Dans le Londres des années 70, en plein "Swinging Britain", Steven Shorter (incarné par Paul Jones, le chanteur de Manfred Mann) est devenu un phénomène de musique pop. Sa popularité, gérée au plus près par des cadres de l'entreprise de show business qui l'emploie, a atteint des proportions vertigineuses. Mais quand l'artiste Vanessa Ritchie (jouée par le top model Jean Shrimpton) vient peindre son portrait, elle découvre sa profonde tristesse. C'est alors que les choses dérapent et que Steven se rebelle de façon inattendue.
Un film radical. Un film culte. Comme dans son film anti-nucléaire La Bombe, Peter Watkins nous projette dans un monde totalitaire et déshumanisé. La critique virulente des médias, du capitalisme débridé et du pouvoir politique corrompu a valu au film un accueil parfois mitigé, parfois violemment hostile. Il s'agit pourtant d'une œuvre visionnaire sur la manipulation des consciences - un film qui nous renvoie au monde dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Disponible outre manche depuis janvier 2010, le dvd anglais proposait 2 court métrages (The Forgotten Faces, 1961 et The Diary of Unknow Soldiers, 1959) inclus dans le dvd français de Punishment Park, ainsi qu'un livret de l'historien Robert Murphy et du spécialiste de Peter Watkins, John Cook. L'édition française se voit accompagnée d'un livret exclusif de 16 pages comprenant une auto interview du réalisateur. 16 pages qui permettent de remettre le film dans son contexte et de se rendre compte du caractère sulfureux du film de part son thème (critique du star system) que de sa réception critique houleuse de part le monde.
Ironiquement, ces critiques des années 1960 déclarent que je suis un amateur, alors que mon travail a ensuite inspiré de nombreux réalisateurs de cinéma et de télévision. Elles enragent contre mes accusations de conformisme de l’Angleterre, alors qu’aujourd’hui, pour ne prendre qu’un exemple, le pays a passivement accepté l’installation d’un nombre de caméras de surveillance dans les lieux publics plus important que dans les rêves les plus fous du KGB ou de la Stasi. Cette information jette une lumière ironique sur la critique de Privilège parue dans The Sun : « Le gouvernement est un ; son slogan est « Nous obéirons ». Non, nous n’obéirons pas, tenez-vous le pour dit, M. Watkins. »Peter Watkins
La sortie en France de Privilege permet de continuer l'after de l'Etrange Festival, car la manifestation lui rendit hommage en 1998, où le film fut projeté. Voici ce que le cinéaste disait à propos de ce premier film :
"Avec Privilège, Norman Bogner et moi-même, nous voulions montrer comment l'engagement et la détermination politiques des jeunes générations pouvaient être sapés par la religion, les média de masse, les jeux... C'est pour cette raison que nous avons filmée la destinée de Steve Shorter de manière aussi allégorique et emphatique. Lorsque le film est sorti en Angleterre, les critiques ont tiré à boulets rouges dessus. Privilège était, selon eux, un film «hystérique». Le fait que toutes les choses montrées ou sous-entendues par le film soient aujourd'hui devenues réalité en Angleterre en particulier lorsque Margaret Thatcher a régné sur le pays n'a pas pour autant réhabilité Privilège qui reste, aujourd'hui encore, un film marginalisé. Bien que le film a été accusé de plagier le style télé de l'époque, son utilisation de la couleur, sa structure et la mobilité de la caméra font aujourd'hui partie intégrante de l'écriture cinématographique des films dits "grands publics".
Le dvd est dès à présent disponible à la vente auprès de THE END. Tous les films de Watkins sont disponibles auprès de THE END :
Punishment Park / Culloden / La commune / The Gladiator / La bombe (coffret / unité) Edvard Munch / Evening Land / Le libre penseur (à l'unité)
Pour connaitre nos tarifs ou commander, envoyez un mail à theendstore@gmail(point)com.
Prix : Privilege / 20 euro (prix éditeur)
source : Doriane Films / Étrange Festival
1 commentaire:
Ça donne envie, rien que pour voir Jane Shrimpton in motion. ;)
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