Si Philippe Grandrieux n'a pas encore retrouvé les salles obscures pour un nouveau film après Sombre, Une Vie nouvelle et Un Lac (disponible en dvd sur theendstore.com). Cet auteur français pour le moins iconoclaste - dont nous évoquions toute la singularité ici - n'est pas pour autant inactif.
Ainsi, il sera possible de découvrir le dimanche 4 mai à 11h30 à la Cinémathèque de Paris son film WHITE EPILEPSY (2012). 68 minutes pour retrouver cette hypnotisante bulle que représente le cinéma de Grandrieux. Arraché de l'espace temps d'un cinéma français moribond et arcbouté sur des schémas narratifs éculés, Grandrieux nous propose comme à chacune de ses œuvres une expérience de cinéma totale donnant tout son sens à la découverte en salle obscure.
Le film sera suivi par une rencontre avec Philippe Grandrieux.
Les figures qui hantent le film ont une réalité étrange, envahissante. Elles sont soumises à des forces souterraines qui les relient entre elles. Leurs actes répondent à une injonction que nous ne pouvons pas comprendre, à laquelle nous n’avons pas accès, mais dont nous pressentons l’impérieuse souveraineté. Une humanité ancienne, archaïque, répète au cœur de la forêt les scènes défaites d’une cérémonie. C’est un rêve ou un cauchemar. Le récit est tissé par la peur, la sexualité et notre animalité qui sourd à fleur de peau. Le film se construit par un agencement d’intensités affectives par lequel se développe la narration, un agencement d’intensités nerveuses. Cette narration particulière conduit celui qui regarde le film à éprouver le monde de White Epilepsie depuis ses expériences intimes de la peur et du désir, depuis l’entrelacement affectif qui est le sien.
Philippe Grandrieux
Le moi de mai sera définitevement l'occasion (pour les parisiens) de découvrir les dernières réalisations de Grandrieux. Son documentaire, Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution, sur le cinéaste japonais Masao Adachi sera diffusé au Forum des Images dans le cadre du Mois Documentaire, le mardi 13 mai à 19h00.
Réalisateur, scénariste, critique, théoricien, poète, acteur, activiste, prisonnier politique… Masao Adachi né à Fukuoka en 1939 mène un indéfectible combat contre toutes les formes d'oppression.
Il est une figure cardinale de la contre-culture japonaise des années 60/70. Fasciné par le mouvement surréaliste, il en fait le prisme fondateur de sa pensée et de sa démarche cinématographique...
En 1974 il s’engage durablement pour la cause révolutionnaire palestinienne, rejoignant les rangs de l’Armée Rouge Japonaise et devenant l’un de leurs théoriciens et leaders politiques. On ne sait que peu de choses de ses 23 années d’activités clandestines, jusqu’à son arrestation au Liban en 1997. Extradé en 2001 au Japon, il est libéré après deux ans d’emprisonnement et interdit de sortie du territoire. Dans la foulée il publie une autobiographie Cinéma/Révolution. Après 35 ans d’absence il réalise Prisoner/Terrorist (2007) dans lequel il revient sur son engagement révolutionnaire. Il prépare actuellement un documentaire sur les centrales nucléaires au Japon.
Premier documentaire d'une collection qui se veut "tête chercheuse" de cinéaste méconnu réalisé par des réalisateurs. Cette série se veut un prolongement de ce qu'un André S. Labarthe a pu produire avec l'anthologie "Cinéaste de notre temps".
Ce film documentaire de 74 minutes est le parfait bonus pour approfondir la vision et la compréhension d'un cinéaste quasi invisible aujourd'hui, de l'ouvrage publié en 2012 par Rouge Profond Le Bus de la Révolution passera bientôt près de chez toi", retraçant le parcours d'un acteur important du cinéma guerilla durant les années 60 au Japon.
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Sombre /1998
Jean tue, il rencontre Claire, elle est vierge.
Claire aime Jean. Elle reconnaît à travers les gestes de Jean, sa
maladresse, sa brutalité, elle reconnaît ce qui obscurément la retient
elle aussi hors du monde. Et jusqu'alors frappée de désespoir, du
désespoir d'une vie non vécue, cet homme la redonne à la lumière. C'est
un conte. L'amour est ce qui nous sauve, fut-il perdu, d'emblée perdu.
Un Lac / 2009
Le film se déroule dans un pays dont on ne sait rien, un pays de neige et de forêts, quelque part dans le Nord. Une famille vit dans une maison isolée près d’un lac. Alexi, le frère, est un jeune homme au cœur pur. Enclin à des crises d’épilepsie, et de nature extatique, il ne fait qu’un avec la nature qui l’entoure. Alexi est très proche de sa jeune sœur, Hege. Leur mère aveugle, leur père et leur plus jeune frère, observent en silence cet amour incontrôlable.
Le Bus de la Révolution passera bientôt près de chez toi / Masao Adachi
« En tant que créateurs, nous possédons d’une part la fermeté, la ténacité et l’hétérogénéité du corail et, de l’autre, la capacité de croissance des plantes héliotropes. » (1967). Cinéaste révolutionnaire en lutte contre l’impérialisme, Masao Adachi a rédigé de nombreux écrits accompagnant son trajet engagé, dont presque trois décennies se déroulèrent dans la clandestinité et une part en prison : manifestes, chroniques, journaux, analyses de films « frères » (Kôji Wakamatsu, Nagisa Ôshima, Jean-Luc Godard, Glauber Rocha, R. W. Fassbinder…). Il s’y déploie une théorie de l’art comme action et une théorie de l’activisme soucieuse d’expérimenter en toutes choses et en tous lieux, dans les rapports avec autrui, dans les gestes de luttes, dans les usages de la langue. Rarement trajet de cinéaste fut plus radical, inventif et fidèle à ses idéaux d’émancipation. Auteur de chefs-d’œuvre (A.k.a Serial Killer, Prière d’éjaculation, Armée Rouge/FPLP : Déclaration de guerre mondiale…), Masao Adachi reste à ce jour interdit de sortie de territoire au Japon. « Je ne me considère pas moi-même comme un hérétique. Mais si l’on observe objectivement la place de mes œuvres, du point de vue de leur contenu, on peut les situer dans les extrêmes. » (2010)
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