Commençons par le plus impressionnant, le plus violent et le plus troublant. White Lightnin' est le premier long-métrage de fiction de Dominic Murphy. Précédemment il s'était consacré à deux documentaires autour des maitres de l'horreur (Fear in the dark, 1991) et sur Alejandro Jodorowsky.
White Lightnin' - Dominic Murphy (2009)
Au coeur des montagnes Appalaches, en Virginie Occidentale, où tout homme possède une arme et de quoi distiller de l'alcool de contrebande, vit une légende : Jesco White. De sa jeunesse trempée dans les effluves d'essence en passant par de nombreux séjours en maison de redressement ou en hôpital psychiatrique, la vie tumultueuse et incandescente de Jesco se consumait dangereusement. Pour le sauver, son père tente de lui apprendre au moins une chose dans la vie : la danse ou plutôt une version frénétique de claquettes sur de la musique country. Propulsé sur le devant de la scène, applaudi aux quatre coins du pays, Jesco goûte à la vie et tombe amoureux. Mais, obsédé par la vengeance du meurtre son père, il réveille les démons qui sont en lui !
Aucun bonus à signaler sur le dvd mais deux ans après sa sortie cinéma en France (17 février 2010), il est de nouveau possible de revoir ce premier film aussi bouleversant que tétanisant.
White Lightnin' risque de passer inaperçu et pourtant, c'est un choc comparable à la découverte des premiers longs métrages de Darren Aronofsky en son temps, autant pour le mélange de poésie brute que pour les qualités de fabrication proches du cinéma-guérilla. Si on devait le rapprocher d'un film récent, ce serait sans doute Bronson, de Nicolas Winding Refn, avec lequel il partage un style underground et la même caractérisation d'un personnage flingué par la vie partagé entre l'expression et la manière, l'art et la violence.
Romain Le VERN, journaliste
Heureusement pour les cinéphiles que le film remporta le grand prix du jury du festival du film britannique de Dinard, sans ça, il ne fait aucun doute que ce long-métrage serait toujours inédit en France.
Changeons de continent pour le Japon avec Funuke, connu également sous le titre Funuke Show Some Love, You Losers! Malgré le fait que le film ait été présenté à Deauville en 2008, le film n'a jamais connu d'exploitation en France, comme les autres films du réalisateur.
Funuke - Daihachi Yoshida (2007)
Sumika, qui veut devenir actrice à Tokyo, rentre dans sa ville natale pour l'enterrement de ses parents. À son retour, sa jeune sœur Kiyomi semble avoir peur d'elle. Leur demi-frère aîné, Shinji, se retrouve au milieu. Il a un secret qu'il ne peut dévoiler à sa nouvelle femme Machiko, témoin perplexe de la relation de ces trois personnages, mais heureuse d'avoir sa belle-sœur à la maison.
Comme pour White Lightnin', Funuke est vierge de tout bonus mais cette édition est la seule qui propose un sous-titrage en français, autant dire que si vous souhaitez découvrir ce film, il ne faut pas laisser passer ce dvd.
Si de prime à bord le synopsis du film ne laisse pas présager une grande nouveauté dans le traitement du film, le réalisateur arrive à hisser son film grâce à un sens de l'imprevu élévé au rang d'art. Le spectateur ne pourra jamais deviner à l'avance la suite des événements. En ces temps de calibrage, c'est un vrai plaisir de se faire emmener dans un univers qui se découvre petit à petit excentrique à la limite du barré. Certes, nous sommes très loin d'un Crazy Family de Sogo Ishii ou de Visitor Q de Takashi Miike (autres films sur des famille "traditionnelles" japonaises qui partent à la dérive, pour ne pas dire dans la folie) mais l'ambiance et le visuel du film participe à une folie douce. Et puis les amateurs de Eriko Satô seront content de la voir dans un autre chose que dans Cutie Honey, seul film à être, jusque là, disponible en France
Double Take - Johan Grimonprez (2009)
Thriller politique, Double Take met en scène un récit orchestré par Alfred Hitchcock, où se mêlent faux-semblants, couples étranges et histoires croisées. Alors que la guerre froide s’intensifie, la télévision prend peu à peu le cinéma en otage en s’immisçant dans les foyers américains. Les dirigeants des deux blocs s’efforcent désespérément de rester cohérents lors d’un débat à la télévision. Et, Hitchcock et son insaisissable double apparaissent de plus en plus obsédés par le meurtre parfait... de leur double respectif ! A partir d’un collage d’archives télévisuelles et cinématographiques, Johan Grimonprez, sur un scénario inspiré d’une nouvelle de Borges, détourne la figure mythique du « maître du suspense ». Sous la forme d’une intrigue ludique, il dissèque la paranoïa d’un individu comme métaphore de la crise politique et nous invite à réfléchir à notre propre rapport aux images.
Au contraire des deux premiers titres évoqués ci-dessus, Double Take est l'édition la plus soignée, digipack cartonné, comportant une interactivité. On retrouve un module autour du casting Londonien "The Hitchcock Casting", les teasers et la bande-annonce. Autre supplément, les spots publicitaires réalisé par Johan Grimonprez pour du café soluble "Folger coffee".
Double Take est difficilement appréhendable, et c'est toute sa richesse de proposer aussi bien un portrait d'Alfred Hitchcock qu'un thriller centré autour de la guerre froide. Artiste plasticien de formation, Johan Grimonprez questionne notre mémoire visuelle pour semer le trouble dans la réalité en la confrontant à la fiction. Ce maelström de collage visuel et sonore, offre à l'artiste une troisième voie, poétique, virtuose, intriguant... passionnant.
Tous ces films sont donc disponibles en version originale sous-titré en Français dans notre espace boutique (accessible depuis le blog en haut à droite).
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