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Bucktown | Arte Cinéma Trash

Si Arte a déjà diffusé des fleurons de la Blaxploitation dans leur case Cinéma Trash comme Foxy Brown, Coffy et Shaft, il faut avouer que la diffusion de Bucktown sur la chaine Franco-Allemande est un plaisir qu'il ne faudra pas louper tant le film est borderline sur les aspects politiques.



Bucktown, sud des États-Unis, milieu des années 70. Duke Johnson, venu assister à l’enterrement de son frère, va se retrouver coincé là le temps de régler la succession, c’est-à-dire deux mois. Aux funérailles, il a fait la connaissance d’Harley, Aretha et Steve, tous trois issus, comme lui de la communauté afro-américaine ; il se frotte ensuite très vite aux « forces de l’ordre », des policiers blancs corrompus jusqu’à la moelle. Quand la situation se met à vraiment dégénérer, Duke décide de faire appel à ses « frères », des activistes plus opportunistes que révolutionnaires dirigés par Tat Roy. Mauvaise affaire : les habitants de Bucktown troquent la peste contre le choléra…

Si vous vous êtes bien amusés devant « Bucktown » (1975), sachez que la même année son réalisateur, Arthur Marks, a également tourné un autre fleuron de la blaxpoitation, « Friday Foster », avec toujours au générique Pam Grier, Thalmus Rasulala et compagnie. Si c’est le couple Duke/Aretha, Fred Williamson/Pam Grier qui vous a séduits –il y a de quoi !-, nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer miss Grier lors de la diffusion de « Foxy Brown » (1974), concentrons-nous donc cette fois sur mister Williamson. La carrière du grand Fred abonde en rôles de justiciers tataneurs, suivez-le par exemple dans le « Vigilante » (1983) de William Lustig ou, encore plus déviant, si vous avez aimé ses scènes de bagarre dans « Bucktown », voyez-le manier les arts martiaux dans « Les guerriers du Bronx » (1982) d’Enzo G. Castellari. S’il ne vous a pas échappé que l’interprète d’Haley, Bernie Hamilton, est surtout passé à la postérité pour avoir joué le capitane Dobey dans « Starsky et Hutch », série TV dont Arthur Marks a d’ailleurs été l’un des artisans, retrouvez notre ami Fred W. dans le rôle… du capitaine Dobey dans le film « Starsky et Hutch » (2004) de Todd Phillips. Enfin, si c’est la déroute des révolutionnaires qui vous intéresse, dirigez-vous vers le documentaire que William Klein a consacré à « Eldridge Cleaver, Black panther » (1969), juste avant l’avènement de la blaxpoitation.

Jenny Ulrich

Dans l'ouvrage Blaxploitation, 70's Soul Fever ! - en Français ! - que tous fans de la Blaxploitation se doit de posséder, le journaliste et auteur Julien Sévéon revient sur l’ambiguïté du film dû à une opposition politique à l'encontre des Black Panthers / Black Power ce qui est un comble pour un film destiné (à la base) à un public noir.
Reprenant la thématique décidément très populaire à l'époque du héros revenant dans son village natale pour l'enterrement de son frère (une idée posée par Get Carter et reprise dans Hit Man et The Bus is coming), Bucktown nous place dans une sorte de Babylone du sud, dans laquelle Duke (Williamson) débarque et apprend que son frère n'est pas mort naturellement. [...] Bucktown est un produit archétypal de la blaxpoitation. d'un côté, il offre les fantasme que l'on est en droit d'attendre de ce type de production, notamment du flinguage tout azimut de flics. Et là, chapeau bas à Williamson et sa clique qui dézinguent sauvagement (et joyeusement) les petits racistes bleus du coin durant une séquence totalement et purement jouissive. Cette opération expéditive est cependant rapidement contrecarrée oar les scènes suivantes qui présentes les nouveaux tenants du pouvoir comme des crapules encore pire que les anciennes. Normal, comme qui dirait, ils sont noirs... On est là face au double discours de la production blanche en charge de la majorité de la blaxploitation. Celle-ci veut certes bien offrir certaines scènes marketées pour le public noir, mais elle contre-balance cet apparent discours de rebellions en présentant les révoltés, quel qu'ils soient, comme des petites frappes violentes et arrivistes. Derrière tout cela plane le spectre du Black Power qui fait cauchemarder l'Amérique blanche. Les tenants du White Power, présentés par le chef de police et ses hommes, ne sont certes pas recommandables mais ils sont au final moins dangereux que les nouveaux califes qui, en prenant le pouvoir, servent de métaphore au Black Power. Pour l'américain moyen, même si il ne soutient pas leur politique, il vaut mieux avoir à faire à des adeptes du White Power que Black Power...
Julien Sévéon in Blaxploitation, 70's Soul Fever ! (2008) - Bazaar & Co, p73.

> jeudi 13 octobre à 23h55
> samedi 15 octobre à 02h05

source : Arte Cinéma Trash

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