qui n'ont plus aucun lien depuis dix-huit longues années, doivent ensemble accéder à la dernière volonté de leur père : disperser ses cendres auprès du tombeau de leur mère, disparue 18 ans auparavant dans un accident. Pour ce faire, ils vont traverser l'Italie de Rome à la Calabre au volant d'une voiture mythique, la Morgan, celle-là même qui a causé la mort de leur mère... Un voyage tragi-comique, mélancolique et drôle, qui va changer leur vie.
> Samedi 24 mars à 21h00 (en présence de l'acteur et scénariste Marco Bonini)
> Vendredi 30 mars à 18h00
> Samedi 31 mars à 15h00

L'ERA LEGALE (L’Ère légale) de Enrico Caria - Faux-documentaire
2020 : Naples est devenue la ville la plus sûre, la plus propre et la plus moderne de la Planète. Comment ? La réponse est proposée par ce "faux-documentaire" qui raconte les aventures de Nicolina Amore, issu d'un milieu très pauvre, devenu maire, et qui va tenter de mettre fin à l'illégalité et à la corruption qui gangrène sa ville par la légalisation des stupéfiants !
> Mercredi 21 mars à 18h00
> Samedi 24 mars à 15h00
> Mardi 27 mars à 18h00
> Samedi 31 mars à 21h00 (Soirée de Clôture & de Remise des Prix)

L'ESTATE DI MARTINO (L'Eté de Martin) de Massimo Natale - Fiction
Avec pour toile de fond historique l'été sanglant de 1980 (marqué par la tragédie de Ustica le 27 juin et l'attentat à la gare de Bologne le 2 août), une amitié insolite naît entre Martino, un jeune adolescent, et le Capitaine Clark chargé de surveiller la plage contrôlée par l'OTAN où Martino rêve de pouvoir surfer. Un conte où le rêve d'un monde pacifique pourrait devenir réalité.
> Mercredi 21 mars à 21h00 (Soirée d'ouverture en présence du réalisateur Massimo Natale et de la comédienne Silvia Delfino)
> Dimanche 25 mars à 18h00
> Mercredi 28 mars à 14h00

IMMATURI (Immatures) de Paolo Genovese - Fiction
Qu'ont en commun... Giorgio, Lorenzo, Piero, Luisa, Virgilio et Francesca, à part leur âge, 38 ans ? Il y a 20 ans, au lycée, ils formaient un groupe d'amis. Puis le temps, la vie... le groupe s'est séparé. Et la vie encore... Ils sont convoqués pour repasser leur bac qui a été annulé par le Ministère de l'Education Nationale. Le groupe se reforme, comme au bon vieux temps, quelques rides en plus et quelques cheveux en moins, avec l'envie de retrouver le goût de la jeunesse.
> Dimanche 25 mars à 15h00
> Lundi 26 mars à 18h00
> Mardi 27 mars à 21h00
> Vendredi 30 mars à 14h00

INTO PARADISO (Au paradis) de Paola Randi - Fiction
Dans une Naples multiethnique, la rencontre improbable entre Alfonso, un scientifique timide, gauche et nouveau chômeur, et Gayan, ex-champion de cricket sri-lanjais, charmant et ruiné, arrivé depuis peu à Naples. Ils n'ont aucune raison apparente de voir leurs vies se lier l'une à l'autre... et pourtant, ils verront naître une véritable amitié qui leur donnera le courage de prendre en main leur destin.
> Jeudi 22 mars à 21h00
> Mercredi 28 mars à 18h00
> Samedi 31 mars à 18h00

RUPI DEL VINO (Coteaux de vin) de Ermanno Olmi - Documentaire
Ermanno Olmi revient au documentaire pour entreprendre un voyage entre vallées, coteaux, tradition et culture de la Valteline (Italie du Nord). Témoignage vivant de la sagesse et de la créativité agricole, du respect de la nature et des territoires. Ode à la "viticulture héroïque" ponctuée par des lectures : Ragionamenti d'agricultura (Raisonnements d'agriculture) de Piero Ligari ; L'aventura in Valtellina (L'aventure en Valteline) de Mario Soldati.
> Mercredi 28 mars à 21h00

PALAZZO DELLE AQUILE (Palais des Aigles) de Stefano Savona, Ester Sparatore et Alessia Porto - Documentaire
Dix-huit familles sans domicile décident d'occuper, jour et nuit, le "Palais des Aigles", siège de la mairie de Palerme. Dès le premier jour, un défi est lancé : des maisons en échange du palais. Pendant un mois d'occupation, besoins individuels et pouvoir politique vont se confronter, révélant les enjeux d'un combat légitime, récupéré ou dénigré par les partis politiques locaux. Sphère privée et publique vont se superposer, s'entremêler... et devenir physiquement un espace symbolique unique : le cœur vivant de la démocratie.
> Vendredi 23 mars à 14h00
> Samedi 24 mars à 18h00
> Jeudi 29 mars à 21h00

A noter que ce dernier film a remporté le Grand Prix au Festival Cinéma du Réel 2011.

Deux autres films documentaires (FEBBRE GIALLA [Fièvre jaune] de Gianni Del Corral sur le champion du monde de moto Vantentino Rossi et IO, LA MIA FAMIGLIA ROM E WOODY ALLEN [Moi, ma famille Rom et Woody Allen]de Laura Halilovic qui s’intéresse à la communauté des Roms en Italie) seront présentés Hors Compétition, catégorie où figure le reportage sur Gian Maria Volonté ainsi que le film Enquête sur un citoyen...évoqué plus haut.

Voilà, à ne pas en douter, un corpus de films qui permettra de prendre le pouls d'un cinéma Italien contemporain un peu dénigré sauf à de très rares exceptions (comme le troublant La Solitude des nombres premiers) et pourtant toujours apprécié en Festival, notamment celui de Berlin, où les frères Taviani, à plus de 80 ans, ont remporté l'Ours d'Or pour un docu fiction Cesare deve morire, signe que 7ième art en Italie est toujours bien vivace.

L'autre Visconti

Pour beaucoup le cinéma italien se résume à Federico Fellini, Roberto Rosselini et Luchino Visconti. Pour d'autre, c'est Sergio Leone, Dario Argento, Lucio Fulci. Entre les deux, des cinéastes aussi méconnus qu'indispensables ont réalisé des productions "classiques" traversés par des instants de transgression et d'insolence. Leurs noms ? Cesare Canevari, Romolo Guerrieri, Francesco Barilli, Alberto Cavallone et Eriprando Visconti.

Neveu de Federico Fellini et comte de Modrone, Eriprando Visconti (1932-1995), aristocrate, n'a nullement besoin de travailler pour subsister. Peut-être est-ce là, la force de son cinéma, celle de ne jamais rechercher le succès à tout prix mais de filmer ses écrits comme bon lui semble. Car, Eriprando Visconti est un véritable hauteur comme l'entend la nouvelle vague française. Auteur de ses scénarios, Visconti aura touché à tous les genres avec une maestria acquise au côté de son oncle ou encore de Michelangelo Antonioni.

Si on se fie à IMDB, seulement quatre long-métrages ont franchi les Alpes pour trouver une exploitation en salle et/ou en vhs. Aujourd'hui, deux de ses œuvres cinématographiques ont atteint le statut de film culte : La Orca (1976) et Oedepus Orca (1977). Nous y reviendrons par la suite car nous avons le plaisir de proposer à vente dans notre boutique theendstore.com pas moins de cinq films dont voici les titres :


Sorti en France sous le titre Manœuvres criminelles d'un procureur de la République, Il vero et il falso (1972) est le sixième films de Visconti mais c'est celui que le réalisateur apprécie le moins. Et pourtant le scénario, retors à souhait, laisse présager un certain suspens pour le moins haletant.

Une femme tue la maitresse de son mari. Accusée et condamnée, celle-ci est emprisonnée pendant 10 ans. A sa sortie, elle découvre que la femme assassiné n'est pas morte et vit toujours avec son mari. Elle l'a tue...

Manœuvres criminelles... n'est pas un film à thèse mais soulève l'épineuse question de savoir si la femme doit être de nouveau jugé pour un crime qu'elle a déjà commis. Et si oui doit-elle être condamné alors qu'elle a déjà purgé sa peine ? Au casting de ce film on retrouve Martin Balsam (Le Cercle Noir, Psychose, Catch 22), Paola Pitagora aperçu dans Le Serpent d'Henri Verneuil et surtout dans le premier film de Bellochio Les poings dans les poches (1965) depuis sa carrière semble voué au petit écran italien. Mais la tête d'affiche de ce film est un surprenant Terence Hill, de son vrai nom Mario Girotti. Tourné entre On continue à l'appeler Trinita (1971) et Et maintenant, on l'appelle El Magnifico (1972), Terence Hill trouve avec ce personnage d'avocat blasé un de ses meilleurs rôles.

Passons maintenant au diptyque qui rendit célèbre Eriprando Visconti en Europe. Avec La Orca et Oedipus Orca, Visconti réalise sans nul doute son travail le plus courageux, le plus controversé mais également le plus censuré. En racontant le kidnapping et la séquestration d'une jeune fille, le metteur en scène décrit de manière quasi phénoménologique les liens qui unissent victime et bourreau jusqu'à l'inévitable.




Puis avec Oedipus Orca, Visconti filme les séquelles de la séquestration chez la jeune femme mais révèle des parties obscures inexplorées dont Alice va apprendre à découvrir au cours de ce film. Si nous ne pouvons vous révéler de quoi il en retourne. Nous pouvons en revanche que vous conseillez de visionner les deux films comme si il s'agissait d'un seul et unique film car les révélations du second mettra en lumière certains comportement du premier.


Si par bien des aspects scénaristiques, on pourrait croire que nous sommes en plein film d'exploitation, ne vous y trompez, Oedipus Orca et La Orca sont des drames poignants évitant l'obscène au profit d'une analyse pertinente sur la famille comme noyau dure des réminiscences de tous les troubles actuels de la jeune fille.


Après ces films, Visconti enchaîne avec Caresses Bourgeoises, son long métrage le plus personnel. Encore une fois, il ne faut pas se fier aux apparences, la traduction française du titre original Una Spirale di Nebbia (1977) laisse présager un film léger. Certes le film va très loin dans l'érotisme réaliste(pornographie ?) jusqu'à une scène de fellation entre Marc Porel (La Longue nuit de l’exorcisme, L'emmuré vivante) et Carole Chauvet (vu dans une des nombreuses comédie de Philippe Clair, Le grand Fanfaron, 1976, avec Michel Galabru). Una Spirale di Nebbia est avant tout un film qui démystifie le couple. En déconstruisant les apparences d'un couple d'aristocrate, Visconti explose toute les relations qui unissaient l'homme et la femme. Film social, véritable attaque contre la bourgeoisie, cet avant dernier film de Visconti scelle les destins de divers personnages sur une musique d'Ivan Vndo (Tire encore si tu peux, Profession Reporter) faisant office de requiem à l'amour.



Malamore (1982), est le dernier film d'Eriprando Visconti avant qu'il se retire des plateaux de cinéma. Pour l'anecdote, il finira ses jours dans le château du précédent film. Continuant à explorer les affres de la bourgeoisie, Visconti nous offre une histoire dont lui seul à le secret. Durant la première guerre mondiale, un nain tombe amoureux d'une prostituée dans un bordel. Encore une fois, à partir d'un postulat digne d'un film d'exploitation, Visconti décrypte comment l'amour (bien souvent impossible) nait entre deux êtres et comment la vie entrave le désir.


Présenté à la Mostra de Venise, dans la section Vittorio De Sica (réservé aux films italiens), l’accueil fut pour le moins glacial aussi bien en salle que par les critiques qui humilièrent la dernière œuvre d'Eriprando Visconti.

Ces cinq films sont représentatifs de toute la palette du cinéaste, avec une direction artistique très aboutie et des scénarios originaux, Eriprando Visconti reste encore aujourd'hui un auteur secret dans le cinéma italien.

Ed Wood, écrivain !

Si la (mauvaise) réputation d'Ed Wood (1924-1978) n'est plus à faire en tant que cinéaste, son travail d'écrivain reste quant à lui à découvrir. Oui ! Ed Wood n'a pas seulement sévi derrière une caméra, il a écrit des romans de gare, des pulps. Mais cela s'avère une mission quasi impossible puisque même aux États Unis, il est difficile d’appréhender dans sa globalité l’œuvre littéraire du plus mauvais réalisateur au monde. Seulement quelques titres ont été réédité aux USA à la fin des années 90 comme Death of a Transvestite, Killer in drag ou Hollywood Rat Race. Mais a-t-il déjà été traduit en France, en Belgique ou dans un quelconque pays francophone, voici une question qui reste sans réponse malgré nos recherches, notamment sur cet excellent blog consacré à la littérature "pop", The Müller Fokker Pulbot Effect. Nous n'avons trouvé aucune trace d'un écrit de Ed Wood Jr, même sous ses nombreux pseudonymes (Norman Bates, Jason Nichols, Michael Saron,...).

Par ailleurs, il ne fait aucun doute que cette partie de la vie professionnelle d'Ed Wood a échappé à un plus d'un cinéphile (français). C'est au détour de quelques paragraphes de la biographie d'Ed Wood, Nightmare of Ecstasy, par Rudolph Grey qu'on apprend la richesse des écrits d'Ed Wood. Entre récit horrifique et de mœurs, le spectre de style littéraire abordé par Ed Wood est considérable. Quelle soient érotico-pornographique (récit de lesbianisme, d'homosexualité) ou ancrée dans son époque (les émeutes de Watts ou les bikers), Ed Wood a marqué ce genre littéraire de toute son originalité et de sa folie.

En novembre dernier, la galerie New-Yorkaise Boo-Hooray proposait une vaste exposition des couvertures des livres d'Ed Wood, voici une vidéo qui retrace cette exposition événement.



En bonus, un catalogue de 100 pages entièrement illustré et annoté, dévoile de la plus belle des manière l’œuvre graphique de ces ouvrages qui sont aujourd'hui pour la plus part des pièces de collection. A l'instar de ses films, certaines thématiques étaient récurrentes, l'angora, le travestissement, sont tout aussi présent comme l'indique les quatrièmes de couvertures également reproduite dans le catalogue.


Présentation de la gallerie / éditeur du catalogue
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"The antiquarian mystique surrounding Edward Davis Wood Jr.’s career as an author of pornographic pulp fiction is legend. He wrote under a variety of pseudonyms, books were published and re-published under different titles, and occasionally under different author names. Multiple authors would share the same pseudonym, and the companies that published the titles weren’t the kind of operations that kept any kind of records, nor paid royalties, nor really existed in the manner that most are to expect of book publishers.

"Ed Wood’s sleaze fiction is also as strange, idiosyncratic and out of step with his times and mores as his infamous movies. Wood would write porn inter-spliced with lengthy philosophical, sociological and psychological discourse, he’d write first person narratives of life as a transvestite in the buttoned up America of the 1950’s. He’d riff on psychosexual themes, and unleash his id, his ego and his superego in turn, sometimes in the same chapter. He’d write about sex and the human condition without veneer or filters, offering up the damaged and anguished voice of a desperately soul-searching drunk with a sense of self-worth that would stand in dichotomy to his self-pity.

"His descent into alcoholism and poverty was mirrored by the publishers that employed him. Towards the end of his life he wrote pornography with decreasing amounts of the strange flourishes of his eccentric personality. He died in 1978 of an alcohol-induced heart attack. His friends say the porn killed him.

Édité à 750 exemplaires, ce catalogue fait office d'index à quiconque serait intéressé de découvrir, à défaut des textes, l'imaginaire d'un homme qui n'a peut être jamais connu la gloire à Hollywood mais qui a su (ré)inventé les questions des genres au cinéma (Glen or Glenda) comme en littérature.

Écrit par Ed Wood et signé J.X. Williams, cela ne vous rappelle rien ?


Novélisation du film du même nom, Orgy of the Dead (1965) réalisé par Stephen C. Apostolof qui quelques années plus tard tournera une nouvelle adaptation des écrits d'Edward D. Wood Jr, Drop Out wife (1972). D'autres réalisateurs prendront les écrits d'Ed Wood pour faire des films, notamment Don A. Davis avec For Love and Money (1968). Observez la subtilité du changement avec la nouvelle d'Ed Wood.

En vente sur theendstore.com

Michel Gondry en BD !

Artiste pluri disciplinaires, Michel Gondry a débuté sa carrière par la musique avec le groupe Oui Oui. En signant divers clips vidéo pour ce groupe dans lequel il jouait de la batterie, Gondry se fait connaitre d'artiste aussi prestigieux que Bjork, les Rolling Stone, Iam, White Stripe, Massive Attack. Fort d'un univers mystérieux, déjanté, drôle ou touchant, le style Gondry se décline au cinéma depuis 2001 avec Human Nature jusqu'au récent Le Frelon Vert (2011).

Aujourd'hui les éditions Cambourakis publie la première bande-dessinée de l'artiste. Comme lui, le style est simple, l'histoire improbable mais délicieusement originale. Michel Gondry a le talent (la magie ?) de transformer tout ce qui touche en émerveillement constant.


Michel Gondry a grandi en France, dans la terreur de devoir un jour accomplir son service militaire : il a finalement réussi à se faire réformer, mais l’angoisse de voir son imposture découverte ne l’a pas quitté. C’est pour lui la source d’affreux cauchemars, dont cette bd totalement loufdingue est l’illustration. La France, au début du XXIème siècle : suite à une guerre civile, le pays est désormais divisé entre la Province et l’Ile de France – dirigée par Johnny Hallyday, qui a pris ses quartiers à l’Elysée. Pour se préparer à la grave menace militaire qui plane sur Paris, le président rappelle quatre ex-étudiants d’art, une bande de copains qui ont échappé au service national en trichant honteusement lors de leurs trois jours. Cette fois, ils ne pourront se soustraire à la conscription sous aucun motif, pas même la mort. Les trois garçons doivent d’abord déterrer leur ami, décédé depuis un bon moment -un cadavre plutôt alerte d’ailleurs- et sont enrôlés pour contrer l’attaque des ISA, une dangereuse armée exclusivement féminine, qui ne recule devant aucun moyen pour obtenir la victoire.

Né en 1963, Michel Gondry est un génial créateur touche-à-tout mondialement reconnu, à la fois pour son travail dans le domaine du video-clip (pour Björk notamment), de la publicité et du cinéma (il est l’auteur de sept films, dont Eternal Sunshine of the Spotless Mind, 2004). Français, il vit la majeure partie du temps aux États-Unis, où il a publié plusieurs bandes dessinées, dont un travail en collaboration avec Julie Doucet, ainsi que On a perdu la guerre, mais pas la bataille publié en 2010.


Pour le plaisir, voici une sélection des derniers clips vidéo réalisés par Michel Gondry :




Alors que la quasi intégralité des vidéo clips sont disponibles sur internet (voire même en dvd à travers la collection Works of Director), ses long métrages, au nombre de 7 et demi (demi pour le segment dans Tokyo) ne sont pas tous traités à la même enseigne. En effet, son film (documentaire), L'épine dans le cœur(2009) manque à l'appel.


Suzette, tante de Michel Gondry, raconte ses écoles dans les Cévennes où elle a été institutrice de 1952 à 1986. Mais petit à petit, Michel découvre une réalité de sa vie familiale qu'il ignorait et que ce film explore de manière sobre mais pleine d'émotions.



Heureusement, l'import est là pour découvrir un film important, dévoilant une partie de l'intimité familiale de Gondry, au travers d'une galerie de personnages haut en couleurs qui, pour une fois, ne sont pas sorties de l'imaginaire du cinéaste.

Le film est disponible en zone 2. Pour toute information merci de nous contacter par mail à contact@theendstore(POINT)com

Rétro-viseur : Coming Apart (1969)

Après quelques mois d’absences, retour de notre rubrique le rétro-viseur avec Coming Apart, un film précurseur, avant-gardiste, proposant une réflexion passionnante autour de l'image de soi au sein d'un groupe et de sa mise en spectacle.

Été 2004. L'été est devenu depuis de nombreuses années le moment propice pour les blockbusters et les ressorties (voire aussi pour de simple sortie technique de film au "potentiel commercial" moindre). Coming Apart est un trésor caché connu par une poignée de cinéphile. Et pour cause, classé X (pour pornographie) par la censure américaine, le long-métrage a eu un destin chaotique de ceux qui les font entrer dans la légende. Et qui d'autre qu'une légende du journalisme tel que Philippe Garnier pour vous convaincre qu'on tient là un bijou du 7ième art.

Malgré les signes extérieurs, Coming Apart n'a rien d'un film expérimental, ni marginal. Juste un film très nouveau par le ton. Joe, psychiatre établi et marié, loue un appartement pour mener une double vie, recevoir d'anciennes patientes séduites, ou simplement le tout-venant de la rue en bas qui sonne à sa porte. Joe filme ses conversations et ébats sexuels comme un analyste peut enregistrer une session sur canapé, mais même s'il a le doigt sur la commande qui active et arrête la caméra, il finit par perdre le contrôle de son jeu, qui n'est en somme que le reflet de sa propre détérioration. Jim McBride avait bien fait David Holzman's Diaries un an avant (un garçon se filme, avec amorces visibles, etc.), Cassavetes poursuivait bien ses dénuements d'âmes à force d'écriture drôle et sauvage (mais ici les dialogues de Ginsberg sont plus drôles, et encore plus coupants), Warhol avait bien amené ses corps blêmes et sa caméra fixe, Ginsberg était néanmoins dans une autre sphère ­ peut-être plus évidente aujourd'hui qu'à l'époque.

«Antonioni, Antonioni, Antonioni», rigole le cinéaste pour justifier les noirs de sa photo de nuit, les gris chics de sa photo de jour. «Et Bergman vous donnait des bons gris, à cette époque. La nudité, par contre, c'était dans l'air. On en voyait beaucoup au théâtre off-broadway, que je fréquentais depuis des années ; il y avait Warhol et tout ça. Les premiers films pornos joueraient sur Times Square un an plus tard. J'étais aussi très épris du cinéma japonais de l'époque, ce Cinémascope noir et blanc, cette façon de filmer l'intime en grand. Etrange obsession, d'Ichikawa, m'avait particulièrement frappé pour ça, même si celui-ci est en couleur.»

Pour la distribution, Ginsberg avait eu à la fois recours à ses contacts et aux agents de casting. Il connaissait Rip Torn par un ami commun. «Il m'avait dit, "si jamais tu as un rôle romantique à me proposer, je suis ton homme", s'amuse aujourd'hui le cinéaste. Romantique ! C'est un des dépouillements de caractère les plus sauvages que je connaisse, une performance d'acteur comparable à Brando dans le Dernier Tango.» Lois Markle, la masochiste aux traces de cigarettes, était à l'Actor's Studio, qu'il fréquentait. On lui doit la scène la plus drôle du film, la mieux écrite aussi («et où je trouverais un canard ?», «Je n'ai pas de commode non plus.») «Bobby Blankshine, le travelo, était formidable aussi. On en avait auditionné d'autres, de la Factory, Jackie Curtis je crois, mais Bobby portait ce besoin d'attention sur lui. Et ce désir absolu de se détruire ­ à tout, héroïne, Southern Comfort, sexe. Il était danseur, il est mort à Berlin avant la vague du sida.»

Aussi dérangé que dérangeant
Ginsberg avait vu Sally Kirkland dans une pièce de Terence McNally, où elle jouait nue attachée sur une chaise, un mouchoir enfoncé dans la bouche. «Quand elle a amené son script pour tourner Coming Apart, on aurait dit le Talmud, tout griffonné dessus par elle et par Strasberg ! La chose que je lui ai demandée, à elle et aux autres acteurs, c'était d'essayer de faire le vide entre deux répliques, d'évacuer tout le travail qu'ils avaient pu faire avant pour le rôle. J'avais remarqué que ces pauses donnaient l'impression de spontanéité, d'improvisation. Ce qui n'était pas du tout le cas. Les scènes étaient répétées à mort, certes, mais tout était écrit. Et on ne faisait pas plus de trois, quatre prises. C'était l'avantage de cet appartement : avec mon chef opérateur, Jack Jaeger, on avait fait la lumière une fois pour toutes. L'avantage de la caméra fixe. Le matin, on arrivait à neuf heures, et à neuf heures trente on était prêts, on avait tout ce temps pour répéter.»

Cet appartement était aussi pour Ginsberg une sorte de vengeance sexuelle, qui donne peut-être au film ce petit plus dérangé si dérangeant : tout comme Monica, la psychiatre et ancienne maîtresse jouée par Viveca Lindsford, se plaint que Joe l'ait suivie dans son immeuble pour lui rendre la vie impossible, Ginsberg en réalité avait loué cet appartement dans l'immeuble moderne d'un ancien amour qui, lassée de son inconstance, avait fini par se marier. Les voir ensemble dans son quartier était une torture pour le cinéaste, un affront personnel et preuve générale de faillite. «J'ai fini par rester sept ans dans cet endroit, avec le même mobilier (sans le miroir !). J'adorais cet immeuble, une des deux tours conçues par I.M.Pei, à l'époque totalement isolées dans un quartier délabré de l'East Side plein d'immeubles à quatre étages, entre la 30e et 33e rue. J'appelais cet endroit Antonioni Square ­ beaucoup de psychanalystes y habitaient, à cause de Bellevue tout près sur la 1ère Avenue, et aussi plein d'hôtesses de l'air, à cause du Terminal qui était là à cette époque, et pas mal de photographes de mode.» Le parfait nid pour l'érotomane qu'était Ginsberg durant ces années ­ transfuge du Bronx vite séduit par Manhattan et sa culture, un habitué du légendaire repaire à peintres et poètes sur Union Square, Max's Kansas City, et le genre à longtemps sortir avec une institutrice qu'il ne pouvait pas supporter, juste parce qu'elle était le sosie de Monica Vitti (dans le même ordre d'idée, Viveca Lindsford lui rappelait la tante d'une copine qu'il adulait étant jeune). Il avoue aujourd'hui avoir écrit le script dans un état de fureur vengeresse. Le dispositif, par contre (un sofa, un miroir et une caméra fixe dissimulée), il croit le tenir des boulots de monteur qu'il faisait à l'époque sur les documentaires des frères Maysles, ou sur l'émission la Caméra invisible. «Je voyais la vie des gens se dévider, et c'était toujours un choc d'arriver aux amorces et numéros.»

D'après lui, tout était prévu, écrit d'avance jusqu'au moindre «pop» sur la bande-son, même s'il avait encouragé ses acteurs à improviser dans les scènes de sexe, leur garantissant qu'ils auraient droit de veto sur ce qui serait utilisé. «Seule Sally l'a exercé sur un truc que j'ai enlevé ­ Shelley Winter lui ayant dit que sa carrière serait foutue sinon.» La fin aussi n'est pas comme dans le script. «J'avais un long monologue avec Rip, qu'on a filmé mais que je n'ai pas utilisé. Je voulais accélérer la désintégration, la rendre sensible par l'image plutôt que la parole. Il y a un déséquilibre voulu entre les scènes "amusantes" et les scènes dramatiques. Et puis c'est en tournant, jour après jour, que j'ai su que j'allais briser le miroir. Quand on l'a fait le dernier jour, je n'avais qu'une trouille, c'est que Sally ne jette pas cet objet juste au centre, ou pas assez fort ; qu'elle ne fasse qu'une fêlure et que le miroir reste entier.»

Musical
Il y a tout ce go-go dancing dans le film, qui lui aussi fleure bon l'époque. La musique était partout : Ginsberg se souvient avoir joué les Supremes durant la scène d'orgie ­ le Jefferson Airplane mis par-dessus au mixage. Et le Band (croit-il se souvenir) sur cette scène aussi étonnante qu'hilarante quand Kirkland copule avec le genou de Rip Torn tout en dansant. La fille au landau (sans expérience d'actrice, qui avait passé la tête à la porte du bureau de casting, avec la même expression d'innocence allumée que demandait le rôle) nous gratifie d'un numéro de jerk entier, avec et sans minijupe... Ironiquement, Ginsberg a dû avoir recours à une autre musique pour la sortie DVD en Amérique, les contrats d'époque avec le groupe ayant complètement disparu. «On m'a recommandé ce type de Brooklyn, Frank Xavier, qui fait dans le psychédélique. Le mec s'est révélé être un génie ! ça me gêne de le dire, mais je préfère la nouvelle musique à celle de l'Airplane ­ elle délivre le même poids, avec plus de férocité encore.»

La férocité est aussi dans la performance finale de Sally Kirkland, qui fut marginalement une égérie de Warhol. «Le personnage de Joanna est inspiré de Valery Solinas. Rip est dans son genre tordu un cinéaste un peu comme Warhol, et Joanna un membre de sa ménagerie qui retourne chez lui pour le tuer. Bien sûr, elle est un double de Joe, une expression plus développée de sa noirceur.»

En 1970, le film fut un échec dont Ginsberg a mis trente ans à se remettre, ruminant son obscurité tout en faisant des travaux de monteur. Ce n'est qu'en 1999, après un passage au MoMA, qu'une ressortie en salles et en DVD permit à Coming Apart de trouver le public qu'il lui fallait, et à Ginsberg le minimum de reconnaissance qu'il convoitait à l'époque. Car Ginsberg est dans la vie comme son film, un mélange de nombrilisme effréné et de sauvage drôlerie.
Philippe Garnier "Coming Apart : Sex and fun" in Libération - 14 juillet 2004



MK2, distributeur du long-métrage en salle (puis en dvd), a senti toute l'importance du film qu'il avait entre ses mains et n'a pas lésiné sur la publicité en proposant non pas un simple rappel de l'affiche du film dans la presse, mais en créant pour l’occasion une campagne de pub visuellement splendide dont nous proposons ci-dessus et ci-dessous des exemples.


En bonus, THE END vous propose un entretien avec le réalisateur extrait du dossier de presse pour la ressortie du film. Pour lire confortablement, cliquez sur les images afin de les agrandir ou clic-droit avec la souris, afficher l'image. Enjoy !









Le film est en vente sur theendstore.com