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Expo Kenneth Anger

Plus que quelques jours pour découvrir l'exposition de Kenneth Anger à la Galerie du jour d'Agnès B. Entre documents de l'artiste (collection d'autographes), archives (articles issus de la Cinémathèque de Paris dont ses premiers écrits en français parus dans les Cahiers du Cinéma) et installations audiovisuelles, on ne pourra regretter que le caractère succinct de l'ensemble. Pour autant cela reste un événement à découvrir pour quiconque s’intéresse aux figures du cinéma underground.


Voir le monde à travers une boule de cristal. 
Kenneth Anger est né en 1930 à Santa Monica et a grandi à Hollywood. Il est aujourd'hui considéré comme le maître du cinéma expérimental, grand inspirateur de la subculture, et l'influence majeure d'une génération de réalisateurs, musiciens et autres artistes. En 1947, il réalise Fireworks, sélectionné dans de nombreux festivals en Europe, dont le festival de Cannes où Cocteau le découvre. C'est un choc : il trouve là son corolaire américain, comme un Genet sous acide. « Fireworks, vient du plus profond de la nuit d’où émergent toutes les oeuvres vraies. Il touche le vif de l’âme et c’est là chose rare. » 

CINEMAGIC 
Dans les films de Kenneth Anger, on retrouve l'occultisme, la mythologie, la culture gay, Hollywood. Des couleurs criardes, des écritures techno. Chacun de ses films, grâce à diverses techniques de travail de la pellicule, prend une forme onirique, une oeuvre habitée par la magie, la poésie. C'est un cinéma de montage, proche d’un procédé hallucinatoire. 
Pour Kenneth Anger, un film terminé n'est pas un film emballé, ses pellicules sont perpétuellement retravaillées, réutilisées pour un autre film ou pour des photogrammes qui donnent, aujourd'hui, souvent lieu à des installations. En 1997 lors de sa première exposition à la galerie du jour agnès b. ICONS, Kenneth Anger explique ainsi son processus de production : « J'essaye de travailler sur la matérialité de la pellicule, sur les cascades d'images que je vois en la déroulant. Très souvent, je n'utilise pas les images seules et je les garde dans une espèce de tiroir, pour les combiner avec d'autres au montage et, dans certains cas, pour accumuler les prises les unes sur les autres. Jusqu'au point où, dans Inauguration of the pleasure dome, j'ai superposé six prises de vue différentes. » 


Cette année la galerie du jour agnès b. présente pour la deuxième fois une nouvelle exposition personnelle de Kenneth Anger, centrée sur deux oeuvres majeures de l'artiste : Hollywood Babylon et le cycle de films Magic lantern. Hollywood Babylon fait de Kenneth Anger la mémoire vive de l'histoire des studios américains. Depuis son enfance, Kenneth Anger collectionne coupures de presse, photos, épingle les histoires, les légendes, les rumeurs. Dans les deux tomes d'Hollywood Babylon édités en 1959 et 1984, tous les coups sont permis, scandales et calomnies, il ne laisse rien sous silence, il exhume les dessous de l’usine à rêves. On y croise des stars devenues des mythes telles Rudolph Valentino et Greta Garbo, ainsi que des icônes du cinéma muet comme l’actrice Billie Dove. 


« Pour les tabloïds, il n'existait pas de plus vil endroit qu’Hollywood, la nouvelle Babylone, et ses banlieues Sodome (Santa Monica) et Gomorrhe (Glendale). Les scribouillards décrivaient les stars comme d'éblouissantes femmes perdues voguant d'une orgie à l'autre, au bras de poseurs à la beauté venimeuse, dans un monde fastueux et parfumé, hanté par les spectres de la boisson, de la drogue, de la débauche, de la folie, du suicide et du meurtre. » Hollywood Babylon, c’est aussi l'histoire du cinéma muet et sa mémoire oubliée. 


D'ailleurs la plupart des films d’Anger sont sans paroles. Puce moment, présenté dans l'exposition, renoue avec une certaine douceur, certainement liée à l'enfance du réalisateur, à l'époque où sa grand-mère était costumière à Hollywood. Un film nostalgique sur la matière et la couleur, qui met en scène les rites de l'embellissement, la glorification de l'être humain. S'habiller, se parfumer, se coiffer, se maquiller. Ce qui est suggéré, c'est le rituel des soins personnels, la préparation de l'individu qui va se présenter sous son meilleur jour à la société. L'exposition Kenneth Anger 2012 montrera des documents provenant de la collection personnelle de l’artiste, des projections des films Inauguration of the pleasure of dome (1954) et Puce moment (1949) ainsi que le fameux néon Hollywood Babylon.

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