Keiichi Tanaami, sombre magicien du cinéma électrique
Cette appellation ne vient pas de nous mais du réalisateur Japonnais et homme de théâtre Shuji Terayama (Les Fruits de la Passion [disponible en dvd à la boutique]).
L'éditeur / Boutique Chalet Pointu / Chalet Films a l'excellente idée de publié un livre | dvd sur l'oeuvre de Keiichi Tanaami, illustrateur et réalisateur de film d'animation psychédélique (sous influence de drogues ? aucune réponse de vient argumenter dans ce sens. Ce qui est certain, en revanche, c'est que Tanaami a expérimenté le LSD lors de voyages aux États-Unis, voyages qui lui permirent de rencontrer Andy Warhol à quelques occasions).
"Keiichi Tanaami, sombre magicien du cinéma électrique..."
DVD 14 Films (1975-2009) + Livre 116 pages.
Un Livre-DVD consacré à l’oeuvre animée de Keiichi Tanaami, artiste contemporain japonais considéré comme l’un des représentants du Pop Art nippon les plus doués de sa génération. Les films d’animation de Keiichi Tanaami font se côtoyer souvenirs d’enfance, rêves et fantasmes sur fond de psychédélisme et d’érotisme. Cet ouvrage rassemble 14 de ses meilleurs films ainsi qu'un très beau livre de 116 pages, présentant pour la toute première fois les dessins originaux ayant servi à la réalisation de ces films d’animation.
LES FILMS : Sweet Friday (1975 - 3’20’’) | Why (1975 - 10’) | Memories Hidden in Darkness - Dreams of Various Shades (2000 - 4’05’’) | Scrap Diary (2002 - 4’20’’) | A Gaze in Sunmmer 1.9.4.2 (2002 - 4’) | Chirico (2008 - 4’30’’) | Goldfish Fetish (2002 - 7’45’’) | Fetish Doll (2003 - 4’20’’) | A Portrait of Keiichi Tanaami (2003 - 3’50’’) | 10 Night’s Dreams (2004 - 6’) | The Harmonic Gleam Vibration (2005 - 10’55’’) | Madonna (2005 - 4’15’’) | Puzzle of Autumn (2003 - 4’15’’) | Shunga (2009 - 4’30’’)
BONUS :
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DVD :
Décryptage (Emission Court-Circuit du 18 sept. 2009, ARTE, 6’) :
Helmut Herbst, animateur et spécialiste de l’animation parle du travail de Keiichi iTanaami.
Un après-midi d’été avec Keiichi Tanaami (3 août 2009, 19’) :
Rencontre avec Keiichi Tanaami et visite de son atelier à Tokyo.
LIVRE :
Introduction de Shuji Terayama
Les films commentés par le réalisateur.
Filmographie et biographie de Keiichi Tanaami.
Keiichi Tanaami, psyche delire
Au début des années 50, après une formation au dessin à l'atelier de Kazushi Hara (créateur majeur de mangas de l'après-guerre), puis une incursion dans le milieu des albums illustrés aux côtés du regretté Shigeru Komatsuzaki (Matango) et de Soji Yamakawa (King of Boy), Keiichi Tanaami doit ranger ses ambitions au placard lorsque ses parents, désireux d'une situation "convenable" pour leur fils, l'orientent vers des études de design. Il excelle tant dans le domaine qu'il reçoit, dès la deuxième année, la prestigieuse mention "Japan Advertising Artist Club" de l'Université. Diplôme en poche, Tanaami intègre alors une importante agence de publicité, mais démissionne au terme d'un an, sollicité par de multiples commandes extérieures...
No More War
Les années 60 et 70 lui font alors gagner ses galons d'illustrateur et de graphiste reconnu, alors qu'il participe activement à l'émergence de la culture psychédélique et du pop art japonais, au point d'égaler Tomio Miki et Ushio Shinohara (figure phare du néo-dadaïsme japonais), et de se lier d'amitié avec Robert Rauschenberg (artiste plasticien américain considéré comme fer de lance de expressionnisme abstrait) et Michel Tapié (critique d'art français également musciecien, peintre, sculpteur et théoricien à l'influence internationale) lors d'une visite de ceux-ci au Japon. Parmi les faits significatifs de cette période pour Tanaami figurent la réalisation de pochettes d'albums des groupes rock Monkees ou Jefferson Airplane, de l'affiche pacifiste No More War, ou encore la nommination au poste de directeur artistique de la version nippone de Playboy. C'est en 1969, à l'occasion d'une escale new-yorkaise, que Tanaami découvre la nouvelle scène artistique qui devait activement stimuler son travail, à travers les films expérimentaux de Kenneth Anger ou Andy Warhol, et les BD de Robert Crumb. Son œuvre porte en outre les stigmates d'une existence qui s'apparente à une suite de traumatisme indélébiles : à l'âge de 9 ans, le bombardement de Tokyo durant la Deuxième Guerre mondiale le marque si profondément que l'événement fusionne dans son esprit avec les poissons rouges de son grand père (le reflet de bombes dans les écailles de poissons est un motif récurrent de son œuvre, voir A Gaze in Summer 1942 ou Goldfish Fetish). De même, l'œdème pulmonaire survenu en 1981 le plonge dans un profond coma lui provoquant diverses hallucinations pétries de symboles asiatiques (grues ou éléphants), réemployés par la suite dans son travail.
Scorpio Rising
Fort d'une carrière entamée en 1965, totalisant quelque 60 productions animées et / ou expérimentales, Keichii Tanaami témoigne ainsi d'une démarche radicale dont le travail ne ne souffre pas nécessairement d'ambition narrative, préférant lâcher la bride à des délires excessifs (corps humains déstructurés de Memories Hidden In Darkness) et des transgressions sexuelles (illustrations explicites du Kâma-Sûtra de Shunga). N'hésitant pas à recourir à une esthétique sans concession (combat de boxe pointilliste de Why et à un ton provocateur (la femme pratiquant l'onanisme dans Sweet Friday), l'artiste aborde notamment la thématique sexuelle avec une stimulation - oserons-nous dire une pénétration ? - tout à la fois d'ordre physique et spirituelle, excitant les sens façon grand huit épileptique, tout en situant son travail à mi-chemin des œuvres délurées de Bill Plympton et expérimentales de Norman McLaren... l'auteur ne cachant rien de l'influence de ce dernier : "McLaren a eu une très grande influence sur la réalisation de mes films lorsque j'étais jeune. On peut noter cette influence dans mes anciennes œuvres à partir de son expérimentation sur les films sur pellicule, comme Cannon (1963, pellicule étroitement déplacée pui imprimée), Blinkity Blank (1955, grattage de pellicule), Rythmetic (1956, avec son artificiel). Mais le film qui m'a le plus inspiré a été Scorpio Rising de Kenneth Anger. Après avoir passé du temps dans une fête homosexuelle, les motards gays foncent vers la mort... C'était une image très dure, comme si elle surgissait d'une psyché profonde formée d'un mélange de sexe et de mort. J'aime aussi Sleep and Empire d'Andy Warhol. "Qu'est-ce qu'un film ?" Qu'est ce qu'on y voit ? "...J'ai appris de nombreuses ses choses à aprtir de films qui sont virtuellement sans incidence".
Yellow Submarine
Largement diffusées dans des festivals du monde entier (d'Ottawa à Hiroshima, en passant par des lieux de culture tels le Centre Pompidou ou le MoMA), les œuvres de Tanaami fascinent, interpellent, dérangent parfois. Et influencent une nouvelle génération d'artistes japonais, comme Naohiro Ukawa ou la jeune Tabaïmo. Admiré par ses pairs pour la longévité de son œuvre, reste à savoir comment Tanaami perçoit cette reconnaissance du milieu. "Katsuhika Hokusai, artiste du mouvement Ukiyo-e, est décédé en 1849 à 90 ans. Juste avant sa mort, il a fait cette déclaration : Laissez-moi vivre dix ans ou même cinq ans de plus. Alors je deviendrai un vrai peintre". I lavait plus de 70 ans quand il peignit son œuvre la plus connue, 36 vues du Mont Fuji. La passion et l'obsession d'Hokusai a dit, j'espère devenir un vrai peintre dans cinq ans". Aujourd'hui septuagénaire, Keichii Tanaami expose de nouvelles œuvres qui explorent d'autres formes d'expression telles la sculptures ou le mobilier, et continue d'enseigner l'art et le design à la Kyoto University of Art and Design. On se prend naturellement à rêver d'un seul établissement réunissant les cours actuellemen dispensés à travers le monde par des artistes comme, entre autres, Don Bluth (Brisby), Virgil Widrich (Fast Film) et Keiichi Tanaami, improbable grand écart qui symbolise la richesse protéiforme du cinéma d'animation. A la question, enfin, de savoir si le cinéaste a déjà été tenté par l'expérience d'un long métrage façon Yellow Submarine, l'intéressé répond : "Bien sûr que j'ai été tenté, et j'adore Yellow Submarine. J'ai plusieurs idées et j'aimerais essayer de faire un long métrage si l'opportunité m'en est offert". Allez chiche !
Article de Gersende Bollut paru dans Chronic'art #66, mai 2010 p. 38-41
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L'article a été reproduit dans un but informatif, si la rédaction de la revue ou l'auteur souhaite son retrait, merci d'envoyer un mail à theendstore@gmail(POINT)com
A Portrait of Keiichi Tanaami
envoyé par chaletpointu. -
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