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Werner Herzog en 3D

On peut classer les (grands) cinéastes en deux catégories, les hyperactifs (Spielberg, Scorsese) et ceux qui prennent leurs temps (Paul Thomas Anderson, Terrence Malick). Werner Herzog fait partie de la première catégorie, voire même des hyper hyperactifs puisque c'est plus d'une dizaine de film en moins de dix ans mais tous n'ont pas connu le privilège d'une exploitation en salle. Le film qui nous intéresse aujourd'hui a été réalisé en 2010 (depuis Herzog a signé un film en 2011), sorti sur nos écrans le 31 aout 2011 et à fait le bonheur des cinéphiles (non claustrophobes).

La grotte des rêves perdus se présente comme un documentaire mais dépasse allégrement ce statut par une mise en scène simple, dénué d'ornementation inutile, rehaussée par une 3D permettant une immersion totale aux confins de nos origines en tant qu'espèce, mais aussi de s'interroger sur l'origine de la pensée humaine. Un film incroyable qui confirme après Bad Lieutenant, Escale à la Nouvelle Orléans la grande forme du cinéaste d'origine allemande.

Et Metropolitan ne s'y trompe pas en nous "offrant" le 1 mars prochain une édition combo blu-ray 3D et dvd collector de qualité en édition limitée.


C’est une grotte immense, protégée du monde depuis 20 000 ans parce que le plafond de son entrée s’est effondré. C’est un sanctuaire incrusté de cristaux et rempli de restes pétrifiés de mammifères géants de la période glaciaire. Pourtant, ce n’est pas le seul trésor que ce lieu unique au monde avait à nous offrir…
En 1994, au sud de la France, les scientifiques qui ont découvert la grotte sont tombés, ébahis, face à des centaines de peintures rupestres, des œuvres d’art spectaculaires réalisées il y a plus de 30 000 ans – presque deux fois plus vieilles que les peintures rupestres les plus anciennes découvertes jusqu’alors. Ces dessins, ces œuvres, ces témoignages exceptionnels ont été créés à l’époque où les hommes de Neandertal parcouraient encore la terre, en un temps où les ours des cavernes, les mammouths et les lions étaient les espèces dominantes sur notre continent. Depuis, seules quelques très rares personnes ont été autorisées à pénétrer dans la grotte, et ses chefs-d’œuvre sont restés à l’abri des regards – jusqu’à ce que Werner Herzog obtienne l’autorisation d’y réaliser un documentaire d’exception. Avec ses caméras 3D, Herzog a capté toute la beauté de ces merveilles dans l’un des sites les plus grandioses qui soit. Dans un saisissant voyage visuel, Herzog nous entraîne à à la rencontre de nos très lointains ancêtres, à la découverte de la naissance de l’art, de la symbolique puissante des lieux et des étranges personnes qui vivent aujourd’hui dans les environs.

En supplément, un livret de 36 pages, un documentaire sur le film et le court Ode to the Dawn of Man (2011 - 27 mn), plus les bandes-annonces habituelles.

Si vous avez des doutes quant à la continuité dans l’œuvre de Werner Herzog, nous vous proposons un extrait de la critique des Cahiers du Cinéma signée Jean-Sébastien Chauvin.
Au fond, le film suit un mouvement identique à l'ensemble du cinéma d'Herzog, qui en cherchant l'humain, une vérité de l'être, a souvent trouvé le mutant, l’extraterrestre, de Kaspar Hauser au flic de Bad Lieutenant, Escale à la nouvelle- Orléans, en passant par Aguirre. Pas besoin de quitter la Terre. Les mondes étranges sont à notre portée, à côté d'un chemin de randonnée, cachés sous la montagne, enfouis derrière la forêt. C'est pourquoi les films du cinéaste, et particulièrement ses documentaires, sont généralement bine plus que de simples descriptions d'une réalité. Ce sont des contes, des récits imaginaires, des constructions poétiques qui donnent au réel des allures de chimère (et la musique d'Ernst Reijseger fait décoller La Grotte des rêves perdus du réel pour engendrer un diffus sentiment de sacré). Sous l’œil d'Herzog, les archéologues eux-mêmes deviennent des êtres étranges, forment un peuple troglodyte aux occupations impénétrables ; témoin ce panoramique qui les révèle travaillant silencieusement dans un bureau paysager où ils sont finalement tout aussi énigmatiques que les hommes de l'époque aurignacienne.


Jean-Sébastien Chauvin in Cahiers du Cinéma #670 - p30

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