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Western Unchained

Il n'a pas fallu bien longtemps pour que les éditeurs (re)prennent le filon des westerns européens face au succès du dernier film de Quentin Tarantino, Django Unchained. Si pour le moment, la France est plutôt calme (on vous en dit plus à la fin de ce message) avec un ouvrage sur Tarantino et la réédition du mythique Django de Sergio Corbucci, l'Allemagne, elle, a décidé de sortir une collection de dix westerns transalpin adoubée par le cinéaste américain. Dix films dont certains restent encore inédits de ce côté-ci du Rhin (titre en gras).

 
LES VAUTOURS ATTAQUENT / Il tempo degli avvoltoi / Nando Cicero / 1967
EL MERCENARIO / LE MERCENAIRE / Il Mercenario / Sergio Corbucci / 1968 
 NAVAJO JOE / Sergio Corbucci / 1966
3 POUR UN MASSACRE / Tepepa / Giulio Petroni / 1969
QUAND L'HEURE DE LA VENGEANCE SONNERA / La morte non conta i dollari / Riccardo Fredda / 1967
YANKEE / Tinto Brass / 1966

SUGAR COLT / Franco Giraldi / 1967
UN PISTOLET POUR RINGO / Una pistola per Ringo / Duccio Tessari / 1965
 LE RETOUR DE RINGO / Il ritorno di Ringo / Duccio Tessari / 1965
PRIEZ LES MORTS, TUEZ LES VIVANTS / Prega il morto e ammazza il vivo / Giuseppe Vari / 1971

Reprenant à merveille le concept visuel de l'affiche de Django Unchained, certains titres sont disponibles en France dans diverses versions, économique (Priez les morts...) ou accompagnés de bonus (Le Mercenaire et Navajo Joe chez Wild Side) .
Qu'en est-il pour la France ? Durant une période, l'amateur de westerns spaghetti fut rassasiés de tous les côtés, mais cela faisait quelques mois que les sorties de western italien devenaient moins fréquentes. Et c'est encore une fois du côté d'Artus Films que la communauté des "westernophiles" va se régaler avec trois annonces qui réjouiront les amoureux de l'ouest américain version cinécitta.

Annoncé sur leur page facebook, trois westerns italiens feront prochainement leur apparition dans le catalogue d'Artus Films avec Texas (Il prezzo del potere / Tonino Valerii / 1969) dont Jean-François Giré en dit le plus grand bien "Texas, réalisé par Tonino Valerii, s'inspire et transpose habilement dans le cadre du western les événements se rapportant à l’assassinat du président John F. Kennedy à Dallas en 1963. [...] Texas reste l'un des westerns européens les plus ambitieux" (Il était une fois le western européen, p.220-221) ; Un Train pour Durango (Un treno per Durango / Mario Caiano / 1968) et Joe l'implacable (Joe l'implacabile / Antonio Margheriti / 1967).

Pas encore de date, ni d'informations sur d'éventuel bonus mais THE END sera au rendez-vous pour accueillir ces trois pépites.

Radley Metzger aka Henry Paris

L'année 2013 sera érotique et pornographique sur THE END et nous sommes heureux de commencer l'année avec quatre films pornographiques cultes disponible sur theendstore.com

Dans les années 60-70, posséder un pseudonyme était une chose très courante. Dès réalisateurs de westerns italiens qui américanisaient leurs noms pour favoriser les ventes à l'étranger en passant par Jesus Franco et son nombre incalculable de nom d'emprunt, le monde des films pornographiques regorgeaient également de nom et d'alias.

Grâce à internet et à IMDB en particulier, il est possible d’appréhender un univers malheureusement trop méconnu et d'exhumer des carrières entières, comme celle de Radley Metzger (re)connu pour une série de films érotiques mais moins pour ses films pornographiques. Ce chantre d'une imagerie érotique, sorte de Dolce Vita décadente a réalisé ses meilleurs œuvres (tous genres confondus) durant la période bénie des cinémas de quartier et salles spécialisées. Metzger comme bien d'autre, a du délaisser son nom au profit du nom d'Henry Paris afin d'évoluer dans l'univers du film X.

Entre 1969 et 1974, Radley Metzger signe les emblématiques Camille 2000 (1969),  The Likerish Quartet (1970) et Score (1974) prochainement sur theendstore.com en combo blu-ray/dvd. Trois films qui ont placé Metzger sur la carte du cinéma érotique. Après cette escapade européenne, Radley Metzger rentre au USA et décide de franchir la frontière entre érotisme et pornographie et le succès de Gorge Profonde (Deep Throat) en 1972 n'est pas étranger à ce basculement. Radley Metzger sous son alter-ego Henry Paris deviendra le fer de lance du "Porno chic".


Première œuvre ouvertement pornographique, The Private afternoons of Pamela Mann (1974), exploité en France par la société Alpha France sous le titre Furies Porno pose les bases du cinéma d'Henry Paris. Extrait du dossier de presse français :
"Mrs Pamela Mann est belle. Très belle. Mr Mann est un beau mâle sympathique. Ils s'aiment. Cela est évident. Et leur entente physique et totale. Totale. Oui, mais elle a besoin d'être pimentée par des excitants extérieurs. Complices en tout, ils le sont encore dans ce domaine, Mr Mann engage un détective privé chargé de lui rendre compte de tous les faits et gestes de sa femme. C'est ainsi que Mr. Mann étant à son bureau, censé gagner la brioche quotidienne du ménage, Mrs Mann se livre à des actes tous plus stupéfiants les uns que les autres, depuis l'organisation savante de son propre viol - et quand nous disons viol c'est là un doux euphémisme - par ses domestiques, jusqu'à la séduction du détective lui-même. Nous vous taisons volontairement ses autres inventions, afin de vous en laisser la surprise étonnée. Mais il faut quand même vous dire que tout ce que fait Mrs Mann est filmé par une caméra complaisante et acrobate, et que c'est devant la projection de ces séquences que les étreintes du couple atteignent leur plénitude."
Tourné en six jours, The Private afternoons of Pamela Mann , est une réussite et le film devient un succès engrangeant des milliers de dollars de recette. Sur les cinq long-métrage pornographiques, Metzger ne cédera jamais à la facilité scénaristique, bien au contraire.


Présenté dans une édition double dvd, The Private afternoons... bénéficie d'une restauration Haute Définition. En supplément, nous avons droit au film dans sa version intégrale "Hard" (83mn), un commentaire audio du réalisateur, la bande-annonce originale (6 minutes), une interview de Eric Edwards (40 minutes avec l'acteur à la filmographie de plus de 300 films X jouant le rôle de Frank dans le film). Mais ceci est complété par un deuxième dvd proposant la version Soft de 72 minutes, une interview de Georgina Spelvin (40 minutes avec l'actrice culte de L'Enfer pour Miss Jones aka Devil in Miss Jones, 1973) et des featurettes sur l'univers du film.

L'année suivante, Radley Metzger, toujours sous le pseudonyme d'Henry Paris, réalise Naked came the stranger. Adaptation de l'ouvrage de Penelope Ashe, L'étrangère est arrivée nue est un roman érotique qui fut l'une des meilleures ventes en 1969. Mais très rapidement on apprend qu'il n'existe pas de Penelope Ashe et qu'en réalité le livre fut écrit par quinze hommes et cinq femmes, tous journalistes. Metzger achète les droits du bouquin et décide de conserver le nom et la structure du scénario.

 
Extrait de la quatrième de couverture du livre :

"Somptueusement belle, redoutablement intelligente, rompue à tous les jeux de l'érotisme, telle est Gillian Blake. Que va faire pareille femme quand elle apprend que son mari la trompe ? Divorcer ? Non, car Gilly et Billy Blake sont les « tourtereaux électroniques » d'une célèbre émission qui fait leur fortune à tous deux. Se venger ? Oui, et au centuple. C'est ainsi qu'à King's Neck — l'élégante banlieue new-yorkaise où le couple vient d'emménager — Gillian, l'inconnue qui est arrivée nue, vaincra successivement en combat très singulier un rabbin puritain, un décorateur homosexuel, un hippie drogué, un homme de la Mafia, et l'on en oublie… En cette suite de portraits pittoresques et de rencontres piquantes, l'auteur réussit une féroce satire de l'Amérique contemporaine."
Le film rencontre de nouveau le succès, ayant le luxe de détrôner le long-métrage des Monty Python, Sacré Graal au box office New-yorkais. Pour en savoir plus on vous invite à vous procurer l'édition collector proposant outre le film dans une version "uncut" et restauré, un livret de 40 pages racontant l'histoire de ce film qui annonce le chef-d’œuvre de Metzger/Paris, The Opening Misty Beethoven.

Extrait de la jaquette du film exploité en vidéo par Alpha France sous le titre Porno Paradise :
Un écrivain à la mode découvre à Pigalle, une jeune femme appelée Mitsy, et lui promet de la faire accéder aux plus hauts échelons de la société. Ils voyagent ensemble dans le monde entier, et bientôt Mitsy défraye la chronique dans tous les pays qu'ils traversent. Une aventure avec un producteur de films lui assure la célébrité internationale. En fin de compte, l'écrivain épouse Mitsy, mais c'est elle qui écrira le livre racontant ses aventures.

Disponible en blu-ray et dans une édition double dvd, The Opening of Misty Beethoven a droit à un traitement royal rendant justice à ce monument cinématographique. Tourné dans trois pays (France, Italie et USA) sur un an, The Opening of Misty Beethoven est la quintessence du genre avant sa périclitation avec l'apparition de la vidéo.

Enfin finissons avec Maraschino Cherry (1978), dernière incursion de Metzer dans la pornographie et offrant un chant du cygne pour le cinéma porno.



Extrait de la jaquette du film exploité en vidéo par Alpha France :
Croyant sa soeur "top model" à New-York, Penny quitte son Missouri natal pour lui rendre visite. Apprenant que Maraschino, en fait de mannequin, dirige un des plus beaux bordels de Manhattan, Penny décide de tout apprendre sur "le métier" dans l'espoir peut-être d'ouvrir une succursale de la maison de sa soeur dans sa ville natale. Maraschino lui relate donc les expériences de ses filles et de leurs clients. Finalement la leçon est tellement efficace que Penny décide de rester à New-York et c'est Maraschino qui partira ouvrir la fameuse "succursale".
Dans ce dernier effort, les plus grands acteurs et actrices du genre répondent présent, dont Jamie Gillis (1943-2010), personnage principal du cultissime Water power (Traitement spécial pour pervers sexuel, Shaun Costello, 1977), Gloria Leonard, qui retrouve Metzger après The Opening... et que l'on a pu voir entre temps dans l'étonnant Odyssey the ultimate trip (Gerard Damiano, 1977). A ses côtés Annette Haven que les amateurs de X américain ont pu (re)découvrir en dvd avec V : The hot One (1978) et Soft Places (1978).

Avec des réalisations soignées et des scénarios étoffés, proposant de véritables moment de comédie, les films pornographiques de Radley Metzer sous le pseudonyme d'Henry Paris peuvent se targuer d'avoir donné au genre ses plus beaux fleurons et sont les preuves que le cinéma pornographique n'a pas toujours été qu'une industrie.
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Pour connaitre tous les bonus et les spécifications (par exemple The Opening of Misty Beethoven et Naked came the stranger sont sous-titrés en français), nous vous invitons à consulter notre boutique en ligne, theendstore.com.

Kiju Yoshida, livre & dvd

Alors que vient de s'éteindre Nagisa Oshima, Kiju (de son vrai prénom Yoshishige) Yoshida, autre rebelle du cinéma japonais et frère d'armes d'Oshima au sein du studio de la Shoshiku, se voit de nouveau être sous les projecteurs grâce à la publication d'un ouvrage, écrit par le cinéaste, et l'édition de son anthologie consacrée à l'art en dvd.

Retour en arrière. En 2008, le centre Pompidou en partenariat avec Carlotta proposait une rétrospective intégrale de l’œuvre de ce cinéaste à l'image d'intellectuel, loin des auras sulfureuses d'un Oshima ou d'un Wakamatsu. Pour autant, la filmographie de Yoshida réserve des expérimentations proche de ses camarades (Eros+Massacre, Purgatoire Eroica). Mais si Oshima rencontra le succès avec son film le plus polémique L'Empire des Sens, Yoshida, lui, s'éloignera des abstractions. Si on se réfère à la filmographie d'IMDB, on pourrait penser que la carrière du cinéaste nippon à subit une traversée du désert entre 1973 et 1986 alors qu'en réalité Yoshida s'était réfugié à la télévision pour poursuivre ses "visions de la beauté".


A partir de 1973, Kijû Yoshida réalise « Beauté de la beauté », une entreprise d’une sans égale dans l’histoire du cinéma sur les formes artistiques, aussi scrupuleusement documentée qu’ouverte à l’imaginaire. Sélectionnés parmi les 94 chapitres qui composent cette œuvre-somme, les 20 épisodes proposés ici sont consacrés aux maîtres de la peinture occidentale. Confrontant les œuvres à leur environnement géographique et intellectuel, le cinéaste fait entendre à nouveau, au creux des paysages, dans les blancs du tableau, la rumeur d’époques révolues.
« Tout le temps que j’ai consacré à Beauté de la beauté, j’ai tâché de garder le silence. Devant moi et la caméra, les œuvres d’art déjà se tenaient là. Aussi n’était-ce pas moi qui les regardait, mais elles qui m’observaient. C’est pourquoi, écartant autant que possible toute information les concernant, je me suis efforcé d’enregistrer ce regard qu’elles tournaient ainsi vers moi. Je me suis également interdit d’utiliser les adjectifs "beau" ou "belle". Car ce qui est "beau" ne l’est que dans la mesure où le spectateur de Beauté de la beauté le ressent comme tel : seule son imagination pourrait y trouver quelque "beauté" que ce soit. »
Kiju Yoshida
Si le travail au cinéma s'est fait plus rare au mitan des années 70, Yoshida a continué ses escapades (il est francophile, amoureux de Godard comme de Sartre) et à posé ses valises au Mexique pendant cinq ans. Capricci a l'heureuse initiative de proposer les écrits du réalisateur, lui permettant une introspection sur son esthétique.


En 1977, Kijû Yoshida part au Mexique pour y réaliser l’adaptation d’un roman d’Endo Shûsaku. Il ne le tournera pas, mais habitera le pays jusqu’en 1982. De retour au Japon, il relate son « odyssée-naufrage ». L’ouvrage tient du journal de voyage et relate les pérégrinations d’un Yoshida apparemment passif, se laissant porter par le monde et ses événements. Mais il est surtout une « aventure en écriture », un voyage élégant en terre de savoirs, sans équivalent dans la littérature cinématographique. Le Mexique selon Yoshida s’enrichit de la philosophie, de l’histoire du siècle, des arts et du cinéma. Trotski croise Buñuel, Hernán Cortés et les peuples mayas, Foucault disserte avec Eisenstein et Merleau-Ponty, Deleuze, Bataille et Duchamp. À l’heure où les utopies des années 1960 sont en berne, Yoshida tâche, dans le droit fil de sa filmographie, de créer par les moyens de la littérature un espace, une brèche infime dans l’apparente continuité du monde, qui autorise l’action, la jonction, l’agencement, la rencontre. En ce sens, Odyssée mexicaine ne saurait s’appréhender comme une parenthèse dans la carrière du cinéaste : c’est une étape essentielle de sa pensée et de son esthétique.
KIJÛ YOSHIDA est né à Fukui, au Japon, en 1933. Dès ses premiers films dans les années 1960 (Bon à rien, La source thermale d’Akitsu), il devient une figure cinématographique majeure de la « Nouvelle Vague » japonaise. S’il aborde les thèmes de la libération sexuelle et politique avec Purgatoire Eroïca ou avec l’emblématique Eros + Massacre, son œuvre cinématographique prend ensuite un tournant politico-historique. Il transpose par exemple Les Hauts de Hurlevent dans le Japon médiéval avec Onimaru. Il est aussi un théoricien majeur, auteur entre autres d’un essai sur Yasujirô Ozu (traduit chez Actes Sud en 2004). En 2002, Yoshida reprend la caméra avec Femmes en miroir, film dans lequel il parle d’Hiroshima.
dvd : 30 euro
livre : 21 euro | 276 pages

A commander par mail à theendstore[AT]gmail[POINT]com ou à contact[AT]theendstore[POINT]com

D'autres films de Kiju Yoshida sont à découvrir sur theendstore.com dans notre rubrique Nouvelle Vague Japonaise.

source : Capricci & Carlotta

Michael Winner (1935-2013)

Cinéaste anglais, Michael Winner était une sorte d'alter ego européen d'un Sam Peckinpah, en plus pervers et sadique, une version Bis. Avec le même attrait pour la violence et le nihilisme, Winner a signé une poignée de film étonnants, étranges et bien plus palpitants que les critiques ont bien voulu dire à l'époque. Si son fait de gloire reste les trois premiers Death Wish avec Charles Bronson (à la qualité aléatoire pour des raisons bien différentes) les années 70 (son arrivée à Hollywood) furent particulièrement généreuse envers la filmographie de cet artisan sous-estimé. Michael Winner s'est éteint à l'âge de 77 ans.

 L'Homme de la Loi (1971)
Le Corrupteur (1971)

Les Collines de la Terreur (1972) 

Le Flingueur (1972)

Scorpio (1973)

Death Wish (1974)


Un client de feu la boutique physique nous a un jour raconté d'avoir lu dans les Cahiers du Cinéma cette phrase : "Michael Winner a touché à tous les genres, et les a tous pervertis".  Si quelqu'un pouvait nous confirmer, voire nous donner les références de l'article nous serions ravis. En outre cette phrase, nous la prenons comme un compliment tant Michael Winner durant sa période Hollywoodienne (mais pas que, voir l'extrait de son film Qu'arrivera-t-il après ? ci-dessous) a inséminé dans ses films un quelque chose de retors et de malsain faisant de lui le ver dans la pomme des studios à l'instar des cinéastes du Nouvel Hollywood.


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On vous recommande chaudement la lecture de cette ouvrage pour connaitre les nombreuses anecdotes des tournages et la vie de Michael Winner dont on retrouve les fameux propos de Charles Bronson sur Un justicier dans la ville.
"On our last day of The Stone Killer (Le Cercle Noir), Charlie said, 'What shall we do next ?' I'd been traipsing around for a few years with a script called Death Wish which nobody wanted. I said, 'The Best script I've got is Death Wish. It's about a man whose wife and daughter are mugged and he goes out and shoots muggers'. Charlie said, 'I'd like to do that'. I said, 'The Film?' Charlie said, 'No, Shoot muggers'." p198

Les Films coupés en deux

Pendant trois jours, quatre œuvres parmi les meilleurs films des treize dernières années ayant pour point communs d'être construit autour d'une fracture seront au centre de la nouvelle thématique de l’Éclat, (ciné club niçois exigeant pour cinéphiles aventureux). Voici les quatre films :

Qu’est ce qu’un grand film contemporain ? Pas seulement un très beau film, mais aussi une oeuvre qui cartographie un état cinéma. Pas seulement un film singulier, solitaire, mais une oeuvre qui dialogue avec celles de son époque, s’inscrit dans un paysage, dont elle modifie légèrement l’appréhension.
Tabou de Miguel Gomes est assurément un très beau film, un des plus beaux que l’actualité du cinéma nous ait donné à voir ces dernières années. Mais c’est surtout la forme la plus contemporaine que peut prendre aujourd’hui un grand film. Tabou entre à la table de jeu de David Lynch et Apichatpong Weerasethakul pour disputer le même poker formel, non sans précédemment en avoir puissamment rebattu les cartes.
Ce jeu, ouvert à tous les possibles, ne connait qu’un protocole fixe : couper en deux – comme on le fait d’un jeu de cartes avant des les distribuer aux joueurs. Mulholland drive, Tropical Malady, Tabou : trois films, depuis l’entrée dans le nouveau millénaire, nous ont semblé sismographier plus précisément que tous les autres les pulsations de l’époque.
Et chacun d’eux comporte cette troublante particularité : arrivé à leur mitan (un peu après pour le premier, un peu avant pour le dernier), ils s’interrompent brusquement, puis repartent, mais en ayant reconfiguré leurs paramètres.
Revoir ces trois films coupés en deux – auquel on peut adjoindre un quatrième, pas moins conceptuel malgré son alacrité de farce avec grosses voitures et surdouées du lapdance (Boulevard de la mort) – permet d’envisager toutes les puissances de cette forme où un récit se ré-enroule. Parfois pour opérer son propre commentaire, sa propre déconstruction. Parfois au contraire pour se réenchanter, se propulser à un régime supérieur de fiction (fable, conte, mythe).
Cette forme a bien sûr une histoire. Une histoire double même, si on considère son occurrence dans Tabou. L’histoire universelle du cinéma, avec Vertigo et Psycho d’Hitchcock comme figures matricielles des récits avec césure. Et puis l’histoire particulière du cinéma de Miguel Gomes, dont les deux films, La gueule que tu mérites et Ce cher mois d’aout, calaient déjà en leur milieu avant de repartir entièrement transformés.

Jean-Marc Lalanne

TABOU / Miguel Gomes / 2012  
Une vieille dame au fort tempérament, sa femme de ménage Cap-Verdienne et sa voisine dévouée à de bonnes causes partagent le même étage d’un immeuble à Lisbonne. Lorsque la première meurt, les deux autres prennent connaissance d’un épisode de son passé : une histoire d’amour et de crime dans une Afrique de film d’aventures.
> Jeudi 24 janvier 2013 à 18h30

TROPICAL MALADY / A. Weerasethakul / 2004
Keng, le jeune soldat, et Tong, le garçon de la campagne mènent une vie douce et agréable. Le temps s’écoule, rythmé par les sorties en ville, les matchs de foot et les soirées chaleureuses dans la famille de Tong. Un jour, alors que les vaches de la région sont égorgées par un animal sauvage, Tong disparaît. Une légende dit qu’un homme peut être transformé en créature sauvage… Keng va se rendre seul au cœur de la jungle tropicale où le mythe rejoint souvent la réalité. 
> Vendredi 25 janvier 2013 à 18h30

MULHOLLAND DRIVE / David Lynch / 2001
A Hollywood, durant la nuit, Rita, une jeune femme, devient amnésique suite à un accident de voiture sur la route de Mulholland Drive. Elle fait la rencontre de Betty Elms, une actrice en devenir qui vient juste de débarquer à Los Angeles. Aidée par celle-ci, Rita tente de retrouver la mémoire ainsi que son identité.
> Samedi 26 janvier à 18h30

BOULEVARD DE LA MORT / Quentin Tarantino / 2007
C’est à la tombée du jour que Jungle Julia, la DJ la plus sexy d’Austin, peut enfin se détendre avec ses meilleures copines, Shanna et Arlène. Ce Trio Infernal, qui vit la nuit, attire les regards dans tous les bars et dancings du Texas. Mais l’attention dont ces trois jeunes femmes sont l’objet n’est pas forcément innocente. C’est ainsi que Mike, cascadeur au visage balafré et inquiétant, est sur leurs traces, tapi dans sa voiture indestructible. Tandis que Julia et ses copines sirotent leurs bières, Mike fait vrombir le moteur de son bolide menaçant…
> Samedi 26 janvier à 21h30

That cold day in the park / Robert Altman (1969)

Un an avant sa Palme d'or pour M.A.S.H, Robert Altman (1923-2006) réalisait That cold day in the Park, un des premiers longs-métrage du réalisateur de Short Cut et de The Long Goodbye. Une rareté qui verra le jour en dvd dans la collection Les Introuvables Wild Side le 6 février prochain. En attendant, vous pouvez découvrir le film dans son intégralité sur internet.


Frances Austen, une jeune femme riche mais seule, invite un jeune inconnu dans son appartement. Elle lui propose de vivre à ses côtés. D’abord hésitant, il finit par accepter cette étrange aventure…

   
Après plus de 12 ans de réalisation pour le petit écran pendant lesquels il a travaillé avec Alfred Hitchcock, That cold day in the park est l’un des premiers longs métrages pour le cinéma du grand Robert Altman. A travers sa trentaine de films, Robert Altman a su créer son propre univers et nous a fait partager sa vision très personnelle des sujets qu’il abordait. Après un premier film The Delinquents, c’est surtout grâce à un documentaire sur James Dean qu’il se fait remarquer. Scénariste, réalisateur et producteur, il était l’une des figures les plus fortes du cinéma contemporain américain et international. En 1970, il a remporté le premier prix de sa carrière - la Palme d’Or au Festival de Cannes pour M.A.S.H, réalisé l’année suivant That Cold Day in the Park.

Nagisa Oshima (1932-2013)


Après Koji Wakamastu en octobre 2012, c'est au tour de Nagisa Oshima de rejoindre les étoiles disparues du cinéma Nippon. Auteur d'une quarantaine de long-métrages, Oshima créa l'événement et le scandale avec L'Empire des Sens (1976) avec des séquences de nudité très crues et des actes sexuels non (dis)simulés. Mais résumé la prolifique carrière de Nagasi Oshima a ce film serait oublier toutes les somptueuses œuvres faites sous le studio de la Shochiku comme Une Vie d'amour et d'espoir, son premier film.


Surtout Nagisa Oshima est le précurseur de la Nouvelle Vague Japonaise (Yoshida, Imamura, Wakamatsu, Shinoda...) et deviendra avec Les Plaisirs de la Chair, l'un des premiers cinéastes à créer sa société de production afin de jouir d'une plus grande liberté.

L'enterrement du soleil (1960) 
Contes cruels de la jeunesse (1960)
Été japonais : Double suicide (1967)

Une ville d'amour et d'espoir (1959)

Les Plaisirs de la Chair (1965)

Nuit et Brouillard au Japon (1960)

 Le Retour des trois soulards (1968)

Disponible sur theendstore.com
> Trilogie de la jeunesse (Une ville d'amour et d'espoir, Contes Cruels de la jeunesse, L'enterrement du soleil).
> A propos des chansons paillardes
> Été Japonais : Double Suicide
> L'obsédé en plein jour
> Le retour des trois soulards
> Les Plaisirs de la chair

Éclaboussements au BAL

En juillet dernier, nous avons eu le plaisir d'évoquer pour la première fois le BAL (lieu d'exposition et de réflexion autour de l'image) avec ses propositions cinématographiques assurées par Philippe Azoury.


Dans le cadre de l'exposition d'Antoine Agata, Anticorps, Philippe Azoury a sélectionné une série de films expérimentaux et documentaires.

Présentation :
Le cinéma coule autrement qu’une photographie. Il est né sous une autre durée. Le temps du film est à la fois toujours trop étiré si on le compare à l’éblouissement cruel de l’instant, et plus serré, plus accéléré qu’une nuit blanche. C’est son avancée, et aussi son embarras. Le cinéma sait bien qu’il est tout autant capable de flash que de désillusions. Aussi l’idée d’associer, comme on dit, la chèvre et le chou : nous avons monté ces quatre programmations avec l’envie de mêler les coups de force esthétiques (la beauté rare de certains Dwoskin, Wojnarowicz, Iimura…) à des films partis en quête d’une parole (de Rithy Panh à Guy Debord). N’y voir aucune tentative morale d’expliquer, de racheter ou de laver les images de d’Agata. Mais bel et bien d’observer sur une durée de deux heures comment, en échos aux images de d’Agata, et dans le prolongement des sensations et des idées que ses images charrient, des films auront la douleur et le plaisir comme seul choix possible, et comment, en cela, ils vont dévisager le monde, faire l’expérience de l’obscurité et de la résistance. Pour public averti, lisait-on autrefois à l’enseigne des salles obscures. Parions qu’au sortir de ces quatre soirées, avertis comme jamais, vous en vaudrez deux, trois, ou mille.

Philippe Azoury

EXPERIENCES/ Mardi 15 janvier 2013 à 20h
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Dirty, Stephen Dwoskin, 1971, 12’ (SONORE)
Ai (Love), Taka Iimura, 1962, 10’ (SONORE)



Aka Ana, Antoine d’Agata, 2008, 22’ (VOSTF)
A Fire in my belly, David Wojnarowicz, 1986-87, 21’ (SILENCIEUX)
El Carrer, Joan Colom, 1960, 30’ (SILENCIEUX)

Cette séance d’expériences rassemble une poignée de films entretenant une correspondance avec quelques-uns des champs que traverse le travail de d’Agata : la nuit, la folie, l’Autre, le dépassement de soi. Chacune à leur façon, ces œuvres expérimentales entourent Aka Ana, un film « work in progress » qu’Antoine d’Agata tourne depuis 2006, en en modifiant sans cesse la structure, le montage. Expériences s’ouvre avec deux fulgurances signées Stephen Dwoskin et Taka Iimura, deux films d’une grande beauté plastique, habités par une pulsion scopique délirante, où la caméra voudrait aller par-delà la surface de l’image, dans le grain, au plus profond de la peau et de la sensation. Cette même pulsion habite Aka Ana, ici présenté dans le montage réalisé pour l’exposition L’Image d’après, à la Cinémathèque, en 2007. D’Agata y passait le relais à six femmes rencontrées dans Tokyo, chacune racontant son histoire et s’emparant du film en en bouleversant le point de vue. La séance s’achèvera sur A Fire in my belly, poème filmé et exubérant de l’artiste new-yorkais David Wojnarowicz (mort en 1992) où Wojnarowicz s’enfonce, à l’occasion d’un voyage au Mexique, dans un rêve de désir et de mort. Enfin, la nuit tombera sur El Raval, le quartier des brigands, des matelots et des prostituées de Barcelone, avec El Carrer, filmé en super8 au début des années soixante par celui qui l’aura photographié toute sa vie, le catalan Juan Colom.


Le film Dirty est disponible dans le coffret Stephen Dwoskin en vente sur theendstore.com

AGONIE / Mardi 12 février 2013 à 20h
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Main Line, Michel Bulteau, 1971, 12’ (SONORE)
Pain is..., Stephen Dowskin, 1997, 80’ (VOSTF)

En 1971, Michel Bulteau et son ami poète « électrique » Patrick Geoffrois braquent une pharmacie puis, avec une seringue hypodermique, s’injectent à peu près tout ce qu’ils y ont trouvé, dans le but d’en filmer les effets de l’intérieur, se passant la caméra à tour de rôle avant de laisser leurs tremblements diriger la mise en scène. Main Line est un film-expérience (comme on dit en laboratoire), qui a le goût amer d’un baiser avec la mort… Dans Pain is…, Stephen Dwoskin envisage la douleur comme une vertu curative. La douleur, toutes les faces de la douleur… Ce sera l’objet d’une enquête à la première personne, où le rituel masochiste auquel se soumet depuis longtemps le cinéaste sera l’axe central par lequel passeront toutes les idées philosophiques que la douleur charrie en elle. Mis en contact, ces deux films adressent un sourire aguicheur à l’idée même d’agonie.

ABATTAGE / Mardi 19 mars 2013 à 20h
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Le sang des bêtes, Georges Franju, 1949, 21’ (VF)
Le papier ne peut pas envelopper la braise, Rithy Panh, 2007, 86’ (VOSTF)

Pour Georges Franju, qui venait de réaliser Le sang des bêtes dans les abattoirs de Vaugirard et de la Villette, les échaudoirs représentaient la métaphore la plus concise d’un monde qui, en 1949, sortait de la découverte horrifiée des camps de concentration. Soixante ans plus tard, Rithy Panh recueille les paroles des prostituées de Phnom Penh avec la même attention avec laquelle il avait interrogé les survivants des camps de la mort des Khmers rouges. Le Papier ne peut pas envelopper la braise a été tourné cinq années après l’inoubliable S-21, la machine de mort Khmère rouge. Il en est, de façon symbolique, la suite terrible.

SITUATION / Mardi 16 avril 2013 à 20h
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Marseille vieux port, László Moholy-Nagy, 1929, 3’,VF, (SILENCIEUX)
Mise au point, Ode Bitton, 1972,13’ VF, 16MM (SILENCIEUX)
In girum imus nocte et consumimur igni, Guy Debord, 1978, 95’ ,VF.

In Girum Imus Nocte et Consumimur Igni : nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu. Le plus long palindrome latin donne son titre au plus lyrique des films de Guy Debord, un splendide poème introspectif où, plus qu’ailleurs, le penseur situationniste dit l’essence de la dérive tout en dénonçant notre condition générale d’esclave. En première partie de programme, trois minutes d’errance du photographe Lázló Moholy-Nagy dans les ruelles du vieux port de Marseille, à la fin des années vingt. Dans ces mêmes années, dans le même port de Marseille, Walter Benjamin consignait sur papier les idées nées lors de protocoles de prise de haschisch. Au tout début des années soixante-dix (il se donnera la mort en 1972), c’est le peintre et poète lettriste Gabriel Pomerand, un des premiers compagnons de route de Debord avec Isidore Isou, qui laissera la cinéaste Ode Bitton consigner sur pellicule le rituel de prise d’opium auquel il s’adonne. Mise au point, film rarissime, rappelle certains Garrel du début des années soixante-dix.

Encore une fois éclectisme et (re)découverte sont au centre des choix de Philippe Azoury, journaliste à Libération et auteur du récent livre d'entretien avec Adolpho Arrietta que nous évoquions ici

Plus d'informations sur le site Le Bal

Cinémathèque de Nice : David Lynch

Vous le savez, notre premier message de chaque mois est réservé (ou presque) au programme de la Cinémathèque de Nice. Notre précédente intervention était  (très) amère à l'égard de l'institution témoignant à la fin 2012 d'un manque criant d'originalité avec des programmations consacré à Marylin Monroe et à Chaplin. Cette année 2013 marque telle un renouveau ? Si en apparence l'annonce de la rétrospective à David Lynch nous enchante, on peut regretter en finalité d'être en terrain connu. Mais arpenter l’œuvre du cinéaste américain sur grand écran reste un privilège qu'il serait stupide de bouder. Surtout que Monsieur Lynch est d'accord avec nous : "on devrait essayer de voir le film du début à la fin, dans un endroit tranquille, sur un écran aussi grand que possible, avec un équipement sono qui soit le meilleur possible. Alors on peut se plonger dans ce monde, faire une véritable expérience".

ERASERHEAD / 1977

Eraserhead 1977

"Eraserhead est mon film le plus spirituel. Personne ne comprend quand je dis cela, mais c'est le cas. Eraserhead a évolué d'une certain manière, et j'ignorais ce que cela signifiait. Je cherchais une clé qui dévoilerait le sens des séquences. Évidemment, j'en comprenais une partie ; mais j'ignorais ce qui faisait tenir l'ensemble. C'était une situation délicate. Alors j'ai pris ma Bible et je me suis mis à lire. Et un beau jour, j'ai lu une phrase. Ensuite, j'ai refermé la Bible, parce que ça y était ; ça y était. Et là j'ai visualisé la chose comme un tout. Cette vision s'est accomplie à 100%. Je ne pense pas que je dirai un jour de quelle phrase il s'agissait."
> mardi 8 janvier 2013 à 16h00
> vendredi 11 janvier à 20h00

Eraserhead est en vente sur theendstore.com

ELEPHANT MAN / 1980


"Un beau jour, à l'époque où je travaillais sur Elephant Man, j'écoutais la radio, et  j'ai entendu l'Adagio pour cordes de Samuel Barber. Je suis littéralement tombé amoureux de ce morceau en me disant qu'il collerait parfaitement à la dernière scène du film.[...] La musique doit se marier à l'image et lui apporter quelque chose de plus. Même s'il s'agit de vos chansons préférées de tous les temps, il ne suffit pas de plaquer de la musique au petit bonheur en se disant que ça fonctionnera à tous les coups. Il se peut très bien que le morceau de musique n'ait rien à voir avec la scène. Lorsque la musique et les images se marient, cela se sent vraiment. Soudain il se passe quelque chose [...]
> mercredi 16 janvier à 14h00
> samedi 19 janvier à 16h00

SAILOR ET LULA / WILD AT HEART / 1990

Wild at heart David Lynch



> mardi 8 janvier à 20h00
> vendredi 11 janvier à 14h00

DUNE / 1984
"A mes yeux, Dune a été un terrible échec. j'ai su que les choses allaient mal se passer quand j'ai accepté de renoncer au final cut."
> mercredi 9 janvier à 17h30
> samedi 12 janvier à 14h00

LOST HIGHWAY / 1997

Lost Highway David Lynch

Pendant que Barry Gifford et moi écrivions le scénario de Lost Highway, j'ai été pour ainsi dire obsédé par le procès O.J. Simpson. Barry et moi n'en avons jamais explicitment parlé, mais je pense que, d'une certaine manière, le film est lié à ça. Ce qui m'a frappé à propose de O.J. Simpson, c'est sa capacité à sourire et à rire. Il a pu ensuite retourner jouer au golf, manifestement très peu tracassé par toute cette histoire. Je me demandais comment quelqu'un qui aurait commis de tels actes pouvait continuer à vivre normalement. Et nous avons trouvé ce formidable terme de psychologie - " la fugue psychogène" - pour décrire le mouvement de l'esprit consistant à ruser de manière à échapper à l'horreur. Donc, d'une certaine manière, Lost Highway traite de ce sujet. Et aussi du fait que rie ne peut éternellement demeurer caché.
> mardi 15 janvier à 20h00
> jeudi 17 janvier à 15h30

BLUE VELVET / 1986

"J'ai rencontré Angelo Badalamenti sur Blue Velvet, et depuis il a composé la musique de tous mes films. Il est pour moi comme un frère."
"Pour Blue Velvet, j'ai travaillé avec une directrice de casting, Johanna Ray. Nous avions pensé à Dennis Hopper. Mais tout le monde disait : " non, non, vous ne pouvez pas travailler avec Dennis. Il est vraiment dans un sale état, il ne vous attirera que des ennuis". Et nous avons donc continuer à chercher. Jusqu'au jour où l'agent de Dennis a appelé en disant que Dennis ne prenait plus de drogues, qu'il ne buvait plus, qu'il avait déjà tourné un autre film, et que je pouvais en discuter avec le réalisateur pour en avoir confirmation. Sur ce, Dennis a appelé en disant : "Il faut absolument que je joue le rôle de Frank, parce que Frank, c'et moi.". Cela m'a électrisé et m'a en même temps fichu la trouille."

> mardi 22 janvier à 16h30
> samedi 26 janvier à 20h00

TWIN PEAKS FIRE WALK WITH ME / 1991


"Sur le tournage de Twin peaks, nous avions un assistant décorateur qui s'appelait Frank Silva. Il n'était absolument pas prévu que Frank soit dans Twin Peaks. Mais nous étions en train de tourner dans la maison de Laura Palmer, et Frank était en train de déplacer des meubles dans sa chambre. Moi jétais dans l'entrée, sous un ventilateur. Et une femme a lancé : "Frank ne mets pas la commode comme ça devant la porte. tu vas te retrouver enfermé dans la chambre". Et j'ai eu cette vision de Frank dans la chambre. Je suis immédiatement intervenu pour demander à Frank : es-tu acteur ? et il a répondu : Eh bien, oui il se trouve que je suis acteur"[...] Et j'ai dit : " Frank, tu vas être  dans cette scène". On a fait un panoramique de la pièce, deux fois sans Frank et une fois avec Frank figé au pied du lit. Mais j’ignorais à quoi cela allait servir et ce que cela signifiait. Ce soir-là, nous sommes descendus et nous avons tourné la scène où la mère de Laura Palmer est étendue sur le divan, en proie au chagrin et à la tristesse. Soudain elle visualise quelque chose et se redresse brutalement en hurlant. Sean le caméraman devait suivre son visage au moment où elle sursautait. Moi j'ai eu l'impression qu'il avait parfaitement réussi à saisir l'instant. Alors j'ai dit : "Coupez ! Parfait, c'est magnifique !" Mais Sean a protesté : " Non, non, non. Ca ne va pas du tout. Qu'est-ce qui se passe ? Il y avait le reflet de quelqu'un dans la glace. Le reflet de qui ? De Frank."
> mercredi 23 janvier à 20h00
> samedi 26 janvier à 16h00

UNE HISTOIRE VRAIE / THE STRAIGHT STORY / 1999

"Je n'ai pas écrit Une Histoire Vraie (The Straight Story). C'était une nouveauté pour moi, parce que c'est complètement linéaire. Mais il se trouve que j'ai adoré l'émotion qui se dégageait du scénario. On peut donc aussi tomber amoureux de quelque chose qui existe déjà, tout comme on peut tomber amoureux d'une idée."
> mardi 29 janvier à 20h00
> jeudi 31 janvier à 14h00

MULLHOLAND DRIVE / 2001


"Mulholand Drive devait être au départ être une série télé. Nous l'avons tourné dans l'idée que ce serait un pilote : la fin était ouverte, pour qu'on ait envie d'en voir davantage. J'ai entendu dire que le type d'ABC à qui appartenait la décision d'acepter ou pas le pilote l'a visionné à six heures du matin. Il regardait la télévision qui se trouvait à l'autre bout de la pièce tout en buvant son café et en passant des coups de fil. Il a détesté ce qu'il a vu ; ça l'a ennuyé. Alors il a éteint. Ensuite, j'ai tout de même eu la chance d'en faire un film. Sauf que j'étais à court d'idées."
> mercredi 30 janvier à 20h00
> vendredi 1 février à 14h00

Mulholland drive est en vente sur theendstore.com

INLAND EMPIRE / 2006
David Lynch INLAND EMPIRE

"Quand nous avons commencé, il n'y avait pas d'INLAND EMPIRE, il n'y avait rien. J'ai croisé Laura Dern par hasard dans la rue, et j'ai découvert qu'elle était ma nouvelle voisine. Je ne l'avais pas vue depuis longtemps, et elle a dit : "David, il faut que nous refassions quelque chose ensemble" [...]
"On était au tout début du processus, et au détour d'une conversation avec Laura Dern, j'ai appris que l'homme qui était désormais son mari Ben Harper, était originaire de la région qu'on appelle l'Inland Empire, en Californie du Sud. Je ne sais pas à quel moment je me suis fait la réflexion, mais j'ai dit : voilà le titre du film. A l'époque, je ne savais rien du film. Mais je voulais l'appeler INLAND EMPIRE."
"Mes parents ont un chalet dans le Montana. Mon frère qui, un beau jour, y faisait le ménage, a trouvé un carnet de croquis derrière une commode. Il me l'a envoyé, parce que c'était mon calepin quand j'avais cinq ans, à l'époque où nous habitions Spokane, dans l'Etat de Washington. Je l'ai ouvert, et la première image sur laquelle je suis tombé était une vue aérienne de Spokane avec la légende : INLAND EMPIRE."
> mardi 22 janvier à 20h00
> vendredi 25 janvier à 14h00
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Toutes les citations de David Lynch sont extraites du livre Mon histoire vraie aux éditions Sonatine, publié en 2008 et traduit par Nicolas Richard (Titre original : Catching The Big Fish, 2006). Merci à J.S.