Dès fois on peut légitimement s'interroger du pourquoi du comment un cinéaste se voit offrir un intérêt conséquent alors que jadis celui-ci nageait dans le respect feutré du cinéma français. Comment du quasi néant bibliographique autour de Philippe Garrel, deux ouvrages viennent coup sur coup proposer un éclairage passionnant sur un auteur au parcours (et à la vie) incroyable. Et pour parfaire le tout, le Festival Théâtres au cinéma lui consacre une rétrospective intégrale du 3 au 14 avril 2013.
Programme :
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Enfant désaccordé de sa génération et cinéaste de la perdition,
Philippe Garrel l’a toujours été, sondant sans relâche le fossé séparant les pères et
les fils, les amants et les amantes,
les idéaux et leur concrétisation, et jusqu’à la fracture intime qui fait de chaque être un étranger pour lui-même
.
Jacques Mandelbaum
,
Le Monde
, 27 sept. 2011
Né en 1948, Philippe Garrel a 16 ans lorsqu’il tourne
Les Enfants désaccordés
. D’abord identifié comme
un jeune disciple prodige de Godard (
Marie pour mémoire
), il prend du large pour arpenter d’autres
territoires, mythiques, où toute famille est une Sainte Famille et toute forêt l’enchevêtrement du rêve
(
Le Révélateur
). à
partir de sa rencontre avec la chanteuse Nico, Garrel approfondit cette dimension
onirique et transforme ses films en de grands bains hypnotiques. La trilogie
La Cicatrice intérieure
,
Athanor
,
Le Berceau de cristal
, tournée en état de “somnambulisme éveillé” pour accompagner les
concerts de Nico, doit provoquer un même trip chez le spectateur.
à
partir de 1979 (
L’Enfant secret
),
Garrel éprouve le besoin de revenir à la narration et à l’autobiographie.
Elle a passé tant d’heures sous
les sunlights...
appartient à cette période passionnante de mutation, gardant de l’underground un goût
pour l’inachèvement et la ruine mais organisant les morceaux dans une logique narrative. Ce premier
pas sera suivi d’un second en 1988 lorsque l’écrivain Marc Cholodenko devient son co-scénariste.
Le Vent de la nuit
ou
Un été brûlant
appartiennent à cette dernière période, où la couleur et la parole
affirment un ancrage plus profond dans le réel, bien que celui-ci soit toujours peuplé des mêmes
fantômes.
FILMS COURTS
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LES
ENF
ANTS
DÉSACCORDÉS
/ 1964 / 15 min
Avec
Christiane Pérez, Pascal Roy,
Maurice Garrel
Deux adolescents en marge de la
société et en rupture avec leur famille
font une fugue. Leurs parents sont
interviewés, alors que les enfants sont
filmés dans leur désœuvrement
à la campagne.
«
Quand je vois ça maintenant, je
trouve que c’est exactement ce qui est
en train d’arriver à notre génération :
le fait que nous soyons complètement
déphasés par rapport au cycle de
la consommation, que nous ayons
envie de tout brusquer. De cela,
je ne me rendais absolument pas
compte à l’époque
.
»
p
.G.
,
Cahiers du cinéma
, 1968
> 3/4 20h00
> 11/4 21h00
DROIT
DE
VISITE /
1965 / 15 min
Avec
Maurice Garrel, Guillaume
Laperrousaz, Françoise Reinberg
Un enfant retrouve son père
et la maîtresse de son père tous
les week-ends, alors qu’il habite
chez sa mère...
Droit de visite, réalisé à 17 ans, est
l’évocation du divorce de ses parents,
thème qui reviendra à de multiples
reprises dans son œuvre.
> 8/4 17h30
> 16/4 19h00
RUE
FONTAINE
,
Épisode du
film collectif
paris vu par... 20 ans après /
1984 / 17 min
Avec
Christine Boisson,
Jean-Pierre Léaud, Philippe Garrel
René, désespéré par le départ de son
amie, tombe amoureux d’une jeune
femme qui se suicide le lendemain.
Tous les films de Garrel s’articulent
de façon cruciale autour de séquences
de rêve et de visions, mais
Rue Fontaine
est celui qui s’approche le plus d’un
total irréalisme – voire d’un surréalisme,
puisque ce titre fait référence à la rue
où habitait André Breton.
> 9/4 17h30
> 14/4 19h00
LA
SÉQUENCE
ARMAND
GATTI
/ 1993 / 5 min
“Vive l’anarchie !”, entendait-on
à l’orée de
L’Enfant secret
, en 1982.
Dix ans plus tard, pour
La Naissance
de l’amour
, Philippe Garrel se rendit
en Suisse afin de tourner une
séquence de rencontre entre le
personnage interprété par Lou Castel
et le grand écrivain, dramaturge et
cinéaste Armand Gatti, figure
mythique de l’anarchie en France.
Longue de dix minutes, la séquence
n’a pas trouvé sa place dans la version
finale de
La Naissance de l’amour
,
mais Philippe Garrel en a offert les
éléments, conservés par Bernard
Dubois, et réunis sous le label Outrage
et Rébellion. L’extrait présenté correspond au passage où une
synchronisation s’est avérée possible.
Les recherches continuent pour
restaurer et monter au mieux le fruit
précieux d’une rencontre créative
entre deux des artistes les plus
farouchement libres de l’histoire
du cinéma et des arts.
>
14/4 17h15
LONG METRAGES :
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MARIE POUR
MÉMOIRE
/ 1967 / 85 min
Avec
Zouzou, Didier Léon,
Nicole Laguigné, Thierry Garrel,
Maurice Garrel
Dans une vie aliénante où tous les rapports semblent fondés sur
l’agressivité et la domination, quatre
garçons et quatre filles hurlent
leur mal de vivre, leur solitude
et leur désespoir.
«
Ont conservé toute leur force et leur
beauté les plans primitifs de Garrel
fils, la puissance comique de Garrel
père, le jeu et le visage de Zouzou,
ses silences et ses regards, l’évocation
de la violence sociale, de la déréliction
sentimentale et de la solitude.
Toute petite chronique, inversement
proportionnelle au film, pour
mémoire.
»
S. Kaganski
,
Les Inrocks
, 6 oct. 1999
> 4/4 15h30
LE
RÉVÉLATEUR
/ 1968 / 60 min
Avec
Bernadette Lafont, Laurent
Terzieff, Stanislas Robiolle
«
Le Révélateur
est un film muet.
Un couple et son enfant fuient devant
une menace informe et pourtant
indicible. Un film sans rires et sans
murmures. Dans un paysage de
désolation, d’humidité et d’humiliation, on voyait l’être le plus faible se
révolter : l’enfant.
»
Bernadette Lafont
«
Entre le retour aux origines et la
plongée au-delà de l’infini, il y a
comme point commun ce paradoxe,
que trop peu de cinéastes ont
compris : ce n’est pas forcément en
réalisant des films discursifs, mais
hypnotiques, que l’on parvient à
donner corps aux grandes œuvres
métaphysiques et historiques.
»
S.Delorme
,
Cahiers du cinéma
, fév. 2002
> 5/4 21h00
> 10/4 17h00
LE
LIT
DE
LA
VIERGE /
1969 / 105 min
Avec
Pierre Clémenti, Zouzou,
Tina Aumont, Margareth Clémenti,
Jean-Pierre Kalfon
Une femme est sur son lit au bord de
la mer. Un jeune homme surgit des
flots. Ils ont pour noms Marie et Jésus.
«
Je crois qu’on voit clairement mon point de vue sur le mythe chrétien
dans Le Lit de la Vierge , que j’ai réalisé un peu plus tard en 1969, c’est une parabole non-violente dans laquelle
Zouzou incarne à la fois Marie et Marie-Madeleine tandis que Pierre
Clémenti incarne le Christ, un Christ
bien découragé et qui baisse les bras
devant la méchanceté du monde. En dépit de sa nature allégorique,
le film contient une dénonciation de la répression policière de 68, qui avait
en général été bien comprise par les
spectateurs de l’époque.
»
p
. Garrel
, in
Une caméra à la place
du cœur
, 1992.
> 4/4 21h00
> 12/4 16h30
LA
CICATRICE
INTÉRIEURE
/ 1972 / 60 min
Avec
Nico, Pierre Clémenti,
Philippe Garrel, Balthazar
Clémenti, Daniel Pommereulle
Dans des paysages d’Égypte et
d’Islande d’une étrange beauté,
l’errance d’une femme, de deux
hommes et d’un enfant.
«
La Cicatrice intérieure
est un
chef-d’œuvre pour qui ne comprend
pas l’allemand, paraît-il. Moi, je trouve
ce film un chef-d’œuvre total. Je ne
sais pas l’expliquer... Tout à coup, c’est
toute l’Humanité, toute la Terre qui
parle – La Terre dans le sens antique
de Mère. Mais ce n’est pas la Terre qui
parle, c’est l’Humus... C’est incroyable,
tout y est.
»
Henri Langlois
, avril 1972
> 4/4 17h15
> 10/4 21h00
> 15/4 19h00
LES
HAUTES
SOLITUDES
/ 1974 / 80 min
Avec
Jean Seberg, Laurent Terzieff,
Tina Aumont, Nico
Le portrait d’une femme de quarante
ans dans le silence de la solitude
d’une ferme.
«
Avec
Les Hautes solitudes, Garrel
atteint la perfection d’une œuvre
musicale : ces variations en gros plans
souvent fixes et de durée inégale,
mais généralement fort longues, nous
mettent en contact, de façon tout à
fait physique (le côté physique étant
accentué par le gros grain d’une belle
image noir et blanc très contrastée)
avec quelques visages (un homme
et plusieurs femmes) traqués,
persécutés, torturés par une
caméra-œil impitoyable...
»
Gérard Frot-Coutaz
,
Cinéma
, janvier 1975
> 12/4 15h00
> 16/4 19h00
LE
BERCEAU
DE
CRISTAL
/ 1975 / 80 min
Avec
Nico,
Dominique Sanda, Anita
Pallenberg, Margareth Clémenti
Instantané d’une génération
désaccordée. Le berceau ? L’art
(la peinture de Pardo, la poésie de
Nico, le Musée Langlois). Le cristal ?
Le froid (la poudre d’Anita Pallenberg,
le silence qui précède le suicide).
Toute vie est un processus de
démolition.
Le Berceau de cristal,
c’est
avant tout un voyage esthétique :
«
J’avais un ami peintre, Frédéric
Pardo, qui faisait de la peinture
psychédélique très dépouillée,
j’ai vécu près de lui pendant un an
et j’ai eu envie de faire un film par
rapport à sa peinture.
»
p
. Garrel
> 5/4 15h30
> 12/4 19h00
L’ENFANT
SECRET
/ 1979 / 95 min
Avec
Anne Wiazemsky,
Henri de Maublanc, Elli Medeiros
Prix Jean-Vigo 1982
Jean-Baptiste, cinéaste, et Elie,
comédienne, sont deux êtres à l’image
de leur amour. Rongée par le mal de
vivre, Elie se raccroche à son enfant,
Swann.
«
C’est comme si ce film autobiographique avait réussi à ne pas perdre le
Nord sans oublier la trace de chaque
étape. Bouts d’expérience sensorielle
pure (toucher, avoir froid), actes dans
leur sécheresse (l’électrochoc),
moments sereins et furtifs. J’aime
beaucoup la scène où Jean-Baptiste
vraiment clochardisé allume le mégot
qu’il vient de ramasser sous un banc.
Je me suis dit que c’était Griffith ou
Charlot qui revenaient pour quelques
instants. Que Garrel avait filmé cette
chose qu’on n’avait jamais vue : la tête
des acteurs des films muets dans les
moments où c’est le noir du carton,
avec ses pauvres mots de lumière,
qui occupe l’écran.
»
Serge Daney
,
Libération
, 19 février 1983
> 12/4 21h00
LIBERTÉ
,
LA
NUIT
/ 1983 / 80 min
Avec
Maurice Garrel, Christine
Boisson, Laszlo Szabo,
Emmanuelle Riva, Brigitte Sy
Un homme pris dans la tourmente
des évènements d’Algérie connaît
un bonheur nouveau mais fugace
avec une jeune Algérienne...
«
On pense bien sûr à Cocteau dans ce
travail de la mort comme constitutif
du film, mais si l’on y pense, c’est
avant tout dans cette traque du
hasard ou de l’imprévu technique et
de sa conséquence poétique : plus que
des plans, faire des prises qui volent
l’instant saisi comme un accident, et
le suscitent. Quel plus beau moment,
alors, que celui où les draps claquant
dans le vent découvrent et cachent
alternativement l’homme et la femme
blottis l’un contre l’autre dans leur
douleur ? C’est le mouvement de
l’obturateur, mais d’abord cette
chasse au hasard – l’imprévisible
apparition ou disparition des acteurs
– à l’intérieur d’un dispositif donné ;
c’est la beauté comme aventure.
»
M. Chevrie
,
Cahiers du cinéma
, été 1984.
> 5/4 12h00
> 7/4 17h00
> 11/4 21h00
ELLE
A PASSÉ
TANT
D
’HEURES
SOUS
LES
SUNLIGHTS
... /
1984 / 130 min
Avec
Mireille Perrier, Jacques
Bonnaffé, Anne Wiazemsky,
Lou Castel
Film dédié à Jean Eustache
On propose à un jeune metteur en
scène, malheureux en amour, de
monter
Blanche-Neige
de Charles
Perrault à la Comédie-Française...
«
C’est l’histoire d’un tournage que
joueront Mireille Perrier, Lou Castel,
et Anne Wiazemsky et Jacques
Bonnaffé... et j’essaierai, entre ces
deux couples – l’un appartenant
à la réalité, ça sera Lou et Mireille,
et l’autre à l’imaginaire, ça sera Anne
et Bonnaffé – de montrer le point
d’interférence qu’il y a entre la réalité,
les moments de dèche et de misère
d’un cinéaste, et son film où il
injectera des bribes, comme ça, de sa
réalité, mais dans un contexte
imaginaire et sentimental, avec une
attitude émotive propre à l’art
(avec de la musique, sur les dialogues
de Jacques Bonnaffé et d’Anne).
»
p
. G.
, dossier de presse du film
>
11/4 16h45
> 14/4 21h00
LES
BAISERS
DE
SECOURS
/ 1989 / 83 min
Avec Brigitte Sy, Philippe Garrel,
Louis Garrel, Anémone,
Maurice Garrel
Mathieu, cinéaste, prépare un film.
Il choisit de confier le premier rôle
féminin à une actrice connue.
«
Considérant que l’histoire du film
est “leur histoire”, sa femme, Jeanne,
comédienne également, prend cette
décision pour “une trahison d’amour”.
Jeanne, Mathieu et la vie : d’artiste
ou de famille. Amour fou, tonalité
mineure :
Les Baisers de secours
se
donnent loin de l’infernale artillerie
psychologique. Philippe Garrel n’en
rajoute pas : ici, pour toucher, on
retranche, on élude, on coupe. Un art
moderne qui aide à vivre la vie.
»
G. Lefort
,
Libération
, 12 septembre 1989
> 4/4 17h00
> 14/4 19h00
J’
ENTENDS PLUS
LA
GUITARE
/ 1990 / 98 min
Avec
Benoît Régent, Johanna
Ter Steege, Yann Collette,
Mireille Perrier
Lion d’argent, Festival de Venise 1991
Gérard aime Marianne et cet amour
est le sens de sa vie. Un jour, Marianne
part avec un autre homme. Gérard
rencontre Linda, Aline puis Adrienne
mais Marianne est toujours là....
«
La mort rôde sous deux formes,
soit littéralement, par le suicide de
Marianne (cette fois l’allusion à Nico
est directe), soit diffusément,
parcellisée sous la forme de ces mille
et une petites morts que le temps, le
vieillissement infligent à nos idéaux.
C’est peut-être pour cela que
J’entends plus la guitare
est plus
qu’un film. C’est un “moment of being”
comme disait Virginia Woolf, un
instant d’être traversé par un souffle
de vie à perdre haleine. Prose de
l’existence = poésie ininterrompue.
»
T. Jousse
,
Cahiers du cinéma
, mai 1991
> 4/4 19h00
> 16/4 21h00
LA
NAISSANCE
DE
L
’AMOUR
/ 1993 / 93 min
Avec
Lou Castel, Johanna
Ter Steege, Jean-Pierre Léaud
Deux amis, Paul le comédien et
Marcus l’écrivain, parlent souvent
de leur vie, de leurs aspirations
et de leurs passions.
«
C’est peu de dire qu’on sort
bouleversé de
La Naissance de
l’amour
. En fait, on quitte la salle
convaincu d’avoir retrouvé une magie
perdue, une alchimie à base d’images
(en noir et blanc) et de son (direct) qui,
pour les premières, renvoient à la
période du muet, où les films étaient
tournés sur une pellicule orthochro-
matique très riche en sels d’argent, et,
pour le deuxième, à une tradition de
l’enregistrement brut sur le vif dont
le Jean Eustache de
La Maman et la
Putain
ou le Leos Carax de
Boy Meets
Girl
pourraient être de bons exemples, postérité des débuts de la Nouvelle
Vague en France, de John Cassavetes
aux
É
tats-Unis.
»
J. Roy
,
L’Humanité
, 9 mars 2001
> 3/4 20h00
> 14/4 17h15
L
E CŒUR
FANTÔME
/ 1996 / 87 min
Avec
Luis Rego, Aurélia Alcaïs,
Valeria Bruni-Tedeschi
Philippe, un peintre, découvre que sa
femme a un amant. Ils se séparent.
Il devient amoureux d’une jeune fille,
mais leur relation est troublée par son
remords d’avoir laissé ses enfants.
«
Une boucle se noue : le premier film
de Philippe Garrel s’appelait
Les
Enfants désaccordés
, et le second
Droit de visite
. Dans l’un et l’autre,
Maurice Garrel, déjà, jouait.
Trente-cinq ans plus tard, le Philippe
du
Cœur fantôme
, face au “droit de
visite” de ses propres enfants,
interroge son père – et ce divorce
d’autrefois qui le poussa à dire
“en cinéma” son désarroi – dans une
fiction qui s’accorde si bien à une
biographie singulière qu’elle sera
reçue comme une lettre attendue d’un
ami très proche, qu’on n’a jamais vu.
Une lettre plutôt rassurante.
»
É. Breton
,
L’Humanité
, 27 mars 1996
> 13/4 21h00
> 16/4 17h00
LE
VENT
DE
LA
NUIT
/ 1999 / 92 min
Avec
Catherine Deneuve,
Daniel Duval, Xavier Beauvois,
Jacques Lassalle
Paul, étudiant, est l’amant d’Hélène,
une femme mariée d’âge mûr.
Parti à Naples pour une exposition,
il y rencontre Serge, au volant
d’une Porsche rouge, un homme
mutique et désenchanté...
«
Beauté du monde, fragilité des
humains. Peut-être bien que, depuis
Marie pour mémoire
, où “un jeune
garçon écorché vif se regardait
vieillir”, Philippe Garrel n’a jamais dit
autre chose. Le miracle est que, du
poème de l’adolescence au film
d’aujourd’hui, la fièvre soit restée
aussi brûlante que la mise en péril
de grands acteurs, que le polissage
du scénario et des dialogues, que le
travail sur l’image, que l’utilisation
de la musique de John Cale, qui arrive
seulement quand on l’attend, que ce
professionnalisme achevé, dont assez
peu de “professionnels” donnent
aujourd’hui l’exemple, aboutissent
à ce qu’il faut bien appeler la
spontanéité de l’acte créateur.
»
É. Breton
,
L’Humanité
, 3 mars 1999
> 9/4 21h00
> 16/4 15h00
SAUVAGE
INNOCENCE
/ 2001 / 117 min
Avec
Julia F
aure, Mehdi Belhaj
Kacem, Michel Subor,
Jérôme Huguet
Prix de la critique internationale
au festival de Venise 2001
François, un cinéaste, souhaite
réaliser un long métrage contre
l’héroïne en hommage à son épouse
décédée d’une overdose. Il veut
confier le rôle principal à Lucie,
une comédienne dont il est tombé
sous le charme...
«
C’est un Garrel romanesque, lyrique,
stylisé, en noir et blanc. Un noir et
blanc somptueux avec une gamme de
nuances subtiles, un camaïeu de gris
très sophistiqué à l’image d’un film où
la ligne de partage entre ce noir et ce
blanc se démultiplie en une série de
zones intermédiaires où les frontières
entre le bien et le mal deviennent
incertaines, troublantes et troublées.
C’est aussi une fable qui cultive le
paradoxe avec un humour désespéré
et une fragile poésie.
»
T. Jousse
,
Cahiers du cinéma
, 6 déc. 2001
> 4/4 21h00
> 13/4 15h45
LES AMANTS RÉGULIERS / 2005 / 178 min
Avec Louis Garrel, Clotilde Hesme,
éric Rulliat , Julien Lucas Antoine,
Caroline Deruas-Garrel
En 1969, un groupe de jeunes gens
s’adonne à l’opium après avoir vécu
les événements de 1968. Un amour fou
naît au sein de ce groupe entre une
jeune fille et un jeune homme de
20 ans...
«C’est la plus romantique des histoires et c’est un film d’aujourd’hui.
Totalement d’aujourd’hui, le film d’une génération, de ses élans et de ses
retombées. Et quand un sot, du même âge que Philippe Garrel sans doute,
écrit un livre qui s’appelle quelque chose comme “On n’a pas changé
le monde, mais on s’est bien amusé” le cinéaste, lui, parle de tous ceux de
son âge qui se sont brûlés au feu des
illusions mais qui ont trouvé là de
quoi nourrir leur imaginaire, et su
faire partager ce qu’ils vécurent.
»
S. Delorme
,
Cahiers du cinéma
, oct. 2005
> 6/4 20h00
> 16/4 15h45
LA
FRONTIÈRE
DE
L’AUBE
/ 2008 / 103 min
Avec
Louis Garrel, Laur
a Smet,
Clémentine Poidatz
Une star vit seule chez elle, son mari
est à Hollywood et la délaisse.
Débarque chez elle un photographe
qui doit la prendre en photo pour un
journal, faire un reportage sur elle.
Ils deviennent amants...
«
Par là, par la montée de désespoir,
ce film est bien la suite des
Amants
réguliers
, fièvre de Mai 1968 et
lendemains de drogue, tous “espoirs
fusillés”, comme le disait un intertitre.
De même, Laura Smet (Carole), de son
miroir, répond à Jean Seberg qui, dans
Les
Hautes Solitudes
s’effaçait devant
son reflet et le travail sur la lumière
qui se joue ici retrouve les exigences
du
Révélateur
. Cela s’appelle bâtir une
œuvre.
»
É. Breton
,
L’Humanité
, 8 octobre 2008
> 9/4 19h00
> 16/4 20h30
UN
ÉTÉ
BRÛLANT
/ 2010 / 95 min
Avec
Monica Bellucci, Louis Garrel,
Céline Sallette, Maurice Garrel
Paul rencontre Frédéric. Il est peintre
et vit avec Angèle, une actrice qui fait
du cinéma en Italie. Paul est bientôt
invité à se rendre chez eux, à Rome,
avec sa compagne. Ensemble, les deux
couples voient leurs sentiments
s’intensifier et se diluer au fil de
passions incompréhensibles...
«
D’une passion en train de se
bousiller, Garrel signe avant tout un
film qui ne se centre plus exclusivement sur un homme et une femme,
mais s’en va flirter du côté de l’amitié
masculine : les Amis réguliers,
en quelque sorte. Qu’il fait jouer “côte
à côte” dans la Rome du
Mépris
–
le cinéma de Godard restant le terreau
originel de l’imaginaire garrélien. Tout
comme le couple Bardot-Piccoli se
désagrégeait au fur et à mesure que le
cinéma, cet ogre, reprenait ses droits,
dont celui de dévorer ses enfants,
Cinecittà et un film à faire vont
pousser Angèle dans les bras d’un
assistant : chronique d’une liaison
annoncée.
» Philippe Azoury
,
Next Libération
, 28 septembre 2011
> 9/4 15h30
> 13/4 18h00
Outre l'ouvrage de Philippe Azoury,
Garrel, en substance, le Festival propose comme chaque année un livre / catalogue, somme d'informations permettant d'ouvrir les différentes thématiques et d'avoir ainsi les clés pour appréhender l'univers d'un cinéaste.
Présentation :
--------------------------------------------------
Revenir sur l’œuvre de Philippe Garrel, c’est ainsi dessiner
la continuité entre des périodes esthétiques que le cinéaste
lui-même sépare, pour indiquer la cohérence d’une voie.
Pour parcourir cette voie essentielle, et à laquelle l’édition en
langue française n’a encore consacré que très peu d’ouvrages,
ce livre propose un premier ensemble thématique suivi d’une
filmographie intégrale commentée. Les différents jeux de
Garrel avec l’autobiographie et la fiction, l’importance des
évènements de Mai 68 et son inscription dans le groupe
Zanzibar, les thèmes de la passion amoureuse et du suicide,
le travail formel avec la lumière ou la musique comme celui,
capital, avec les acteurs et plus largement avec les corps,
sont explorés à travers des séries de textes et d’entretiens. La
filmographie rassemble de nombreux extraits de propos, des
articles parus à l’époque de sortie de chaque film et des textes
inédits, composant une anthologie provisoire de la littérature
critique sur Philippe Garrel.
On retrouvera le journaliste et auteur Philippe Azoury qui animera la leçon de cinéma de Philippe Garrel le samedi 6 avril à 18h00.
Retrouvez toutes les informations et la programmation du Festival Théâtre au Cinéma sur le
site internet de la manifestation.