Aujourd'hui ce temps semble révolu et les films de qualité en provenance d’extrême orient arrivent au compte goutte. Et les éditeurs vidéo hexagonaux semblent très mesurés face à des oeuvres qui comptenteront qu'une minorité d'aficionados.
Sur l'implusion d'un Jean-Pierre Dionnet, les films Gemini de Shinya Tsukamoto et L’île de Kim Ki-Duk ont été distribué aussi bien en salle qu'en dvd. Disponible chacun avec deux autres films les éditions françaises de L'île et de Gemini sont devenus rares, voire introuvables à un prix décent.
Et comme à chaque fois que nous trouvons des raretés, nous sommes heureux de pouvoir en faire profiter tous ceux qui souhaiteraient découvrir des films plastiquement réussis et thématiquement prenants.
L'ÎLE / SEOM / KIM-KI DUK / 2000
La belle et fantomatique Hee-jin (Suh Jung) s'occupe d'îlots de pêche au beau milieu d'un site naturel idyllique. Silencieuse, elle accueille les clients et survit en vendant de la nourriture et des boissons. Elle se prostitue occasionnellement.critique :
Un jour, Hyun-shik (Kim Yoo-seok), un homme plus désespéré que les autres, débarque sur cet ilôt. A la ville, il a tué sa femme et cherche dorénavant un endroit pour disparaître et oublier sa peine. La souffrance de cet homme intrigue Hee-jin.
L’île et son personnage de femme-piège, prédatrice et animale, évoque bien sûr quelques grands films, japonais, sur le même sujet, Onibaba ou La Femme des sables, œuvres avec lesquelles il partage en outre un sens hypertrophié de l’esthétisme et du cadre. Chaque plan de L’Île est magnifiquement composé, regorge de métaphores psychanalytiques. On a affaire à un film de plasticien et de théoricien, sans que ni le discours du film, ni ses recherches visuelles en fasse un objet poseur et lénifiant.
Olivier Père // Les Inrockuptibles
Treize ans après la sortie de Seom (titre originale), Kim Ki-Duk, dont le parcours cinématographique en a dérouté plus d'un, revient sur le devant de la scène médiatique avec son dernier film, Pieta, récompensé en septembre dernier du Lion d'Or au Festival de Venise.
Abandonné à sa naissance, Kang-do est un homme seul qui n’a ni famille, ni ami. Recouvreur de dettes sans pitié et sans compassion, il menace ou mutile les personnes endettées dans un quartier destiné à être rasé. Un jour, Kang-do reçoit la visite d’une femme qu’il ne connaît pas et qui lui dit être sa mère. Pour la première fois de sa vie, le doute s’installe en lui….
Sortie en salle le 10 avril 2013
Si L'île marquait le point de départ du renouveau du cinéma Coréen et de son explosion mondiale, Gemini de Shinya Tsukamoto marque lui un coup d'arrêt dans la distribution française des films du réalisateur japonais.
En effet à l'exception de Nightmare Detective qui a connu une exploitation en dvd, tous les autres films de l'auteur de Tetsuo sont restés inédits. Pire, Kotoko, son plus récent film et multi récompensé en 2011 au Festival de Venise et à Stiges, n'a su trouver preneur en France. Une incompréhension qui laisse pantois.
GEMINI / SÔSEIJI / SHINYA TSUKAMOTO / 1999
Japon, années 20. Médecin, Yukio vit entouré de ses parents et de sa
femme, amnésique depuis un mystérieux incendie. Alors qu'une présence
mystérieuse hante la maison, son père puis sa mère meurent dans des
circonstances inexpliquées. Puis, Yukio est précipité au fond du puits
du jardin par une "apparition" qui prend ensuite sa place...
Si le film est sans aucun doute le plus "calme" de son auteur, Gemini est un exercice de style pour celui qui était arrivé comme un météorite post punk sur l'échiquier cinématographique. Une parenthèse pour témoigner de sa maitrise formelle, surement un signe à l'égard des producteurs pour des projets plus ambitieux ? Les films qui ont suivi sont restés dans la veine indépendante mais plus "ouvert". Espérons que le public français puisse enfin découvrir cette seconde partie de carrière sans avoir à se tourner une nouvelle fois vers l'import.
critique :
Disponible en japonais sous-titré français.
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"Parmi les cinéastes nippons, Shinya Tsukamoto est le branque, le punk, le mal-aimé. C’est ce qui rend intéressant cet artiste louvoyant entre trash, manga, clip et série B. Avec Gemini, il change son fusil d’épaule en dépeignant l’univers feutré bien qu’insane d’une famille bourgeoise des années 20 qui va se déliter à partir du moment où une présence étrange se fait sentir dans la maison. Au départ, un œil distrait pourrait confondre ce tableau domestique avec du Ozu. Mais un examen plus attentif confirme que nous sommes bien chez Tsukamoto, à la frontière du fantastique de série B"
Vincent Ostria // Les Inrockuptibles
Disponible en japonais sous-titré français.
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