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Rockyrama 2.0

Un an après s'être lancé dans l'aventure du "Mooks" (magazine+books), Rockyrama ne connaitra pas de tome 2, mais s'invite dès à présent dans les rayonnages des kiosques. Un pari plutôt osé dans un secteur que l'on annonce depuis des années comme sinistré. La ligne éditoriale de ce premier numéro, contenant 96 pages, n'a pas évolué, toujours un savant mélange de cinéma et pop culture, habillé d'une mise en page ultra esthétique (bien plus lisible que dans le mook mais qui donne la désagréable sensation d'avoir moins de contenu à lire).
Si l'ouvrage paru en mars 2012, pavé de plus de 300 pages, était particulièrement visible sur les tables des libraires, nous craignons que Rockyrama se perde dans les étales et surtout que le kiosquier ne sache pas ou ranger cette revue culturelle s'adressant autant à l'amateur de musique, qu'au cinéphile nostalgique des eighties.

Sommaire :

Running Man, le gladiateur du futur / Interview de Kavinsky / Mad Max, a post nuke story / Le bêtisier de l’apocalypse / Thundarr / La planète des singes / 10050 Cielo Drive, Los Angeles. L’adresse du diable / World war Z / Rick James / Dr Dre, l’autre histoire de Detox / Quentin Tarantino, le dernier des géants / James Bond, un deuil dans la famille / Alien / Commando / Interview Chateau marmont

 96 pages | 9,95 euro

Cimino en boîte

Suite au succès (inattendu ?) du coffret collector du film La Nuit du Chasseur (Night of the Hunter) paru l'année dernière chez Wild Side et aujourd'hui épuisé (l'édition blu-ray sort à la rentrée), l'autre grand éditeur indépendant Carlotta éditera en novembre prochain son édition/objet d'une œuvre tout aussi culte, La Porte du Paradis (Heaven's Gate) de Michael Cimino.

Ressorti au cinéma en début d'année dans des copies neuves et intégrales, Carlotta proposera donc le film en dvd et blu-ray mais surtout une box (une urne à la gloire d'un cinéaste "inactif" depuis 1996) à 80,00 euro renfermant moult suppléments.


En 1870, une nouvelle promotion de Harvard célèbre avec faste et panache la promesse d’un avenir radieux. Vingt ans plus tard dans le Wyoming, les chemins de deux de ses meneurs se croisent à nouveau. Désormais shérif du comté de Johnson, James Averill voit son autorité contestée par l’association des éleveurs de bétail, dont fait partie son ancien ami Billy, devenu un homme cynique et lâche. L’association stigmatise les immigrants européens venus en nombre s’installer sur ces terres vierges. Appuyés en secret par le gouvernement fédéral, les éleveurs ont établi une liste noire d’immigrants à abattre pour l’exemple. Esseulé, le shérif Averill se dresse contre ce massacre programmé, mettant en danger sa propre vie ainsi que celle de la femme qu’il aime, une prostituée étrangère nommée Ella…

Ce coffret inclura la bande originale, un livre détaillant le tournage, l'édition double dvd et double blu-ray (les 3h36 du film seront-ils sur un seul disque ?), des entretiens exclusifs, et des archives.

Mais cela pourra-t-il remplacer l'expérience salle ? Pour certains peut-être pour d'autres, Heaven's gate s'envisage uniquement sur grand écran. Et cela tombe bien pour les azuréens puisque le film de Cimino sera diffusé au Mercury (Nice) le vendredi 28 juin à 20h00 dans les soirées Cinéma Sans Frontières.

Présentation :

"Ce film est l’un des plus gros gouffres financiers de l’histoire du cinéma et entraîna la faillite de la société United Artists, rachetée par la Metro Goldwyn Mayer. Lors de sa présentation, les critiques furent tellement mauvaises que United Artists décida de faire plus de 300 coupes et de réduire le film de plus d’une heure pour le ramener à une durée d’environ 2h30 (au lieu de 3h39). L’accueil auprès du public n’en fut pas moins catastrophique et le film ne récolta qu’un million et demi de dollars de recettes pour un budget trente fois supérieur ! Ce n’est que 5 ans plus tard, en 1985, que Michael Cimino fit un nouveau film : L’Année du dragon.
Tout au long du tournage, Michael Cimino a fait preuve d’un perfectionnisme à toute épreuve. Il y avait déjà quatre jours de retard sur le planning après cinq jours de tournage car il n’était pas rare que le cinéaste fasse 50 prises d’une même scène. Au final, le tournage s’est étalé sur 165 jours. Le montage fut tout aussi épique puisque Cimino, possédant le "Final cut", posta un garde armé devant la salle de montage qui avait pour ordre de ne laisser entrer aucune personne en provenance d’United Artists.

Ce film marque la première apparition au cinéma d’Anna Thomson, ici sous son nom de jeune fille Anna Levin, mais aussi de Willem Dafoe sans qu’il en soit crédité au générique, et de Terry O’Quinn, le célèbre John Locke de la série Lost, les disparus.

La restauration numérique de La Porte du paradis a été réalisée par The Criterion Collection, sous licence de MGM, avec le soutien de Park Circus et de Colorworks. La Porte du paradis a d’abord été distribué dans une version de 219 minutes, sortie en 1980 sur un petit nombre de copies 70 mm, avant d’être réduit à 149 minutes et diffusé de façon plus large en 1981. Le négatif original ayant lui-même été raccourci au cours du procédé, il ne pouvait servir de base pour cette restauration de la version longue. Heureusement, avant d’être retouché, le négatif avait été préservé sur des matrices de séparation des couleurs JCM, c’est-à-dire des éléments de sauvegarde correspondant à chacune des trois couleurs de la pellicule : jaune, cyan et magenta. Ces matrices ont été scannées à une résolution de 2K chez Colorworks à Los Angeles, puis réassemblées numériquement afin de reproduire les couleurs du négatif original. À partir de ces éléments scannés, Michael Cimino a pu créer la présente version de 216 minutes. Le carton et la musique d’entracte ont été retirés et quelques scènes ont été rafraîchies au montage. The Criterion Collection a effectué des travaux supplémentaires pour corriger les couleurs et supprimer complètement les poussières et rayures, et a restauré la bande sonore à partir du mixage 6 pistes magnétiques. L’intégralité de l’étalonnage ainsi que de la restauration de l’image et du son a été directement supervisée par Michael Cimino."

> La Porte du Paradis / Vendredi 28 juin 2013 à 20h00

source : Carlotta / Cinéma Sans Frontières


Forbidden Hollywood, acte II

La lecture d'Hollywood Babylone de Kenneth Anger a sensiblement décuplé l’intérêt de votre serviteur à l'égard des films des années 30. Les anecdotes, en dessous de la ceinture et autres problèmes de mœurs, étant le moteur principal de l'ouvrage, on ne peut qu'être intrigué par ces stars d'antan qui ont disparu depuis bien longtemps de toutes préoccupations cinéphiliques (ou presque) et qui s'adonnaient (selon Anger) à la débauche. Partir à la recherche des films avec ces acteurs et réalisateurs, c'est tenter de percer dans leurs regards la fêlure qui viendra confirmer les écrits (fantasmés ?) de Kenneth Anger.

Une quête de courte durée puisque la Warner France a la riche idée de sortir à l'unité des œuvres jadis disponibles en import dans des coffrets intitulés Forbidden Hollywood.

Depuis mars dernier,  les films Pré-code Hays sont donc accessibles en France toujours sous la bannière de la marque Forbidden Hollywood. Après une première salve d'une quinzaine de titre comprenant BABY FACE de Alfred E. Green (1933) ; FIVE STAR FINAL de Mervyn Leroy (1931) ; RISCO JENNY (1932) et ROSE DE MINUIT (Midnight Mary, 1933) de William A. Wellman, une vingtaine de titres vont débarquer en juillet pour illuminer notre été de belles curiosités. Certaines sont inédites et d'autres ont pu être découvertes tard dans les nuits du dimanche à lundi dans l'indispensable Cinéma de Minuit de Patrick Brion, comme ce Female de Michael Curtiz.

Présentation de l'éditeur :

FEMALE / Michael Curtiz, William A. Wellman et William Dieterle / avec Ruth Chatterton, George Brent et Lois Wilson / (1933)

Alison Drake (Ruth Chatterton) dirige d’une main de fer l’entreprise automobile héritée de sa famille. Aussi intransigeante dans son bureau que dans sa chambre, elle a l’habitude d’y inviter certains de ses employés et de s’en débarrasser ensuite, jusqu’à ce qu’elle rencontre un homme capable de lui tenir tête, le séduisant Jim Thorne (George Brent).

THE MIND READER / Roy Del Ruth /avec Warren William, Constance Cummings et Allen Jenkins / (1933)



Chandler (Warren William) est un escroc qui réalise qu’il pourrait gagner beaucoup d’argent en se faisant passer pour un voyant. Aidé par Frank (Allen Jenkins), Chandler devient Chandra et se met à prédire l’avenir. Parmi les innocentes victimes de son escroquerie se trouve Sylvia (Constance Cummings), dont Chandler tombe amoureux. Mais leur relation est mise à l’épreuve lorsque la vérité est révélée au grand jour.

HARD TO HANDLE / Mervyn Leroy / avec James Cagney, Mary Brian et Allen Jenkins / (1933)

Lefty Merrill (James Cagney) ne rate pas une occasion de gagner de l’argent facile. Mais lorsqu’il coorganise un marathon de danse, son partenaire disparaît avec la récompense avant la fin du concours. Tandis que Lefty se découvre une vocation pour la publicité, la gagnante du concours (Mary Brian) et sa mère (Ruth Donnelly) lui mènent la vie dure.
 


RED-HEADED WOMAN / Jack Conway / avec Jean Harlow et Chester Morris / (1932)

Lilian « Lil » Andrews (Jean Harlow) est une jeune femme ambitieuse et prête à tout pour gravir l’échelle sociale. Elle séduit son riche patron William « Bill » Legendre Jr. (Chester Morris) et le pousse à mettre un terme à son mariage avec Irene (Leila Hyams). Lil espère ainsi intégrer la haute société mais aura beaucoup de difficultés à y être acceptée. 

 JEWEL ROBBERY / William Dieterle / avec William Powell, Kay Francis et Helen Vinson (1932)

Teri Von Horhenfels (Kay Francis) est une séduisante baronne lassée de son ennuyeux mariage. À Vienne, elle est témoin d’un cambriolage dans une bijouterie et tombe immédiatement sous le charme du chef de la bande (William Powell). Mais ce coup de foudre excède son mari (Henry Kolker), qui tente par tous les moyens de mettre le voleur sous les verrous. 

L'ANGE BLANC  (Night Nurse) / William A. Wellman / avec Barbara Stanwyck, Joan Blondell et Clark Gable (1931)
 
Lora Hart (Barbara Stanwyck) et Miss Maloney (Joan Blondell) sont des apprenties infirmières dont la première responsabilité est de prendre soin de deux fillettes gravement malades. Malgré leurs origines bourgeoises, celles-ci semblent souffrir de malnutrition. Lora et Miss Maloney découvrent alors que le médecin et le chauffeur de la famille (Clark Gable) affament volontairement ces enfants dans l’espoir de récupérer leur héritage. 

THEY CALL IT SIN / Thornton Freeland / avec Loretta Young, George Brent et Una Merkel (1932)

Marion (Loretta Young), une joueuse d’orgue dans un petit village du Kansas, voit sa routine bouleversée lorsqu’elle tombe amoureuse de Jimmy (David Manners) et le suit jusqu’à New York. Souhaitant devenir compositrice, elle est engagée par Humphries (Louis Calhern), un producteur de théâtre qui ne tarde pas à lui faire des avances. Mais qui de Jimmy, Humphries ou du Dr Travers (George Brent) aura les faveurs de la belle Marion ?

42EME RUE / Lloyd Bacon / avec Warner Baxter, Bebe Daniels, George Brent et Ruby Keeler (1933)

Julian Marsh (Warner Baxter), célèbre producteur de Broadway, lance un nouveau spectacle malgré sa santé fragile. La production est financée par un vieil homme fortuné, amoureux de Dorothy Brock (Bebe Daniels), la vedette de la comédie musicale. Mais la veille de la première, Dorothy se tord la cheville et une jeune choriste du nom de Peggy Sawyer (Ruby Keeler) doit prendre sa place.


LAWYER MAN / William Dieterle / avec William Powell, Joan Blondell et David Landau (1932)
L’avocat Anton Adam (William Powell) est plus intéressé par sa carrière que par la justice, mais ses erreurs finissent par le rattraper lorsqu’il est victime d’un dangereux chantage. Pour se sortir d’affaire, il pourra compter sur sa fidèle et affectueuse secrétaire Olga (Joan Blondell).

FASCINATION (POSSESSED) / avec Joan Crawford, Clark Gable et Wallace Ford (1931)
 
Marian Martin (Joan Crawford) est une ouvrière bien décidée à se sortir de la pauvreté en misant sur ses charmes. À New-York, elle rencontre Mark Whitney (Clark Gable), un riche et bel avocat qui l’installe à ses frais dans un luxueux appartement. Marian a tout ce dont elle a toujours rêvé, mais elle désire l’unique chose que Whitney ne semble pas prêt à lui proposer : un mariage.

BOMBSHELL/ Victor Fleming / Jean Harlow, Lee Tracy et Frank Morgan (1933)
Lola Burns (Jean Harlow) est une vedette de cinéma qui souhaite changer de vie. Excédée par sa famille qui en a après son argent, et par son agent Space Hanlon (Lee Tracy) qui alimente la presse avec de faux scandales, Lola aspire à une vie normale. Pour montrer au public qu’elle est une femme respectable, Lola décide d’épouser un aristocrate et d’adopter un enfant. Mais Hanlon déjoue tous ses plans.

LA DIVORCÉE (The Divorcee) / Robert Z. Leonard / Norma Shearer, Robert Montgomery et Chester Morris (1930) Après plusieurs années de bonheur conjugal, Jerry (Norma Shearer) découvre que son mari Ted (Chester Morris) a eu une relation avec une autre femme. Elle l’oblige alors à lui avouer son infidélité et décide de se venger en le trompant avec Don (Robert Montgomery), le meilleur ami de Ted.

UNE ALLUMETTE POUR TROIS (Three on a match) / Mervyn Leroy / avec Bette Davis, Joan Blondell et Ann Dvorak (1932)
 

Mary Keaton (Joan Blondell), Ruth Wescott (Bette Davis) et Vivian Revere (Ann Dvorak), trois amies d’enfance que les aléas de la vie ont séparées se retrouvent dix ans plus tard. Mary est désormais choriste, Ruth travaille comme secrétaire, et Vivian, jadis considérée comme la plus brillante de la bande, gâche sa vie en tombant dans la débauche et la drogue.

Les autres titres sont : 
ÂMES LIBRES (A Free Soul) / Clarence Brown / Norma Shearer, Clark Gable et Lionel Barrymore (1931)
 LADIES THEY TALK ABOUT / Howard Bretherton et William Keighley /avec Barbara Stanwyck, Preston Foster et Lyle Talbot (1933)
THE DOORWAY TO HELL / Archie Mayo / James Cagney, Lew Ayres et Charles Judels (1930)
LA BELLE DE SAÏGON (Red Dust) / Victor Fleming / Clark Gable, Jean Harlow et Mary Astor (1932)
MISS PINKERTON / Lloyd Bacon / Joan Blondell, George Brent et Ruth Hall (1932)
VOYAGE SANS RETOUR (One way passage) / Tay Garnett / William Powell, Kay Francis et Frank McHugh (1932)  

Tous les dvd seront accompagnés d'un livret signé Hélène Frappat, auteur et critique. A noter que Hélène Frappat animera une conférence à la cinémathèque de Paris (24/06/13 à 19h00) autour de l'actrice Bette Davis, héroïne du film Une allumette pour trois, diffusé dans la foulée.

Bach Films remet ça !

Après s'être aventuré dans les films cultes du cinéma mexicain, Bach Films continue sept ans après à explorer les contrées du cinéma bis local avec quatre nouvelles raretés. Par la la même occasion, l'éditeur inaugure une nouvelle collection cinéma mexicain dont trois titres appartiennent au genre Super-héros (Santo contre l'esprit du mal, L'incroyable professeur Zovek et Blue Demon contre le pouvoir satanique) et un au genre horreur (La Llorna).

Commençons par le personnage le plus célèbre avec Santo (1917-1984) de son vrai prénom Rodolfo Guzman Huerta dans le film Santo contre l'esprit du mal de Joselito Rodríguez (1907 - 1985), premier film d'une longue série (plus d'une quinzaine). La star de la lucha libre tournera la même année le film Santo contra hombras infernales toujours sous la direction de Joselito Rodriguez.

Un savant fou parvient à s'accaparer le contenu du cerveau de quelques scientifiques, informations qu'il revend ensuite à une puissance étrangère…

Autre grande figure du catch mexicain, Blue Demon, de son vrai nom Alejandro Munoz Moreno (1922 - 2000), était un concurrent rugueux de Santo avant de devenir son allié sur les ring comme au cinéma. Aussi populaire qu'El Santo, Blue Demon a eu droit à sa série de films (une dizaine) et à son propre roman photo. Blue Demon contre le pouvoir Satanique est la troisième apparition du catcheur dans l'univers cinématographique et le premier film de sa série.

Gustavo, un tueur aux pouvoirs parapsychiques est exécuté en 1914 au Mexique. Personne ne sait qu'il n'est pas réellement mort, mais dans un état cataleptique…

Dernier super-héros mexicain a être proposé dans cette salve, le professeur Zovek (1940-1972). Zovek rencontra Blue Demon dans le deuxième et dernier long-métrage consacré à ce personnage. Bach Films propose ici sa première apparition sur grand écran avec L'incroyable Professeur Zovek signé René Cardona (1906-1988) le réalisateur le plus actif de cette période faste de la Mexploitation, auteur d'innombrables pépites psychotroniques comme Santo et la vengeance de la momie, Santo et le trésor de Dracula.

Trois scientifiques meurent dans un crash d'avion. Grâce à ses pouvoirs psychiques, Zovek découvre que le Professeur Druso est le seul survivant et qu'il veut utiliser les recherches des autres scientifiques afin de transformer les gens en monstres…

René Cardona est également le réalisateur de La Llorona autre figure mythique mais cette fois-ci du cinéma horrifique et personnage issu du folklore sud américain.


L'adaptation de la légende selon laquelle une native sud-américaine trahit son peuple en devenant la maîtresse d'un conquistador espagnol et une mauvaise mère, en tuant les enfants qu'elle a eu avec son amant conquistador.

Tous les films sont accompagnés d'un livret de 24 pages sur l'âge d'or du cinéma fantastique mexicain et d'entretien avec Stéphane Bourgoin.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur la lucha libre on vous recommande le livre de Jimmy Pantera, Los Tigres del ring, dont voici un extrait dédié au cinéma :
"Les films de lutteur masqués demeurent un genre unique, un paradis exotique pour cinéphile déviant, un lieu de débauche esthétique où copulent sans complexes toutes sortes de manifestations des cultures populaires. Ce sont des œuvres batardes, des Objet Visuel Non Identifiés, influencés à la fois par la bande dessinée, l'expressionnisme allemand, le serial, les films noires américains des années 40, les classiques de de la Science-fiction, le péplum italien, les films d'horreur gothiques d'Universal et ceux de la Hammer. Sans oublier cette ambiance baroque mystico-catholique propre à l'Amérique latine."
Jimmy Pantera, p121

Tous les films sont en vente sur theendstore.com

source : Bach Films / Jimmy Pantera

Totò qui vécut deux fois

En 2000, L'Étrange Festival de Paris, manifestation toujours à la pointe des dernières pellicules bizarroïdes, rendait 13 ans avant tout le monde (ou presque) un hommage à l’œuvre iconoclaste des cinéastes italiens Daniele Cipri et Franco Maresco.

Débutant à la télévision grâce à programme devenu culte, Cinico TV (édité en dvd par la cinémathèque de Bologne), le duo transalpin a signé trois long métrages (L'oncle de Brooklyn, 1995 ; Totò qui vécut deux fois en 1998 et Le Retour de Cagliostro en 2003) avant de poursuivre chacun de leurs côtés leurs aventures cinématographiques.

En attendant la sortie en salle de L'oncle de Brooklyn (rediffusé à L’Étrange Festival 2011) le 3 juillet prochain, ED distribution édite en dvd et pour la première fois en France Totò qui vécut deux fois.

Un obsédé sexuel qui est prêt à subir toutes sortes d'humiliations pour satisfaire ses envies et s'introduire dans la maison de la prostituée itinérante qui séjourne quelques jours dans le village, un vieil homosexuel qui aimerait assister à la veillée funèbre de son amant mais craint les foudres de sa belle-famille, un messie local errant dans la campagne, quelque peu enclin à prêcher et à faire des miracles. Tels sont les trois héros de ce film farfelu et grotesque. 

Aucun supplément à l'horizon mais découvrir ce film à l'humour noir réjouissant et à la beauté plastique saisissante (magnifique noir et blanc) suffit amplement à satisfaire notre quête d’œuvre singulière et Totò prouve que le cinéma italien des années 90 cachait un trésor insoupçonné.

En vente sur theendstore.com

source : ED distribution

Jean-Claude Biette, livre & rétrospective

A l'instar de Jean Eustache (dont nous attendons toujours le coffret intégral annoncé un temps par Tamasa), Jean-Claude Biette est l'autre grand oublié du cinéma français. Aucun film n'est à ce jour disponible en dvd. Une anomalie que nous espérons voir disparaitre dans les prochains mois suite à la publication de l'ouvrage Jean-Claude Biette, Le sens du paradoxe par Pierre Léon et surtout grâce à la rétrospective à la cinémathèque de Paris (12 au 24 juin 2013) en copie restaurée.

Présentation de l'éditeur :
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Cinéaste, critique (aux Cahiers du cinéma puis à Trafic), Jean-Claude Biette a réalisé sept longs métrages, du Théâtre des matières (1977) à Saltimbank (2003). Dans ce livre à la fois érudit et enjoué, Pierre Léon suit, d’un film à l’autre, et pas forcément dans un ordre chronologique, une oeuvre sinueuse, toute de réalisme ironique, qui prit fin prématurément avec la mort du cinéaste en 2003, trois mois avant la sortie de Saltimbank. L’oeuvre d’un cinéaste piéton et fugueur, d’un poète démocrate attaché à décrire un monde mystérieux, traversé de multiples secrets, grands ou petits, gardés par une armée de comploteurs, d’arpenteurs de labyrinthes où tout devient possible : les rêves comme les désastres.
« Faudrait-il défendre Jean-Claude Biette, cinéaste, qui, par principe, se défend très bien tout seul ? Le problème, c’est que si on énonce, par exemple, que Jean-Claude Biette est 1) un grand cinéaste, ou bien 2) le plus original des cinéastes de sa génération, ou bien 3) le plus grand cinéaste moderne avec Fassbinder, ou bien, etc., les gens exigeront des preuves, et que de preuves, il n’y en a guère. Après tout, faire des films n’est pas un crime, même si on les prémédite. Ou alors, cette preuve, c’est leur “évidence”, pour emprunter le mot à la langue anglaise. »
 Pierre Leon

204 pages | 18 euro

Filmographie :
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Ce que cherche Jacques (1970)
La Sœur du cadre (1972)
Le Théâtre des matières (1977)
Loin de Manhattan (1980)
Archipel des amours : pornoscopie (1982)
Le Champignon des Carpathes (1988)
Chasse gardée (1989)
Le Complexe de Toulon (1994)
Trois ponts sur la rivière (1998)
Saltimbank (2002)
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Lire le texte de présentation du cycle consacré à Jean-Claude Biette par Mathieu Macheret :
"Si ses films semblent n'aller nulle part, c'est qu'ils sont surtout striés de motifs et de somptueuses modulations dont les sinuosités brodent un délicat « art de la fugue », à tous les sens du terme. Cette promenade, sans autre terme que le mot « fin », est relevée par le tintement cristallin d'une langue portée par des acteurs aussi disparates que les instruments d'un orchestre, et jetée dans l'air comme des notes sur une partition. Dans cette œuvre, aucune psychologie, aucun message ne vient orienter la lecture du spectateur. Mais sous l'image, tout un monde grouille qui serait comme l'envers des films et contiendrait les histoires, les mystères laissés en suspens, et qui n'existent peut-être nulle part ailleurs que dans nos esprits de témoins"

source :Capricci  / Cinémathèque de Paris

The Godfather of Bollywood

Face à la production cinématographique indienne (rappelons qu'il s'agit de la seconde industrie après Hollywood) peu de films arrivent jusqu'en France en dvd (officiellement) et encore moins dans nos salles de cinéma. Si l'éditeur Carlotta/Bodega a contribué à sortir des films "clés" (Mother India) ou au potentiel commercial basé sur les clichés habituels (musique, danse,...) peu de films d'auteur actuel semblent émergés.

A l'exception d’œuvre du patrimoine comme ceux de Satyajit Ray ou plus récemment le coffret Guru Dutt, les films modernes paraissent souffrir d'un manque de cinéaste exigeant avec une signature reconnaissable pour dynamiser le marché à l'export.

Cela pourrait bien changer avec la sortie du coffret intégral Gangs of Wasseypur de Anurag Kashyap, nouvelle tête de gondole du cinéma indien qui a eu le privilège de présenter ce film lors du Festival de Cannes 2012 (et qui est revenu en 2013 pour présenter Ugly, film tout aussi loin des codes habituels de Bollywood).
En outre Gangs of Wasseypur a connu les honneurs d'une sortie salles en juillet et en décembre 2012.


Présentation de l'éditeur :
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Reconnus pour leur style visuel et leur structure narrative, les films de Anurag Kashyap l’ont établi comme une figure emblématique de la nouvelle vague du cinéma indien à travers le monde. 
Cultivant un style non-conformiste, il se distingue d‘abord dès 1998 comme scénariste de SATYA, un néopolar de Ram Gopal Varma, qui lui vaut le prix du meilleur scénario aux Star Screen Awards. Son premier long-métrage, PAANCH, tourné cinq ans après, est encore censuré en Inde. Ce qui n‘a pas empêché ce film noir et violent de devenir culte via des projections privées et des liens de téléchargement. Il est depuis le réalisateur prolifique de films acclamés parmi lesquels, DEV.D, une version contemporaine du classique Bengali Devdas, GULAAL, présenté à la Mostra 2009 de Venise. En tant que scénariste, WATER (2005), lui a valu une nomination aux Oscar Canadien. En 2011, le DNA (Daily News and Analysis) l’a cité parmi les 50 personnalités indiennes les plus influentes. festival de Cannes sera chargé pour Anurag Kashyap Le 66 e qui présentera ses nouveaux films en tant que réalisateur : BOMBAY TALKIES en séance spéciale et UGLY à la Quinzaine des Réalisateurs. En tant que producteur, il défendra MONSOON SHOOTOUT et DABBA. 
Son prochain film, BOMBAY VELVET, devrait retracer une histoire d‘amour dans les années 1960, un film noir évoluant dans le milieu du jazz.

Wasseypur, Inde. La ville voit s'affronter trois générations de gangsters, héritiers de deux clans. Celui de Shahid Khan, qui le premier se lança dans le pillage de trains britanniques, contre celui de Ramadhir Singh, au pouvoir sans partage sur la région. Devenu paria, Shahid Khan est contraint de travailler dans la mine de son pire ennemi. Sardar Khan, fils de Shahid et coureur de jupon invétéré, a juré de rétablir l'honneur de son père en devenant l'homme le plus redouté de Wasseypur. 
 Les clans de Shahid Khan et Ramadir Singh continuent de s'affronter dans la région de Wasseypur. Et c'est maintenant au petit fils de Shahid, Faizal de reprendre la tête du clan Khan. Fumeur depuis son plus jeune âge et timide, personne, surtout sa mère, ne croient en son potentiel de chef de gang. Mais bientôt Faizal va marquer les esprits par son intelligence et son incroyable soif de vengeance qui ne semble pas trouver de fin. Aidé de ses frères et inspiré des héros de Bollywood, il va étendre le pouvoir du clan Khan comme jamais, combattre Ramadir sans relâche et enfin peut-être connaître le repos du vainqueur ?


En supplément, nous retrouvons un entretien avec le réalisateur. Saluons et soutenons cette initiative de l'éditeur Blaq out de nous permettre de (re)voir cette fresque dantesque.

En vente sur theendstore.com


source : Blaq Out / Happiness Distribution

Mekas : Sleepless Nights Stories

Ce qu'il y a de formidable avec Jonas Mekas, au-delà de son extraordinaire longévité en tant que cinéaste, c'est son processus de création. En filmant quasi quotidiennement, Mekas emmagasine la matière de ses futurs films et nous offre potentiellement d’innombrables heures de cinéma.
Réalisé (monté ?) en 2011, Sleepless Nights Stories se voit se rencontrer à l'écran des figures bien connues comme  Marina Abramovic, Louise Bourgeois, Louis Garrel, Björk, Ken Jacobs, Harmony Korine, Lefty Korine, Rachel Korine-Simon, Adolfas Mekas, Oona Mekas, Sebastian Mekas, DoDo Jin Ming, Dalius Naujokaitis, Benn Northover, Hans Ulrich Obrist, Yoko Ono,...

"Ce film vient de mes lectures des Mille et Une Nuits. Mais à l'inverse de ces contes arabes, mes histoires font toutes partie de la vraie vie, même si elles s'aventurent parfois ailleurs, au-delà de la routine quotidienne. Il y a quelques vingt-cinq histoires différentes dans ce film. Leurs protagonistes sont tous mes amis. Les sujets de ces histoires couvrent un large champ émotionnel, géographique, des angoisses personnelles aux anecdotes. Ce ne sont pas de grandes histoires pour le Grand Écran : ce sont toutes de grandes histoires personnelles... Et oui, vous y trouverez aussi quelques provocations... Mais ça, c'est moi, l'un de mes nombreux moi. La simple question « Qu'est-ce qu'une histoire ? » est une provocation.

Jonas Mekas
Contient un livret de 24 pages du critique d'art Hans Ulrich Olbrist

24 euro | 114mn