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It Was On Earth That I Knew Joy

Les tentatives de science-fiction "à la française" sont assez rares pour être soulignées, même un an après avoir fait l'actualité, It Was On Earth That I Knew Joy de Jean-Baptiste de Laubier aka Para One (diffusé gratuitement sur le net) reste une réussite. Connu pour ses productions électronique en solo ou pour le groupe de rap français TTC, Para One avait par ailleurs signé l'envoutante bande originale du premier long-métrage de Céline Sciamma, Naissance des pieuvres en 2007.

Rencontré à la FEMIS, Sciamma a collaboré avec Laubier sur ce film comme "script doctor". Un échange qui semble continuer puisque Laubier sous l'étiquette Para One lui a offert un morceau pour son second film, Tomboy.


Dans ce film, Jean-Baptiste de Laubier, double au carré cette hypothèse de Chris Marker : les traces du temps d’avant ne sont plus contenues dans le cerveau d’un réchappé du désastre mais dans les mémoires informatiques. L’Histoire ayant disparu, emportée par l’extinction des hommes, les machines se racontent des histoires avec les images que les hommes leur ont léguées. Telles celles de ce narrateur qui n’a pas pu, lui ni personne, survivre au virus final mais qui a laissé sur un disque dur des images tournées du temps où il vivait encore. Ses voyages, la famille, l’amour. La vie. Cette vie et son souvenir dont nos héritiers informatiques en fredonnent l’air nostalgique, sentiment humain qu’on ne leur savait pourtant pas programmés à ressentir.










“Lorsque j’ai conçu It Was on Earth, je venais de connaître une sorte d’apocalypse personnelle. Toutes les images qu’on voit dans le film, je les ai tournées durant les quatre ou cinq années précédentes, avec une caméra de poing que j’ai toujours sur moi. Je voyage beaucoup, dors peu, et filmer me permet de garder contact avec le réel, de me dire ‘ah oui, tel jour j’ai fait ça’. Mais rien n’a été filmé en pensant faire une fiction : il y avait cette matière documentaire, et le film s’est construit entièrement sur la table de montage.”


“Lorsque j’ai vu Sans soleil de Chris Marker, à 17 ans, ça a été un énorme choc : moi qui n’étais pas spécialement cinéphile et ne voyais que des blockbusters, j’ai décidé de faire du cinéma. En sortant de la Fémis, où j’ai rencontré des gens passionnants mais me suis senti un peu bridé, la musique m’est tombée dessus, et j’ai dû mettre en pause mes projets, notamment un long métrage que j’écris depuis longtemps. Je n’ai pas abandonné l’idée de le faire, seulement ce sera léger, avec peu d’argent, mes potes et beaucoup d’impro.”



L'ombre de Marker plane inévitablement sur le film mais par bien des aspects on retrouve certaines idées, certains mots issus de l’œuvre de Philip K. Dick "les machines à survie des gènes", autant dire qu'il y a pire comme parrains.

En outre, on ne pourra qu'être séduit par la forme, d'une légèreté et d'une souplesse, qui fera pâlir tous les apprentis metteur en scène. Grâce à une mise en scène jouant sur des prises de vues "normales" détournées de leurs sens premiers pour distiller une angoisse grandissante, It was on earth that I knew Joy démontre que bien souvent la réussite tient à peu de chose, une idée.

source : Sixpack / Inrocks

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