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L'œil qui jouit

Précisions le tout de suite à l'égard de nos lecteurs les plus excités en ce premier jour de l'été, ce message n'aura aucunement l'ambition de vous faire jouir de plaisir. Quoique. Sous ce mystérieux titre se cache le premier ouvrage de Jean-François Rauger aux éditions Yellow Now.

Journaliste au quotidien Le Monde et programmateur à la Cinémathèque de Paris, Jean-François Rauger jouit d'une belle réputation auprès des cinéphiles bis puisque c'est grâce à lui que les séances Cinéma Bis et les Nuits Excentriques ont vu le jour dans la vénérable institutions parisienne. Sans oublier la fameuse rétrospective consacré à Jess Franco qui avait provoqué quelque remous auprès de quelques journalistes... peu enclin à la cinématographie du cinéaste ibérique.

Si il a co-écrit des livres ou participé à des ouvrages collectifs, c'est la première fois que Rauger ose le recueil de texte.


Écrire sur le cinéma est une activité dont j’ai longtemps simplement rêvé la possibilité avant de passer à l’acte. Car là aussi, je n’ai pas été particulièrement précoce. Les écrits réunis ici représentent une petite partie d’un travail d’écriture qui s’est étalé sur une vingtaine d’années. Des textes de toutes origines s’y côtoient, de la critique pure à la présentation de programmations pour la Cinémathèque en passant par des articles destinés à des revues ou des ouvrages collectifs.Textes marqués par les circonstances, souvent écrits vite, en fonction des commandes, des bouclages, bref, des circonstances. Il ne faut pas forcément chercher dans les choix effectués la synthèse exemplaire et cohérente d’un goût cinéphilique particulier. Beaucoup de noms manquent à l’appel même s’il était inimaginable qu’il n’y ait pas au moins quelque chose sur Jean Renoir, le seul cinéaste qui m’ait "appris à vivre".
Sinon, il était peut-être important que soit visible cette contradiction (mais en est-ce une ? qui mélange un goût hérité de la lecture, très jeune, des Cahiers du cinéma, dans le désordre et toutes périodes confondues, avec une appétence pour des formes dites mineures ou marginales, les chefs-d’œuvre estampillés avec le cinéma dit bis, le théorique et le tripal. Un résidu d’enfance guidé par un pur principe de plaisir ? Peut-être. Et puis renouveler à l’infini le geste cinéphilique d’ennoblir un mauvais objet ne se refuse pas. Finalement, si programmer des films c'est écrire une histoire de cinéma, écrire c'est aussi programmer son propre goût.


Forcé de constater que ce premier effort en solitaire lui a donné des idées puisque les éditions Rouge Profond annonce sur leur site internet la publication (pour 2013, sans date) d'un ouvrage intitulé L'Œil domestique : Hitchcock et la télévision. Encore une histoire de regard...

Prix : 17 euro

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