Présentation :
Sous le titre ambitieux de « Chine, extrême cinéma », des films invitent à la découverte d’un double univers, celui de la Chine contemporaine et celui du cinéma qui s’est donné pour tâche de la filmer. Depuis que le bouleversement économique des années 2000 a définitivement ringardisé l’expression « extrême orient », la Chine incarne de plus en plus ce que Chung Kuo, à la lettre, veut dire: «l’empire du centre». Notre intitulé sonne alors comme un paradoxe : le pays «au centre» de notre époque vu par un cinéma «extrême». Mais que veut dire «extrême»? C’est l’une des questions que l’on posera au cinéaste Wang Bing, qui sera présent à la Villa Arson pour accompagner cette programmation. Anticipons ceci : les cinéastes qui filment la Chine aujourd’hui semblent se partager en deux catégories. D’une part, ceux qui disent : ce qui existe disparaît. D’autre part, ceux qui disent : ce qui résiste n’apparaît pas. Ces deux catégories sont évidemment «extrêmes». La réalité est plus nuancée. Un mélange la compose toujours de choses qui disparaissent tout en laissant des traces ou qui survivent tout en ne résistant que partialement et par intermittence. Mais le rôle du cinéma ne se borne pas à raconter une histoire, un lieu, une trajectoire – aussi exemplaires soient-ils. S’il existe bien, en Chine et ailleurs, un certain cinéma qui s’occupe à filmer le centre du monde, ce n’est pas celui-là qui est visé ici. Cette programmation réunit plutôt un échantillon d’un cinéma qui arpente l’extrémité du monde et, par là, définit tout ce qui se trouve à l’intérieur de ces extrêmes.
Eugenio Renzi
LE FOSSE / WANG BING / 2012
A la fin des années 1950, le gouvernement chinois expédie aux travaux forcés des milliers d’hommes, considérés comme droitiers au regard de leur passé ou de leurs critiques envers le Parti communiste. Déportés au nord-ouest du pays, en plein désert de Gobi et à des milliers de kilomètres de leurs familles pour être rééduqués, ils sont confrontés au dénuement le plus total. Un grand nombre d’entre eux succombent, face à la dureté du travail physique, puis à la pénurie de nourriture et aux rigueurs climatiques. Le Fossé raconte leur destin – l’extrême de la condition humaine.
> mardi 26 mars à 20h30 (disponible en dvd sur theendstore.com)La projection du film sera précédée par une Masterclass de Wang Bing à 18h30.
L'ARGENT DU CHARBON / WANG BING / 2009
Sur la route du charbon, qui va des mines du Shanxi au grand port de Tianjin, en Chine du Nord, des chauffeurs au volant de camions de cent tonnes chargés jusqu’à la gueule font la noria, de nuit et de jour. Au bord de la route : prostituées, flics, rançonneurs à la petite semaine, garagistes, mécaniciens. Les chauffeurs roulent à travers montagnes et plaines et échappent de peu aux accidents. Ils s’enivrent la nuit en vitesse avec quelques filles, n’ont pas le temps de dormir et se retrouvent au port pour vendre leur chargement contre une poignée de yuan. Ils repartent aussitôt vers la mine, réconfortés par les conversations au téléphone portable avec leurs épouses, qui vivent dans des masures disséminées au bord de la route.
> mercredi 27 mars à 18h30 BLACK BLOOD / MIAOYAN ZHANG / 2010
Xiaolin et sa femme vendent leur sang pour payer l’école de leur fille. Ils finissent par créer une petite banque du sang qu’ils nomment Ali-Baba. Avec ces profits importants, la cour autrefois déserte se remplit de moutons. Au-delà la dénonciation d’un système sanitaire déliquescent, le film sonne en filigrane une charge virulente contre un capitalisme sauvage dont la doxa pose l’enrichissement personnel comme la voie royale (moyen, signe, et objectif) de son développement.
> mercredi 27 mars à 20h30 AI WEIWEI : NEVER SORRY / ALISON KLAYMAN / 2012
Ai Weiwei, artiste dissident de l’ère numérique, inspire l’opinion publique internationale et brouille les frontières entre art et politique. Arrêté par les autorités chinoises le 3 avril 2011, libéré sous caution le 22 juin, Ai Weiwei est, à ce jour, interdit de sortie du territoire. Ai WeiWei : Never sorry est le portrait d’un artiste engagé qui affronte sans relâche l’Etat chinois et nous rappelle de manière essentielle notre besoin de liberté individuelle, politique et artistique.
> jeudi 28 mars à 20h30 Pour compléter cette offre cinématographique, une conférencev - jeudi 28 mars à 18h30 - de Luc Richard suivi du documentaire Zone of initial Dilution d’Antoine Boutet viendront explorer l'envers d'une Chine méconnue.
Plus d'informations sur le site de L'Eclat ou sur le site de la Villa Arson
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