---------------------------------------------------------------------------------------------------

Kiju Yoshida, livre & dvd

Alors que vient de s'éteindre Nagisa Oshima, Kiju (de son vrai prénom Yoshishige) Yoshida, autre rebelle du cinéma japonais et frère d'armes d'Oshima au sein du studio de la Shoshiku, se voit de nouveau être sous les projecteurs grâce à la publication d'un ouvrage, écrit par le cinéaste, et l'édition de son anthologie consacrée à l'art en dvd.

Retour en arrière. En 2008, le centre Pompidou en partenariat avec Carlotta proposait une rétrospective intégrale de l’œuvre de ce cinéaste à l'image d'intellectuel, loin des auras sulfureuses d'un Oshima ou d'un Wakamatsu. Pour autant, la filmographie de Yoshida réserve des expérimentations proche de ses camarades (Eros+Massacre, Purgatoire Eroica). Mais si Oshima rencontra le succès avec son film le plus polémique L'Empire des Sens, Yoshida, lui, s'éloignera des abstractions. Si on se réfère à la filmographie d'IMDB, on pourrait penser que la carrière du cinéaste nippon à subit une traversée du désert entre 1973 et 1986 alors qu'en réalité Yoshida s'était réfugié à la télévision pour poursuivre ses "visions de la beauté".


A partir de 1973, Kijû Yoshida réalise « Beauté de la beauté », une entreprise d’une sans égale dans l’histoire du cinéma sur les formes artistiques, aussi scrupuleusement documentée qu’ouverte à l’imaginaire. Sélectionnés parmi les 94 chapitres qui composent cette œuvre-somme, les 20 épisodes proposés ici sont consacrés aux maîtres de la peinture occidentale. Confrontant les œuvres à leur environnement géographique et intellectuel, le cinéaste fait entendre à nouveau, au creux des paysages, dans les blancs du tableau, la rumeur d’époques révolues.
« Tout le temps que j’ai consacré à Beauté de la beauté, j’ai tâché de garder le silence. Devant moi et la caméra, les œuvres d’art déjà se tenaient là. Aussi n’était-ce pas moi qui les regardait, mais elles qui m’observaient. C’est pourquoi, écartant autant que possible toute information les concernant, je me suis efforcé d’enregistrer ce regard qu’elles tournaient ainsi vers moi. Je me suis également interdit d’utiliser les adjectifs "beau" ou "belle". Car ce qui est "beau" ne l’est que dans la mesure où le spectateur de Beauté de la beauté le ressent comme tel : seule son imagination pourrait y trouver quelque "beauté" que ce soit. »
Kiju Yoshida
Si le travail au cinéma s'est fait plus rare au mitan des années 70, Yoshida a continué ses escapades (il est francophile, amoureux de Godard comme de Sartre) et à posé ses valises au Mexique pendant cinq ans. Capricci a l'heureuse initiative de proposer les écrits du réalisateur, lui permettant une introspection sur son esthétique.


En 1977, Kijû Yoshida part au Mexique pour y réaliser l’adaptation d’un roman d’Endo Shûsaku. Il ne le tournera pas, mais habitera le pays jusqu’en 1982. De retour au Japon, il relate son « odyssée-naufrage ». L’ouvrage tient du journal de voyage et relate les pérégrinations d’un Yoshida apparemment passif, se laissant porter par le monde et ses événements. Mais il est surtout une « aventure en écriture », un voyage élégant en terre de savoirs, sans équivalent dans la littérature cinématographique. Le Mexique selon Yoshida s’enrichit de la philosophie, de l’histoire du siècle, des arts et du cinéma. Trotski croise Buñuel, Hernán Cortés et les peuples mayas, Foucault disserte avec Eisenstein et Merleau-Ponty, Deleuze, Bataille et Duchamp. À l’heure où les utopies des années 1960 sont en berne, Yoshida tâche, dans le droit fil de sa filmographie, de créer par les moyens de la littérature un espace, une brèche infime dans l’apparente continuité du monde, qui autorise l’action, la jonction, l’agencement, la rencontre. En ce sens, Odyssée mexicaine ne saurait s’appréhender comme une parenthèse dans la carrière du cinéaste : c’est une étape essentielle de sa pensée et de son esthétique.
KIJÛ YOSHIDA est né à Fukui, au Japon, en 1933. Dès ses premiers films dans les années 1960 (Bon à rien, La source thermale d’Akitsu), il devient une figure cinématographique majeure de la « Nouvelle Vague » japonaise. S’il aborde les thèmes de la libération sexuelle et politique avec Purgatoire Eroïca ou avec l’emblématique Eros + Massacre, son œuvre cinématographique prend ensuite un tournant politico-historique. Il transpose par exemple Les Hauts de Hurlevent dans le Japon médiéval avec Onimaru. Il est aussi un théoricien majeur, auteur entre autres d’un essai sur Yasujirô Ozu (traduit chez Actes Sud en 2004). En 2002, Yoshida reprend la caméra avec Femmes en miroir, film dans lequel il parle d’Hiroshima.
dvd : 30 euro
livre : 21 euro | 276 pages

A commander par mail à theendstore[AT]gmail[POINT]com ou à contact[AT]theendstore[POINT]com

D'autres films de Kiju Yoshida sont à découvrir sur theendstore.com dans notre rubrique Nouvelle Vague Japonaise.

source : Capricci & Carlotta

Aucun commentaire: