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Ed distribution, les nouveautés | Guy Maddin & Cabeza de Vaca

Si Ed Distribution sort des films en dvd (et en salle) de manière sporadiques, il faut constater qu'à chaque fois le cinéphile est comblé tant les films sont artistiquement incroyables.

Avec leurs deux nouveaux titres à sortir le 7 juin prochain, Ed distribution proposera la suite de leur collaboration avec le réalisateur Guy Maddin avec son dernier long métrage en date Winnipeg mon amour (en attendant Keyhole avec au casting Jason Patric, Isabella Rosselini, Udo Kier) et exhumera (après une exploitation en salle malheureusement trop brève) l'incroyable Cabeza De Vaca signé Nicolas Echevarria.



Sillonnant la ville dans ses moindres recoins, Guy Maddin nous guide à travers Winnipeg, cité enneigée et somnolente. Une atmosphère singulière, propre au rêve, se dégage de ce lieu où les piétons préfèrent emprunter les allées que les rues officielles où les sans-abri se cachent en masse sur les toits de gratte-ciel abandonnés où les chevaux fuyant l'incendie d'un parc d'attraction se trouvent pris dans les glaces du lac Winnipeg; et où fut organisé dans les années 40 une fausse invasion nazie afin d'encourager la population à soutenir l'effort de guerre.

En 1888, William Cornelius Van Horne, une des figures des chemins de fer qui, à la stupéfaction générale, avait fait construire des voies ferrées à travers notre vaste pays, instaura à Winnipeg une tradition qui perdure aujourd’hui encore. Cette année-là, le premier jour d’hiver, Van Horne organisa une chasse au trésor dans toute la ville. Chaque résident de la jeune cité reçut une carte au trésor et fut invité à participer. Le premier prix était un aller simple hors de Winnipeg. Avec ce concours, Van Horne espérait secrètement que les Winnipegois, après avoir passé une journée entière à sillonner la ville dans ses moindres recoins, se rendraient compte que le véritable trésor était sous leurs yeux depuis le début : la ville elle-même. Le subterfuge de Van Horne en a convaincu plus d’un, moi le premier.

En tant que réalisateur ayant vécu 50 ans à Winnipeg, j’ai été à la fois enchanté, intoxiqué et asphyxié par ma ville natale. Elle a été ma muse bien avant que je prenne la caméra. Je suis tombé amoureux de cet endroit, non seulement pour ce que j’en ai connu et aimé, mais également pour ce qu’il a été, et qu’il pourrait redevenir ! Tel un soupirant insouciant et irrationnel, j’ai fondé tous mes espoirs sur cette ville, pour avoir en retour le cœur brisé par l’impitoyable cours "progressiste" qu’elle s’échine à prendre, délaissant inexorablement son charme passé et tombant dans l’oubli insipide et la médiocrité auxquels elle aspire. Mes espoirs brisés, j’ai grandi avec d’amères désillusions sur ma ville natale.

Mais avant de fuir, je dois, par pure délectation nostalgique, passer en revue tout ce qui a compté pour moi dans ce monde autrefois merveilleux et enchanteur, car il n’est pas d’endroit plus singulier dans toute l’Amérique du Nord, ni partout ailleurs !

Je parcourrai une dernière fois les rues de Winnipeg – mon Winnipeg – et situerai pour le spectateur les sites magiques qui me sont chers, ceux qu’il suffit de désigner du doigt pour que jaillisse le passé, telle l’eau d’un puits artésien.

Une atmosphère étrange, propre au rêve, se dégage de ce lieu où les piétons préfèrent emprunter les allées que les rues officielles ; où nos sans-abri se cachent en masse sur les toits de gratte-ciel abandonnés ; et où un curieux décret municipal nous impose d’accueillir, une nuit durant, tout ancien propriétaire ou locataire de notre logement.

En me faufilant à travers les berceaux mêmes de ma mythologie personnelle, en tâchant de comprendre la nature même de la mémoire, bien que ce qu’elle fabrique s’avère être un Winnipeg illusoire, et en bravant, à travers une série d’étranges expériences domestiques, le pouvoir possessif de ma propre famille, je parviendrai peut-être à me libérer des forces mystérieuses qui attachent de manière occulte le cœur de bien des hommes à leur passé. Je parviendrai peut-être enfin à trouver la véritable signification du mot "chez-soi", et à faire tomber les chaînes qui m’en font prisonnier.
Guy Maddin




BONUS :

- Livret couleur 36 pages
- Spanky : to the pier and back (Guy Maddin, 2008, 4 min)
- Nude Caboose (Guy Maddin, 2006, 2 min)
- This world of ours (1941, 11 min)
- bande-annonce du film



La véritable et extraordinaire aventure de l’explorateur espagnol Alvar Núñez Cabeza de Vaca qui, en tant que trésorier de Charles Quint, s’embarque en 1528 avec plus de 500 hommes pour une expédition aux Indes. Après avoir fait naufrage sur les côtes de Floride, Cabeza de Vaca a marché pendant huit ans à travers l’Amérique vivant avec des tribus indiennes aujourd’hui disparues. Il fit l’apprentissage des secrets de leur vie mystique et accomplit des guérisons miraculeuses.

Pas de discours, pas de critique, une experience sensorielle rare, merci à Ed de nous offrir un dvd pour (re)vivre ce grand et intense moment de cinéma.





source : Ed Distribution

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