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Les Introuvables : des légendes et des raretés

Classique "émasculé" et raretés du Nouvel Hollywood sont au programme de cette nouvelle salve de la collection Les Introuvables Wild Side

Dernière légende de l'âge d'or d'Hollywood, Kirk Douglas est à l'honneur dans Quinze jours ailleurs de Vincente Minnelli et prochainement dans l'ouvrage I am Spartacus retraçant l'épopée de ce péplum signé Santley Kubrick, on en reparle très vite.

QUINZE JOURS AILLEURS / TWO WEEKS IN ANOTHER TOWN / Vincente Minelli / 1962  

Après divers déboires, sentimentaux et professionnels, suivis de six ans en clinique psychiatrique, Jack Andrus est rappelé à Rome pour un tournage durant quinze jours. Jack remplace à la hâte le metteur en scène tombé malade, qui voit là une véritable trahison. Sur le plateau, Jack retrouve son ex-femme, Carlotta, qui lui fera des avances pour ensuite le bafouer. Mais il tombera amoureux de Véronica, la maîtresse d'un jeune premier, qui jaloux, veut le tuer.

Au point culminant de son inspiration créatrice, Minnelli tourne deux films puissants et puissamment pessimistes : Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, puis Quinze jours ailleurs, qui se présente comme un témoin des difficultés que rencontrera le cinéma américain de 1960 à 70. L’histoire raconte celle du tournage d’une grosse production déportée à Rome pour raison financière. Le cinéaste illustre le combat entre valeur artistique et vulgarité marchande, et cite Les Ensorcelés, qu’il réalisa en 1951 et qui magnifia le Hollywood de la grande époque classique. Désormais le décor imaginaire, dans lequel tout héros minnellien cherche à se réfugier, a changé. Il perd sa part de rêve pour s’abîmer dans une réalité féroce, malade, sans exaltation. Le film manifeste la lassitude qu’éprouve Minnelli face à ce qu’est devenue la profession cinématographique: le conflit qui naît entre les deux réalisateurs et perturbe l’équipe confesse le malaise qu’il ressent alors. Il est autant Douglas que Robinson et la fébrilité qui s’empare de tous les personnages, donc des mouvements d‘appareils, des lumières, des couleurs, des sons, atteint son paroxysme dans la séquence de la voiture en folie. Quinze jours ailleurs reste un chef-d’oeuvre aussi vivant qu’émouvant.
Jean Douchet
Supplément :
> Hollywood Ending : entretien avec Jean Douchet (13mn)

Si les propos de Monsieur Douchet viennent attiser notre curiosité à l'égard de ce film, les propos de Kirk Douglas issus de son autobiographie rajoute du mystère à cette œuvre rare.
"A l'automne 1961, Anne et moi nous rendîmes à Rome. Two Weeks in another town (Quinze Jours ailleurs) était le troisième film que je faisais avec Vincente Minnellli comme réalisateur et John Houseman comme producteur. Pour les deux films précédents, Les Ensorcelés et La Vie passionnée de Vincent Van Gogh, j'avais été désigné pour les Oscars.
Quinze jours ailleurs (un scénario de Charles Schnee, d'après le roman d'Irwin Shaw) aurait pu être un film très fort sur la vue moderne. Cette idée d'un homme recherchant l'oubli et la rédemption derrière les gens qui l'entourent, durs et superficiels, n'est pas sans évoquer La Dolce Vita. Cyd Charisse jouait le rôle de mon ancienne femme, une véritable garce.
Edward G. Robinson jouait le rôle d'un réalisateur de films qui donait à mon personnage, l'acteur déchu Jack Andrus, une chance de s'en sortir. Eddie avait à l'époque la soixante, et il portait encore les cicatrices de cette machine à déchiqueter les hommes qu'avait été la liste noire du début des années cinquante. Personne n'avait formellement accusé Eddie de quoi que ce soit ; il n' y a que des ragots. entre autres "crimes", on reprochait à Eddie son appartenance au groupe "Jeunesse américaine pour la démocratie", et un prêt de 2500 dollars qu'il avait consenti à Dalton Trumbo. [...] La plupart des plans de Quinze jours ailleurs furent tournés à Rome et de nuit. Minnelli pouvait facilement dormir dans la journée, parfois jusqu'à six heures du soir. J'en étais, moi, parfaitement incapable, en sorte que je passai trois semaines épuisantes de tournage sans beaucoup dormir.[...] Il y avait un certain nombre de scènes scandaleuses dans Quinze jours ailleurs. Pour l'une de ces scènes, ils voulaient une chanteuse noire : dans un night-club dépravé de Rome, des gens de la haute société, assis autour d'un verre, observent des gens faisant l'amour sur scène (hors écran, bien entendu). Ils amenèrent sur le plateau une ravissante jeune fille chaperonnée par ses parents. Elle s'appelait Leslie Uggams et avait une voix également ravissante. [...] Vincente Minnelli était un homme merveilleux, habitué à travailler dans le cadre du vieux système des compagnies cinématographiques. Il ne travaillait jamais beaucoup sur le post-productions d'un film. Le dernier plan tourné, il considérait en avoir fini, et laissait au producteur et au monteur le soin de terminer le travail. Et puis soudain, la MGM eut un nouveau directeur, Joseph Vogel, qui décida que la compagnie ne produirait plus que des spectacles familiaux. Or Quinze jours ailleurs était tout sauf un film pour les familles. Il y avait beaucoup de scènes érotiques, parfois dures. Vogel décida donc de modifier le film au montage ; il fallait absolument en tirer un spectacle "tous publics". Les discussions s'engagèrent, mais je me demandais où avait bien pu passer John Houseman, le producteur.
En voyant à quel point il allaient émasculer le film, j'écrivis à Vogel, bien que je ne fusse qu'un acteur. Je l'implorai, lui disant que s'il avait voulu faire un spectacle familial, il n'aurait pas dû produire Quinze jours ailleurs. Margaret Booth, qui est à présent chef monteuse chez Ray Stark, travaillait sur Quinze jours ailleurs. J'allai plaider ma cause auprès d'elle. Elle était d'accord avec moi : ils avaient tort, mais elle travaillait pour la MGM et elle avait peur de perdre son travail. Elle éclata en sanglots. Je n'ai jamais pu m’empêcher de parler ! Ils coupèrent les scènes les plus passionnantes. Je trouvais cela parfaitement injustes pour Vincente Minnelli qui avait réalisé un si beau travail. Et injuste pour le public, qui payait sa place, et qui aurait pu voir un film profond, aux dimensions tragiques. Ils le sortirent de cette façon, émasculé."
 Kirk Douglas in Le Fils du chiffonnier - 1989 - p.341-343
Une décennie plus tard la donne avait plus ou moins changé pour les cinéastes du Nouvel Hollywood. Fort du succès d'Easy Rider en tant que producteur et de Cinq Pièce faciles en tant que réalisateur, Bob Rafelson signe une rareté qui n'était jusqu'à présent disponible qu'au sein d'un coffret zone 1 Criterion dépourvu de sous-titres français.

THE KING OF MARVIN GARDENS / Bob Rafelson / 1972

Animateur dans une petite radio de Philadelphie, David Staebler reçoit un jour un coup de fil de son frère, Jason. Il lui demande de le rejoindre à Atlantic City, afi n de lui faire part d’un projet d’envergure : fonder une cité du jeu sur une île d’Hawaï.

Auréolé du succès de Cinq pièces faciles, Bob Rafelson, l’un des cinéastes les plus symptomatiques du Nouvel Hollywood et co-fondateur de la fameuse BBS (société de production à qui l’on doit Easy Rider et Hearts and Minds), retrouve Jack Nicholson et signe un grand film désenchanté tourné à Atlantic City, ville balnéaire magique des années 30 devenue en ce début des 70’s, un lieu décrépit et fantomatique. The King of Marvin Gardens (“Marvin Gardens” désigne la case immobilière la plus chère du Monopoly américain) exploite toutes les ressources de ce Xanadu en ruines et décline à merveille l’une des obsessions du cinéma de Rafelson, soit la rencontre, et souvent l’affrontement violent, entre des marginaux issus d’univers sociaux et culturels que tout, ou presque, oppose. Ici, le tandem fraternel formé par Nicholson, en autiste dépressif, et Bruce Dern, dans le rôle d’un arnaqueur flamboyant, incarne deux facettes d’un rêve américain en bout de course, perdu entre le mirage et le déni, entre la folie et la société de consommation qui a contaminé tous les esprits. Nous sommes en 1972 : la contre-culture et ses désirs de changement ne sont plus qu’un mirage plein de drogues et de rêves viciés (amasser des dollars) où l’on tourne en rond avant d’aller droit dans le mur. Une merveille du cinéma américain des années 70.
Jean-Baptiste Thoret
Supplément :
> Bob Rafelson, Confidences d'un cinéaste éclairé (26mn)

Finissons avec The Last Detail, troisième long-métrage du cinéaste "hippie" Hal Ashby inédit en dvd en France (mais pourtant édité en Belgique ou en Angleterre avec version française et sous-titres français) qui sera disponible comme The King of Marvin Gardens au début du mois de juin.


LA DERNIERE CORVEE / THE LAST DETAIL / Hal Ashby / 1973

Deux marins de l’U.S. Navy,“Bas Ass” Buddusky et “Mule” Mulhall reçoivent pour mission d’escorter l’un des leurs, Meadows, à la prison militaire de Northfolk, où il doit purger une peine de prison pour avoir tenté de dérober la caisse d’une association de charité dirigée par la femme d’un amiral. 

Fraîchement auréolé de l’immense succès d’Harold et Maude, Hal Ashby (En route vers la gloire, Shampoo, Bienvenue Mister Chance) décide d’adapter en 1972 un roman de Darryl Ponicsan, La Dernière Corvée, dont le sujet - l’anti-autoritarisme et la frontière ténue entre le devoir et la morale - reflète l’état d’esprit désenchanté de l’Amérique des années 70, après sept ans d’une guerre catastrophe au Vietnam. “Dans la marine, la mission passe avant les sentiments, qu’il s’agisse d’aller massacrer l’ennemi à My-Laï ou de conduire un gamin en prison”. Pour cette raison, Robert Towne, le scénariste du film, modifia la fin du roman qui s’achevait, lui, par la désertion des deux officiers, interprétés par Jack Nicholson et Otis Young. Classique du Nouvel Hollywood, La Dernière Corvée emprunte la forme du road-movie, genre très en vogue à l’époque, et devient pour le jeune condamné (Randy Quaid, révélé deux ans plus tôt dans La Dernière Séance de Peter Bogdanovich) l’occasion d’un périple initiatique et de l’éveil d’une conscience politique. Cette comédie en demi-teinte sur laquelle souffle un esprit contestataire, alterne moments de farces, presque potaches, et violents retours à la réalité. Un magnifique film hivernal qui, au fil des kilomètres, se recouvre d’un voile mélancolique.
Jean-Baptiste Thoret 
Suppléments :
> Hal Ashby, un rebelle à Hollywood : entretien avec Peter Biskind, auteur du Nouvel Hollywood (13mn)
> Bande-annonce originale

source : Wild Side

Alexander Kluge, le radical

Depuis le 24 avril, la Cinémathèque de Paris consacre un cycle à l’œuvre du cinéaste allemand Alexander Kluge. Contemporain d'un Fassbinder qui fut au même titre qu'un Wenders les arbres qui cachaient la forêt du cinéma allemand, Alexander Kluge viendra présenter ses films et faire une leçon de cinéma samedi 27 avril. Une partie de sa filmographie est éditée en dvd et disponible auprès de THE END. Plus d'informations après ces quelques extraits de la présentation de Pierre Gras.


"[...]Né en 1932, d'abord juriste travaillant pour l'Ecole de Francfort et collaborateur d'Adorno, Kluge tourne ses premiers courts métrages au début des années 60, avant de signer le Manifeste d'Oberhausen qui annonce la « mort du vieux cinéma » et sa confiance dans les forces du « jeune cinéma allemand », de Schlöndorff, Fleischmann, Reitz, Schamoni, Nestler. Le cinéaste-juriste en sera bientôt le principal défenseur auprès des pouvoirs publics afin de favoriser les aides à la création d'œuvres peu appréciées de l'industrie du divertissement. Ses deux premiers longs métrages, Anita G. (1966) et Les Artistes sous le chapiteau : perplexes (1967) imposent un style utilisant le morcellement narratif, l'insertion d'images d'archives et la dérision et ils créent deux premiers portraits de femmes rebelles, essentielles à l'œuvre.
Puis suit une série de courts métrages expérimentaux et didactiques, avant le retour à partir de 1973 au long métrage, avec Travaux occasionnels d'une esclave puis Dans le danger et la plus grande détresse, le juste milieu apporte la mort, où la fiction magistralement éclatée est toujours tissée d'inserts, de plans documentaires et de citations. En 1975, Ferdinand le radical revient à la forme plus classique d'un apologue quasi-brechtien afin de décrire le délire sécuritaire contemporain. Son héros, responsable de sécurité trop perfectionniste, organise des attentats pour convaincre ses chefs de la nécessité de politiques répressives. 
Kluge est peu après le maître d'œuvre de trois films collectifs essentiels. En 1977, L'Allemagne en automne forme la réponse des cinéastes à la violence terroriste et celle de l'Etat, qui ont culminé quelques mois auparavant dans l'assassinat du patron des patrons allemands, le détournement d'avion à Mogadiscio et la mort en prison des dirigeants de la Fraction Armée Rouge. Dans cette œuvre, Kluge filme les obsèques officielles de Hans-Martin Schleyer et celles d'Andreas Baader et Gudrun Ensslin, tandis que Volker Schlöndorff met en abîme l'Antigone de Sophocle et que Rainer Fassbinder se filme avec son amant et avec sa mère. Contre Franz Josef Strauss, candidat de la droite la plus conservatrice à la chancellerie, Le Candidat est ensuite un film de combat. Enfin, l'admirable Guerre et Paix sollicite en 1983 documentaire, archives, fiction traditionnelle et saynètes burlesques pour condamner la course aux armements et décrire la situation de l'Allemagne divisée prise entre les deux blocs.
Jusqu'en 1986, fidèle au principe d'alternance de divers types d'œuvres qui fait partie de son projet, Kluge réalise par ailleurs quatre longs métrages consacrés au deuil impossible de l'histoire allemande, à la dislocation des relations amoureuses dans le monde contemporain, et à l'assaut du temps capitaliste contre le temps humain. Films complexes tissés de matériaux hétérogènes, ce sont La Patriote, Le Pouvoir des sentiments, L'Attaque du présent contre le temps qui reste et Informations diverses. "
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DVD 1 - Anita G. (Abschied von gestern) 1966, 84mn- Prix Spécial du Jury, Mostra de Venise 1966 (Bonus : Nachricht vom Filmfestival in Venedig 1966, 1mn / Brutalität in Stein 1961, 11mn /  Ein Liebesversuch 1998, 15mn An Vertov 1998, 1mn)
DVD 2 -Travaux occasionnels d’une esclave (Gelegenheitsarbeit einer Sklavin)1973, 87mn (Bonus : Lehrer im Wandel 1963, 11mn / Sam remembers Papa Kong 2006, 1mn)


DVD 1 - Les Artistes sous les chapiteaux : perplexes (Die Artisten in der Zirkuskuppel: Ratlos) 1968, 100mn - Lion d’Or, Mostra de Venise 1968 Hinrichtung eines Elefanten 2000, 15mn 5 Stunden Parsifal 1998, 1mn
DVD 2 -L’indomptable Leni Peickert (Die unbezähmbare Leni Peickert) 1970, 33mn Reformzirkus 1970, 127mn (TV) Die traurige Nachricht 2006, 1mn


DVD 1 - L’Attaque du présent sur le temps qui reste (Der Angriff der Gegenwart auf die übrige Zeit) 1985, 106mn (Bonus : Blinde Liebe (entretien avec Jean-Luc Godard) 2001, 24mn /  16 Minutenfilme 2007, 17mn / Zwischen Mitternacht und der vierten Nachtstunde 2006, 1mn)
DVD 2 - Informations diverses (Vermischte Nachrichten) 1986, 96mn (Bonus :  Frau Blackburn, geb. 5. Jan. 1872, wird gefilmt 1967, 13mn / Ein Arzt aus Halberstadt 1970, 29mn / Besitzbürgerin, Jahrgang 1908 1973, 11mn / Jedes Mal nach dem Untergang 2006, 1mn)


DVD 1 - The Big Mess, Germany 1971 (90mn) (Bonus : Triebwerk-Husten, 1996 (11mn) Learning Process With a Deadly Outcome, 1998 (1mn) )
DVD 2 - Willi Tobler and the Decline of the 6th Fleet, Germany 1972 (78mn) (Bonus : Der Tag ist nah, 1997 (15mn) Raumfahrt als inneres Erlebnis, 1999 (15mn) Das gab's nur einmal, 2006 (1mn))

 DVD 1 - La Tour Eiffel, King Kong, et à la femme blanche (Die Eiffelturm, King Kong und die weiBe Frau) : un magazine typique de la période de démarrage des travaux télévisuels réalisés par Alexander Kluge pour une chaîne TV indépendante. Toutes les possibilités traditionnelles d'expression dans le cinéma et de nombreux types de télévision sont expérimenté: montage, collage, exposition multiple, l'entrelacement narratif. Il traite de l'opéra, de la Révolution française, de la tour Eiffel, chansons à succès de 1932 et Walter Benjamin…
DVD 2 - L’homme sans tête (Mann ohne kopf) regroupe 13 œuvres réalisées pour la télévision entre 1994 et 2007.

Die Oberhausener. En 1962, à l’occasion du 8e Festival International du court métrage d’Oberhausen, un groupe de jeunes cinéastes se réunit pour protester contre la production cinématographique allemande de l’époque : « le cinéma de papa est mort ! » La proclamation du « Manifeste d’Oberhausen » marque le début du Nouveau Cinéma allemand. Édité à l’occasion du 50e anniversaire de ce manifeste, ce double DVD présente 19 courts métrages réalisés entre 1958 à 1964 auxquels ont participé un ou plusieurs cinéastes signataires du manifeste en tant que producteur, réalisateur, directeur de la photographie ou monteur. L’édition propose également deux documentaires (réalisés en 1965 et 1968) sur le Nouveau Cinéma allemand, un livret trilingue et une extension ROM (essais et documents). Flms : Alexander Kluge, Edgar Reitz, Ferdinand Khittl, Franz-Josef Spieker, Haro Senft…
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Tous les films sont en version allemande sous-titré français. Le référencement sur theendstore.com se fera dans quelques jours.
Pour connaitre un élément de prix, merci de contacter theendstore(at)gmail(point)com ou contact(at)theendstore(point)com.
Tous les horaires de la rétrospective sont sur le site internet de la Cinémathèque

Josh & Benny Safdie

Les frangins Safdie sont la sensation du cinéma underground US de ces dernières années. Si leurs parcours cinématographique est pour le moins hétéroclite (courts, longs, écrits, installations). La poésie de leur univers tire sa force d'un quotidien sublimé grâce à des personnages respirant la réalité. Mais attention une réalité qui peut à tout moment basculer dans la magie.
Le cinéma des frères Safdie connait enfin une exploitation vidéo en France grâce à l'éditeur Blaq Out qui a le bon gout de proposer en supplément une sélection de leur court-métrage. Dépassant le "feel good movie", les "petites" histoires au caractère modestes mais rafraichissantes semblent être tout droit sortie des années 60, quelque part entre le cinéma de Mekas et de Cassavetes.



Joshua et Benny Safdie sont nés et ont grandi à New York, sous l’œil de la caméra super 8 de leur père qui les filmait en continu. Lors de ses études de cinéma à l’université de Boston, Josh fait la connaissance de Sam Lisenco, Brett Jutkiewicz et Zachary Treitz. Ils fondent ensemble avec Benny le collectif Red Bucket Films. Ils vivent et travaillent tous à New York, produisant les films les uns des autres. Josh Safdie a réalisé The Pleasure of being Robbed clôture de la quinzaine des réalisateurs en 2008. 

THE PLEASURE OF BEING ROBBED / 2008

Belle et sans attaches, Eléonore déambule, curieuse, dans les rues de New York. Et ce qu'elle trouve dans les sacs des passants déclenche aventures et rencontres. La plus belle, ce pourrait bien être Josh...


LENNY AND THE KIDS / 2009

Après plusieurs mois passés séparé de ses enfants, Lenny, la trentaine, les récupère à l'école. Comme chaque année, il passe deux semaines avec ses fils Sage, neuf ans, et Frey, sept ans. Tout ce petit monde s'entasse dans le studio du centre de New York. Au fond, Lenny hésite entre être leur père ou leur copain, et voudrait que ces deux semaines durent six mois. Pendant ces quinze jours, un voyage dans le nord de l'état de New York, des visiteurs venus d'étranges pays, une mère, une petite amie, des couvertures "magiques", et l'anarchie la plus totale s'emparent de leur vie entre burlesque et tendresse. Comme un chant du cygne au pardon et à la responsabilité, à la paternité, aux expériences personnelles, et à ce que l'on ressent quand on navigue entre l'enfance et l'âge adulte.
 
Note d'intention :
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Du moins, essayons. Il est difficile de critiquer et d’aimer quelqu’un tout à la fois dès lors que la véritable raison de la critique est la raison même de l’amour. Go Get Some Rosemary, n’allez pas chercher quoi que ce soit d’autre. Seulement « go get some rosemary », il s’agit juste d’aller chercher du romarin. Acceptez. Savourez la ruse. Vous ne savez pas pourquoi vous le faites, mais vous le faites. C’est beau et laid en même temps. C’est comme la chanson « Rose Marie » de Slim Whitman interprétée par Andy Kaufman, mais seulement par Andy Kaufman. Même s’il est affublé d’une couche-culotte, d’une fausse moustache et d’un turban, on est touchés par la sincérité et la tristesse qui sont dans sa voix et au coeur de la chanson. Il ne faut pas être trop sérieux pour interpréter une chanson qui parle de souvenirs.
Dans ce film, nous nous sommes inspirés, non pas littéralement mais émotionnellement, de choses qu’on a ressenties et qu’on ne peut oublier, de bonnes et de mauvaises choses, et les mauvaises font partie du souvenir. Lenny est celui qui nous a permis de comprendre ça. « Go Get Some Rosemary » est une expression argotique inventée pour évoquer les moments où la joie et la tristesse se rejoignent irrésistiblement. Personne ne sait où sont les limites, mais nous passons de l’une à l’autre avec toujours un voile sur les yeux et les poings haut levés. Ce qui est heureux peut être triste, ce qui est triste peut en fait devenir une expérience ; ça rend de toute façon la vie intéressante, et c’est ce qui finit par advenir dans tout ce que fait Lenny (consciemment ou inconsciemment). Lenny est un homme (et par intermittence un père) qui dissimule sa tristesse sous le rire. Il est tout à la fois égoïste, adorable, bizarre et rigolo, triste, perdu et éreinté. Il sait ce qu’est une bonne décision mais il ne fait pas souvent le bon choix. Pour lui le raisonnement, si on peut l’appeler ainsi, ne se met en oeuvre que dans des moments extrêmes. Il affrontera l’essentiel aussitôt qu’il se retrouvera à marcher sur les mains. Il donnera des somnifères à ses enfants juste pour leur épargner l’horreur de se réveiller seuls. Ce qui est un problème pour Lenny est en même temps la solution. Il se nourrit et vit sur la possibilité d’un avenir, mais seulement si cela doit pouvoir être raconté en tant que souvenir. Dans ce film, nous avons abordé nos souvenirs – le scepticisme avec lequel nous considérions notre père comme un super héro – avec réalisme : un langage qui décortique la réalité pour atteindre son noyau, et montrer la dureté ou la beauté d’une situation réelle. Broyer la réalité et l’embellir dans le même temps. Regarder en arrière et comprendre notre perception enfantine des choses peut tuer l’enfant en nous, mais nous l’avons fait comme par obligation envers l’adulte en nous. Personne ne veut écraser l’enfant en soi. Nous nous sommes intentionnellement mis dans une impossible situation : essayant d’attraper nos souvenirs par les cheveux pour les faire partir, alors qu’ils ne veulent simplement pas partir. Donc il en résulte une impossible et déchirante position. Nous essayions de préserver ce que justement nous tentions de détruire. D’une certaine manière, ce film nous a permis de préserver cela, cette chose; cette ligne c’est cet équilibre, c’est Go Get Some Rosemary. Ce que cela signifie ? Nous n’en somme pas surs. C’est la raison pour laquelle on devait écrire et diriger ce film ensemble (non parce ce que nous sommes deux frères, ou que nos parents sont divorcés, ou encore du fait que nous sommes deux moitiés d’un être qui ne font qu’un parfois).
Le film est le produit de nos discussions, autrement dit de nos désaccords acceptés. Ça nous a aidés à trouver l’équilibre nécessaire pour raconter l’histoire : l’un de nous étant plus critique et l’autre plus indulgent. En ce qui concerne Lenny, cela revient à disséquer son mental. Ses actes sont parfois abominables et impardonnables, mais, en même temps, ce sont les raisons mêmes de ces actes qui vous obligent à l’aimer. C’est difficile de ne pas aimer quelqu’un qui fait des efforts pour prendre de bonnes décisions mais qui ne sait simplement pas comment s’y prendre. Tout ce qui compte là-dedans, c’est ces deux garçons. Mettez-vous à la place de Lenny, mais adoptez le point de vue des enfants. Et essayez d’y comprendre quelque chose. C’est ce que nous avons essayé nous-mêmes de faire avec ce film.
Josh & Benny Safdie May 2nd 2009 New York City, NY

En bonus une sélection de courts :
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We're going to the zoo (2005 / 14mn)
The Black of her head (2006 / 21mn)
The Acquaintance of a lonely John (2008 / 12 mn)
John's gone (2010 / 22mn)
The Black Balloon (2011 / 20 mn)

Plus un entretien avec Josh & Benny Safdie par Philippe Piazzo (10 mn) et un making of intitulé "The Second Stop from Jupiter : making of de Lenny and the kids (12mn).

Le coffret est en vente sur theendstore.com et les films The Pleasure of being Robbed et Lenny & the kids sont disponibles à l'unité.

source : Blaq Out / Sophie Dulac

Only God Forgives

Depuis combien de temps n'avez vous pas ressenti de l'excitation pour un film ? Nous, depuis longtemps.
Sous ce titre en forme de slogan de tatouage se cache le dernier effort du réalisateur dannois Nicolas Winding Refn (Pusher, Valhalla Rising, Drive). Only God Forgives sera présenté au Festival de Cannes 2013 et risque d'être la sensation de la manifestation, voire peut-être la consécration pour le réalisateur.

sortie : 22 mai 2013

Torso / Sono Sion

Ils se sont fait attendre mais nous les avons enfin reçu et le plaisir n'en est que plus grand. Le fanzine Torso est disponible sur theendstore.com.

Si nous proposons peu de fanzines sur le site, nous avons toujours défendu ce support (et parfois même rêvé d'en créer un mais c'est une autre histoire). Les années passent et si certains sont morts comme Trash Times (qui restent encore aujourd'hui comme l'un des tous meilleurs d'un point de vue rédactionnel mais surtout visuel grâce à une mise en page très réussie) d'autres continuent malgré l’émergence d'internet et sa prolifération de sites dédiés au cinéma de genre d'offrir un autre regard, un autre style de critique. On peut citer Medusa, Le Bissophile, Diabolik Zine (que l'on aurait bien aimé proposer sur THE END mais nos mails sont restés lettre morte) et Peeping Tom qui est l'un des plus fouillis et qui a permis un apéro à la boutique dont l'auteur de ses lignes se souvient avec nostalgie.

Fin des flashbacks et passons à ce neuvième numéro de Torso et premier à être entre nos mains. La première impression (souvent la bonne) est la qualité de la couverture (dos carré, papier cartonné brillant). Étonnant et impressionnant pour 8 euro, surtout quand on connait le coût parfois très lourd pour imprimer (photocopier ?) un zine. Ici par de rencontre improbable (et jouissive) entre films porno et classiques du cinéma français mais une étude méticuleuse d'un auteur par encore adoubé par le public mais les critiques qui comptent à nos yeux l'ont déjà élevé au rang des cinéastes qui comptent.


SION SONO CIRQUES ÉTRANGES
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Biographie (Julien Oreste) / p.4
Suicide Club : Dans la chambre des plaisirs (Adrien Clerc) / p.8
Substance Mort. Le Suicide Club existe-t-il ? (Julien Oreste) / p.13
Sono Sion et la J-Horror (Julien Sévéon) / p.17
Interview avec Sono Sion /p.21
Strange Circus - La caravanne de l'étrange (Romain Le Vern) / p.25
Interview avec Sohei Tanikawa / p.29
Le Regard Hilare (Love Exposure, Cold Fish & Guilty of Romance) (Julien Oreste) / p.33
Interview avec Yoshihiro Nishimura / p.37
Cold Fish (Chritopher Bianconi) / p.39
Eprouver le temps (Julien Oreste) / p.42
Guilty of Romance (Adrian Clerc) / p.47
Himizu (Romain Le Vern) / p.53
Himizu, Suicide circle (Julien Oreste) /p.55

Travail particulièrement soigné pour un fanzine digne de professionnels, et la présence de certaines plumes bien connues des amoureux de cinéma déviant comme Romain Le Vern (ex Trash Times, ex DVDrama, ex Critikat et aujourd'hui sur TF1 news) ou encore Julien Sévéon (auteur de l'indispensable Le Cinéma Enragé et journaliste pour Mad Movies) n'est pas étrangère à la qualité globale de l'ensemble.

Nous pouvons que souhaiter longue vie à Torso et espérer que les prochains numéros seront du même acabit.

In & Out 2013

Tel un marronnier journalistique, la cinquième édition du festival gay et lesbien de Nice offre comme chaque année un panorama complet des dernières productions LGBT. Une manifestation qui se tiendra du 16 au 24 avril 2013 dans divers lieux culturel de Nice (Cinéma Le Mercury, La Villa Arson, Le Mamac).

Voici notre sélection :

BAMBI / Sébastien Lifshitz / 2013

Bambi est née en 1935 dans la banlieue d'Alger. Elle s'appelle alors Jean-Pierre. Animé par la conviction d’être différent, il quitte sa terre natale à la fin de l’adolescence pour répondre à son irrépressible volonté de s’accomplir. Dans le Paris des années 50, il intègre la troupe du Carrousel, cabaret mythique où le tout Paris se presse pour admirer les spectacles de transformistes. Aux côtés de Coccinelle et Capucine, Jean-Pierre, sous le nom de Bambi, devient rapidement une vedette du music-hall. Ce n’est pourtant pas la dernière des transformations qui marquera sa vie de femme libre.
« Ce que j’aime dans l’histoire de Bambi, c’est la puissance romanesque de ce récit. Comment cette femme n’a cessé de se réinventer, de se remettre en cause, pour à chaque fois découvrir de nouveaux territoires, de nouvelles relations à sa vie, à ce qu’elle voulait accomplir. On a l’impression que tout s’est fait simplement, avec cette élégance de ne jamais appuyer sur les difficultés pour ne jamais donner le sentiment qu’elle a été une victime alors que je pense que ça n’a pas dû être simple » Sebastien Lifshitz
>  Vendredi 19 avril, 21h00, CINEMA LE MERCURY

CODEPENDENT LESBIAN SPACE ALIEN SEEKS SAME / Madeleine Olnek / 2010

La planète Zots est en danger après la découverte de trous dans sa couche d'ozone. Des recherches ont montré que les émotions amoureuses étaient à l’origine de cette altération. Le gouvernement doit agir vite, avant qu’il ne soit trop tard, et décide d'envoyer sur Terre trois de ses habitantes les plus toxiques - c'est-à-dire les plus romantiques - pour les soigner. Leur mission : se faire briser le cœur par des Terriennes !
« Ce film vous fera pleurer de rire et redemander du cheesecake. » SO SO GAY
« Intelligent et drôle. Ce film extrêmement sympathique met l'accent sur l'universalité des relations amoureuses. Ed Wood aurait été fier .» THE NEW YORK TIMES
>  Lundi 22 avril, 21h00, CINEMA LE MERCURY

LA DERNIERE FOIS QUE J'AI VU MACAO / Joao Pedro Rodrigues / 2012


Je me rends d’urgence à Macao suite à l’appel à l’aide de mon amie Candy. Trente ans me séparent de cette terre de mythes et de superstitions. A bord du bateau qui me ramène sur ces anciennes rives portugaises, je me surprends à remonter le temps jusqu’à la période la plus heureuse de ma vie. A mon arrivée, Candy a disparu. Une armée de tigres moqueurs semble terroriser les esprits...
« Le cinéma de Rodrigues a toujours été un art de la métamorphose, de la confusion (sexuelle mais pas seulement) et de la communication entre des espaces disjoints : le règne humain et animal, le passé et le présent, la vie et la mort, l’homme et la femme, Hollywood et le cinéma de poésie européen. Les auteurs parviennent, à partir de très belles images urbaines de Macao, à créer une ambiance fantastique de complot et d’apocalypse, quelque part entre En quatrième vitesse d’Aldrich et La Féline de Tourneur. L’étrange, l’inquiétude surgissent de détails quotidiens, d’un cadre ou d’un son. » Olivier Père

>  Vendredi 26 avril, 19h00, CINEMA LES ARCADES (Cannes)

Documentaire, étrangeté et avant-première sont le socle du festival depuis ces débuts mais c'est également le lieu de séance culte comme le Cruising de William Friedkin plongeant tout de cuir vétu un Al Pacino vertigineux et traumatisant.

CRUISING / William Friedkin / 1980
Un serial killer traque des homosexuels des milieux fétichistes et SM de New-York. La Police piétine dans son enquête et décide d’employer un agent infiltré. Steve Burns y voit une opportunité de faire ses preuves et accepte d’intégrer cette communauté dont il ne connaît rien. Il s’installe dans un appartement de Greenwich Village et se met à fréquenter toutes les nuits les lieux de rendez-vous gay à la recherche du tueur.
« A revoir le film, on est frappé par l'extrême audace des scènes de drague. Friedkin les filme en documentariste, sans jugement moralisateur. Ce qui l'intéresse, c'est d'explorer les zones troubles qui sommeillent en nous. Pourquoi le flic, apparemment sans faille - Pacino, génial - se trouble-t-il au cours de cette enquête ? Parce qu'il découvre un monde différent qui vit naturellement sa différence ? Ou qu'il se découvre différent dans le monde dit normal, qui refoule tout ce qui pourrait être différent ? Alors oui, plein de « petits trucs » ont vieilli (...), mais le polar reste extrêmement efficace. Et sa conclusion est joliment ambiguë.» TELERAMA
> Dimanche 21 avril, 21h00, CINEMA LE MERCURY

Cette séance culte sera suivie par l'OVNI de la programmation. Interior Leather Bar de James Franco (acteur, producteur, directeur photo) épaulé par Travis Mathews, réalisateur peu connu dans l'hexagone et qui propose un moyen métrage, sorte de croisement entre le making of et l'expérimentation du film Cruising.

INTERIOR. LEATHER BAR. / James Franco et Travis Mathews / 2012


1980. Cruising de William Friedkin raconte l’histoire d’un flic infiltré dans la communauté gay «cuir» new-yorkaise. Le film est amputé de quarante minutes jugées trop choquantes par la censure. 

2012. James Franco et Travis Mathews décident de recréer la séquence perdue en la filmant avec des acteurs d’aujourd’hui. Interior. Leather Bar. navigue entre faux making of, les comédiens et réalisateurs jouant leur propre rôle, et vraie réflexion sur les puissants effets de l’image pornographique homosexuelle. Val Lauren, acteur à qui James Franco demande de reprendre le rôle tenu à l’époque par Al Pacino, est en effet traversé par de profonds doutes. Il a du mal à assumer ce «travail» dont il ne comprend pas le sens et que son entourage juge trop extrême. 
« Interior. Leather Bar. est un film à la fois fascinant et intriguant. Il ne choisit jamais la facilité et présente avec brio des problématiques provocantes. » Screen Daily
>  Dimanche 21 avril, 23h00, CINEMA LE MERCURY

Retrouvez toute la programmation et les horaires sur le site du festival In & Out

Jesús Franco (1930-2013)

A quelques heures près, on aurait pu croire à une mauvaise blague mais non, Jesús Franco est mort le 2 avril 2013, un peu plus d'un an après Lina Romay. Son cinéaste l'a rejoint dans l'au-delà pour recomposer ce duo mythique du septième art. Que dire sur cette figure emblématique du cinéma. Les blogs, sites et réseaux sociaux rendent le plus bel hommage qui soit, celui du souvenir et surtout donne l'envie à bon nombre de personnes de revoir (ou de découvrir) les bobines de ce chantre du cinéma érotique.
Avec sa disparition, et celle de Rollin et de Bénazéraf, c'est une certaine idée du cinéma, celui des salles de quartier, d'une production alors frénétique, des excès qui pouvaient donner des moments intenses de cinéma comme des œuvres de pure consommation mais avec toujours une sincérité et une liberté qui manque cruellement au cinéma actuel.

Jesús Franco, c'était ça :




Nous avons le plaisir de proposer à la vente une sélection de films signés Franco sur theendsore.com

Tout Philippe Garrel

Dès fois on peut légitimement s'interroger du pourquoi du comment un cinéaste se voit offrir un intérêt conséquent alors que jadis celui-ci nageait dans le respect feutré du cinéma français. Comment du quasi néant bibliographique autour de Philippe Garrel, deux ouvrages viennent coup sur coup proposer un éclairage passionnant sur un auteur au parcours (et à la vie) incroyable. Et pour parfaire le tout, le Festival Théâtres au cinéma lui consacre une rétrospective intégrale du 3 au 14 avril 2013.


Programme :
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Enfant désaccordé de sa génération et cinéaste de la perdition, Philippe Garrel l’a toujours été, sondant sans relâche le fossé séparant les pères et les fils, les amants et les amantes, les idéaux et leur concrétisation, et jusqu’à la fracture intime qui fait de chaque être un étranger pour lui-même .
Jacques Mandelbaum , Le Monde , 27 sept. 2011
Né en 1948, Philippe Garrel a 16 ans lorsqu’il tourne Les Enfants désaccordés . D’abord identifié comme un jeune disciple prodige de Godard ( Marie pour mémoire ), il prend du large pour arpenter d’autres territoires, mythiques, où toute famille est une Sainte Famille et toute forêt l’enchevêtrement du rêve ( Le Révélateur ). à partir de sa rencontre avec la chanteuse Nico, Garrel approfondit cette dimension onirique et transforme ses films en de grands bains hypnotiques. La trilogie La Cicatrice intérieure , Athanor , Le Berceau de cristal , tournée en état de “somnambulisme éveillé” pour accompagner les concerts de Nico, doit provoquer un même trip chez le spectateur. à partir de 1979 ( L’Enfant secret ), Garrel éprouve le besoin de revenir à la narration et à l’autobiographie. Elle a passé tant d’heures sous les sunlights... appartient à cette période passionnante de mutation, gardant de l’underground un goût pour l’inachèvement et la ruine mais organisant les morceaux dans une logique narrative. Ce premier pas sera suivi d’un second en 1988 lorsque l’écrivain Marc Cholodenko devient son co-scénariste. Le Vent de la nuit ou Un été brûlant appartiennent à cette dernière période, où la couleur et la parole affirment un ancrage plus profond dans le réel, bien que celui-ci soit toujours peuplé des mêmes fantômes.

FILMS COURTS
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LES ENF ANTS DÉSACCORDÉS / 1964 / 15 min
Avec Christiane Pérez, Pascal Roy, Maurice Garrel
Deux adolescents en marge de la société et en rupture avec leur famille font une fugue. Leurs parents sont interviewés, alors que les enfants sont filmés dans leur désœuvrement à la campagne.
« Quand je vois ça maintenant, je trouve que c’est exactement ce qui est en train d’arriver à notre génération : le fait que nous soyons complètement déphasés par rapport au cycle de la consommation, que nous ayons envie de tout brusquer. De cela, je ne me rendais absolument pas compte à l’époque . » p .G. , Cahiers du cinéma , 1968
> 3/4 20h00
> 11/4 21h00

DROIT DE VISITE /  1965 / 15 min
Avec Maurice Garrel, Guillaume Laperrousaz, Françoise Reinberg
Un enfant retrouve son père et la maîtresse de son père tous les week-ends, alors qu’il habite chez sa mère... Droit de visite, réalisé à 17 ans, est l’évocation du divorce de ses parents, thème qui reviendra à de multiples reprises dans son œuvre.
> 8/4 17h30
> 16/4 19h00

RUE FONTAINE , Épisode du film collectif paris vu par... 20 ans après / 1984 / 17 min
Avec Christine Boisson, Jean-Pierre Léaud, Philippe Garrel
René, désespéré par le départ de son amie, tombe amoureux d’une jeune femme qui se suicide le lendemain. Tous les films de Garrel s’articulent de façon cruciale autour de séquences de rêve et de visions, mais Rue Fontaine est celui qui s’approche le plus d’un total irréalisme – voire d’un surréalisme, puisque ce titre fait référence à la rue où habitait André Breton.
> 9/4 17h30
> 14/4 19h00

LA SÉQUENCE ARMAND GATTI / 1993 / 5 min
“Vive l’anarchie !”, entendait-on à l’orée de L’Enfant secret , en 1982. Dix ans plus tard, pour La Naissance de l’amour , Philippe Garrel se rendit en Suisse afin de tourner une séquence de rencontre entre le personnage interprété par Lou Castel et le grand écrivain, dramaturge et cinéaste Armand Gatti, figure mythique de l’anarchie en France. Longue de dix minutes, la séquence n’a pas trouvé sa place dans la version finale de La Naissance de l’amour , mais Philippe Garrel en a offert les éléments, conservés par Bernard Dubois, et réunis sous le label Outrage et Rébellion. L’extrait présenté correspond au passage où une synchronisation s’est avérée possible. Les recherches continuent pour restaurer et monter au mieux le fruit précieux d’une rencontre créative entre deux des artistes les plus farouchement libres de l’histoire du cinéma et des arts.
> 14/4 17h15

LONG METRAGES :
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MARIE POUR MÉMOIRE / 1967 / 85 min
Avec Zouzou, Didier Léon, Nicole Laguigné, Thierry Garrel, Maurice Garrel
Dans une vie aliénante où tous les rapports semblent fondés sur l’agressivité et la domination, quatre garçons et quatre filles hurlent leur mal de vivre, leur solitude et leur désespoir.
« Ont conservé toute leur force et leur beauté les plans primitifs de Garrel fils, la puissance comique de Garrel père, le jeu et le visage de Zouzou, ses silences et ses regards, l’évocation de la violence sociale, de la déréliction sentimentale et de la solitude. Toute petite chronique, inversement proportionnelle au film, pour mémoire. » S. Kaganski , Les Inrocks , 6 oct. 1999
> 4/4 15h30

LE RÉVÉLATEUR / 1968 / 60 min
Avec Bernadette Lafont, Laurent Terzieff, Stanislas Robiolle
« Le Révélateur est un film muet. Un couple et son enfant fuient devant une menace informe et pourtant indicible. Un film sans rires et sans murmures. Dans un paysage de désolation, d’humidité et d’humiliation, on voyait l’être le plus faible se révolter : l’enfant. » Bernadette Lafont « Entre le retour aux origines et la plongée au-delà de l’infini, il y a comme point commun ce paradoxe, que trop peu de cinéastes ont compris : ce n’est pas forcément en réalisant des films discursifs, mais hypnotiques, que l’on parvient à donner corps aux grandes œuvres métaphysiques et historiques. » S.Delorme , Cahiers du cinéma , fév. 2002
> 5/4 21h00
> 10/4 17h00

LE LIT DE LA VIERGE / 1969 / 105 min
Avec Pierre Clémenti, Zouzou, Tina Aumont, Margareth Clémenti, Jean-Pierre Kalfon
Une femme est sur son lit au bord de la mer. Un jeune homme surgit des flots. Ils ont pour noms Marie et Jésus.
« Je crois qu’on voit clairement mon point de vue sur le mythe chrétien dans Le Lit de la Vierge , que j’ai réalisé un peu plus tard en 1969, c’est une parabole non-violente dans laquelle Zouzou incarne à la fois Marie et Marie-Madeleine tandis que Pierre Clémenti incarne le Christ, un Christ bien découragé et qui baisse les bras devant la méchanceté du monde. En dépit de sa nature allégorique, le film contient une dénonciation de la répression policière de 68, qui avait en général été bien comprise par les spectateurs de l’époque. » p . Garrel , in Une caméra à la place du cœur , 1992.
> 4/4 21h00
> 12/4 16h30

LA CICATRICE INTÉRIEURE / 1972 / 60 min
Avec Nico, Pierre Clémenti, Philippe Garrel, Balthazar Clémenti, Daniel Pommereulle
Dans des paysages d’Égypte et d’Islande d’une étrange beauté, l’errance d’une femme, de deux hommes et d’un enfant.

« La Cicatrice intérieure est un chef-d’œuvre pour qui ne comprend pas l’allemand, paraît-il. Moi, je trouve ce film un chef-d’œuvre total. Je ne sais pas l’expliquer... Tout à coup, c’est toute l’Humanité, toute la Terre qui parle – La Terre dans le sens antique de Mère. Mais ce n’est pas la Terre qui parle, c’est l’Humus... C’est incroyable, tout y est. » Henri Langlois , avril 1972
> 4/4 17h15
> 10/4 21h00
> 15/4 19h00

LES HAUTES SOLITUDES / 1974 / 80 min
Avec Jean Seberg, Laurent Terzieff, Tina Aumont, Nico
Le portrait d’une femme de quarante ans dans le silence de la solitude d’une ferme.

« Avec Les Hautes solitudes, Garrel atteint la perfection d’une œuvre musicale : ces variations en gros plans souvent fixes et de durée inégale, mais généralement fort longues, nous mettent en contact, de façon tout à fait physique (le côté physique étant accentué par le gros grain d’une belle image noir et blanc très contrastée) avec quelques visages (un homme et plusieurs femmes) traqués, persécutés, torturés par une caméra-œil impitoyable... » Gérard Frot-Coutaz , Cinéma , janvier 1975
> 12/4 15h00
> 16/4 19h00

LE BERCEAU DE CRISTAL / 1975 / 80 min
Avec Nico, Dominique Sanda, Anita Pallenberg, Margareth Clémenti
Instantané d’une génération désaccordée. Le berceau ? L’art (la peinture de Pardo, la poésie de Nico, le Musée Langlois). Le cristal ? Le froid (la poudre d’Anita Pallenberg, le silence qui précède le suicide). Toute vie est un processus de démolition. Le Berceau de cristal, c’est avant tout un voyage esthétique : « J’avais un ami peintre, Frédéric Pardo, qui faisait de la peinture psychédélique très dépouillée, j’ai vécu près de lui pendant un an et j’ai eu envie de faire un film par rapport à sa peinture. » p . Garrel
> 5/4 15h30
> 12/4 19h00

L’ENFANT SECRET / 1979 / 95 min
Avec Anne Wiazemsky, Henri de Maublanc, Elli Medeiros Prix Jean-Vigo 1982
Jean-Baptiste, cinéaste, et Elie, comédienne, sont deux êtres à l’image de leur amour. Rongée par le mal de vivre, Elie se raccroche à son enfant, Swann.


« C’est comme si ce film autobiographique avait réussi à ne pas perdre le Nord sans oublier la trace de chaque étape. Bouts d’expérience sensorielle pure (toucher, avoir froid), actes dans leur sécheresse (l’électrochoc), moments sereins et furtifs. J’aime beaucoup la scène où Jean-Baptiste vraiment clochardisé allume le mégot qu’il vient de ramasser sous un banc. Je me suis dit que c’était Griffith ou Charlot qui revenaient pour quelques instants. Que Garrel avait filmé cette chose qu’on n’avait jamais vue : la tête des acteurs des films muets dans les moments où c’est le noir du carton, avec ses pauvres mots de lumière, qui occupe l’écran. » Serge Daney , Libération , 19 février 1983
> 12/4 21h00

LIBERTÉ , LA NUIT / 1983 / 80 min
Avec Maurice Garrel, Christine Boisson, Laszlo Szabo, Emmanuelle Riva, Brigitte Sy
Un homme pris dans la tourmente des évènements d’Algérie connaît un bonheur nouveau mais fugace avec une jeune Algérienne...

« On pense bien sûr à Cocteau dans ce travail de la mort comme constitutif du film, mais si l’on y pense, c’est avant tout dans cette traque du hasard ou de l’imprévu technique et de sa conséquence poétique : plus que des plans, faire des prises qui volent l’instant saisi comme un accident, et le suscitent. Quel plus beau moment, alors, que celui où les draps claquant dans le vent découvrent et cachent alternativement l’homme et la femme blottis l’un contre l’autre dans leur douleur ? C’est le mouvement de l’obturateur, mais d’abord cette chasse au hasard – l’imprévisible apparition ou disparition des acteurs – à l’intérieur d’un dispositif donné ; c’est la beauté comme aventure. » M. Chevrie , Cahiers du cinéma , été 1984.
> 5/4 12h00
> 7/4 17h00
> 11/4 21h00

ELLE A PASSÉ TANT D ’HEURES SOUS LES SUNLIGHTS ... / 1984 / 130 min
Avec Mireille Perrier, Jacques Bonnaffé, Anne Wiazemsky, Lou Castel
Film dédié à Jean Eustache On propose à un jeune metteur en scène, malheureux en amour, de monter Blanche-Neige de Charles Perrault à la Comédie-Française...
« C’est l’histoire d’un tournage que joueront Mireille Perrier, Lou Castel, et Anne Wiazemsky et Jacques Bonnaffé... et j’essaierai, entre ces deux couples – l’un appartenant à la réalité, ça sera Lou et Mireille, et l’autre à l’imaginaire, ça sera Anne et Bonnaffé – de montrer le point d’interférence qu’il y a entre la réalité, les moments de dèche et de misère d’un cinéaste, et son film où il injectera des bribes, comme ça, de sa réalité, mais dans un contexte imaginaire et sentimental, avec une attitude émotive propre à l’art (avec de la musique, sur les dialogues de Jacques Bonnaffé et d’Anne). » p . G. , dossier de presse du film
>  11/4 16h45
> 14/4 21h00

LES BAISERS DE SECOURS / 1989 / 83 min
Avec Brigitte Sy, Philippe Garrel, Louis Garrel, Anémone, Maurice Garrel Mathieu, cinéaste, prépare un film. Il choisit de confier le premier rôle féminin à une actrice connue.


« Considérant que l’histoire du film est “leur histoire”, sa femme, Jeanne, comédienne également, prend cette décision pour “une trahison d’amour”. Jeanne, Mathieu et la vie : d’artiste ou de famille. Amour fou, tonalité mineure : Les Baisers de secours se donnent loin de l’infernale artillerie psychologique. Philippe Garrel n’en rajoute pas : ici, pour toucher, on retranche, on élude, on coupe. Un art moderne qui aide à vivre la vie. » G. Lefort , Libération , 12 septembre 1989
> 4/4 17h00
> 14/4 19h00

J’ ENTENDS PLUS LA GUITARE / 1990 / 98 min
Avec Benoît Régent, Johanna Ter Steege, Yann Collette, Mireille Perrier Lion d’argent, Festival de Venise 1991
Gérard aime Marianne et cet amour est le sens de sa vie. Un jour, Marianne part avec un autre homme. Gérard rencontre Linda, Aline puis Adrienne mais Marianne est toujours là....


« La mort rôde sous deux formes, soit littéralement, par le suicide de Marianne (cette fois l’allusion à Nico est directe), soit diffusément, parcellisée sous la forme de ces mille et une petites morts que le temps, le vieillissement infligent à nos idéaux. C’est peut-être pour cela que J’entends plus la guitare est plus qu’un film. C’est un “moment of being” comme disait Virginia Woolf, un instant d’être traversé par un souffle de vie à perdre haleine. Prose de l’existence = poésie ininterrompue. » T. Jousse , Cahiers du cinéma , mai 1991
> 4/4 19h00
> 16/4 21h00

LA NAISSANCE DE L ’AMOUR / 1993 / 93 min
Avec Lou Castel, Johanna Ter Steege, Jean-Pierre Léaud Deux amis, Paul le comédien et Marcus l’écrivain, parlent souvent de leur vie, de leurs aspirations et de leurs passions.

« C’est peu de dire qu’on sort bouleversé de La Naissance de l’amour . En fait, on quitte la salle convaincu d’avoir retrouvé une magie perdue, une alchimie à base d’images (en noir et blanc) et de son (direct) qui, pour les premières, renvoient à la période du muet, où les films étaient tournés sur une pellicule orthochro- matique très riche en sels d’argent, et, pour le deuxième, à une tradition de l’enregistrement brut sur le vif dont le Jean Eustache de La Maman et la Putain ou le Leos Carax de Boy Meets Girl pourraient être de bons exemples, postérité des débuts de la Nouvelle Vague en France, de John Cassavetes aux É tats-Unis. » J. Roy , L’Humanité , 9 mars 2001
> 3/4 20h00
> 14/4 17h15

L E CŒUR FANTÔME / 1996 / 87 min
Avec Luis Rego, Aurélia Alcaïs, Valeria Bruni-Tedeschi
Philippe, un peintre, découvre que sa femme a un amant. Ils se séparent. Il devient amoureux d’une jeune fille, mais leur relation est troublée par son remords d’avoir laissé ses enfants. 



« Une boucle se noue : le premier film de Philippe Garrel s’appelait Les Enfants désaccordés , et le second Droit de visite . Dans l’un et l’autre, Maurice Garrel, déjà, jouait. Trente-cinq ans plus tard, le Philippe du Cœur fantôme , face au “droit de visite” de ses propres enfants, interroge son père – et ce divorce d’autrefois qui le poussa à dire “en cinéma” son désarroi – dans une fiction qui s’accorde si bien à une biographie singulière qu’elle sera reçue comme une lettre attendue d’un ami très proche, qu’on n’a jamais vu. Une lettre plutôt rassurante. » É. Breton , L’Humanité , 27 mars 1996
> 13/4 21h00
> 16/4 17h00

LE VENT DE LA NUIT / 1999 / 92 min
Avec Catherine Deneuve, Daniel Duval, Xavier Beauvois, Jacques Lassalle Paul, étudiant, est l’amant d’Hélène, une femme mariée d’âge mûr. Parti à Naples pour une exposition, il y rencontre Serge, au volant d’une Porsche rouge, un homme mutique et désenchanté...


« Beauté du monde, fragilité des humains. Peut-être bien que, depuis Marie pour mémoire , où “un jeune garçon écorché vif se regardait vieillir”, Philippe Garrel n’a jamais dit autre chose. Le miracle est que, du poème de l’adolescence au film d’aujourd’hui, la fièvre soit restée aussi brûlante que la mise en péril de grands acteurs, que le polissage du scénario et des dialogues, que le travail sur l’image, que l’utilisation de la musique de John Cale, qui arrive seulement quand on l’attend, que ce professionnalisme achevé, dont assez peu de “professionnels” donnent aujourd’hui l’exemple, aboutissent à ce qu’il faut bien appeler la spontanéité de l’acte créateur. » É. Breton , L’Humanité , 3 mars 1999
> 9/4 21h00
> 16/4 15h00

SAUVAGE INNOCENCE / 2001 / 117 min
Avec Julia F aure, Mehdi Belhaj Kacem, Michel Subor, Jérôme Huguet Prix de la critique internationale au festival de Venise 2001
François, un cinéaste, souhaite réaliser un long métrage contre l’héroïne en hommage à son épouse décédée d’une overdose. Il veut confier le rôle principal à Lucie, une comédienne dont il est tombé sous le charme...

« C’est un Garrel romanesque, lyrique, stylisé, en noir et blanc. Un noir et blanc somptueux avec une gamme de nuances subtiles, un camaïeu de gris très sophistiqué à l’image d’un film où la ligne de partage entre ce noir et ce blanc se démultiplie en une série de zones intermédiaires où les frontières entre le bien et le mal deviennent incertaines, troublantes et troublées. C’est aussi une fable qui cultive le paradoxe avec un humour désespéré et une fragile poésie. » T. Jousse , Cahiers du cinéma , 6 déc. 2001
> 4/4 21h00
> 13/4 15h45

LES AMANTS RÉGULIERS / 2005 / 178 min
Avec Louis Garrel, Clotilde Hesme, éric Rulliat , Julien Lucas Antoine, Caroline Deruas-Garrel
En 1969, un groupe de jeunes gens s’adonne à l’opium après avoir vécu les événements de 1968. Un amour fou naît au sein de ce groupe entre une jeune fille et un jeune homme de 20 ans...


«C’est la plus romantique des histoires et c’est un film d’aujourd’hui. Totalement d’aujourd’hui, le film d’une génération, de ses élans et de ses retombées. Et quand un sot, du même âge que Philippe Garrel sans doute, écrit un livre qui s’appelle quelque chose comme “On n’a pas changé le monde, mais on s’est bien amusé” le cinéaste, lui, parle de tous ceux de son âge qui se sont brûlés au feu des illusions mais qui ont trouvé là de quoi nourrir leur imaginaire, et su faire partager ce qu’ils vécurent. » S. Delorme , Cahiers du cinéma , oct. 2005
> 6/4 20h00
> 16/4 15h45

LA FRONTIÈRE DE L’AUBE / 2008 / 103 min
Avec Louis Garrel, Laur a Smet, Clémentine Poidatz
Une star vit seule chez elle, son mari est à Hollywood et la délaisse. Débarque chez elle un photographe qui doit la prendre en photo pour un journal, faire un reportage sur elle. Ils deviennent amants...
« Par là, par la montée de désespoir, ce film est bien la suite des Amants réguliers , fièvre de Mai 1968 et lendemains de drogue, tous “espoirs fusillés”, comme le disait un intertitre. De même, Laura Smet (Carole), de son miroir, répond à Jean Seberg qui, dans Les Hautes Solitudes s’effaçait devant son reflet et le travail sur la lumière qui se joue ici retrouve les exigences du Révélateur . Cela s’appelle bâtir une œuvre. » É. Breton , L’Humanité , 8 octobre 2008
> 9/4 19h00
> 16/4 20h30

UN ÉTÉ BRÛLANT / 2010 / 95 min
Avec Monica Bellucci, Louis Garrel, Céline Sallette, Maurice Garrel
Paul rencontre Frédéric. Il est peintre et vit avec Angèle, une actrice qui fait du cinéma en Italie. Paul est bientôt invité à se rendre chez eux, à Rome, avec sa compagne. Ensemble, les deux couples voient leurs sentiments s’intensifier et se diluer au fil de passions incompréhensibles...
« D’une passion en train de se bousiller, Garrel signe avant tout un film qui ne se centre plus exclusivement sur un homme et une femme, mais s’en va flirter du côté de l’amitié masculine : les Amis réguliers, en quelque sorte. Qu’il fait jouer “côte à côte” dans la Rome du Mépris – le cinéma de Godard restant le terreau originel de l’imaginaire garrélien. Tout comme le couple Bardot-Piccoli se désagrégeait au fur et à mesure que le cinéma, cet ogre, reprenait ses droits, dont celui de dévorer ses enfants, Cinecittà et un film à faire vont pousser Angèle dans les bras d’un assistant : chronique d’une liaison annoncée. » Philippe Azoury , Next Libération , 28 septembre 2011
> 9/4 15h30
> 13/4 18h00

Outre l'ouvrage de Philippe Azoury, Garrel, en substance, le Festival propose comme chaque année un livre / catalogue, somme d'informations permettant d'ouvrir les différentes thématiques et d'avoir ainsi les clés pour appréhender l'univers d'un cinéaste.

Présentation :
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Revenir sur l’œuvre de Philippe Garrel, c’est ainsi dessiner la continuité entre des périodes esthétiques que le cinéaste lui-même sépare, pour indiquer la cohérence d’une voie. Pour parcourir cette voie essentielle, et à laquelle l’édition en langue française n’a encore consacré que très peu d’ouvrages, ce livre propose un premier ensemble thématique suivi d’une filmographie intégrale commentée. Les différents jeux de Garrel avec l’autobiographie et la fiction, l’importance des évènements de Mai 68 et son inscription dans le groupe Zanzibar, les thèmes de la passion amoureuse et du suicide, le travail formel avec la lumière ou la musique comme celui, capital, avec les acteurs et plus largement avec les corps, sont explorés à travers des séries de textes et d’entretiens. La filmographie rassemble de nombreux extraits de propos, des articles parus à l’époque de sortie de chaque film et des textes inédits, composant une anthologie provisoire de la littérature critique sur Philippe Garrel.

On retrouvera le journaliste et auteur Philippe Azoury qui animera la leçon de cinéma de Philippe Garrel le samedi 6 avril à 18h00.

Retrouvez toutes les informations et la programmation du Festival Théâtre au Cinéma sur le site internet de la manifestation.