Après l'exceptionnel
L'évaporation de l'homme, documentaire qui virait à la fiction par peur d'un procès, l'éditeur Choses Vues continue d'exhumer les œuvres méconnues de l'(énième) enfant terrible du cinéma japonais avec quatre documentaires revenant sur le passé trouble du Japon pendant la seconde guerre mondiale et sur l'après.
Présentation de l'éditeur :
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Après l’échec de Profonds désirs des dieux (1968), Imamura renoue avec le documentaire en réalisant L’Histoire du Japon d’après-guerre raconté par une hôtesse de bar (1970), véritable contre-histoire du Japon vu par le bas de la société. Ce nouvel échec commercial ruine Imamura et le contraint à se
consacrer exclusivement pendant près de 10 ans à la réalisation de
documentaires pour la télévision.
Imamura, pour qui le thème de la guerre est central dans son œuvre,
tourne alors une série de films sur les citoyens japonais abandonnés,
avec la volonté d’aller au-delà de l’histoire officielle. En 1979, il revient à la fiction avec La Vengeance est à moi avant de recevoir deux Palmes d’or à Cannes, la première pour La Ballade de Narayama (1983), la seconde avec L’Anguille (1997).
Après la guerre, un certain nombre de soldats japonais ont préféré ne
pas rentrer au pays. Imamura part à leur recherche en Malaisie puis en
Thaïlande afin de comprendre pourquoi ils ont préféré rester sur place,
comment ils ont vécu leur “après-guerre”, ce qu’ils pensent de leur
patrie.
Beaucoup d’anciens soldats ont une attitude très critique vis-à-vis
du Japon. Présent à l’image, Shôhei Imamura, qui s’abstient de tout
jugement, parvient à libérer la parole de ces sans-grades. Trente ans
après les faits, il recueille des témoignages essentiels et précieux sur
l’histoire du Japon impérial.
Au détour d’une conversation, on apprend, par exemple, qu’en
Malaisie, plusieurs centaines de soldats nippons refusèrent la
capitulation et rejoignirent l’armée communiste malaise pour continuer à
combattre anglais et américains, jusqu’en 1947 ! Le réalisateur
recueille de nombreux témoignages sur l’état d’esprit qui régnait au
sein de l’armée impériale (bien loin des thèses officielles), sur la
sauvagerie de cette guerre (et donc du ressentiment des populations
autochtones à l’égard du Japon), sur le sentiment, de certains, d’avoir
été manipulés, sacrifiés et finalement abandonnés.
À noter au passage, le témoignage glaçant d’un ancien soldat, (”Matsu
la brute” - un nationaliste pur et dur) qui se vante d’avoir participé à
des crimes de masse perpétrés contre des civils chinois mais aussi
d’avoir exécuté d’un coup de pelle des conscrits nippons “mauviettes”.
La figure même de l’Empereur (”de ce pays de salauds !” lance un ancien
soldat devenu pacifiste) - ex-dieu vivant - n’est pas épargnée…
Dans les années 70, pour le gouvernement d’alors, le problème
n’existait pas : soit les combattants étaient revenus du front soit ils
étaient morts. L’expression « mikikanhei », terme qui désignait « ces
soldats qui ne sont pas revenus », était prohibée dans l’administration.
Finalement, la télévision privée japonaise commanditaire refusera de
diffuser la série En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus tant
les films s’écartaient de l’histoire officielle (la chaîne craignait la
réaction des annonceurs publicitaires, dixit Imamura). Le public
japonais découvrit ces films 15 ans plus tard.
Dans le 3ème film de cette série, le cinéaste fait revenir au
Japon ” Matsu la brute “, rencontré deux ans auparavant. Il est
accueillit à l’aéroport par une horde de photographes, tel un fantôme
surgissant du passé… d’un passé refoulé. Après 33 années d’exil, il
retrouve sa sœur, ses vieux amis, un pays qui le déçoit aujourd’hui et
où ” les habitants ne pensent qu’à l’argent “. Il découvre
qu’il a été opportunément déclaré mort — l’homme est littéralement “un
revenant” —, puis retrouve son frère aîné qui le méprise et qui doute de
ses blessures militaires. S’ensuit un terrible happening familial… Lors
d’un entretien avec Imamura, l’ancien soldat rejette cet Empereur -
autrefois vénéré - qui a abandonné « ses enfants ». Il décide finalement
de retourner vivre en Thaïlande.
DVD 1 :
En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus, n°1 La Malaisie (Mikikanhei o Otte) - 1971
En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus, n°2 La Thaïlande - 1971
La brute revient au pays natal (Muhomatsu Koyo ni Kaeru) - 1973
Au début du XXe siècle, il y avait environ 2000 prostituées
japonaises dans les pays d’Asie du Sud-Est. Cette époque correspond au
développement industriel du Japon vers ces pays. Considérées comme
“produits japonais exportés”, ces femmes ont rapporté quelques centaines
de millions de yens au Japon. La plupart d’entre elles, d’origine très
modeste, ont été kidnappées ou trompées sur le but réel de leur voyage,
puis forcées de travailler dans des conditions misérables. Devenues de
petites vieilles ridées et rieuses, quelques survivantes témoignent
devant la caméra d’Imamura.
Finalement, la télévision privée japonaise commanditaire refusera de diffuser la série En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus
tant les films s’écartaient de l’histoire officielle (la chaîne
craignait la réaction des annonceurs publicitaires, dixit Imamura). Le
public japonais découvrit ces films 15 ans plus tard.
DVD 2 :
Ces Dames qui vont au loin, (Karayuki-san) - 1973
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