Le dvd et le blu-ray seront édités sous le label HK Vidéo, synonyme (normalement) de packaging et de traitement de qualité. Pour ceux qui ont, comme l'auteur de ces lignes, manqué le film lors de son exploitation salle en avril dernier, rappel de l'histoire et des diverses critiques autour du film
Hong Kong, de nos jours. Carrie est obsédée par les châtiments du Bourreau de Jade. Exécuteur du premier Empereur de Chine, il torturait ses victimes à l'aide de redoutables griffes et d'un poison provoquant un plaisir extatique mortel. Avec la complicité de son amant, elle explore des perversions sadiques inouïes et rêve de redonner vie à la légende en mettant la main sur la potion maudite. Surgit alors Catherine, une Française recherchée par Interpol et détentrice à son insu du précieux élixir, caché dans une antiquité qu'elle entend bien écouler. Le destin les réunit par l’entremise de Sandrine, trafiquante d'art, tandis que l’objet brûlant suscite aussi la convoitise d’un mafieux taïwanais, Monsieur Ko.
Une idée derrière latex
Avec son titre qui rappelle les riches heures des cinémas des Grands Boulevards, les Nuits rouges du bourreau de jade forment un territoire familier - énième tentative de résurrection d’un cinéma de genre - mais, pour une fois, lesté d’agréables surprises. Le film est avant tout une généreuse collection de fantasmes, de pellicule ou simplement sexuels, dans laquelle les femmes sont fatales et référencées au panthéon des légendes de l’écran tandis que les hommes en sont réduits au statut de brutes qu’il s’agit de contourner, à coups de flingues s’il le faut.
Outre l’histoire alambiquée pour pas grand-chose, c’est surtout la jubilation de Carbon et Courtiaud à mettre en scène les cruelles performances de la belle Carrie Ng qui constitue le charme le plus contagieux du film. Et ce dès la scène inaugurale, où une pauvre fille passe un sale quart d’heure dans une machine infernale qui la transforme en statue de latex avant que Carrie ne s’occupe de son cas. A l’évidence, les deux cinéastes aiment éperdument cette folle sadique dont l’imagination et la dextérité à manier des griffes de métal feraient passer Jack l’éventreur pour un charcutier humaniste.
Elle campe une richissime excentrique de Hongkong qui aime le dry martini, l’opéra cantonais et trancher en rondelles des prostituées nubiles. Surtout, elle poursuit un rêve érotique ultime : se procurer un poison mythique qui décuple les sensations de celui ou celle qui l’absorbe. Le plaisir ou la douleur aboutissent à la mort, dans un orgasme de calibre feu d’artifice ou dans d’indicibles souffrances. De toute manière, ce n’est pas la fin qui importe mais bien le raffinement fétichiste pour y parvenir. C’est ici la parabole de tout l’univers des réalisateurs. La belle Carrie, génie du mal forcément solitaire, déambulant sur ses talons de quinze dans un Hongkong déserté (une des plus belles idées du film), traquée dans une maison coloniale à l’abandon pour un finale à la Johnnie To ou écrasant une larme en écoutant un air d’opéra sont des scènes qui suffisent largement à former un film.
Bruno Icher in Libération
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Le Venin de la peur
Le premier long-métrage de Julien Carbon et Laurent Courtiaud offre un rare exemple d'oeuvre à la fois très concertée et porteuse d'un secret tapi dans les méandres de son récit. Deux Frenchies jadis partis à Hong-Kong pour y écricre des scripts (Running Out of Time de Johnnie To, l'ineffable Balck Mask 2 de leur ami Tsui Hark), une coproduction échaudée par delà les fuseaux horaires avec un boite parisinnen un univers chinois où débarque une jeune femme traquée, entre blonde hitchcokienne et samouraï melvillien : tout cela accouche d'une narration en état d'équilibre instable, où on cherche sans cesse le véritable personnage principal parmi des figures délibérément bidimensionnelles. [...] Ces nuits rouges... reviennent en effet aux conceptions d'un fantastique à l'ancienne où les éléments horrifiques, loin de constituer la substance de l'oeuvre, sont néamoins de véritables climax. Mais dans ce film non gore recelant pourtant des scènes gorissimes, la souffrance extrême, avec ses arrières-plans raffinés, demeure un poil théorique, relavant avant tout d'une dimension ludique. [...] Grâce à leurs papilles affutées, Carbon et Courtiaud rentrent donc de plain-pied dans le théâtre obscur des désirs sadomasochistes.
Gilles Esposito in Mad movies #240 p57
Les bonus comprendront un commentaires audio des réalisateurs, un making of, des scènes coupées et les traditionnelles bandes-annonces.
Source : Seven Sept
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