Le 2 août dernier, on célébrait les 15 ans de la disparition de l'écrivain William S. Burroughs (1917 - 1997). Disponible le 15 octobre prochain dans toutes les bonnes librairies (et peut-être sur theendstore.com) l'éditeur Inculte publiera Conversations, somme d'entretiens entre Burroughs et Andy Warhol à l'aube des années 80.
Durant l’année 1980, Victor Bockris a organisé et enregistré quatre rencontres entre William Burroughs et Andy Warhol. Des rencontres informelles qui eurent lieu à la Factory et dans des restaurants new-yorkais. Le pape du Pop Art et la figure de la Beat Generation avaient forcément des choses à se dire. Warhol et Burroughs, au cours de ces quatre rendez-vous, vont faire ensemble le tour de la Factory, discuter l’œuvre que Warhol vient d’achever, parler de tout, de rien, de culture, de sexe, d’amour, de drogues et de vodka-tonic. Parfois, à leur table, d’autres personnalités, de passage, s’invitent. C’est ainsi que Mick Jagger apparaît, en guest star de luxe. Agrémenté d’une cinquantaine de photos, Warhol-Burroughs : Conversations balaie largement le paysage culturel, capte l’ambiance, l’effervescence de ce début de la décennie 1980 et témoigne d’une amitié naissante, d’une complicité entre ces deux grandes figures de la culture américaine. Victor Bockris est journaliste, il a accompagné Andy Warhol dans l’aventure de la Factory et a écrit de nombreux ouvrages et articles sur cette période et ses principaux protagonistes (Lou Reed, Warhol entre autres). Il prétend que c’est Andy Warhol qui lui a appris à mener une interview. Son conseil : « Ne prépare jamais tes questions. Fais comme s’il s’agissait d’un cocktail. »
L'autre actualité autour de Burroughs est la diffusion dans la nuit de dimanche à lundi (2 et 3 septembre)du documentaire A man within (USA - 2011) à 00h45 en version originale sous-titré français.
Ce documentaire plonge dans la vie chaotique d'une figure de la Beat Generation, écrivain majeur dont la drogue et le sexe furent les meilleures muses.
Aux États-Unis, William S. Burroughs est considéré comme l'un des plus grands auteurs du XXe siècle. Inventeur d'une nouvelle forme de littérature, il est célèbre pour sa vie de débauche et ses romans mêlant drogue, homosexualité et hallucination. Chef de file de la Beat Generation avec Jack Kerouac et Allen Ginsberg, il a multiplié les oeuvres obscènes et dérangeantes (de Junky au Festin nu), reflets d'une vie mouvementée. Cet homme "pas facile à aimer" comme le décrit l'un de ses proches, coupable du meurtre de sa femme et de négligences vis-à-vis de son fils, était sans conteste un artiste américain majeur dont le documentaire de Yony Leyser souligne les ambivalences.
A vos enregistreurs car ce film documentaire signé Yony Leyser n'est disponible en dvd qu'en zone 1 avec seulement des sous-titres anglais.
Sorti en 2011 dans les salles française, le dernier effort cinématographique de F.J. Ossang se laissait désirer en dvd. Déjà éditeur des précédentes œuvres du cinéaste français, Potemkine a la riche idée de remettre le couvert en proposant le film Dharma Guns ainsi que les derniers court-métrages qui ont jalonné la dernière période d'Ossang entre Docteur Chance (1998) et Dharma Guns.
Une fille pilote un hors-bord et tracte un jeune skieur. Ils bravent l'un comme l'autre leurs limites quand un choc survient... Par la suite, Stan van der Daeken s'éveille du coma pour découvrir que des généalogistes recherchent un individu dont l'identité correspond à la sienne. Loin de s'interroger sur la réalité de cette filiation testamentaire, il souscrit à l'héritage du Professeur Starkov et s'embarque pour le pays de Las Estrellas...
Le cinéma est ce médium orphique qui permet de sortir les corps des ténèbres. Dharma Guns décrit ce voyage, les puissances de la lumière qui traverse l’argentique, invente la fable et les situations visuelles nécessaires à la description d’un tel processus.
La fable : un jeune homme, indistinctement poète, scénariste et guerrier, meurt. Comment restituer l’advenue des images dans son cerveau ? Quelles dernières images verrons-nous, au cours de notre agonie ? Des images d’amour ? D’angoisse ? Notre esprit s’occupera-t-il à régler des situations psychiques, à trouver les causes de sa mort, à frayer un chemin vers une autre vie ? Et dans quel état ces images ultimes nous arriveront-elles ? Des éblouissements ? Des lueurs ? Des envahissements ? De quel statut relèveront-elles ? Des souvenirs, des hypothèses, des présomptions ? La plastique magistrale de Dharma Guns permet de ressentir les mouvements des yeux, des nerfs optiques, des synapses et des circonvolutions comme si F.J. Ossang avait été capable de greffer le cinéma aux lieux mêmes de la naissance des images psychiques, sur le système nerveux central. “Mes yeux ont bu”, entend-on dans ce traité digne des espérances qu’Artaud plaçait dans le cinéma. Dharma Guns toujours en vol, en vogue, toujours vers l’Ile des Morts, chef d’œuvre qui sous nos yeux vient se placer lentement, dans le ralenti sidérant d’une évidence, aux côtés de Nosferatu et de Vampyr.
F.J. Ossang - Le flibustier du cinéma
Artiste “total” et inclassable, F.J. Ossang est un poète des sons et des images qui ne s’est jamais satisfait d’une seule forme d’expression. Du coup, il s’est autant illustré dans l’écriture que la musique et le cinéma, débordant chaque fois les genres, déjouant les attentes et enchâssant les références les plus étonnantes.
Originaire du Cantal, qu’il qualifie de “nowhere land”, il se passionne très jeune pour les moteurs, jusqu’à ce qu’il voit sa carrière de pilote contrariée suite à un accident de moto à l’âge de 15 ans. Il envisage alors de devenir médecin, mais il ressent une “telle urgence à vivre” – selon ses propres termes – qu’il renonce à sacrifier sa jeunesse à des études longues. Très tôt attiré par l’écriture, il se consacre à la poésie et publie, à 17 ans, un premier recueil, Écorce de sang. C’est à la même époque que naît le mouvement punk, qui lui permet d’échapper à “cette nouvelle claustrophobie qu’était la poésie,” explique-t-il. Profondément marqué par ce courant musical antibourgeois, Ossang crée, en 1977, un premier groupe punk, DDP – De la Destruction Pure –, puis un deuxième Messageros Killer Boys en 1979. Mêlant la poésie d’un Stanislas Rodanski aux musicalités froides des Clash et des Sex Pistols, l’artiste considère la musique comme un espace d’expression politique en rupture avec les injonctions de la société.
Esprit frondeur et curieux, Ossang s’intéresse depuis longtemps au cinéma, et particulièrement au muet. Fasciné par Einsenstein et Murnau, et par l’intensité émotionnelle de leurs films, il décide de tenter le concours de l’Idhec à l’âge de 23 ans. Il découvre alors que réaliser un film n’est pas si difficile : “Il suffit d’une bobine et tout peut arriver,” affirme-t-il, volontiers provocateur. Dès son premier long métrage, L’affaire des Divisions Morituri (1984) – qui est en fait son projet de fin d’études –, on découvre un univers post-apocalyptique où les références visuelles à Murnau et à la Nouvelle Vague côtoient un imaginaire littéraire proche de Ballard et de Burroughs.
Six ans plus tard, Ossang signe Le Trésor des Iles Chiennes, film de science-fiction expérimental, marqué par l’expressionnisme allemand et superbement éclairé par le chef-opérateur Darius Khondji. Il faut attendre 1997 pour qu’il puisse tourner son troisième film, Docteur Chance, avec Joe Strummer, ex-chanteur des Clash. A mi-chemin entre le polar et le road-movie, cette épopée sensorielle revisite les codes du film de genre et convoque Goya, Burroughs, Godard et Murnau ! Une expérience cinématographique rarissime. Comme le dit Ossang, “chaque film est l’occasion de prouver qu’un cinéma poétique est possible et nécessaire. A chaque film, on réapprend tout,” ajoute-t-il. “Il n’y a pas de technique préconçue. Même quelqu’un d’expérimenté peut un jour se retrouver devant sa caméra, devant une scène ou un instrument, et ne plus savoir tourner, chanter ou jouer.”
En supplément sur le second dvd intitulé Tryptique du paysage, trois court-métrages :
> Silencio (Prix Jean Vigo 2007) - 2006 / 20mn / nb Des arbres, la mer, des mégalithes, un pont de fer, une figure féminine passante - filmés aux premières et aux dernières heures du jour...
> Vladivostok - 2008 / 5mn / nb Fragments d'un film des années 20 perdu par un membre de l'avant-garde soviétique.
> Ciel éteint! - 2008 / 23mn / nb & couleur Un couple aux frontières des empires. Les eaux, la médecine, la glace, le feu. Ciel Eteint!
Plus un entretien avec le réalisateur, un clip de MKB (Le Chant des Hyènes) et la traditionnelle bande-annonce.
Prochainement sur theendstore.com, en attendant vous pouvez toujours découvrir la box que l'éditeur parisien lui consacré il y a quelques mois en cliquant ici.
Retour de notre rubrique Eyes wide open afin de partager les films que nous attendons le plus dans les prochains mois.
Commençons tout d'abord avec le dernier film en date de Jennifer Lynch, fille de, à la carrière atypique. Quinze ans entre son premier long-métrage Boxing Helena (1993)et Surveillance (2008) puis des détours par la télévision américaine, un film en Inde pour le moins particulier Hisss (2010) dû à des mésaventures et revoilà Jennifer Lynch avec un film de séquestration que l'on imagine très loin du torture porn habituel.
Passons au seul film de notre sélection à avoir une date de sortie en France et celle-ci est plutôt proche puisque Compliance sera dans les salles françaises le 26 septembre prochain. Réalisé par Craig Zobel, ayant officié sur les tois premiers longs-métrages de David Gordon Green (L'autre Rive), Compliance est le premier film de son auteur à être distribué en France.
Dernier film de notre sélection, Crawl de l'australien Paul China est peut-être le trailer le plus beau de tous avec une histoire qui aurait pu être écrite par les frères Coen.
Slim, patron de bar minable, engage un mystérieux tueur à gage pour exécuter un contrat. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu...
Trois films qui semblent jouer avec les genres et les attentes du public, espérons que ces films soient à la hauteur de leurs trailers.
Après quelques jours de vacances à Berlin, THE END revient pour vous faire un petit bilan de notre excursion dans la capitale allemande.
Depuis un premier voyage à Amsterdam, THE END a toujours eu l'idée de vous faire partager nos découvertes cinématographiques qu'il s'agissent de dvd ou de boutiques. Car si elles sont de moins en moins nombreuses, il reste (bien souvent dans les plus grandes villes pour ne pas dire exclusivement les capitales) quelques îlots de résistance face à la virtualisation des relations commerciales.
Nous allons donc vous faire profiter des adresses glanées durant de longues marches aléatoires pour découvrir les derniers bastions des cinéphiles berlinois.
Commençons par ce qui sera le coup de cœur de notre séjour, la boutique Image Movement.
Image Movement Oranienburger Str. 18 10178 Berlin
La boutique est axée sur l'avant garde et l'expérimental, également éditeur d'un premier dvd du cinéaste italien Emidio Greco,Niente da vedere niente da nascondere/ About Alighiero Boetti, Image Movement, hommage au livre de Gilles Deleuze "L'image Mouvement" offre également aux amateurs de musique une large sélection de vinyles et de cd.
Image Movement propose un catalogue pléthorique de labels venant des quatre coins du monde et même de notre douce France (Carlotta, Malavida, Re:voir, Ciné Tamaris, Mk2, Films du paradoxe).
Si en France, les vidéos-clubs disparaissent les uns après les autres, le même constat est à déploré à Berlin. Presque pas de chaine et encore moins d'indépendant, l'un des rares à avoir attiré notre attention et également éditeur ainsi que distributeur de films en salle ce qui permet une certaine synergie pour la promotion. Filmgalerie 451 dans le quartier de Mitte est aussi présent à Stuttgart et à Constance.
Filmgalerie 451 Berlin Inhaber: Silvio Neubauer Torstr. 231 10115 Berlin
Autre endroit à visiter Videodrom. Malheureusement THE END n'a pas eu le temps de faire un tour à l’intérieur mais leur site et leur blog laisse entrevoir de belle découverte.
Videodrom Shop Oranienstrasse 195 10999 Berlin
Finissons par un autre coup de cœur (comprenez que la carte bleue a été utilisé) avec Re:Surgo (anciennement Bongoût en tant qu'éditeur). Si ce n'est pas à proprement parlé une boutique dédiée au septième art, tous les amoureux de graphisme et de design doivent se rendre dans ce haut lieu berlinois où l'amateur pourra retrouver toutes les sorties Le Dernier Cri, du Blanquet et toutes les fines fleurs de l'art (indépendant) berlinois à travers une sélection de fanzines, de sérigraphies dont ceux des propriétaires, Anna Hellsgaard et Christian Gfeller (qui accessoirement parle parfaitement le français)
Re:Surgo! Torstrasse 110 10119 Berlin
Voilà quelques endroits qui nous ont plu mais sachez que Berlin renferme bon nombre de magasin de musique / vinyle dont certaines adresses sont disponibles sur internet.
L'été est devenu avec le temps (et le poids des studios américains), la période propice aux blockbusters (The Dark Knight Rises, The Expendables II) mais c'est également le moment pour certains distributeurs spécialisés dans les reprises de classiques ou raretés de proposer des films devenus rares sur grand écran. Et c'est le cas de Baba Yaga qui ressort deux films majeures de Wojciech Has en salle, ou plutôt dans une salle parisienne (Reflet Médicis).
Le jeune capitaine Alfonse Van Worden traverse les montagnes de la Sierra Morena pour se rendre à Madrid. Il fait connaissance dans une auberge de princesses maures qui lui prédisent de grands exploits. Mais il devra prouver son courage. D'après le roman éponyme de Jan Potocki. Le Manuscrit trouvé à Saragosse réalisé en 1965, est une adaptation du roman fleuve du même nom, écrit par le Comte Jean Potocki.
« Le comte Jean Potocki, grand seigneur polonais d'éducation française, né en 1761, fut un génie universel : savant, artiste et homme politique. Il fut le fondateur des études de langues et civilisations slaves, publiant une série de travaux importants étayés par des recherches ethnologiques, historiques et linguistiques effectuées « sur le terrain ». Les récits de ses voyages en Europe, en Afrique du Nord et en Asie nous montrent un observateur extrêmement attentif à la condition humaine et aux systèmes de gouvernement. En 1789, il fonde à Varsovie un club politique progressiste et une « imprimerie libre ». En 1804, la situation politique ayant profondément changé et le partage de la Pologne étant consommé, il offrira ses services au tsar, préconisant la conquête, dans un but civilisateur et commercial, d'une grande partie de l'Asie (dont l'Afghanistan). Après avoir dans sa jeunesse écrit un Recueil de Parades, une opérette (« Les Bohémiens d'Andalousie ») et quelques contes et apologues, il travaille dès 1797 au Manuscrit trouvé à Saragosse, son chef-d'œuvre, achevé peu avant sa mort, mais resté inédit. Il se suicida en 1815 dans des circonstances entourées de légendes ».
Tiré de la couverture du « Manuscrit trouvé à Saragosse » de Jean Potocki paru aux éditions José Corti, nouvelle édition intégrale établie par René Radrizzani. Avec l’aimable autorisation des éditions José Corti
Jozef vient rendre visite à son père dans un étrange sanatorium. Peu à peu, il se perd dans le bâtiment, il s'égare dans ses souvenirs, ses rêves d'enfants, son passé et ses fantasmes. D'après Le Sanatorium au Croquemort de Bruno Schulz.
Si vous ne connaissez pas l'oeuvre de Has, nous ne serions trop vous recommandez la vision de ces deux films qui ne ressemblent à rien de connu, emprunt d'une liberté artistique rafraichissante à l'heure où même les meilleurs blockbusters (suivez notre regard vers un super-héros chauve-souris) semble être régis par un schéma bien trop conventionnel.
L'un des plaisirs de ce blog et de la boutique (jadis physique mais aujourd'hui virtuelle) a toujours été de partager des films oubliés, d'échanger "nos" petits secrets de cinéphiles, ces films qui laissent en nous des traces indélébiles faisant résonances à notre moi profond. Voici l'ambition de ce blog comme de notre rubrique le "Rétro-viseur".
Aujourd'hui, penchons-nous sur le dernier film de Robert Rossen (1908-1966), Lilith, adaptation de l'ouvrage éponyme signé J.R. Salamanca avec une critique d'Olivier Père. Journaliste aux Inrocks et jadis programmateur à la Cinémathèque de Paris, Olivier Père, à l'instar d'un Jean-Baptiste Thoret, témoigne d'un attachement aussi bien pour les grands classiques que pour les films de genre. Bien souvent c'était lui qui se chargeait dans les pages de l' hebdomadaire culturel des critique de giallo, des films nippons et autres cinéma des marges. Depuis, Olivier Père, après un passage à la Quinzaine des réalisateurs, est devenu le directeur du festival de Locarno en Suisse.
Chef-d’œuvre secret du cinéma américain, Lilith est le testament poétique et bouleversant de Robert Rossen.
Aux antipodes de la folie baroque de Shock corridor, de la folie décorative de La Toile d’araignée ou de la folie allégorique de Vol au-dessus d’un nid de coucou, il faut redécouvrir la folie de Lilith, un des chefs-d’œuvre les plus secrets du cinéma américain, dont la ressortie providentielle devrait élargir les rangs de ses trop rares admirateurs. Avec ce film, maudit aux États-Unis, encensé par la critique en France, Robert Rossen terminait prématurément sa carrière. Cet ancien scénariste avait signé plusieurs bons films (Sang et or, Les Fous du roi, L’Arnaqueur) qui ne laissaient en aucun cas présager un aussi bouleversant testament cinématographique (Rossen, gravement malade, devait mourir deux ans après la sortie de Lilith, à l’âge de 57 ans).
Lilith raconte l’histoire de Vincent, un jeune homme indécis et perturbé (il revient de la guerre et vit dans le souvenir de sa mère morte alors qu’il était encore enfant) qui se fait embaucher comme aide-soignant dans une clinique psychiatrique. Vincent ne tarde pas à tomber amoureux d’une jeune patiente schizophrène, Lilith, et découvre que cette dernière entretient des relations sexuelles indifférenciées avec d’autres malades et aime séduire les petits garçons. La fréquentation intime de l’univers de la folie et cette tragique déception amoureuse achèveront de déstabiliser Vincent, jusqu’au dénouement du film, unhappy end assez traumatisante dans sa logique abrupte. Chronique provinciale, description d’une institution psychiatrique, délicate histoire d’amour, Lilith est surtout une tentative de cinéma poétique à contre-courant de la production américaine. Si, à la même époque, le “cinéma de poésie” de Bergman, Pasolini, Resnais s’épanouit en Europe, le film de Rossen, qui ne doit rien à personne, demeure profondément marginal et unique trente-quatre ans après sa réalisation. Car malgré son approche de thèmes sexuels scabreux, Lilith délaisse les sentiers battus de la vulgarisation psychanalytique ou du film à thèse pour s’engager sur les chemins rarement explorés au cinéma de la peinture de l’inconscient.
Lilith n’est jamais théorique ou abstrait mais au contraire sensuel, porté par des acteurs en état de grâce. Les rares étreintes heureuses du couple se déroulent dans des paysages lumineux de forêts et de rivières, et leurs corps mêlés se fondent dans la nature, grâce à de magnifiques surimpressions et fondus enchaînés. Le film baigne ainsi dans un climat envoûtant et trouble, mélange de réalisme et d’onirisme, à mille lieues des clichés hollywoodiens sur la maladie mentale. Au cœur du film, la jeunesse et la beauté extraordinaires de Jean Seberg et Warren Beatty (et la présence fragile du débutant Peter Fonda) viennent souligner la modernité de Lilith, film fou sur l’amour, film d’amour sur la folie.
Olivier Père in Les Inrockuptibles
Toujours inédit en France en dvd, nous avons le plaisir de proposer le film sur theendstore.com grâce à l'import. Proposé en version anglaise sous-titré anglais (ou dans une des très nombreuses langues disponibles), le dvd ne comporte aucun supplément, pas même une bande-annonce. Espérons qu'un éditeur français se décide à proposer cette œuvre méconnue d'un réalisateur oublié.
Si il y a des films qui vous font rentrer en cinéphilie comme d'autres rentrent dans les ordres, il y a des ouvrages qui produisent un effet de révélation. L'auteur de ces lignes était trop jeune pour être épris des écrits de Serge Daney, dernière plume à avoir profondément marqué le paysage critique français. Mais depuis la fin des années 90, Jean-Baptiste Thoret a su, par l'intermédiaire d'une cinéphilie aussi bien axé sur le cinéma horrifique / fantastique (Argento, Carpenter,...) que les classiques (avec un très net penchant pour les années 70), offrir un miroir à toute une génération d'amoureux du cinéma autant cinéphile que cinéphage.
Après Mythes et Masques : Les fantômes de John Carpenter (prix de la Cinémathèque française pour le meilleur ouvrage critique français de l’année) co-écrit avec Luc Lagier en 1998, seul et unique livre en français d'analyse et d'interview de "Big John", Jean-Baptiste Thoret s'attaque au chef d’œuvre de Tobe Hooper et film emblématique des années 70, The Texas Chainsaw Massacre (1973).
Thoret s'attèle autant à décortiquer une œuvre bien trop réduite à son impact visuel et à ces soi-disant débordements gores qu'à démontrer en quoi Massacre à la tronçonneuse est le reflet de la société américaine non pas de sa décennie mais dont les racines prennent naissance dans tous les traumas comme de tous ce qui fait l'essence de la civilisation américaine.
Dans Texas Chainsaw Massacre, la nature, morte, désolée relaye la souffrance des corps. C'est le règne du mélange, des compositions bâtardes, de la violation des frontières, l'animal, l'humain, le vivant, le mort, le mécanique, la nourriture, le déchet, tout se mélange monstrueusement. Leatherface et sa famille, descendants lointains de Norman Bates, ont gardé de leur ancètre la passion de la taxidermie mais l'ont élevée au rang d'art funèbre. L'humain comme l'animal, une fois occis, découpé, poli à vif, participe de cette matière plastique et charnelle à sculpter. La chair est ornement ou matière première. Déconstruire puis reconstruire de nouveaux monuments, de nouveaux édifices, de nouveaux corps, d'insolites natures mortes.
Grâce à l’œil et à la plume de Thoret, Massacre à la tronçonneuse acquiert le statut d’œuvre d'art (à la limite de l'expérimental) portant en elle tout le passé historique d'un pays mais également toutes les leçons du cinéma, proposant un condensé de divers technique de montage et de mise en scène. Pour résumer, Texas Massacre Chainsaw est un écho de la culture US, un soleil noir dans le cinéma américain indépendant.
Vous l'aurez compris, nous aimons le film comme le livre et c'est pourquoi nous sommes heureux de le proposer sur theendstore.com Édité en Février 2000, l'ouvrage est aujourd'hui épuisé... ou presque puisque nous avons récupéré quelques exemplaires en état neuf.
Est-il encore besoin de présenter Jonas Mekas ? Pour tous ceux qui s’intéressent un minimum à la contre culture et au cinéma expérimental, ce nom vous évoquent beaucoup de choses. Pour les autres sachez qu'il s'agit d'un cinéaste né en 1922 en Lithuanie. Il s'exile aux USA pour échapper aux invasions soviétique et nazie et commence à filmer dès son arrivée découvrant toute la scène artistique New-yorkaise. Il en devient très vite une figure majeure notamment en créant Anthology Film Archives.
LOST LOST LOST (1976)
Lost Lost Lost, tourné sur une période de quatorze ans, témoigne de la contre-culture des années 1950 ainsi que de l’évolution du style de son cinéma.
« Ces six bobines retracent une époque de désespoir, de tentatives désespérées pour faire pousser des racines dans un nouveau sol, pour créer de nouveaux souvenirs. Dans ces six douloureuses bobines, j’essaie de montrer ce qu’éprouve une personne exilée, ce que je ressentais pendant ces années. Cela décrit l’état intérieur d’une personne déplacée qui n’a pas encore oublié son pays d’origine, mais qui n’en a pas encore acquis un nouveau. La sixième bobine est une bobine de transition où l’on commence à voir de l’apaisement, où je commence à trouver des moments de bonheur. Une nouvelle vie commence. » Jonas Mekas
« La frontière disparaît entre un artefact – une œuvre d’art, conçue comme telle, une pure fabrication de l’imaginaire – et ce qui peut être décrit comme le témoignage d’un poète ; aussi sincère et honnête comme seul un poète peut l’être. Lost Lost Lost marque peut-être le début d’un nouveau genre, dans la lignée d’un Gide, d’un Sartre, d’un Malraux, mais en cinéma. »
SHORT FILM WORKS
Cette compilation de court-métrages rassemble des formes d'expressions diverses réalisées par Jonas Mekas entre 1965 et 2003. On y retrouve tout le génie du réalisateur, tour à tour drôle, subversif, cocasse, ironique, fondamentalement libre. On reconnaît aussi à travers cette palette étendue de son savoir faire, ce regard brillant et acéré, lumineux, qui fait que Jonas Mekas a toujours été beaucoup plus qu'un cinéaste, un amoureux de la vie et des hommes qu'il embrasse avec sa caméra, et dont ses montages chantent l'éternité.
Cassis (1966, 4mn) / Notes on The Circus (1966, 12mn) / Hare Krishna (1966, 4mn) / Report from Millbrook (1965-66, 12mn) / Time and Fortune Vietnam Newsreel (1968, 4mn)/ Travel Songs (1967-1981, 25mn) / Quarter Number One (1991, 8mn) / Imperfect Three-Image Films (1995, 6mn) / Song of Avignon (1998, 5mn) / Mozart, Wien & Elvis (2000, 3mn) / Williamsburg (1949-2002, 15mn)
THE BRIG (1964)
The Brig, pur produit du nouveau cinéma américain, fut tourné dans un théâtre off-broadway avec une authenticité bestiale qui lui valut le prix du meilleur documentaire au festival de venise. Cette fiction au ton polémique, dotée d'une bande-son sismique et d'une atmosphère cauchemardesque évoquant un kafka équipé d'une caméra Kodad remplit parfaitement son office : tout au long d'un journée harassante dans une cellule d'un régiment de marines, ce film saisit le spectateur par le col et le jette d'un mur à l'autre.
WALDEN (1969)
Immense fresque du milieu artistiques new-yorkais des années 60, Walden reste aujourd'hui un film essentiel. On en a parlé ici
> Extrait de Jonas (Gideon Bachmann, 6mn, 1967)
REMINISCENCES OF A JOURNEY TO LITHUANIA (1972)
Jonas et Adolfas Mekas sont arrivés en Amérique en 1949 en tant que réfugiés politiques. Anciens prisonniers des camps de travail allemands, exilés de leur village natal en Lituanie, recherchés par la police soviétiques, ils avaient été contraints de quitter leur foyer des années plus tôt, pour n'y revenir que 27 ans plus tard. Reminiscences of a journey to Lithuania, tourné entre 1971 et 1972, est le témoignage fascinant de la divisions d'une famille et de ses retrouvailles longtemps reportées.
> Extraits de Going Home (Adolfas Mekas, 1972) et Journey to Lithuania (Pola Chapelle, 1972). AS I WAS MOVING AHEAD (2000)
"As I Was Moving Ahead... montre les émotions, les sensations subtiles, les joies quotidiennes des gens telles que je les ai perçues dans les voix, dans les visages, dans les petites activités journalières des gens que j'ai rencontrés, observés, et avec qui j'ai vécu... Des choses que j'ai enregistrées pendant des années, à l'épposé des activités spectaculaires, divertissantes, sensationnelles et dramatiques qui dominent une grande partie du cinéma contemporain."
Tous les films comprendront des livrets d'une vingtaine de pages. Disponible à l'unité en septembre (20 euro) ou en coffret (prix non communiqué) en novembre.
Bien entendu, tous ces films seront en vente sur theendstore.com
THE END est un blog consacré au cinéma sous toutes ses formes (DVD, Livres, affiches) privilégiant le cinéma indépendant, culte, underground, bizarre, horreur, asiatique,...à retrouver à la vente sur theendstore.com