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Cheribibi, le magazine des cultures populaires

Après Metaluna, Peeping Tom, Les Monstres de la nuit et Cinema Retro, nous avons le plaisir d'accueillir une nouvelle revue (en français) sur le cinéma que nous aimons (le cinéma de genre) mais également sur la musique et la littérature. Détails des sommaires :

CHÉRIBIBEAT (musique populaire)
Causerie avec le Ministère des Affaires Populaires :Rap, accordéon, violon oriental et lutte de classe avec classe ! | Causerie avec Don Letts, Keupons et rastas, même combat | Punky Reggae Connexion, Les amours punk et reggae | Causerie avec Mikey Dread… at the controls! | Chanson Populaire: Guns of Brixton, La chanson-emblème du Clash décortiquée avec joie | Les hérauts du Peuple Sont Immortels: Desmond Dekker, Un bref mais sincère hommage à un sacré artiste! Causerie avec Cockney Rejects, Oi! Oi! Oi! | Chroniques disques | Du Son Des Oubliettes: Afro Beat au Bénin, ChériBibi dépoussière les disques du T.P. Orchestre Poly-Rythmo |

CHÉRIBIBIS (cinéma populaire)
Chroniques cinoche | Bobines Chéries: La souris qui rugissait, une petite satire géopolitique oubliée avec Peter Sellers, ça vous dit? | Cinema Jamaica, Quand les jamaïcains font leur cinoche | Causerie avec Cherine Anderson,actrice from Jamaica

THÉÂTRE POPULAIRE
Pascal Tourain,Le théâtre de bar se met à nu.

CHÉRIBIBLI (littérature & BD populaire)
Verminax, le gredin de l’ombre,Notre grand feuilleton BD à suivre par Tôma | Tchatchman! Un super-héros débile à Gomé | Chroniques bouquins | La fresque en couleur des Fresquilleurs! | L’histoire du monde et du parc de Tompkins Square | L’Amérique vue par Seth Tobocman | Causerie avec Seth Tobocman, Le dessinateur anarchiste raconte New-York, sa vie, son oeuvre | Chroniques zines | Chérie Noire: Série Z, Une nouvelle contondante de Franck Michel.


CHÉRIBIBEAT (musique populaire)
Causerie avec The Slits, «Les fentes» s’ouvrent sur leur passé et leur actualité | Du Son Des Oubliettes: Witches Valley s’exhument des cartons histoire qu’on oublie pas leur sacré boxon! | Chanson Populaire: Summertime Blues, Syndicaliste rockabilutionnaire, Eddie Cochran chante contre le salariat! | Chroniques disques, skeuds, galettes chouettes | Reggaemotion: Reggae Western, Au grand galop entre cinéma et vibrations made in Jamaica, ChériBibi évoque et invoque les pistoleros du reggae | Causerie avec Dave Barker, George Dekker & Dennis Alcapone, Accrochez vos bretelles, trois géants du reggae se sont donnés rendez-vous dans nos pages | Mondo Punk: Texas Punk 1979-1985, ChériBibi se penche sur la scène punk texane et son univers impitoyable

CHÉRIBIBIS (cinéma populaire)
Le Western Zapata, Quand le western italien cause de révolution mexicaine et de lutte des classes, il s’agit de courir plus vite que les balles gringo! | Bobines Chéries: Kovilpatti Veeralakshmi, Oubliez Hollywood ou Bollywood et partez à Kollywood avec un film tamoul qui démoule!

THÉÂTRE POPULAIRE
Le théâtre jamaïcain, La Jamaïque, ses plages, ses vagues, ses planches…

CHÉRIBIBLI (littérature, BD & illustration populaire)
Verminax, le gredin de l’ombre, Notre grand feuilleton BD à suivre par Tôma | Une histoire de Riri par Riri elle-même | Bébert l’as du hold-up,Un gangster débile à Gomé | Fatalitas! Chéri-Bibi, le bagnard terrible de Gaston Leroux | Les Hérauts Du Peuple Sont Immortels: Serge, portrait d’un dessinateur-reporter (trop) méconnu | Chérie Noire: Sur la brèche, Une nouvelle en français de Steve Goodman! | Chroniques bouquinzines


CHÉRIBIBEAT (musique populaire)
Causerie avec The Adicts | Reggaemotion, Reggae Karaté Enter the Shaolin reggae | Chanson Populaire: La Java des Bons Enfants, Guy Debord et Émile Henry font bouillir la marmite ! | Causerie avec Sarah Savoy & Les Francadiens | Mondo Punk: Tian An Men 89 Records, De la Chine à l’Iran dans les sillons de l’Indiana Jones du punk internationaliste | Chroniques disques | Causerie avec Rico Rodriguez | Du Son Des Oubliettes: Peeni Waali | Causerie avec Eddie «Tan Tan» Thornton.

CHÉRIBIBIS (cinéma populaire)
Kung-Fu & Praxis Révolutionnaire, la preuve est faite: Bruce lit Marx et Jackie chante l’Internationale | Bobines Chéries: Les Gaspards / Themroc, Hommes des cavernes modernes tout un (double) programme!

THÉÂTRE POPULAIRE
Causerie avec La Compagnie Jolie Môme.

CHÉRIBIBLI (BD & littérature populaire)
Verminax, le gredin de l’ombre par Tôma | Sadia’n'Mazoch, Le couple krarie des Krokaga | Alban l’éléphant assure sa défense | Bébert l’as du hold-up | Les Hérauts Du Peuple Sont Immortels | Chérie Noire: Nuit tranquille Place Clichy suivi de Vive Tito! Deux nouvelles aussi courtes qu’inédites de Thierry «Cochran » Pelletier | Chroniques bouquinzines


CHÉRIBIBEAT (musique populaire)
Causerie avec Inner Terrestrials ! | Sur un air de panthère, l’univers musical des Black Panthers en long, en large et en travers | Causerie avec The Last Poets, les derniers poètes furent les premiers rappeurs | Rap Panthers Fight the power ! | Du Son Des Oubliettes : Mickael Franti, retour sur un disposable heroes of hiphoprisy | Chanson Populaire : Street Fighting Man | Chroniques disques, dvd,... | Reggaemotion : BlaXreggae, la Jamaïque à l’heure de la blaxploitation | Mondo Punk : Indo Punk, Traversez l’Indonésie en Doc Martens ! Les Hérauts Du Peuple Sont Immortels, dernière causerie avec Alton Ellis.

CHÉRIBIBIS (cinéma populaire)
BlaXpanthers, le lynchage de l’Oncle Tom inna blaxploitation style | Causerie avec Melvin Van Peebles | Bobines Chéries : Mister Freedom.

CHÉRIBIBLI (BD, littérature & illustration populaire)
Verminax par Tôma | Panthères littéraires,Y’a-t-il une littérature Black Panther ? | Bibillustr’ : Emory Douglas, La patte des Panthers | Bébert l’as du hold-up de M’ sieu Gomé | Chérie Noire : Constat d’échec | Chroniques bouquins


CHERIBIBEAT (musique populaire)
Causerie avec Wanda Jackson, Rock save the queen | Du Son Des Oubliettes : Las Vulpess, Me gusta ser una zorra… cabron ! | Sisters de choc, Hélène Lee se méfie des « on dit »… | Chanson Populaire : These boots are made for walkin’, Nancy Sinatra | Chroniques disques & skeuds | Causerie avec Sonia Pottinger, Une productrice au pays des producteurs | Reggaemotion : Skinhead Reggae | Mondo Punk : Nipponk The Stalin alive !

CHERIBIBIS (cinéma populaire)
Délivrez-nous du mâle ! Part 1 : Girls just want to have fun | Le Petit Pervers Du Peuple : Doris Wishman, Une nouvelle rubrique consacrée à l’érotisme populaire | BlaXpanthers 2, Le retour de la suite mothafucker ! | Causerie avec Melvin Van Peebles.

THEATRE POPULAIRE
Les Hérauts Du Peuple Sont Immortels, Hommage à André Benedetto.

CHERIBIBLI (littérature, BD & illustration populaire)
Verminax, le gredin de l’ombre, Notre grand feuilleton BD à suivre par Tôma | Chérie Noire : Sauvage et fier de l’être ? suivi de Croque-Mitaines, Deux nouvelles inédites de DPC, écrivain célèbre injustement ignoré | La Môme « Double-Shot », Une enquête exclusive dans les bas-fonds du polar de gare crypto-féministe | Arrogance par Craoman ! | Le Papelard C’est Bonnard : La souris du Balajo | Bébert l’as du hold-up | Portfolio Barcelone | Causerie avec Jean-Marie Arnon : Sexe, dinosaures & rock’n’roll ! | Chroniques bouquinzines


CHERIBIBIS (cinéma populaire)
Délivrez-nous du mâle ! Part. 2 : Attack of the Kung-Fu Girls | Bobines Chéries : La saga de Blacula.

CHERIBIBOXE (sport populaire)
Boxing Ladies | Causerie avec Angelo Dundee, notre envoyé spatial a rencontré l’entraîneur de Muhammad Ali… et l’a fait parler !

CHERIBIBEAT (musique populaire)
Chanson Populaire : C’est un mauvais garçon… Il a des façons pas très catholiques ! | Causerie avec Derrick Morgan, Au pays du reggae, les aveugles sont rois ! | Reggaemotion : Boxing Reggae | Mondo Punk : Nipponk Part.2 | Du Son Des Oubliettes : Tex-Mex, petite visite dans les bas-fonds de la zik mexicaine | Les Hérauts Du Peuple Sont Immortels, Screamin’ Jay Hawkins même pas mort ! | Chroniques disques.

CHERIBIBLI (littérature, BD & illustration populaire)
Verminax, le gredin de l’ombre | Conan Doyle le Barbare | Revue des zines des autres | Le Papelard C’est Bonnard : No Glove No Love | Bébert l’as du hold-up | Portfolio : Josep Bartoli | Causerie avec Norman Spinrad, l’écrivain le plus sulfureux de la SF est parmi nous ! | Le Petit Pervers Du Peuple : Hommage à La Brigandine, infiltré par d’horribles situationnistes, le roman "de gare" lâche les seins ! | Chérie Noire : La Partie, une nouvelle inédite de Thomas Vinau | Chroniques de livres lus.

Plus d’informations sur le site de Cheribibi

Cabeza De Vaca | Mercury



L’explorateur espagnol Alvar Nuñez a marché pendant huit ans à travers l'Amérique jusqu’à la côte Pacifique du Mexique après avoir fait naufrage au large des côtes de la Floride en 1528. Il fut le premier européen à découvrir ces terres. Au cours de sa quête pour assurer sa survie, il vécut avec des tribus indiennes aujourd'hui disparues, fit l’apprentissage des secrets de leur vie mystique et accomplit des guérisons miraculeuses.

Grâce à ED distribution (éditeur des Bill Plympton, Guy Maddin et des frères Quay en dvd), nous avons la chance de découvrir au Mercury et ce pour 2 séances exceptionnelles, le film Cabeza De Vaca. Datant de 1991, l'oeuvre de Nicolas Echevarria découvre enfin les écrans français après avoir eu du succès dans divers festivals alors ne passez pas à côté de cette pépite !

Retrouvez tooute la revue de presse du film sur le site d'ED distribution.

> Vendredi 21 janvier 2011 à 20h30
> Dimanche 23 janvier 2011 à 21h00

Quelles critiques :

Les aléas de la distribution ont retardé de presque vingt ans la sortie française de ce film, dont la première vertu est de nous enseigner un pan méconnu de l’histoire coloniale.
Nous sommes au milieu du XVIe siècle, à l’époque des conquistadors. Voulant gagner la Floride, une expédition espagnole se fait massacrer par les Indiens, six cents hommes y laissant leur vie, transpercés par les flèches. Une poignée de survivants échoue finalement en Louisiane, avec à leur tête Alvar Núñez, trésorier de l’expédition, dit “Cabeza de Vaca” (tête de vache). Depuis la Louisiane, ils vont errer vers l’ouest, de part et d’autre de ce qui sera la frontière américano-mexicaine, au gré de leurs rencontres avec les tribus indiennes.
Plutôt que s’entêter dans la confrontation, Núñez va petit à petit apprendre la culture indigène, puis l’adopter, devenant guérisseur, et le seul conquistador de l’histoire passé côté indigène. C’est cette équipée initiatique soustendue par un éloge de l’altérité et une critique des conquêtes impériales que raconte Nicolás Echevarría.
Si les premières scènes du film laissent entrevoir un film d’aventures à grand spectacle, c’est une fausse piste. Cabeza de Vaca est dominé par des scènes intimistes avec peu de personnages, des décors naturels, un montage long, charriant une force d’incarnation et une vérité de nature quasi documentaire, ce qui est logique puisque Echevarría venait du documentaire avant de tournercette première fiction.
On est plus proche de la vision d’un Werner Herzog ou du cinéma ethnographique que d’une fresque hollywoodienne avec sa dimension plus ou moins prononcée de kitsch et d’artificialité, même si la thématique fait penser à Danse avec les loups de Kevin Costner. Les scènes de guérison et de chamanisme sont particulièrement saisissantes. Le paradoxe de ce rendu vériste est que Cabeza de Vaca est une fiction à budget important.
Au poste maquillage, on retrouve d’ailleurs Guillermo del Toro, future star du cinéma hispanique. Echevarría et son équipe ont trouvé le juste équilibre entre le spectacle et sa mise au service du sujet et des personnages. Dans la dernière partie, Núñez et ses compagnons sont retrouvés par une autre expédition espagnole. Le personnage s’est complètement attaché à sa nouvelle famille indienne tout en prenant pleinement conscience de la sauvagerie de son pays d’origine, tel un hippie bien foncedé qui refuserait de retourner bosser à la banque.
Le vrai Núñez a fini par rentrer en Espagne, publiant ses rapports ethnographiques, puis s’éteignant à Séville en 1559. Quand à Nicolás Echevarría, on n’en a plus entendu parler, du moins de ce côté des Pyrénées. Raison de plus pour découvrir cet objet filmique non indentifié bienvenu : malgré ses 20 ans, sa beauté singulière et son propos sont sans âge..


Serge Kaganski pour Les Inrocks

Stupéfiante aventure que celle d'Alvar Nunez Cabeza d'Espagne, qui après avoir fait naufrage en 1528 au large de la Floride avec une armada d'explorateurs, ne retrouva des conquistadorres compatriotes qu'au bout de huit ans, après avoir traversé l'Amérique jusqu'à proximité de la côte Pacifique. Le parallèle s'impose avec la destinée française du film de Nicolas Echevarria, documentariste et ethnologue mexicain qui décida, pour sa première fiction, d'adapter la Relation de voyage de l'explorateur à l'aube des années 90. Montré et applaudi en festival, loué aux Etats-Unis, le film ne connut pas de distribution chez nous, et nous devons aujourd'hui le plaisir de sa découverte qu'à la capacité sagacité des distributeurs de ED, en quête depuis lors de la disponibilité des droits.
si la comparaison s'impose avec le cinéma d'Herzog, il n'en reste pas moins que le Cabeza du cinéaste mexicain est le reflet inversé du personnage d'Aguirre. A l'ange exterminateur se substitue l'errance hallucinée d'un naufragé qui, d'abord esclave, se fondit, à son corps défendant, à la vie des autochtones au point de devenir une figure mystique et chamanique respectée par toutes les tribus rencontrées en chemin. La force du film, formidablement cadré et presque toujours tourné à hauteur d'homme, est de mise sur la lenteur et l'empathie, sans aucun artifice de post-production. Au point que le le colonialisme destructeur qui finit évidemment par ressurgir sera vécu comme un arrachement par le personnage et par le spectateur. Et que le sidérant plan final d'un croix gigantesque porté par une foule à travers un désert fera définitivement coïncidé fantasme et réalité historique.


Thierry Méranger pour les Cahiers du cinéma #662, page 45 (décembre 2010)

Rock and Roll of Corse | Documentaire au Volume ( Nice)

Ce jeudi soir, la salle indépendante niçoise Le Volume organise la projection du documentaire Rock and Roll of Corse, réalisé par Stéphane Bébert et Lionel Guedj, ce film retrace le parcours du premier guitariste de Police. Entrée libre !


Le destin d’Henry Padovani, un jeune corse de 24 ans débarqué à Londres en décembre 1976, acteur et témoin d’une période où naissait un nouveau courant alternatif et révolutionnaire, le mouvement Punk. Musicien et guitariste, il a traversé les années 80 comme une météorite tombée de nulle part, du groupe "The Police" qu’il fonde avec Stewart Copeland en janvier 77 jusqu’à leurs retrouvailles sur scène 30 ans plus tard devant 80 000 personnes au Stade de France, des Clash aux Sex Pistols, des Who aux Pretenders, de REM qu’il signe à Zucchero qu’il manage. Avec tous, Henry a partagé un peu de leur musique et beaucoup de leur vie.



> Jeudi 20 janvier 2010 à 20h00 à la salle Le Volume

Institut Benjamenta enfin en dvd !


C'était l'arlésienne de Ed distribution mais aujourd'hui l'attente est récompensé par un splendide digipack cartonné qui renferme le film des frères Quay.

Sachez que le dvd est en exclusivité dans les boutiques indépendantes plus d'un mois avant la sortie dans les supermarchés culturels et sur internet.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore l'univers magique des frères Quay, voici la présentation de Philippe Serve lors de la diffusion du film en 2007 dans le cadre de son ciné club " Cinéma Sans frontières".

Les frères Quay - de vrais jumeaux, impossibles à identifier l’un de l’autre - creusent depuis près de 30 ans un sillon très particulier. Avant tout créateurs de films d’animation à la personnalité affirmée, ils n’ont réalisé que deux long-métrages, tous deux centrés autour de personnages et d’acteurs "réels". Cet Institut Benjamenta, tourné il y a douze ans, marquait leur début dans le monde du long et précèdait le fascinant Accordeur de tremblements de terre, tourné l’an passé et présenté lors d’une séance CSF en novembre dernier (2006).

Si les deux frères sont américains, toute leur culture, toutes leurs références littéraires, artistiques, musicales et cinématographiques sont presque exclusivement européennes, avec une nette préférence pour l’Europe orientale. N’ont-ils pas déclaré : "Notre pays nous semble terne. En Amérique, il y a tant de choses grossières, prétentieuses et stupides, insulaires. Pour nous, être ici en Europe, est une immense source d’inspiration. D’une manière ou d’une autre, on n’est pas né au bon endroit, mais nous nous sommes toujours tournés vers l’Europe et nous avons trouvé notre inspiration dans ce contexte." Les noms les plus souvent associés au leur (et qu’ils revendiquent d’ailleurs) sont ceux de Kafka, Bergman, Paradjanov, Ghelderode, Bruno Schulz, Dovjenko, Franju, Borowczyk, Tarkovski et surtout le maître de l’animation tchèque Jan Svankmajer, sans oublier un autre Américain européanisé, l’ex-Monty Python Terry Gilliam qui voyait en Institut Benjamenta : "Le film visuellement le plus beau, le plus envoûtant et le plus drôle que j’ai vu ces 300 dernières années !". Peu surprenant qu’on le retrouve ici producteur exécutif des frangins... Il faut bien entendu y rajouter celui de l’écrivain suisse Robert Walser dont ils ont précisément adapté cet Institut Benjamenta.

Autant le dire de suite : l’univers des frères Quay est essentiellement sensoriel. Un bazar des sens où chacun trouvera de quoi étancher sa soif d’expériences visuelles, auditives et quasi-tactiles. Un univers fantastique où les objets sont rois, à condition d’avoir déjà vécus, leur recyclage ou plutôt leur ré-utilisation pour ne pas dire leur résurrection demeurant le passage forcé à ce royaume onirique, toujours à la frange du rêve et du cauchemar. L’amour des détails, des gros plans d’objets faisant vivre chaque nervure reste la marque de Stephen et Timothy Quay dans chacun de leurs courts-métrages d’animation et rejoint le style d’écriture de Robert Walser. Le passage de l’animation au cinéma live et à de vrais acteurs n’entraîna aucune des ruptures que l’on pouvait craindre, la fidélité au (superbe) noir et blanc d’Institut Benjamenta aidant à cette volonté de constance.

L’univers très esthétique des deux frères ne va pas parfois sans s’accompagner d’une certaine impression d’opacité pour le spectateur. Impression seulement si ce dernier veut bien se laisser emporter dans un monde si différent où ce sont bien les sens, et en particulier celui de la poésie, qui indiquent au cerveau ce qu’il doit comprendre.

BIENVENUE À L’INSTITUT BENJAMENTA

"Le passé et le futur tournent autour de nous. Tantôt nous en savons plus. Tantôt nous en savons moins.".

En 1995, Stephen et Timothy Quay réalisaient donc leur premier long-métrage, Institut Benjamenta.

Jakob (Mark Rylance) se rend à l’Institut Benjamenta afin d’y apprendre le métier de domestique. Il y rencontre d’autres apprentis-majordomes ainsi que l’ambiguë Johannes Benjamenta (Gottfried John) qui dirige l’affaire avec sa sœur, la troublante Lisa (Alice Krige).

Adapté comme on l’a vu de Jakob Von Gunten de Robert Walser, le film s’avère un très, très étrange conte de fée. Enrobé d’un humour très spécial, multipliant les gros plans, accompagné d’une musique envoûtante, ce film sur l’apprentissage et la subordination (entre autres) baigne dans une ambiance qui renvoie, avec ses décors oppressants et ses jeux d’ombre et de lumière, tout autant à Kafka qu’au cinéma muet allemand expressionniste des années 20.

Il y a comme une tranquille angoisse latente permanente, sorte de cauchemar plein de poésie. Les pantomimes des apprentis, tout à la fois grotesques et poétiques, rapprochent le film du ballet. Les sons, les dialogues (espacés) sont étouffés, renforçant l’impression onirique.

On reste fasciné devant la beauté des images en noir et blanc et l’étrangeté flirtant avec l’absurdité du récit. Il faut alors, comme indiqué précédemment, se laisser saisir sans chercher à tout comprendre. Alors, tout paraîtra lumineux, évident et l’on ne pourra que souscrire aux propos de Télérama qui décrivait le film comme un "poème magistral" et une "éblouissante féerie visuelle en noir et blanc".

A la page 123 de son roman (c’est à dire à peu près en son milieu), Robert Walser fait dire à Jakob : "Du reste il y a beaucoup, beaucoup d’esclaves, parmi nous autres hommes modernes orgueilleusement prêts à tout. Peut-être sommes-nous tous quelque chose comme des esclaves, dominés par une idée universelle grossière, irritante, toujours en train de brandir son fouet." Ecrit en 1909 par celui que ses contemporains Kafka, Musil, Benjamin ou Thomas Mann admiraient profondément, ces propos résonnent en nous comme d’une profonde actualité - hélas, aurait-on tendance à dire !


En bonus :
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• bande-annonce du film (1min)
• deux courts métrages : "Euridyce She, so Beloved" (11min) et "Songs for Dead Children" (24min)
• documentaire: "Inside the Institute" (31min)
• making-of du film: "On the Set of Institute Benjamenta" (16min)


source : Ed distribution / Cinéma sans frontières

Independenza ! Part 15 : Yellow Now

Avant d'être un éditeur de livre consacré au cinéma, Yellow Now était une galerie d'art à Liège. Fondé en 1969 par Guy Jungblut, les ouvrages sont apparus tout naturellement dans le sillage des activités de la galerie. Celle-ci fermant ses portes en 1975, le propriétaire continua à proposer des livres.
Mais c'est seulement en 1985 que le cinéma prend place avec "Les Voyages de Wim Wenders" de Catherine Petit et aujourd'hui encore Yellow Now propose des bouquins passionnants, véritable bonus au film, apportant un éclairage de qualité sur des films comme des réalisateurs aussi bien méconnus que reconnus. Voici quelques titres disponibles à la boutique.


RIFFS POUR MELVILLE
Jacques Déniel / Pierre Gabaston (dir.)

ENVIE DE MELVILLE
Une rétrospective Jean-Pierre Melville au cinéma Jean-Vigo de Gennevilliers, en 2008, décide de ce livre qui convainc sur-le-champ tous les auteurs, rassemblés ici, à venir avancer leur improvisation. Détacher leurs notes bruissées ou frappées. Phrases thématiques ou impromptues affichent leur goût de Melville. L’affirment. Des riffs, donc une qualité d’exécution. […]

[…] Chemins de l’aléatoire et de la rêverie que ce projet éditorial. Pour voir ! Pour mieux dégager l’inclination que chacun porte à cette œuvre qui court de 1947 à 1973. Treize films. Un nombre. Celui du recommencement d’un auteur porté à reprendre et moduler ses inspirations créatrices. Riffs pour surprendre – braver – le jaillissement d’une révélation méconnue jusqu’alors et qui force l’appareil critique habituel réservé à l’auteur du Deuxième Souffle. Voie pour activer nos recherches ; raviver l’imagination du lecteur. Notre prise de risques. Melville exigeait pareil appel. Manouche, Jeanne, Mathilde, ses grandes dévouées magnétiques, fourvoyées, perdues, n’en attendaient pas moins. Et Faugel, Costello, Corey ? Eux aussi, non ? Pour eux tous, épousons les fugues de la pensée imaginante. Ou notre envie d’écrire sur Melville.

Riffs pour Melville délaisse un peu le lustre de truands qui écourtent leur sort dramatique sous l'influence d'une déréliction ; leur culte, leur passion. Aujourd’hui ils reviennent sur les écrans aussi étranges que les Inuits de Flaherty. Comment se (re)constitue, s’organise le besoin cinématographique de leur garant créateur ? S’y dégage mieux sa sphère de rêverie et de pensée ? Sa vision, sait-on jamais, excède le dosage méticuleux de l’ombre portée d’un chapeau sur le front d’un affranchi. Melville sort d’un dilemme terrible de l’Histoire : résistance ou barbarie. Sa caméra escorte l’homme ; appréhendé entre ombre et miroir ; comprimé entre hasard subjectif et objectif destin ; assiégé entre lui et lui-même (l’autre lui-même). Or il circule, s’expose.

TEXTES
Pierre Gabaston. Alors Melville ? + Manière(s) de Melville / Marcos Uzal. Trop tard, trop tard / Fabrice Revault. Hard and Soft. à l’os et feutré / Alain Keit. Le cercle bouge / Olivier Bohler. Papillon de nuit, ailes brûlées / Jacques Déniel. Deux âmes à l’épreuve / Frédéric Sabouraud. Le cinéma comme crime parfait / Bernard Benoliel. La guerre continuée / Jean-Baptiste Thoret. Poétique de la télépathie / Serge Toubiana. Le cercle du temps / Jean-François Rauger. Un jeu fatal / Pierre Marie Déniel. Temps réel/Vision du réel + Le formel, le récit, l’émotion / Pierre Laudijois. L’ellipse contre le temps réel / Gilles Mouëllic. La sérénité tragique du jazz / Jean-Marie Samocki. Melville paysagiste + La trahison ou le fantôme de la moralité / Jacques Mandelbaum. De Grumbach à Melville. L’hypothèque juive / Alain Bergala. De l’acteur, point nodal du cinéma melvillien.

Entretiens
« Il te guette, il te regarde, il t’écoute. » Conversation avec Paul Crauchet par Alain Keit / « Il aurait voulu qu’il ne se passe rien. » Conversation avec Alain Corneau par Jean-Baptiste Thoret / Rui Nogueira parle de Melville. Propos recueillis par Pierre Gabaston / Jean Douchet parcourt le Cercle rouge. Propos recueillis par Pierre Gabaston.


Bernard Benoliel
OPÉRATION DRAGON de ROBERT CLOUSE

Coïncidence : le 27 novembre 2010, on fêtera le 70e anniversaire de la naissance de Bruce Lee… Star météorique au début des années 70, phénomène à l’écran sans précédent ni véritable successeur, sa performance d’acteur – si souvent négligée ou caricaturée – avait besoin du cinéma pour s’épanouir. En retour, son corps et son expressivité semblent la définition même du 7e art. Bruce Lee, l’homme-cinéma. […]

[…] De son vivant et depuis sa mort, Bruce Lee est devenu une star et un symbole universels, et ni l’un ni l’autre ne sont prêts de pâlir. Mais c’est toujours la même histoire qui se raconte, les mêmes légendes et anecdotes à longueur de biographies, les mêmes superlatifs, les mêmes falsifications aussi, en particulier celle qui voudrait ne faire de lui qu’un philosophe engagé sur la voie de la sagesse au détriment du combattant et même de « l’enragé », une rage et une fureur dont ses films, heureusement, ont gardé la trace indélébile. Car ce qui compte avant tout, c’est la folle singularité d’une présence d’acteur à l’œuvre dans tous les films où il apparaît.

D’où l’idée d’en revenir aux films, en particulier à son dernier, Opération Dragon (1973), et de les considérer comme l’archive primordiale pour comprendre le mystère d’une telle présence. Et de là, « rapatrier » Bruce Lee dans le champ du cinéma et de l’analyse, pratiquer l’étude à même le corps cinématographique : « Enter the Dragon », enfin.

Ancien critique aux Cahiers du cinéma et pour la revue Cinéma, délégué général du Festival international du film de Belfort pendant cinq années (2001-2005), Bernard Benoliel est directeur de l'Action culturelle à la Cinémathèque française. Il a publié plusieurs ouvrages, sur Anthony Mann (2004), Clint Eastwood (2007) et Yasujiro Ozu (2008). Il a aussi dirigé, en 2004, un ouvrage collectif intitulé le Préjugé de la rampe. Pour un cinéma déchaîné.


Dans Vaudou, mieux que dans n’importe quel autre de ses films, Jacques Tourneur transforme les maigres moyens dont il dispose en matière poétique. Et sa grande modestie ne doit pas nous empêcher de voir cette œuvre comme l’une des plus singulières et audacieuses du cinéma américain. […]

[…] La Féline, titre le plus célèbre de sa filmographie rare et variée, a souvent cantonné Tourneur dans le rôle de maître de l’épouvante et du hors-champ. Mais dans Vaudou, son chef-d’œuvre, le trouble et l’incertitude sont d’une autre nature : le suspense est désamorcé et plus grand-chose ne restera caché. Ici, loin de l’efficacité hollywoodienne, les oppositions et les limites s’abolissent progressivement : comme dans une cérémonie vaudou, tout se déplace, tout s’ouvre, tout se suspend. Et, contrairement à la plus tenace des idées reçues sur le cinéma de Tourneur, tout finit par apparaître.

Marcos Uzal filme en Super 8 et 16 mm depuis l’âge de quinze ans. En attendant de réaliser des films plus longs et plus chers, et puisqu’il est trop tard pour devenir torero, il écrit dans diverses revues (Cinéma, Trafic, Vertigo). En 2003, lors d’une conférence à Manchester, il a tenté d’expliquer les chansons de Boby Lapointe à des universitaires anglais. Il a également collaboré à un ouvrage collectif consacré à João César Monteiro (Yellow Now, 2004). Il codirige la collection Côté films.


« Personne n’a fait autant de bons films, plus vite ou avec moins d’argent, qu’Edgar Ulmer. » Pour beaucoup, l’homme qui réalisa Le Chat noir (classique de l’épouvante avec Boris Karloff et Bela Lugosi), Détour (archétype du film noir fauché) et Le Bandit (génial western intimiste) est un cinéaste insaisissable et inclassable, dont beaucoup de films sont devenus invisibles. Qu’on le tienne pour le cinéaste des minorités (Juifs, Ukrainiens, Noirs américains, Indiens navajos), l’empereur du bis, l’idole d’un culte cinéphilique aberrant ou un électron libre en marge d’un système (Hollywood) qui s’en est toujours méfié, cet ancien assistant de Murnau fut un artiste inlassable et pragmatique, et l’un des plus inventifs du cinéma classique.
[…] Les auteurs de cet ouvrage tentent de soulever quelques-uns des masques sous lesquels Edgar G. Ulmer est resté longtemps dissimulé. Il s’agit de Peter von Bagh, Jean-Loup Bourget, Tag Gallagher, Jean-Pierre Jackson, Bill Krohn, Gilles Laprévotte, Jacques Lourcelles, Paul Mandell, Luc Moullet, Bertrand Tavernier, François Truffaut, Michael Henry Wilson et Peter Bogdanovich (dont on trouvera ici l’entretien fleuve avec Ulmer, jusqu’alors inédit en français). Le livre contient aussi de nombreux témoignages d’acteurs et de proches du cinéaste, ainsi qu’une chrono-filmographie complète.


Sommaire

Préface, par Charles Tatum, Jr. et Jean-Pierre Garcia

Edgar Ulmer, l’empereur du bis, par Jacques Lourcelles
« Que la lumière soit ! », Edgar Ulmer, saint patron des contrebandiers, par Michael Henry Wilson
Mailles du destin et bouts de ficelle, par Luc Moullet
Propos d’Edgar Ulmer
L’énigme du Chat noir, par Paul Mandell
Marge et minorités, liberté et résistance, par Jean-Pierre Jackson
Ulmer sans larmes, par Bill Krohn
Edgar Ulmer et ses « miracles », par Tag Gallagher
Témoignages : Shirley Ulmer, Helen Beverly, Lucille Lund, Ann Savage, Robert Clarke, Brian Aherne, Arianné Ulmer-Cipes
Tours et détours, par Gilles Laprévotte
Le cinéaste nu, par Bill Krohn
The Naked Dawn, par François Truffaut
Un symbolisme épuré, par Jean-Loup Bourget
« Dans les ténèbres, comme Kafka », par Peter von Bagh
Une filmographie rocambolesque, par Bertrand Tavernier
« Nous n’avions rien, hormis des ambitions » :
entretien avec Edgar Ulmer, par Peter Bogdanovich

Chrono-filmographie, par Pierre Guinle, Emanuela Martini, F. John Turner


Nietzsche US.
Délirer un film, à partir de lui. Ici, sauvagement – bien entendu. En rompant les amarres gaiement et effrontément, à l'instar de cette Horde sauvage. Où ce grand fou de Peckinpah serait comme un Nietzsche à l'américaine, accédant à la « joie tragique ».

Fabrice Revault est enseignant (Université Paris 8) et essayiste de cinéma. Il a écrit de nombreux livres – sur Dreyer (Gertrud, Yellow Now), Ozu (Gosses de Tokyo, école et Cinéma), Ruiz (Dis-Voir), la Lumière au cinéma (Cahiers du cinéma), le cinéma « moderne » (Yellow Now). Il a piloté un ouvrage posthume de Philippe Arnaud (Les Paupières du visible), et un ouvrage collectif sur João César Monteiro, tous deux chez Yellow Now. Il dirige, avec Marcos Uzal, la collection « Côté films ».

Critique

Au fil des années, les purs essais sur le cinéma, ou sur l’art en général, se sont faits plus rares. L’édition s’est clairement scindée en deux voies bien distinctes l’une de l’autre : l’ouvrage de vulgarisation, d’une part, et le livre d’analyse spécialisé et pointu, d’autre part…
Une séparation des genres qui résume un certain état de notre société : allons à l’essentiel, ne perdons pas de temps en palabres inutiles, et laissons là les rêveurs et les amoureux.
C’est bien pourquoi le court livre de Fabrice Revault nous procure un plaisir immense : comme le film auquel il s’attache, cet essai prend l’exact contre-pied de la tendance actuelle et se permet de nous exposer dans les grandes largeurs les impressions de l’auteur sur le travail de Sam Peckinpah. Et fait ressortir par là même tout ce qu’un cinéphile peut ressentir de fétichisme énamouré à l’égard d’un film chéri.

Réalisé en 1969, à peine deux ans après que les valeurs du code de censure Hays aient définitivement explosées à la suite de Bonnie & Clyde, La Horde sauvage repousse encore plus loin les limites de la violence et, surtout, de la subversion. 
À l’entame de la lecture, on peut s’étonner de voir apparaître la figure de Nietzsche, se demander si l’on n’est pas tombé une fois de plus sur un de ces ouvrages qui se servent des œuvres pour mieux mettre en avant les qualités du penseur que nous suivons. Et puis, il s’avère bien vite que Fabrice Revault ne convoque le philosophe allemand que pour parler du film de Sam Peckinpah, pour expliquer le caractère de l’action de La Horde sauvage, pour mieux définir les personnages. Dès lors, c’est une façon de pensée qui nous est exposée, et le film ressurgit à nos mémoires de façon neuve et, si on le décide puisque l’auteur nous en laisse le choix, plus éclatante.
L’essai sur La Horde sauvage est avant tout une affaire de style. Et Fabrice Revault – en souvenir sans doute d’un longue tradition journalistique familiale - n’hésite pas à en user, à tel point que le livre s’éloigne souvent de l’analyse pour entrer plus dans les considérations et les points de vue. La position adoptée par l’auteur relève d’une implication si intense que le texte prendrait presque parfois des allures de roman de fiction. Tout ceci ne fait bien sûr que renforcer le plaisir qu’on éprouve à la lecture, et nous projette nous aussi au cœur du film mythique dont il est avant tout question ici.

Jamais Fabrice Revault ne perd de vue l’œuvre qui sert de matériau à son propre travail. Généreusement, il dévoile, un peu comme on pourrait se mettre à nu, ses sentiments intimes sur le film de Sam Peckinpah. Enfin, un critique s’expose et son absence de consensus fait presque figure de témérité. La grande force des propos développés par l’écrivain tient en ce qu’ils sont aisés à comprendre (non dissimulés qu’ils sont derrière une barrière référentielle absconse) et qu’ils appellent à la discussion. Car dans tout ce qu’il dit et pense, il semblerait que Fabrice Revault nous autorise à ne pas forcément être d’accord. 
Entièrement nimbée de l’ambiance et des images du film, La Horde sauvage par Fabrice Revault est une dérive vers l’univers aride et joyeusement mortel de cette bande de hors-la-loi jouisseurs mais profondément humains. L’auteur invite Nietzsche ou Deleuze à apporter leur contribution à la signification du récit, mais toujours à l’aune de ce qu’a voulu engendrer le seul véritable auteur : Peckinpah, et personne d’autre.
Cette Horde sauvage de Sam Peckinpah est donc à la fois un vibrant hommage, un texte à l’écriture poétique et délicate et, avant tout, la transmission d’un amour passionné du cinéma. Ce qui prouverait qu’il existe encore un espace d’expression sincère et utile hors des rapports d’anecdotes, listes vaines et commentaires de box-offices… Ce qui nous réjouirait presque autant que l’apparition d’un film aussi libre que celui-là.


Laurent Cuiller

Extrait

Rire de mourir 


Marche tragique, détachée, riante 
Pacotille adolescente : merveille, trésor. 
Être une bande à part, hors la loi commune.
 Être une horde sauvage, tout s'autoriser, tout ravager, et puis crever.
 Être des desperados. S'attaquer aux riches, prendre leur fric, s'emparer de leur train, de leurs armes. Aider les pauvres, les op­primés, la révolution. Massacrer la soldatesque du pouvoir. Y laisser sa peau.
 Être des gros durs, entourés de gros cons que l'on entourloupe. À l'occasion et en prime, être des gros porcs, entourés de gros seins dont on se bâfre. Vivre dans la violence et dans la débauche. Sans lendemain, voués à une mort prochaine.
Le savoir, et la rejoindre en riant.

Souveraineté jouisseuse et rieuse. Règne solaire de ces marginaux, de ces individus sans comptes à rendre, affranchis des liens sociaux. Triomphe de l'individualisme, bien américain ? Triomphe de l'individu : du Nietzsche à l'américaine !
 Triomphe de l'anarcho-individualisme, mais en bande, que l'on retrouvera d'ailleurs dans le Convoi (Convoy, 1978), où les routiers remplaceront les cavaliers, heureux d'être hors la loi, prêts à en crever.

L'intégralité des textes sont issues du site internet de Yellow Now, sur lequel vous pouvez découvrir le restant du catalogue avec Lynch, Bergman, Renoir, Antonioni,etc...

Coming soon : Jonas Mekas / Walden


Poète et héros de la contre-culture américaine, Jonas Mekas, né en 1922 en Lituanie, est avec Walden l'inventeur du Journal filmé. Immense fresque du milieu artistique new-yorkais des années 60, Walden reste aujourd'hui un film essentiel.

«Depuis 1950, je tiens un journal filmé. Je me promène avec ma Bolex en réagissant à la réalité immédiate : situations, amis, New York, saisons. Certains jours je filme dix images, d'autres jours dix secondes, d'autres encore dix minutes, ou bien je ne filme rien. Walden contient le matériel tourné de 1964 à 1968 monté dans l'ordre chronologique. »Jonas Mekas

«Les films de Jonas Mekas célèbrent la vie, ils font oeuvre de résistance contre le monde envahissant de la marchandise et tentent de renouer avec les plaisirs que sont l'amitié, l'apparition de la première neige ou le retour du printemps. La génie de Jonas Mekas tient à cette générosité qu'il a de nous inclure dans sa vision du monde nous faisant ainsi (re)découvrir au détour d'une image, l'incroyable force et nécessité de la poésie.
»

Yann Beauvais



Dans les années 60, le cinéaste underground US organisait déjà la rencontre de Proust et de You Tube. Une ode à la mémoire.

Il existe encore quelques films majeurs de l’histoire du cinéma que personne ou presque n’a vus. Walden fait partie de ceux-là. Tourné entre 1964 et 1968, sorti en VHS en France en 1997, ce chef-d’œuvre de la contre-culture US, du cinéma dit “expérimental” et des images du XXe siècle en général est longtemps resté bloqué dans son écrin de bande magnétique. Son éditeur considérait qu’un DVD affaiblirait le grain si particulier d’un film de Jonas Mekas. Le débat semble clos et on ne regrettera pas d’avoir attendu une éternité. (Re)voir Walden aujourd’hui permet l’expérience d’un double mouvement, pas si contradictoire : retour aux sources et visite dans un futur dont on rêve.

Comme presque toute l’œuvre de ce pilier de l’underground new-yorkais, Walden est composé d’une copieuse agglomération (trois heures) de “haïkus visuels” tournés avec une caméra Bolex 16 millimètres, qui permettait arrêts sur image, ralentis, accélérés, surimpressions, le tout sans passer par l’étape du montage. Ce cinéma primitif, aux coutures naturelles, s’enfouit sous la peau du réel pour en tirer la lumière. Matrice du home-movie, Walden ne propose “ni tragédie, ni drame, ni suspense”, comme le clame la voix off quasi chantée. Saison après saison, Mekas filme son quotidien et le sublime grâce à son art stupéfiant du détail. Entre la Factory de Warhol, un concert du Velvet Underground featuring la fameuse danse du fouet de Gerard Malanga, un goûter d’anniversaire, une manif à Manhattan, une fleur tout juste éclose, un oiseau posé sur un banc, tout est filmé à égalité, ramené à sa condition essentielle : juste une image, que l’on pourrait presque toucher, que l’on voudrait habiter.

Une fois le tremblé épileptique assimilé (à l’heure de la caméra-téléphone portable, ce n’est pas difficile), Walden apparaît comme une ode déchirante à la mémoire, le mausolée d’une vie hantée par la perte. Le tout dans la plus grande atmosphère de joie possible. Allez comprendre.

Emigré de Lituanie avec sa famille dans les années 1940, Mekas a trouvé avec le cinéma un nouveau pays, comme il ne cesse de le clamer aujourd’hui encore à 86 ans. C’est pourquoi la moitié de son activité depuis les sixties, en plus de faire des films, a consisté à archiver ceux des autres dans le cadre de l’Anthology Film Archive, cinémathèque new-yorkaise de l’underground qu’il a créée. Pour tout cela, Jonas Mekas devrait aussi s’appeler Mister Memory.

On espère qu’il dépassera avec ce DVD le cercle habituel de ses fans, tant sa conception du cinéma épouse en toute simplicité l’ère YouTube. Mekas avait lui aussi eu l’idée, il y a plus de cinquante ans, de filmer le quotidien sur le vif. Mais avec un désir de beauté né chez Henry David Thoreau et Marcel Proust. Proust + YouTube ? Le futur, on vous dit.

Un livret de 150 pages contenant la traduction française des dialogues du film et des textes inédits de soixante auteurs, dont des protagonistes du film.


Olivier Joyard pour Les Inrockuptibles

prochainement disponible à la boutique

Independenza ! Part 14 : Malavida


Une nouvelle année, un nouvel éditeur (indispensable). Crée en mars 2003, Malavida a pour objectif comme bon nombre de ses collègues d'offrir une seconde chance a des films oubliés ou jamais exploités ; des films cultes ou inconnus bref ce qu'on attend d'un éditeur : avoir du nez pour exhumer la rareté qui fera rêvé et fantasmé le cinéphile.

Avant d'évoquer quelques films suédois disponibles également chez l'éditeur, voici les différents titres de leur collection Cinéma Tchèque avec en premier lieu la sortie événement de Valérie au pays des merveilles, qui pour une fois ne démérite pas son titre : c'est une merveille ! (Attention édition limitée à 1000 exemplaires avec la bande originale du film).


Âgée de treize ans, orpheline, Valérie vit sagement avec sa grand-mère. Un mariage se prépare dans le village et on attend la visite de quelques missionnaires. Mais des événements étranges surviennent : un jeune homme, l'Aiglon, vole a Valérie ses boucles d'oreille. Et parmi les comédiens qui arrivent en ville, un personnage inquiétant, le Putois, semble très bien la connaître...

Conte de fées pour adultes, adaptation d'une œuvre du poète Vitezslav Nezval, figure majeure du surréalisme tchèque, c'est le LE film culte de cette décennie miraculeuse du cinéma tchèque. Crée sous la normalisation, le film n'est pas sans arrière pensée politique, s'échappant dans un onirisme libérateur et utopique.

Teinte d'érotisme, le film n'hésite pas a aborder des tabous(l'inceste, la pédophilie) mais sans vulgarité, sous le prisme d'un conte fantastico onirique débride et une forme allégorique. Croisant des nymphes coquines comme des vampires menaçants, le film tire même vers le fantastique gothique. L'image est sublimée a chaque instant par la musique enchanteresse de Lubos Fiser. A la fois d'orgue de cette nouvelle vague et chef d'œuvre décadent, le film est d'une créativité visuelle incroyable. Ancre dans un univers surréaliste,teinte de psychanalyse et de métaphores poétiques, ponctue de “tableaux” a la beauté surnaturelle, Jires raconte le passage de l'enfance a l'age adulte de Valérie, qui rappelle Alice, voire le petit chaperon rouge.



Henri Berankova est un chercheur un peu lunatique, alors que sa femme, Rose s'apprête a présenter une invention révolutionnaire, transformant les cauchemars en doux rêves. Mais un effet secondaire étrange apparaît bientôt : le cauchemar disparait... Mais pour se retrouver “pour de vrai” dans la réalité physique. Henri s'endort ce soir la en lisant une BD de science-fiction dont l'héroïne est une plantureuse jeune femme...

A la fois œuvre de genre et réflexion politique, le film réussit le prodige d'être simultanément inventif et très drôle, grâce a un rythme effréné et a un excellent sens comique. Bien superieur a ce qui faisait a l'époque des deux cotes du rideau de fer, le film reste un OVNI au charme inimitable.

La beauté plastique de l'actrice principale, Olga Schoberova, la “Brigitte Bardot tcheque”, la reussite de trucages sans prétention, un humour absurde et irrésistible et le generique en BD “animee”, par le dessinateur Kaja Saudek, en font une petite merveille dont les double-sens politiques ne sont pas pour rien dans la saveur truculente de cette indéniable réussite.



Marie 1 et Marie 2 s'ennuient fermement. Leur occupation favorite consiste à se faire inviter au restaurant par des hommes d'âge mûr, puis à les éconduire prestement. Fatiguées de trouver le monde vide de sens, elles décident de jouer le jeu à fond, semant désordres et scandales, crescendo, dans des lieux publics…

Incarnation éclatante de l’inventivité et du talent de la nouvelle vague tchèque. Ce film, censuré très rapidement après sa sortie, est devenu culte dans le monde entier. Vera Chytilova avait alors scandalisé la Nomenklatura à l’Est et époustouflé l’Ouest par sa liberté de ton et son insolence.




LA MORT DE M. BALTAZAR (J. Menzel) : Le père, la mère et l’oncle rencontrent un unijambiste lors d’une course motocycliste. Le handicapé soutient M. Baltazar qui, sous ses yeux, a un accident et se tue.

LES TRICHEURS (J. Nemec) : Dans une chambre d’hôpital, deux vieillards se vantent de leurs succès dans la vie. Peu après, ils se retrouvent, tous les deux, à la morgue. Un employé s’aperçoit que rien de ce qu’ils racontaient n’était vrai. C’était des tricheurs.

LA MAISON DE JOIE (E. Schorm) : Deux agents d’assurance démarchent pour leur compagnie et arrivent dans la maison d’un peintre très curieux. Chaque recoin est entièrement recouvert de peintures et la mère du peintre explique…Les placiers n’arrivent à rien…

SELF-SERVICE UNIVERS (V. Chytilova) : C’est un repas de mariage dans un restaurant de banlieue. Le serveur découvre une fille perdue dans les toilettes. La police arrête le marié. La mariée ne veut pas rester seule. Elle part avec un jeune homme, probablement le fiancé de la fille perdue.

ROMANCE (J. Jires) : Un jeune plombier rencontre une jeune gitane et l’invite chez lui. La gitane se met à planifier leur vie future et le plombier l’écoute sans aucun enthousiasme.

LA MORT DE M. BALTAZAR de Jiri. Menzel LES IMPOSTEURS de Jan. Nemec LA MAISON DE LA JOIE d’Evald Schorm BISTROT « LE MONDE » de Vera Chytilova ROMANCE de Jaromil Jires

Film manifeste des réalisateurs de la nouvelle génération, celle qui commence à tourner au début des années 60, ces adaptations de nouvelles de Bohumir Hrabal marquent la reconnaissance de ce que les tchèque vont appeler la jeune vague, à la fois en référence et en opposition à la Nouvelle vague française. Il rassemble la fine fleur des nouveaux talents tchèques, exprimant des personnalités différentes mais un même ton doux-amer, un même regard bienveillant, une critique sous-jacente d’une société sous surveillance.



En Bohême, au XIIIème siècle. Christianisme et paganisme s’affrontent. Des brigands, mené par Mikolas, aux ordres du Seigneur Bouc, attaquent une caravane de chevaliers allemands qu’ils tuent sans pitié, excepté le jeune prince Kristian, qu’ils ramènent à leur camp. C’est le début d’un affrontement violent avec Lazar, allié des allemands, seigneur voisin et voleur, qui destine sa fille, la belle Marketa, au service de Dieu.

Adapté du roman éponyme de Vladislav Vancura, considéré comme un sommet (inadaptable) de la littérature tchèque, Marketa Lazarova est une réussite unique, fresque épique et sauvage, splendeur visuelle, conte tragique et chronique historique réaliste. Le récit porte un souffle élégiaque, entrecroisant deux histoires d’amour fou au milieu des batailles.



La tranquille vie d’un petit village tchèque dans les années 80. Tous les matins, Pavek, un brave type qui conduit le camion de la coopérative, part au travail, accompagné par son assistant, Otik, le simple d’esprit. Pavek, fatigué des gaffes incessantes de son coéquipier, aimerait s'en débarrasser mais sans succès.

Mon cher petit village montre un humour en demi teinte mais décapant, une vision insolente et cocasse, dénonçant toujours en filigrane les travers de la société tchécoslovaque. Ici très inspiré par une esthétique burlesque issue du cinéma muet, un jeu subtil avec les corps, proche du pantomime (une influence de Tati ?), il fait montre des mêmes qualités qu’à ses débuts: subtilité des notations psychologiques et sociales, humour décalé, tendresse pour ses personnages.



Dans un petit village, Robert, instituteur, apprend à ses élèves à respecter la nature et à résister au conformisme ambiant. Un magicien arrive dans la bourgade, accompagné de la belle Diana et d’un chat. L’animal a la faculté de révéler les vertus et les vices cachés des hommes : d’un simple regard, les hommes changent de couleur…

Fable philosophique, teinté d’un humour malicieux, Un jour un chat donne le coup d’envoi des reconnaissances internationales du cinéma tchèque avec ses prix cannois (Prix spécial du Jury, Prix de la Commission technique, …). Traité sur un mode léger, abordant des genres divers, (ballet, comédie musicale, fantaisie visuelle), le sujet n’est pourtant pas innocent : la vrai nature des gens dans un pays cadenassé où chacun est surveillé…



Vaut-il mieux vivre dans une heureuse ignorance ou faut-il choisir la vérité et subir les conséquences de la connaissance? Les époux Eva et Josef se trouvent dans une pension de famille. Eva, intriguée par Robert, un mystérieux étranger, visite sa chambre en cachette. Elle comprend qu’il s’agit de l’assassin de femmes recherché par la police. Josef ne veut pas y croire…

Le film suit immédiatement Les petites marguerites dans la filmographie de Chytilova avec la même équipe : Jaroslav Kucera à la photo et Ester Krumbachova en co-scénariste et « art designer ». Le film, faisant preuve d’une trop grande liberté esthétique et scénaristique, est directement censuré en 1969. Audacieux dans son utilisation de la couleur et de la mise en espace, la construction scénaristique et les dialogues surréalistes ne pouvaient que choquer les tenants du réalisme socialiste. Un film avant-gardiste.



Deuxième guerre mondiale. Deux jeunes hommes sautent d’un train de déportés. Par miracle, ils gagnent la forêt où ils tentent de survivre. Au cours de leur course éperdue, ils revivent encore et encore des scènes de leur vie d’avant, au milieu d’hallucinations causées par la faim, la fatigue et la peur de mourir. Ils sont bientôt pourchassés par un groupe de vieillards armés…

Adaptation d’une nouvelle d’Arnošt Lustig, le 1erlong -métrage de Nemec, est une des œuvres qui pointent la naissance d’un nouveau cinéma tchèque, en liberté . S’y affirment un talent et une sensibilité originale au travers d’une recherche plastique et scénaristique. Le film a marqué les esprits, avec un parti pris de mise en scène courageux, à la limite de l’abstraction, influencé par le surréalisme et Resnais., et s’attaquant à la monstruosité du nazisme.


Ludvik Jahn, responsable d'un service hospitalier, découvre qu’Helena, une journaliste radio, est l'épouse d'un ancien camarade d'études, Pavel, responsable de son exclusion de l’Université et des jeunesses communistes. Pour une plaisanterie anodine, il est incorporé dans un bataillon militaire 2 ans et demi, écope d’un an de prison disciplinaire et de 3 ans dans les mines. 15 ans après, l’occasion est trop belle de se venger…

Le scénario de Jaromil Jires et Milan Kundera est tiré du roman éponyme de ce dernier, le 1er de ses romans au succès mondial. Cette adaptation, où ils n’hésitent pas à couper ou à transformer certaines scènes, aujourd’hui considérée comme la meilleure d’après l’oeuvre de kundera, se fait en 1967, avant–même la parution du livre. Le film finit de se tourner après l’arrivée des chars soviétiques. La sortie, en 1969, est un triomphe public, paradoxal et amer, vécu par les tchèques comme un acte de résistance.



Pierre, un adolescent de 16 ans un peu perdu, timide et gauche, rentre dans la vie. Tout se télescope: le manque d'expérience avec les filles, un père moraliste et sentencieux, l'arrivée dans le monde du travail. Il sort bien avec une fille, mais sans réussir à construire une relation forte. Et puis il croise d'autres jeunes, comme lui inadaptés à cette société en faillite….

Une trame fictionnelle minimaliste, des instants de vie de gens ordinaires : fortement influencé par le cinéma vérité, Forman vise un cinéma au quotidien et authentique. Avec un regard à la fois tendre et lucide, il mêle humour et mélancolie, rire et désespoir, avec une fascination pour le grotesque, le comique de situation et les films muets. Son goût pour l’improvisation contrôlée induit une satire sociale corrosive: derrière l’ironie, Forman dénonce un système qui court à sa perte.



Petr et Bambas sont d’anciens camarades de conservatoire. Petr, aujourd’hui soliste violoncelliste à Prague, vient donner un concert dans la ville de province où Bambas, directeur d’une école de musique, l’a invité pour compléter l’orchestre local. Petr est accompagné de sa jeune amie. Bambas les accueille dans sa maison, où il vit avec sa femme, ses enfants et … ses beaux-parents.

Dans cette comédie douce-amère, pas d’intrigue, pas de drame, juste la vie comme elle va. La vie d’une galerie de personnages savoureux et attachants, servie par des acteurs habités, des dialogues d’une absolue fluidité et d’une drôlerie constante, grâce à une construction subtile et éclatée. Réussissant à être juste et émouvant, par petites touches sensibles et pittoresques, Ivan Passer nous livre ici une délicieuse tranche de vie.



Bien éméchés, un vice-ministre du régime communiste et sa femme rentrent chez eux après une grande réception officielle, au cours de laquelle ils apprennent la déchéance de son ministre de tutelle. La porte de leur maison est ouverte, il n’y a plus d’électricité chez eux et des ombres errent autour de l’habitation.

Huis–clos sidérant de violence psychologique et d’attaque directe du régime (police politique, écoutes permanentes, etc…), Kachyna réussit à mêler crise conjugale d’un couple aux abois et dénonciation d’une société cadenassée, en jouant sur un point commun : l’écroulement moral. Interdit à sa sortie. Ce fut le point d’orgue de la collaboration sur plusieurs films dans les années 60 de Kachyna et du scénariste et écrivain Jan Prochazka, qui ne craignent pas d’aborder des problèmes sociaux et politiques.


Plus d'informations sur le site de Malavida

Et pour quelques affiches de plus...




Pour les personnes qui parcourent le blog fréquemment, vous n'êtes pas sans savoir que THE END aime les affiches et les sérigraphies. Pour les disparitions, les anniversaires ou tout simplement pour le plaisir des yeux, nous ne ratons jamais l'occasion d'afficher notre gout pour cet art tombé en désuétude. Mais pas pour tout le monde, puisqu'au État-Unis le marché de l'affiche de concert est très actif et au Texas, patrie de Georges W. Bush et de Robert Rodriguez, une chaine de cinéma "Alamo Drafthouse" propose régulièrement des splendides sérigraphies en quantité limité et numéroté pour des nouveaux films, des festivals ou des vieux films et ce pour la plus grande choix des cinéphiles.
Malheureusement il est quasi impossible de faire l'acquisition tant la demande est forte et rapide. En l'espace de quelques heures les affiches trouvent preneurs mais nous pouvons toujours rêver devant les somptueuses réalisations. Enjoy !





Rétrospective Clint Eastwood | Cinémathèque de Nice

La cinémathèque de Nice proposera à partir du 11 janvier 2011, une rétrospective au cinéaste américain. Si nous ne pouvons que saluer l'hommage fait au réalisateur, nous regrettons par ailleurs le choix peu risqué et politiquement correct d'une telle rétrospective. Tant de metteur en scène reste méconnu aux yeux du grand public qu'une telle stratégie tend à démontrer plus une volonté de faire du nombre qu'à défricher l'histoire du cinéma. Peut-être le mois prochain ?

Dans tous les cas voici certains films que vous pourrez voir durant le mois de janvier ainsi que Invictus, Les Pleins pouvoirs, Mystic River, La Sanction, etc...


L'ÉPREUVE DE FORCE (1977)
> mardi 25 janvier à 20h30
> vendredi 28 janvier à 16h00


UN FRISSON DANS LA NUIT (1971)
> mercredi 12 janvier à 20h00
> vendredi 14 à 14h00


HONKYTONK MAN (1982)
> mercredi 12 janvier à 14h00
> vendredi 14 janvier à 19h30


PALE RIDER - LE CAVALIER SOLITAIRE (1984)
> vendredi 21 janvier à 21h30
> dimanche 23 janvier à 17h00


L'HOMME DES HAUTES PLAINES (1972)
> mardi 11 janvier à 20h00
> mercredi 12 janvier à 16h00

Vous pouvez retrouver toute la programmation du cycle Clint Eastwood sur le site de la cinémathèque de Nice

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THE END existe depuis octobre 2008 et ce grâce à des cinéphiles, des curieux et à vous : Alan, Albin, Christophe, Oliver D, Oliver M, Olivier R, Jean-Sylvain C, Gérald, Jean, Pierre D, Pierre "Nohellia", Pierre GS, Philippe R, Michel M, Michel D, Didier B, Jean Pierre V, Mr & Ms Thorel, Louis Jean L, Eric E, et bien d'autres que j'oublie... merci.
Je vous souhaite une bonne et heureuse année 2011, pleine de découverte cinématographique.

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