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Jack Smith, flaming director

Jadis, le cinéma expérimental et underground avait une certaine reconnaissance de la part de grand réalisateur qui leur permettaient ainsi d'avoir une certain visibilité. Nous pensons à Kenneth Anger dont David Lynch et Martin Scorsese ont été profondément marqué mais nous pensons également à Brian de Palma dont le début de carrière est très marqué par le cinéma underground new-yorkais des années 60, époque phare d'Andy Warhol ou William Burroughs.

Si certains films (voire l'intégralité pour Kenneth Anger) des artistes / réalisateurs pré-cités sont disponibles en dvd, d'autres sont quasiment invisibles dont Jack Smith. Le seul moyen pour découvrir ce "type" de films reste encore les festivals tels que le LUFF (Lausanne Underground Film Festival).


Jack Smith (1932-1989) est une personnalité hors du commun pour un cinéma hors norme. Originaire de l'Ohio, Smith déménage au Texas puis dans le Wisconsin, des territoires ruraux qui seront le terreaux et le paradoxe d'une filmographie haute en transgression. En 1951, Jack Smith prend la direction de Chicago pour travailler dans un théatre et tourne son premier film en 16mm, Buzzards Over Baghdad, hommage à l'actrice Maria Montez. C'est le début d'une carrière haute en couleurs, emprunt d'un certain exotisme, d'un sens de l'érotisme et du scandale, Jack Smith a su repousser les limites du montrable.



La documentation en français autour de Jack Smith étant rare c'est avec un certain plaisir que THE END vous propose ce numéro(#8 - mai 2002) d'une revue aujourd'hui disparue, Exploding. Sous-titrés "revue d'analyse de l'expérimentation cinématographique", Exploding a été une fenêtre pour tous les réalisateurs inclassables issus de l’expérimental et l'underground français et international. Ce numéro limité à 500 exemplaires est entièrement consacré à la carrière de Jack Smith. 114 pages retraçant le parcours chaotique et scandaleux d'un cinéaste à la vision avant-gardiste.

L'importance de Smith dans le cinéma est d'avoir voulu confondre son identité avec sa représentation, en leur donnant la même organisation, ou plus justement, la même désorganisation, les mêmes béances et, finalement, la même angoisse, négligeant presque les contraintes de la représentation devant son égotisme malade. L'inachèvement des films, leur remontage perpétuel, une tentation de l'informe qui s'épanouit souvent dans le carnavalesque, toutes ces reprises et dégradations ne poursuivent que la reprise et la dilatation d'une identité sans synthèse, faite d'images qui s'absorbent et se neutralisent, images d'exaltation comme d'effondrement.
Jen-Marie Samocki

Si vous souhaitez découvrir tout l'univers de Jack Smith, envoyez un mail à theendstore(at)gmail(point)com.
Vous pouvez également vous procurer cette revue sur theensdtore.com

Prix : 10 euro

Andreï Tarkovski, l'intégrale !

Potemkine pense déjà à Noël en annonçant l'intégrale des longs-métrages réalisés par Andrei Tarvoski pour le 1 novembre prochain. Le tour de force de l'éditeur parisien est d'avoir sur convaincre les éditeurs Films Sans Frontières et Arte vidéo de bien vouloir leur laisser exploiter leurs titres qui sont respectivement Nostalghia (1983) pour le premier et le Sacrifice (1986) pour le second.



Nous retrouverons donc les films suivants :

L'enfance d'Ivan (1962)
Ivan, 12 ans, est décidé à venger sa famille assassinée par les nazis. Il rejointun régiment de partisans russes comme éclaireur. Sa capacité à se glisser à travers les lignes ennemies sans être remarqué le rend rapidement indispensable. Cependant, ses supérieurs considérant ses missions comme trop dangereuses, décident qu’il doit quitter le front. Ivan résiste et convainc les officiers de le laisser mener une dernière expédition…

Andrei Roublev (1966)
Andreï Roublev est chargé par Théophane le Grec de décorer une cathédrale à Moscou. Quelque temps après, il assiste à l’invasion sanglante de son pays par les Tatars, qui soumettent les habitants à d’atroces cruautés. Tourmenté par un meurtre qu’il a dû commettre pour sauver sa vie et celle d’une jeune fille, Andreï fait voeu de silence et renonce à son art, ce qui l’amène à une profonde réflexion sur le rôle de l’art et de l’artiste…

Solaris (1972)
Sur la planète Solaris bouillone un mystérieux océan, immense inconscient collectif où les pensées, les souvenirs et les rêveries des hommes prennent corps pour venir les hanter. Kelvin, un psychologue, est envoyé dans la station orbitale dont l’équipage étudie la vie de Solaris. Quand il arrive dans la station, il découvre que son ami, le physicien Guibarian, s’est suicidé et que les deux autres savants sont dans un état nerveux inquiétant. Au détour des couloirs on entrevoit des personnages dont la présence dans la station est inexplicable…

Le miroir (1975)
Aliocha, un cinéaste de 40 ans, est sur le point de mourir. Il se penche alorssur son passé, rassemblant les souvenirs de la maison de son enfance, de sa mère attendant le retour improbable de son mari, de sa femme et de son fils, des poèmes de son père, des éléments sur la Seconde Guerre Mondiale… Passé et présent se confondent dans son esprit…

Stalker (1979)
Le stalker, c’est le guide, le passeur d’hommes emmenant dans la Zone interdite dans un endroit privilégié où les voeux sont exaucés. Cette fois, le stalker est accompagné de l’Ecrivain et du Professeur : le premier pense y trouver l’inspiration, le second une découverte capitale. En prenant des risques importants, les trois hommes franchissent les barrages et s’enfoncent dans un monde étrange où tout est bouleversé, où chaque objet est menaçant… Ce parcours initiatique changera profondément leur existence…

Nostalghia (1983)
Une voiture s'arrête dans un paysage de brume à demi réel. Une femme en descend. Un homme reste assis à l'avant. Il est poète, Russe, et est venu en Italie pour se documenter sur l'un de ses compatriotes, musicien en exil qui a vécu dans la région au XVIIIe siècle et qui préféra finalement la condition d'esclave dans son pays natal à celle d'homme libre à l'étranger. La jeune femme, aux allures de madone, est son guide et son interprète. Elle est avec Domenico, le fou, le seul interlocuteur du poète Gorciacov. C'est cependant avec Domenico que Gorciacov communie : dans des domaines bien différents, tous deux sont en proie aux mêmes maux, à la même nostalgie , le fou avec ses problèmes par rapport au monde extérieur, le poète avec le mal du pays.

Le sacrifice (1986)
Sur l'île où il réside, Alexandre est au bord du chemin avec son jeune fils, Petit Garçon, qui vient d'être opéré des cordes vocales et ne peut parler. Tout en plantant un arbre mort, il lui raconte une légende japonaise : en arrosant régulièrement le pied de l'arbre et en y croyant, il reprendra vie. La saison du soleil de minuit approche sur cet endroit calme de l'île de Gotland où Alexandre, écrivain et ancien comédien, s'est retiré avec sa famille. Ce soir, Alexandre célèbre son anniversaire entouré de quelques proches. Au cours de cette nuit d'été, soudain : une forte secousse, les couleurs disparaissent, la télévision annonce qu'un conflit nucléaire vient d'éclater, puis l'émission est arrêtée...

Les quatre premiers films ont été distribué par MK2 dans des éditions simple ou double (pour les longs-métrages les plus longs) accompagnés de bonus intéressants (interview du directeur de la photographie, du décorateur, du compositeur, etc...). Potemkine annonce sur son site internet des documentaires, des interviews, inédites. Espérons pour le collectionneur que certains bonus seront repris ou que les nouveaux compléments surpassent les précédents et surtout qu'enfin les films Solaris et Stalker puissent être vus sur un seul dvd et non sur deux comme leurs anciennes éditions. Les premières spécifications laissent penser que oui, puisque la fiche du produit annonce 8 dvd (7 films + 1 dvd de bonus).

Prix : 100 euro

Vous pouvez acheter directement les films sur theendstore.com


source : Potemkine

Sam Peckinpah, la violence du crépuscule

Sortie en 2001 aux éditions Dreamland, THE END a le plaisir de proposer cette ouvrage incontournable sur le réalisateur américain Sam Peckinpah (1925-1984). Bloody Sam est une des figures les plus importante du cinéma américain des années 70 ayant particulièrement œuvré pour le western (The Wild Bunch, Pat Garret & Billy The Kid). François Causse, l'auteur de l'ouvrage, revient chronologiquement sur la carrière du cinéaste à travers ses 14 longs-métrages fait de tumulte, d'accident, de sang, de violence et d'amitié.


Malgré le succès publique et critique de LA HORDE SAUVAGE considéré comme l'un des plus grands films de tous les temps, son auteur SAM PECKINPAH n'a jamais connu l'aura des grands anciens comme Murnau, Ford, Welles, Renoir ou Rossellini. Comme eux, mais après eux, ce rebelle de génie a défini les critères du cinéma moderne, comme le reconnaissent John Woo, Martin Scorsese, Quentin Tarantino ou Takeshi Kitano qui tous revendiquent sa filiation. Reflet de son époque, lucide sur l'avenir, le cinéaste amène le doute sur les valeurs qui étaient le fondement de la société américaine. La violence qu'il ose enfin montrer apparaît comme un corollaire de la morale traditionnelle, et l'annonce d'un monde en survie dont Scorsese démontre si bien qu'il court à sa perte. Les studios, tout en reconnaissant son talent, furent constamment effrayés par ce discours subversif qu'ils tentèrent de minimiser en mutilant systématiquement ses films. Heureusement les récentes rééditions de ses œuvres en version "director's cut" permettent enfin de vérifier l'étendue de son immense talent. Mais la réhabilitation de Sam Peckinpah passe aussi par cet ouvrage exhaustif et passionnant, complément indispensable d'une œuvre cinématographique fulgurante et visionnaire.

Prix : 33,54 euro (+ frais de port)

en vente sur theendstore.com

Wall E en plein air (Nice)

Lundi 25 juillet à 21h00 au théâtre de verdure à Nice, diffusion en plein air du film d'animation américain Wall E de Andrew Stanton (Le monde Nemo).



Neuvième long métrage des studio Pixar, Wall E est le dernier être sur Terre et s'avère être un... petit robot ! 700 ans plus tôt, l'humanité a déserté notre planète laissant à cette incroyable petite machine le soin de nettoyer la Terre. Mais au bout de ces longues années, WALL-E a développé un petit défaut technique : une forte personnalité. Extrêmement curieux, très indiscret, il est surtout un peu trop seul...
Cependant, sa vie s'apprête à être bouleversée avec l'arrivée d'une petite "robote", bien carénée et prénommée EVE. Tombant instantanément et éperdument amoureux d'elle, WALL-E va tout mettre en oeuvre pour la séduire. Et lorsqu'EVE est rappelée dans l'espace pour y terminer sa mission, WALL-E n'hésite pas un seul instant : il se lance à sa poursuite... Hors de question pour lui de laisser passer le seul amour de sa vie... Pour être à ses côtés, il est prêt à aller au bout de l'univers et vivre la plus fantastique des aventures !


Cette projection est l’occasion d'évoquer (encore) les éditions Capricci avec leur collection "Actualité critique". Sur plus de 80 pages, un critique revient sur une thématique. Après le cinéaste allemand Werner Schroeter signé Phillipe Azoury (Libération), les Soprano par Emmanuel Burdeau (ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma) ou la loi Hadopi, l'objectif est de proposer une pensée concise, vive sur des sujets qui font l'actualité.


Génie de Pixar de Hervé AUBRON

Parler des studios Pixar, c’est parler de l’histoire du cinéma d’animation depuis Disney jusqu’à aujourd’hui ; des histoires qui plaisent aux enfants et celles qui plaisent aux adultes ; de la révolution informatique et numérique ; de l’avenir de l’espèce humaine. C’est parler de nous, de nos rêves et de notre destin. Parler d’une réussite industrielle incontestable qui est aussi une réussite artistique éblouissante. Impossible en somme de s’intéresser à l’état du cinéma et des images, des technologies et des représentations sans passer par le Génie de Pixar.

À la fois éloge et récit, manuel d’histoire et de science-fiction, ce livre retrace la chronique d’un succès exceptionnel sur tous les plans. Hervé Aubron y analyse également les fictions privilégiées du studio comme autant d’allégories du numérique. Il décrit le monde de Pixar, à la fois virtuel et réel, animal et humain, numérique et passionné par les textures de la création.

Ce livre est enfin une odyssée extraordinaire, celle de Wall-E, Le Monde de Némo, Monstres et Cie ou encore Là-Haut : l’utopie d’une animation parlant à tous, en même temps que le pressentiment d’une possible disparition de l’humain.


Prix : 7,95 euro

Tous les titres Capricci sont disponibles auprès de THE END en envoyant un mail à theendstore(at)gmail(point)com.

source : Capricci

Vincente Minnelli

Petit à petit, Capricci prend une place prépondérante dans la publication d'ouvrage consacré au septième art. Si l'amateur de lecture cinématographique peut s'estimer heureux de pouvoir lire d'excellent livre chez Rouge Profond, Allia ou Bazaar & Co, le point fort de Capricci est sa régularité métronomique avec laquelle il occupe le terrain. Quasiment tous les mois une sortie. Pour le mois d'août se sera sur le cinéaste Vincente Minnelli (Celui par qui le scandale arrive, Les ensorcelés).


En quoi Vincente Minnelli a-t-il inventé une des grandes œuvres du cinéma ? Pour répondre, il faut étudier tous ses films : les comédies musicales passées à la postérité (Un Américain à Paris, Tous en scène…), les comédies connues (Le Père de la mariée, La Femme modèle…) et moins connues (La Roulotte du plaisir, Qu'est-ce que maman comprend à l'amour ?…), les mélodrames réputés (Comme un torrent, Celui par qui le scandale arrive…) ou maudits (Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse).

Le détail des films importe, et plus largement l'évolution d'un itinéraire commencé en 1943 et achevé en 1976. Le rêve a sa place dans cette histoire, mais pas plus que la rêverie, la prière, la télépathie ou l'oubli. La danse y tient son rôle, ô combien, mais aussi la littérature, la télévision, la guerre ou l'enfance. La chronique légère du Chant du Missouri finit par s’effacer sous le galop des cavaliers de l'Apocalypse dans le ciel de l'Occupation. Il est temps d’arracher l'enfant chéri de la Metro-Goldwyn-Mayer à sa réputation d’esthète sans profondeur, pour saisir les scansions d’une pensée qui se sera épanouie aussi bien dans le gracieux que dans le grandiose.

Le livre est publié à l’occasion de la rétrospective dédiée à Vincente Minnelli organisée par le Festival Del Film Locarno en 2011.


352 pages - 22 euro

A commander à theendstore(at)gmail.com

source : Capricci

Classics Confidential

Wild Side a inauguré il y a quelque mois une nouvelle collection qui ravira les cinéphiles les plus fétichistes et les plus avides d'informations. En effet, l'éditeur qui miaule propose dans un superbe coffret un ou deux films, accompagné d'un ouvrage de 80 pages signé par des plumes ô combien reconnu pour leur talent de journaliste. Ils se nomment Philippe Garnier (Libération), Samuel Blumenfeld (Le Monde) ou encore Patrick Brion (Cahiers du cinéma, Cinéma de Minuit, La dernière séance).
Peut-être que cela vous rappelle une autre collection Wild Side ? En l’occurrence celle des Introuvables. Durant quelques sorties, le label avait décidé d'accompagner de la même manière leur film d'un livret (80 pages) signé par la jeune garde cinéphile que sont Luc Lagier (Sisters) et Jean-Baptiste Thoret (Les Frissons de l'angoisse, Sailor & Lula).


LA FEMME AU PORTRAIT (1944)
Enseignant la psychologie à l'université, le Professeur Richard Wanley rencontre Alice, une femme mystérieuse. Celle-ci est en effet le modèle d'un tableau en vitrine dont Wanley est tombé amoureux. Après une soirée arrosée, Richard et Alice vont prendre un dernier verre chez elle lorsque le compagnon d'Alice les surprend. En état de légitime défense, Richard poignarde l'homme : le couple décide alors de faire disparaître le cadavre...

LA RUE ROUGE (1945)
Petit caissier sans histoires, Christopher Cross rencontre, suite à une soirée arrosée, une jeune femme du nom de Kitty dans une rue de Greenwich Village. Elle le prend pour un riche artiste, lui qui n’est qu’un peintre amateur, tandis qu’il tombe amoureux d’elle. Motivée par Johnny, son amant, Kitty décide alors de profiter de l’affection de Christopher afin de lui soutirer de l’argent. Celui-ci s’endette pour lui payer un appartement, cachant cette relation à son épouse acariâtre, Adèle. Mais Kitty demande toujours plus, et Christopher est contraint à voler dans les caisses de son patron.

En 1944 et 1945, Fritz Lang réalise deux films jumeaux. La même distribution, Joan Bennett, Edward G. Robinson et Dan Duryea. Chacun incarnent à deux reprises des personnages à peu près identiques : Edward G. Robinson, le "middle-aged man" à la vie monotone, Joan Bennett, une femme au statut ambigüe, une prostituée ou simplement une femme facile et Dan Duryea, la crapule.
Dans les deux films, la peinture et les tableaux constituent un ressort fondamental de l’intrigue. Dans La Femme au portrait, Richard Wanley découvre dans la vitrine d’une galerie, le tableau d’une femme qui le fascine, avant que celle-ci apparaisse. Dans La Rue rouge, la peinture constitue le jardin secret de Chris Cross et se retrouve également au centre de sa rencontre avec Kitty, qui va utiliser le petit homme et le manipuler avec la complicité de son souteneur.
Les deux films américains préférés de Fritz Lang montrent ainsi des hommes qui, en un instant d’égarement, perdent le contrôle.
Des chefs d’œuvre qui ont marqués l’histoire du film noir.


Bonus :
Scénario original annoté par Fritz Lang imprimable, Dossier de presse d’époque imprimable, Notes de tournage de Fritz Lang, Galerie photos, 2 affiches (française et américaine) imprimables et un livre de 80 pages, illustrés de photos rares et inédites, signé Jean Ollé-Laprune qui s'intitule Lang à Hollywood.


LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS (1959)
Dans un paysage enneigé oppressant, un drame entre fermiers est oblitéré par l’intrusion inopinée d’une bande de tueurs hors-la-loi. Ils vont faire front ensemble…

En 1959, André DeToth, un spécialiste du western de série chez Warner Bros, tourne en indépendant un western défiant toutes les règles, comptant parmi les plus étranges et les plus mémorables du genre. Membre du "club" des quatre borgnes d’Hollywood avec John Ford, Fritz Lang et Raoul Walsh, André DeToth dirige avec brio un casting époustouflant: Robert Ryan (Les Douze salopards, La Horde sauvage…), Tina Louise (Le Petit Arpent du bon dieu…), Burl Ives...

Un chef-d’œuvre rare au suspense haletant et à la réussite incontestable, accompagné de compléments passionnants : Noir comme neige, un livre inédit de 80 pages qui se penche sur l’histoire du film, écrit spécialement par Philippe Garnier, journaliste (Libération, Le Monde…), grand cinéphile et écrivain, notamment auteur de deux livres sur André DeToth, et illustré par des photos et des documents d’archives rares.
Retrouvez également de précieux et inédits éclairages sur le film et son réalisateur, notamment grâce à de très rares images et paroles d’André DeToth, découverte inespérée.


Bonus :
Le western "Dreyerien" par Bertrand Tavernier (26mn)
Une conversation entre André De Toth et Patrick Francis
Le tournage raconté par André De Toth (commentaire audio)
Galerie de photos


MENACES DANS LA NUIT (1951)
Lors d’un hold-up, Nick Robey tue le gardien avant de s’enfuir. Il rencontre Peggy Dobbs qui ne sait rien de ses agissements. Elle lui propose de venir vivre chez ses parents. Ceux-ci découvrent la vérité et Nick est obligé de les menacer pour éviter qu’ils ne préviennent la police…

John Berry signe un des plus grands Films Noirs de tout les temps, avec John Garfield (Sang et or, l’Enfer de la corruption) et Shelley Winters (Lolita, La Nuit du chasseur), doublement oscarisée,et propose une vision troublante du désespoir. Un chef-d’œuvre, rare et inédit en DVD !

Bonus :
Entretien avec Pierre Rissient & the Berry Brothers, les fils de John Berry (26mn), The Hollywood Ten : court-métrage documentaire de John Berry (14mn)
Galerie Photos
Filmographie
Liens Internet

Chaque coffret dvd est à 30 euro et c'est à commander à theendstore(at)gmail.com

En octobre prochain, la collection accueillera une "sous catégorie" mais tout autant estimable : Art of Noir. Toujours sur le même principe film(s) + livre, sauf que pour cette série les bouquins seront signés par Eddie Muller, spécialiste du film noir et auteur du livre Dark City: le monde perdu du Film Noir en 2007.
Le premier titre est The Prowler (1951), Le rôdeur en VF de Joseph Losey dont voici le visuel :


source : Wild Side

Behind the pink curtain

Trois ans après l'édition anglaise parue chez Fab Press, l'éditeur français Le Lézard Noir, spécialisé dans le manga et la pop culture japonaise, dévoile sur son site internet la couverture de l'édition française du livre culte de Jasper Sharp, Behind the pink Curtain (que l'on peut traduire par Derrière le rideau rose). Ce livre de plus de 400 pages retraçait toute l'histoire du film érotique japonais appelé Roman Porno ou Pinku Eiga.
Longtemps annoncé sur le planning du Lézard Noir, l'amateur sera comblé de voir venir ce livre se rajouter au non moins indispensable Le cinéma enragé au Japon et Koji Wakamatsu, cinéaste de la révolte.



A l'heure ou nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas encore si il s'agit d'une simple traduction ou d'une version augmenté, et aucune date de sortie est annoncée. En revanche nous pouvons vous en dire plus sur l'auteur et sur l'ouvrage anglais.

Jasper Sharp est un écrivain et curateur de films britannique. Il co-édite le site web Midnight Eye, première source sur le cinéma japonais en langue anglaise, qu'il a fondé en 2001 en compagnie de Tom Mes. Il dirige Zipangu Fest, premier festival britannique consacré aux films nippon, ainsi que the Shinsedai New Generation Japanese Film Festival de Toronto (avec Chris Magee).

Le bouquin anglais se composait de la manière suivante :

Chapter 1:
The Japanese Sex Film: Art or Industry?
An introduction to the world of pinku eiga, some facts, some definitions and a brief historical overview, looking at the state of the modern distribution network and who actually watches these films.

Chapter 2:
Sex, Censorship and Other Positions of Power: New Ways of Looking
Is the pink film art or pornography? What is pornography anyway, and does it mean the same in Japan as over here? An introduction to Japan's obscenity laws and censorship history, within the context of the international development of erotic cinema.

Chapter 3:
Ama Glamour and the Rise of the Flesh Actress
An overview of the output of Shintoho in the 50s, who introduced nudity to Japanese screens with films such as those in the Ama, or Girl Diver movies such as Girl Divers at Spook Mansion and Revenge of the Pearl Queen.

Chapter 4:
The Birth of the Eroduction
The beginnings of the pink genre in 1962 with Satoru Kobayashi's Flesh Market and Koji Seki's legendary female Tarzan films and the formation of Kokuei, Okura Productions and the new Shintoho.

Chapter 5:
Pioneers of the Pink Film
Introducing the early trailblazers of the pink film world and their work - Kan Mukai, Koji Seki, Satoru Kobayashi, Mamoru Watanabe and Shinya Yamamoto.

Chapter 6:
Pinkos in Pink
Pink gets political. This chapter investigates how the pink film came to echo the radicalism of ultra-leftist groups on the streets of Tokyo, and details the political landscape of the era.

Chapter 7:
Emerging from the Underground: Wakamatsu Pro
We investigate the major role played by Koji Wakamatsu and his coterie in bringing avant-garde pop culture, porn and politics to a wider market.

Chapter 8:
Eiga / Kakumei: The Story of Masao Adachi
A survey of the radical films of Wakamatsu's partner-in-crime Masao Adachi.

Chapter 9:
The Golden Dawn of the New Porn: Nikkatsu's Roman Porno
The sex film goes mass market in Japan, with the birth of Nikkatsu's Roman Porno line in 1971.

Chapter 10:
Roman Porno: The Films, Their Makers and Their Stars
A closer look at some of Nikkatsu's top Roman Porno directors and their films.

Chapter 11:
Eros International
International co-productions and international distribution - was the pink film ever a purely Japanese phenomenon?

Chapter 12:
I Am Curious (Pink) - An Industry in Flux
The pink film underwent significant changes in the 70s, with the arrival of Roman Porno, and yet its output remained as strong as ever. A look at the major production companies of the decade, their staff and their films.

Chapter 13:
The Decade of Excess
Japanese sex films became renowned for their excessive depictions of violence, rape and sadomasochism, but was it always this way, or was this a purely 80s development, and if so, why?

Chapter 14:
The Four Devils and the Pink Nouvelle Vague
The renaissance of the pink film in the early 90s, following the death of Roman Porno and the arrival of Adult Video.

Chapter 15:
The Devils Themselves....
An overview of the films of the directors known as the Four Devils: Kazuhiro Sano, Hisayasu Sato, Toshiki Sato and Takahisa Zeze.

Chapter 16:
Girls and Boys Come Out to Play
The modern-day audience for the pink film is more diverse than one might expect. This chapter looks at female viewers, female directors and the gay sub-sector of the pink film genre.

Chapter 17:
21st Century Girl and the Seven Lucky Gods
The latest new wave of pink directors known as the Seven Lucky Gods, including Mitsuru Meike, Shinji Imaoka and Yuji Tajiri have captured the attention of a new generation of audiences and have had their works screened widely abroad. But are they a continuation of or a reaction against their predecessors the Four Devils?

Chapter 18:
Final Curtain?
In the era of DVD and the internet, is there still a market for the theatrical sex films, and where might the industry be heading in the future?


Les plus observateurs auront remarqué une différence dans le nom du livre. En effet sur la couverture le mot curtains est au pluriel alors que le nom original est au singulier. Peut-être une simple coquille ?
Dans tous les cas nous vous tiendrons informé dès que l'ouvrage sera disponible.

source : Lézard Noir / Fab Press

Samuel Fuller, un troisième visage

Après l'ouvrage consacré au dessous du porno américain The Other Hollywood, Allia Éditions occupe de nouveau l'actualité littérature cinéma avec un livre qui s'annonce incontournable puisqu'il s'agit ni plus ni moins de l'autobiographie d'un des réalisateurs américains "touche à tout" de génie, Samuel Fuller.


Le "rêve américain", voici ce qu'incarnent probablement la vie et la personne de Samuel Fuller. Cette autobiographie est aussi un véritable panorama historique du XXe siècle. Samuel Fuller retrace son parcours mais aussi l'époque qu'il a traversée, marquée par la Prohibition, la crise économique de 1929 ou la Seconde Guerre mondiale. De son enfance dans le New York des années 20 jusqu'à son amitié avec Martin Scorsese ou Quentin Tarantino, Samuel Fuller dit tout, tant l'anecdote est dans son cas des plus significatives. L'Amérique des années 20 est celle où tout est possible : Al Capone aime à poser pour les journalistes et les journalistes s'encanaillent avec les gangsters et les prostituées. Opiniâtre, le jeune "Sammy" fait d'abord tout pour devenir journaliste, spécialisé dans les crimes. Il mettra ainsi son souci de la vérité au service des plus grands journaux new-yorkais, milieu qui lui a inspiré le film Violences à Park Row. L'expérience du reportage a considérablement nourri son art de raconter des histoires. Mais la Seconde Guerre mondiale le frappe très vite de plein fouet. Il s'engage dans la première division d'infanterie, The Big Red One. Du nord de l'Afrique à l'Allemagne, et jusqu'au D Day, le 6 juin 1944, il participe aux batailles les plus sanglantes sur le front de l'Ouest. Meurtri, moralement éprouvé par la découverte des camps, il n'est plus, de retour aux États-Unis, le même homme. Mais bientôt, le tout Hollywood le réclame pour écrire des scénarios… Samuel Fuller fait son entrée, fracassante, dans le 7e art…

Film noir (Le Port de la drogue, La Maison de Bambou), western (Quarante tueurs, le jugement des flèches), film de guerre (The Big Red One, Les mauraudeurs attaquent), drame (Shock Corridor, White Dog), Samuel Fuller a joué avec tous les genres, avec tous les codes et les a sublimé.
Découvrez pour la première fois toute la vie de ce réalisateur à travers plus de 600 pages et de nombreuses photographies inédites.

Quelques extraits





Préface de Martin Scorsese
Traduit de l'anglais par Hélène Zylberait

Prix : 20 euro

A commander à theendstore(at)gmail.com

Source : Éditions Allia

Imamura, inédits en dvd

L'éditeur Choses Vues, via son blog, vient d'annoncer la sortie du film documentaire L'évaporation d'un homme en dvd (1967) ainsi que Les Pirates de Bubuan (1972) en bonus pour le 8 novembre 2011. Mais avant d'acquérir le dvd, vous pouvez découvrir le film en salle car il ressort le 3 août prochain.


M. Oshima, un agent commercial de trente ans, a disparu. Sa fiancée lance un avis de recherche et part avec une équipe de tournage pour enquêter sur cette disparition. Au fil des recherches se dessine le portrait d'un homme rustre, timide, peu efficace dans son travail, qui aimait boire et séduire. Celui-ci n'a plus donné signe de vie après avoir empoché une somme d'argent qui devait revenir à son entreprise.

Période méconnu du réalisateur japonais doublement palmé à Cannes pour La Ballade de Narayama (1983) et de l'Anguille (1997), L'évaporation d'un homme témoigne de toute l'inventivité du cinéaste. Mêlant allégrement des techniques cinématographiques pour réduire la barrière entre la réalité et la fiction, on peut dire qu'il faisait bien avant l'heure du docu fiction. Cette sortie salle et dvd nous permet d'évoquer la publication voilà déjà quelque temps d'un livre passionnant sur la carrière du réalisateur Japonnais : Shohei imamura : Évaporation d'une réalité au édition de L'Harmattan* par Bastian Meiresonne.


Imamura est un corrupteur - à la fois séducteur et homme déplaisant. Poil à gratter du cinéma nippon, il a cherché à représenter la quintessence de son pays. Quitte à bousculer les codes de la bonne conduite et les apparences trompeuses. Imanura s'intéresse au tréfonds de l'âme humaine. Tout au long de sa filmographie, il s'est évertué à voir au-delà du masque forgé par la société pour révéler les instincts bassement humains. Cette volonté transparaît clairement dans sa manière de réaliser.

Voilà ce que l'on peut lire dans l'ouvrage à propos du documentaire :

Pour les besoins de son Ningen johatsu (L'évaporation d'un homme), il va mener sa propre enquête en interviewant toutes les personnes en relation avec le disparu, accompagné par la fiancée de ce dernier. N'ayant pas réussi à trouver d'autres personnes prêtes à s'investir dans un tel projet, il va faire appel à l'acteur Shigeru Tsuyuchi, qu'il présente comme étant un vrai détective privé. Coup de génie, car contre toute attente, les frontières entre la réalité et la fiction vont rapidement s’entremêle. Imamura va tirer profit de la situation en tentant de "manipuler" sa protagoniste principale pour "provoquer" d'autres rebondissement. Il va notamment semer le doute quant à une probable implication de la sœur l’héroïne. La dernière scène du film sera le terrible affrontement entre les deux femmes. Au plus fort de leur dispute, le cinéaste fait tomber les pans d'un décor de studio, en affirmant que le film n'était que pure fiction. Imamura dit avoir eu cette idée en cours de tournage pour remettre en question la mince frontière séparant la réalité de la fiction ; certains témoins affirment, qu'il s'agissait avant tout d'un subterfuge pour mieux pouvoir se défendre devant le tribunal. Effectivement traine en justice par l'actrice principale pour propos diffamatoires, le réalisateur s'en tire, du coup, sans aucune peine.
Réalisé à peu de frais en coproduction avec la société indépendante ATG, le film est racheté à la dernière minute par la Nikkatsu pour le buzz entourant la sortie du film. Judicieuse décision, car le long métrage sera un nouveau succès retentissant
[...]

p.39-40

Il nous parait important de prendre en compte sa période "documentaire" tant ces quelques années semblent être la période charnière qu'il lui permettront d'envisager et de conduire son métier vers une autre voix.

A la question sur la fascination de Shoeihei Imamura pour le documentaire, son fils répond :

"Il faut savoir que mon père a été un vrai fils à papa. Ce n'est pas qu'une rumeur, mais un fait avéré. De descendance relativement aisée, il a réussi à échapper à l’enrôlement dans l'armée durant la seconde guerre mondiale en se faisant muter sans un lycée technique. Quand il est revenu à Tokyo à la fin de la guerre, il n'y avait que le marché noir. C'était la dure loi de la survie et il ne fallait surtout pas se poser de questions quant à savoir si on allait se faire tuer ou pas. Mon père a dû observer les gens pour ne pas se faire "repérer" ; il fallait qu'il reproduise exactement leurs gestes, savoir comment lever un verre pour boire ou comment se rincer le visage le matin. s'il s'est mis à imiter les gens autour de lui, ce n’était pas pour le travail, mais pour vivre et survivre.
Ensuite mon père est devenu réalisateur. un métier dans lequel il faut savoir refléter le quotidien des gens. [...] il appelait ses acteurs des "faux vivants". Je pense que cette expression lui était venue à l'époque du marché noir et de ses premiers pas comme réalisateur.
L'évaporation de l'homme a été une véritable expérience pour lui. Quand il a tourné ce film, je pense qu'il a dû se dire, qu'il avait enfin trouvé des "vrais vivants", qui n'avaient rien à voir avec les "faux vivants". C'est pour cela qu'il s'est tourné vers le documentaire. Le fait généralement répandu comme quoi il en avait marre des acteurs n'est donc pas l'unique raison de sa reconversion.
Hirosuke Imamura

Le film bonus Les pirates de Bubuan (1972) qui accompagnera L'évaporation d'un homme, raconte la vie d'une petite communauté dans l'archipel philippin racketté par des pirates de l'île voisine. Immamura filmera avec son équipe chaque camps. Dès que nous avons le visuel, nous le partagerons sur notre page Facebook et sur le blog.

Source : Choses Vues

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* Deux autres titres dans la même collection sont disponibles auprès de THE END : Kinji Fukasaku : un cinéaste critique dans le chaos du XXième siècle et Gozilla, une métaphore du Japon d'après guerre.

Hong Kong Boulevard

L'éditeur Metropolitan lance à la rentrée une collection à tout petit prix (10 euro) de double programme sentant bon le bourre pif et la transpiration avec des noms prestigieux (Lo Wei, Wang Yu, Georges Lazenby, Sammo Hung, Robert Clouse, Michael Hui). Si les films semblent être du "fond de catalogue" le cinéphage peut toujours espérer découvrir une perle oubliée parmi tous ces titres.

Détails des visuels :











Deep End | Jerzy Skolimowski

L'année 2011 semble être l'année du renouveau pour le réalisateur polonais. Après la sortie d'Essential Killing en salles, Deep End, sans aucun doute son film le plus emblématique, retrouve le chemin du grand écran dans une version restauré. Une ressortie mondiale puisqu'en Angleterre le film sera prochainement disponible en combo dvd/bluray accompagné d'un disque de bonus. Le dvd français de Deep End devrait sortir cet automne. Et cela ne semble pas fini puisque à la rentré Malavida - déjà distributeur en dvd des premiers longs métrage de Skolimowski - sortira le Départ avec Jean-Pierre Léaud, nous y reviendrons...


Mike vient de sortir du collège et trouve un emploi dans un établissement de bains londonien. Susan, son homologue féminin, arrondit ses fins de mois en proposant ses charmes à la clientèle masculine. Amoureux jaloux de la jeune femme, Mike devient encombrant.

Sous ses apparences de comédie outrancière ou de joyeux bizutage, Deep End dissimule un drame cruel de l’adolescence qui navigue entre thriller psychologique et tragédie romantique. Avec un sens ahurissant de la composition plastique, Jerzy Skolimowski suit la déambulation d’un garçon hanté par l’image d’un amour insaisissable. Cette oeuvre au ton instable est une plongée frénétique dans l’East End, négatif sinistre du Swinging London qui invoque les ambiances de Répulsion (Roman Polanski) ou de Blow-Up (Michelangelo Antonioni). Traversé par la musique des seventies, de la folk-pop de Cat Stevens au rock expérimental du Groupe Can, Deep End est l’un des films emblématiques du cinéma indépendant.

JERZY SKOLIMOWSKI, L’OEIL DU PEINTRE
Le cinéma de Jerzy Skolimowski ne ressemble à aucun autre, à l’image de cet artiste protéiforme qui se définit aussi bien comme un peintre ou un poète et qui a été boxeur dans une vie précédente. Devant Deep End, on est saisi par l’éclatant équilibre des couleurs et la finesse de la composition picturale. Des murs entiers peints en vert, rouge, jaune, comme chez Jacques Demy. La chevelure rousse de Jane Asher détourée par la neige, on pourrait être chez Douglas Sirk. Et à chaque instant, la puissance visuelle de l’image concentre les émotions contradictoires des personnages, s’attirant ou se repoussant en une abstraction sentimentale.


« Il y a des films sublimes dont on ne peut parler avec personne. Ils échappent aux histoires officielles du cinéma, disparaissent pendant des années, avant d’être injustement oubliés. Deep End est de ceux-là. Je l’ai aimé tout de suite, et il n’a cessé de me hanter depuis que je l’ai découvert. »
NICOLAS SAADA

L’ENVERS DES SWINGING SIXTIES
En donnant le rôle de la "Soho bitch" à Jane Asher, qui est alors la petite amie de Paul McCartney et par extension de toute l’Angleterre branchée, Jerzy Skolimowski saccage les clichés des Swinging Sixties. Pire, il tire de sa retraite la voluptueuse Diana Dors, autrefois appelée "la Marilyn anglaise", et lui fait jouer une scène délirante dans laquelle elle atteint l’orgasme en louant les prodiges de l’attaquant vedette de Manchester United : George Best. Libéré du poids du régime polonais qu’il vient de fuir, Jerzy Skolimowski s’amuse, misatirique, mi-dépité, des libertés prétendues de l’Europe de l’Ouest. Son compatriote et ami Roman Polanski en avait filmé le "dead end" (Cul-de-sac). Le "deep end" de Skolimowski, quant à lui, désigne aussi bien le fond de la piscine que le quartier prolétaire de l’East End, antagoniste décrépi et zone refoulée du Swinging London.

UNE BANDE ORIGINALE CULTE
"But I might die tonight" ("Je pourrais mourir ce soir"). Portées par le chant rauque de Cat Stevens, ces paroles prophétiques ouvrent Deep End. Si les mots sont de Skolimowski luimême, le lyrisme du célèbre songwriter britannique donne à la métaphore tout son sens juvénile : crier sa rage de vivre en tentant effrontément la mort. Il faut dire qu’en 1969-70, Cat Stevens est une icône pop qui vient de subir une grave crise de tuberculose. Au sommet de sa carrière, il enchaîne les tubes comme Wild World ou Father and Son mais commence en parallèle une quête mystique et contestataire qui le mènera à sa conversion à l’islam en 1977. Plus tard dans le film, l’inoubliable séquence nocturne où Mike traque Susan dans les rues de Soho est électrifiée par le Mother Sky du groupe culte Can. Cette piste lancinante de près de 15 minutes mêle un groove extatique à un rythme endiablé sur lequel se pose la voix emblématique du chanteur Damo Suzuki. Figure phare du krautrock (courant psychédélique d’Allemagne de l’Ouest) et fervent disciple de Stockhausen, Can nous rappelle que Deep End a été en partie tourné à Munich. La dilatation temporelle que suggère le morceau contribue à la mise en scène de Skolimowski qui mélange les repères et pervertit les certitudes. En joignant ces deux pôles du rock des seventies, l’un populaire et l’autre avant-gardiste, la bande originale de Deep End provoque un court-circuit artistique qui peut définir le film : hétéroclite et bouillonnant.



Bonus :
> Starting Out: The Making of Jerzy Skolimowski's Deep End (2011, 74 minutes): a comprehensive new feature-length documentary
> Deep End: The Deleted Scenes (2011, 12 minutes): short documentary exploring the scenes that never made the grade
> Original theatrical trailer
> Careless Love (Francine Winham, 1976, 10 minutes): rare and disturbing tale in which a woman (Jane Asher) takes drastic action to keep the affections of the man she loves
> Illustrated booklet featuring new essays by David Thompson, Yvonne Tasker, and Skolimowski expert Ewa Mazierska
> Recalling Deep End (2011, 25 minutes, bonus DVD only): Jane Asher and John Moulder-Brown interviewed onstage with BFI curators William Fowler and Vic Pratt
> Deep End 2011 reissue trailer (bonus DVD only)

Pour ceux qui ne connaissent par le cinéaste, voici ce que disait Alain Jouffroy* dans la revue Opus International en 1968 :

Individualiste forcené et conscient de l'être, Skolimowski a dé-conditionné le héros des films tournés dans les pays de l'est. Il ne tourne pour autant le dos ni au socialisme, ni à la société, ni aux passants qu'il rencontre tous les jours dans la rue [...] Il est comme ses films, nerveux, rapide, violent, présent à tout ce qui lui arrive, incapable de résister au plaisir de se donner entièrement à la communication la plus forte, et dangereusement solitaire. C'est-à-dire qu'il s'est fait, assez rapidement, un très grand nombre d'amis, dont on peut serrer les mains jusque dans les villas les plus cachées des rues les plus désertes [...]
Son plus grand mérite, je crois, consiste à avoir tué en Pologne cet éternel Ubu qu'est et que sera toujours l'Acteur : le mage, le grand pretre du jeu des clins d'Yeux et des poses, le sorcier de la séduction, l'autorité aveugle de la vedette. Il l'a tué comme ça, sans y penser, et parce que cela lui était aussi naturel que pour un oiseau matinal de s'envoler dans le brouillard le plus épais. Il a tué l'acteur pour exister lui-même, et pour se substituer lui-même tout entier au théâtre : pour faire passer les instants réels dans la trame, pour faire vibrer les sons dans la chair du paysage, pour faire démarrer sa voiture hors du garage des concepts et des théorèmes de la distanciation. A la dictature d'Ubu-acteur, il a substitué, comme Jean-Luc Godard, la révolution permanente de la présence : cela même qu'on ne capte pas, qu'on ne pétrifie pas qu'on ne classe pas.[...]
Le cinéma de Skolimowski, fondé sur le sentiment éprouvé du danger qu'il y a pour chaque homme à "livrer un match, engager un combat", fondé sur les principes que chacun peut se créer pour exercer une action transformatrice sur les autres, n'est pas le cinéma du mensonge esthétique, du mensonge de la propagande, du mensonge qui consisterait à croire qu'une œuvre peut se confondre avec un but. non, ce qui peut tuer Skolimowski, c'est ce qui peut tuer chacun de nous : l'interdiction qui nous serait un jour faite d'introduire la révolution collective dans l'individu, et l'individu le plus individuel dans la révolution. Sa prise de conscience comme là.


Opus International #6, Avril 1968. p47-49

Source : Carlotta

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*Alain Jouffroy est le co-créateur de la revue Opus International. Écrivain, poète et penseur avant-gardiste. Alain Jouffroy est également le scénariste du film Détruisez-vous de Serge Bard dont nous parlons ici

Miracle à Santa Anna | un Spike Lee inédit

Depuis 2006, Spike Lee n'a plus connu les honneurs du grand écran en France et son dernier film Miracle à Santa Anna, daté de 2008, sort enfin... en dvd et en blu-ray. Une consolation pour le réalisateur de Malcom X et de Do the right thing qui connait ses dernières années un certain "ralentissement" dans sa carrière puisque le cinéaste afro américain ne tourne plus que pour la télévision US.


De nos jours, aux États-Unis, un noir-américain à la veille de sa retraite tue froidement un autre homme avec un vieux pistolet allemand. La fouille de l’appartement du meurtrier dévoile la tête d’une statue italienne d’une grande valeur, perdue à Florence durant la dernière guerre. L’homme, enfermé dans un asile, raconte alors son histoire à un journaliste. Celle-ci remonte à un épisode de la campagne d’Italie...

Avec Derek Luke, Michael Ealy, Laz Alonso, Omar Benson Miller, Pierfrancesco Favino, Valentina Cervi, Matteo Sciabordi, John Turturro, Gordon-Levitt, John Leguizamo, Kerry Washington
Durée 2h38
Langue Français / Anglais
Sous titre Français
Format 2.35 - 16/9
Son 5.1

Bonus
La bande-annonce,
Santa-Anna de Stazzena : Le massacre
L’histoire la mémoire, 12août 1944
Les scènes coupées
La galerie de photo

Il est étonnant de constater le nom de l'éditeur, LCJ édition - le label des Jean Rollin, des Troma et d'autres films oubliés - a plus l'habitude de proposer du fond de catalogue comme des vieilles séries TV française qu'un film aussi "prestigieux". Spike Lee ne fait plus recette auprès des éditeurs français ? La question est soulevée d'autant plus que le metteur en scène avait renoué avec le succès grâce à son Inside Man et à sa vedette fétiche, Denzel Washington.

Prix : 15 euro pour le dvd (édition 2dvd) / 20 pour le blu-ray

A commander à theendstore(at)gmail.com

Source : LCJ éditons

Cinéma Brut #6

Les 15, 16 et 17 juillet prochain, Mouans-Sartous accueille pour la sixième année consécutive le festival Cinéma Brut. Mais qu'est-ce que le cinéma Brut ? Il s'agit des films autoproduits et ce grâce à la modernisation des technologies et des réseaux de diffusion.


Le festival est donc une fenêtre pour tous ces (petits ?) films, un moment de célébrité (le quart d'heure Warholien) pour quantité de filmeur.

Voici les films qui seront projetés soit au Cinéma La Strada à Mouans Sartoux pour les après midi, soit en plein air au château (espace d'art concret) le soir venu.

Vendredi 15 juillet 2011
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19h30 Cérémonie d'ouverture présentée oar Nathalie Tramier
20h00 Concerts (James Ton Robe / Maria Marolany)

22h00 Compétition #1
> Alter Ego de Cédric Prevost (20'35)
> Who tells you ? de Yannick Lecoeur (3'25)
> La terre est bleue comme une orange de Jean-Marc Peyrefitte (1'55)
> La clé de Guillaume Levil (6')
> Human Desert de Jo River (2'20)
> Qui sera le maitre ? de Sylvain Robineau (30')
> Medication de Jean Philippe Bretin (3')
> Michel Mono du feu de l'association des partenaires (10'30)
> Bonne année d'Eric Tadros (1')
> On est des merdes toutes pourries de MAthilde Nègre (5'25)
> La révélation de Vincent Diderot (11')
> Plumbum de Claire Firstot (A-LI-CE) (5'25)

Samedi 16 juillet
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14h00 : Sélection Internationale (Compétition #2)
> Home de Francesco Filippi (Italie) (15')
> Love Elevator de Wisit Ponnmit (Thaïlande) (3'15)
> Helpess de Li Yang (Chine) (27'50)
> Machine de Matej Hajek (République Tchèque) (1'20)
> La promesse du crépuscule d'Aki Yamamoto (Japon) (18')

15h30 : Sélection Courts métrages (compétition #3)
> Les marionnettes de Pierrick Servais (6'45)
> Pursuance de Guillaume Deraedt (33')
> Dans l’œil de Jo River de Jo River (1'25)
> La vie est dure non ! C'est le travail qui est dur de Jean-François Galotte et Aurélie Martin (15')
> Un geste qui sauve de Marc Ory et Marion Ducamp (1'30)

17h00 : Sélection Courts métrages (compétition #4)
> Coquelicot Tango de Chanette Manso (1'15)
> Pink Lady de Fabien Adam (49'55)

18h15 : Sélection "Mega Sex" (compétition #5)
> Poupée réfractaire de Yannick Gallepie (2'15)
> Sluk on my ace de Stéphane Morel (2'30)
> Vivre et laisser jouir de Jean Pfeiffer (37')
> Spetimana de Sylvain Cappeleto (4'10)

23h00 : Sélection court métrage (compétition #6)
> Machet cowboy de l'espace de Gilles Daubeuf (29'50)
> Bander à part d'Edouard Rose (19'20)
> Le creux de la vague de The Blood next door (25')
> Konrad le gros frère de Mathieu Graufogel et Antoine Guiraud (19')
> Les conviviaux de Lewis Eizykman (6'20)

Dimanche 17 juillet
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14h00 : sélection "spécial films de vacances" (compétition #7)
> Good bye Berlin d'Olivier Blaecke (5'30)
> Cap Sud de Julien Hérisson (14'45)
> Le videcup de Dorothée Nakache (4'10)
> Dahla de David Sergent (41')
> Viendras-tu pendant les congés ? de Gérald Touillon (3'20)

15h30 : Sélection courts métrages (compétition #8)
> Les fesses du Chinois de Rose et Eric Turpin (3'35)
> Mash-up de Chamalski (3'35)
> Bilbao Borderline de Jean-Christophe Meunier (41'25)

16h45 : Sélection courts métrages (compétition #9)
> Visiting Earth de David Manceau (6'25)
> Conjugaisons d'Amel Gourvennec (6')4
> Mobilité urbaine de Corentin Masson (2')
> Nos premières vacances de Mathieu Boivineau (26')http://www.blogger.com/img/blank.gif
> Miscellanées d'Anne-lise Kino (4')

17h45 : Sélection "Gross Flippe" (compétition #10)
> Sana de Julien Le Coq et Sébastien Bonnetot (6'55)
> CTIN de Cyrille Drevon (15')
> URS Vodka de la Cause (1')
> Strange teeth & Black Nails de Raoul Sinier (4')
> Les Barbares de Jean-Gabriel Périot (5')
> Sons of chaos de Mathieu Turi (15')
> Grind de Yannick Lecoeur (7')

Plus d'infos sur le site de cinéma brut.

Judd Apatow / Michel Delahaye / Frederic Jameson

Après le livre d'entretien avec Monte Hellman et une première salve de titres toujours disponible auprès de THE END, nous avons le plaisir de compter trois nouvelles références qui témoignent de la qualité éditoriale de l'éditeur Capricci.

Aux programmes, un livre d'entretien avec Judd Apatow, nouveau gourou de la comédie américaine (réalisateur de 40 ans toujours puceau, En cloque mode d'emploi et Funny People), un recueil de texte de Michel Delahaye - acteur (en 1970, il joue pour Jean Rollin, Jacques Demy et Milos Jancso, éclectique), critique cinéma, scénariste (Le passe montagne de Jean-François Stevenin) et même réalisateur (Archipel des amours) ; enfin un condensé de la pensée, de l'inventivité, de l'originalité de Frederic Jameson autour du cinéma , du capitalisme et de la post-modernité.


Judd Apatow. Comédie, mode d'emploi
de Emmanuel BURDEAU

En janvier 2010, Judd Apatow a accordé une série d’entretiens à Emmanuel Burdeau, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma.
Judd Apatow décrit en détails son itinéraire et la totalité de son travail d’auteur-producteur, depuis les débuts dans le stand-up à la douzaine de succès qu’il a produits, écrits ou réalisés, de Freaks & Geeks à 40 ans toujours puceau, En cloque, mode d’emploi ou Supergrave, jusqu’à la sortie récente de Funny People.

Ce livre est une première. Jamais Apatow ne s’était exprimé aussi longuement. De Steve Martin à Garry Shandling, de Lenny Bruce à Seth Rogen, il dévoile un pan essentiel de la tradition comique américaine.

Comédie, mode d’emploi est l’histoire d’un homme et de sa passion pour la comédie. Il est aussi, à sa manière, une histoire drôle. Comment écrit-on des blagues ? Quel est le bonheur et le travail de faire rire ?

Précédé d’une « Introduction à la vie comique », par E. Burdeau.

Extrait : « Est-il possible de faire des comédies en trois dimensions ? Peut-on à la fois faire vraiment rire et toucher profond ? Est-il possible de faire en sorte que le public se sente concerné ? Quand tout le monde est là pour toucher le chèque, on le sent. Aussi souvent que possible, je veux que nos films aient quelque chose à communiquer. Si je me sens concerné, il y a plus de chance que le spectateur le soit aussi, à quelque niveau que ce soit. »



A LA FORTUNE DU BEAU
de Michel DELAHAYE

Jean Renoir lui a donné la canne d’Opale/Dr Cordelier. James Ivory lui a donné une miniature indienne du XVIIIe siècle. Judith Elek lui a donné une assiette. Il a fait 22 métiers. Il a joué dans 98 films. Il a écrit aux Cahiers du cinéma et à La Lettre du cinéma. Il est l’auteur d’un roman et d’un film. Il est né en 1929. C’est Michel Delahaye.

Après Piges choisies (2009) de Luc Moullet, A la fortune du beau permet de redécouvrir un auteur dont l’importance dans l’histoire critique française est à la fois incontestable et méconnue.

Il rend aussi un hommage à un acteur culte : en plus de son travail critique, Michel Delahaye a en effet tenu 98 rôles, chez Truffaut, Eustache, Rivette, Demy, Chabrol, Godard, Jacquot… !
Deux époques : les années 1960 et les années 2000 ; le Delahaye de la cinéphilie classique et le Delahaye d'aujourd'hui, considéré comme un père par une nouvelle génération de cinéastes. Entre ces deux moments, le lien est d'autant plus naturel que la pensée du critique s'organise justement autour du thème de la transmission.

Le livre est découpé en trois parties : une sélection d’articles parus dans les Cahiers du cinéma dans les années 1960 ; un entretien avec le cinéaste King Vidor ; une sélection d’articles parus dans La Lettre du cinéma, entre 1999 et 2005.

La préface a été confiée à deux cinéastes et critiques de la nouvelle génération, Pascale Bodet et Serge Bozon (La France, 2006, avec Sylvie Testud).

SOMMAIRE :

Fritz Lang, Howard Hawks, John Ford, Pasolini, Manoel de Oliveira, Jean Eustache, Marcel Pagnol, Jean Rouch, Jacques Demy, Straub & Huillet, Larry Clark, Steven Spielberg.

L’AUTEUR :

Michel Delahaye fut pendant les années 1960 parmi les rédacteurs les meilleurs et les plus réguliers des Cahiers du cinéma, offrant à la revue de nombreux textes capitaux. Très secret, beaucoup ont cependant vu sa silhouette et entendu sa voix cassante, son ton pince-sans-rire dans les nombreux films où il a joué, notamment Offre d’emploi de Jean Eustache ou Une belle fille comme moi de François Truffaut… Un portrait filmé lui a récemment été consacré par Pascale Bodet et Emmanuel Levaufre : Le Carré de la fortune. Des Cahiers à la Lettre, l’objectif de Delahaye aura été le même : regarder les films comme des reportages sur des pays exotiques (les nôtres), donner au cinéma mission de rendre compte de « l’esprit de l’aventure du temps, l’esprit des temps d’aventure ».



Fictions géopolitiques
de Fredric Jameson

A travers l'analyse de 4 films — Le Jour de l'Éclipse du russe Alexandre Sokourov ; les films du réalisateur taïwanais Edward Yang ; Passion de Jean-Luc Godard ; Perfumed Nightmare du philippin Kidlat Tahimik —, Fredric Jameson développe l'hypothèse d’un inconscient géopolitique à l'ère de la globalisation.
Comment représenter la complexité de notre système-monde ? Comment concevoir delà changer ? Dans cette perspective, les quatre films analysés ici sont envisagés comme autant d’exercices de cartographie. Jameson fait valoir que la nature « mêlée » de ces films définit profondément la condition historique et géopolitique avec laquelle ils négocient.

Fictions géopolitiques reprend les quatre textes de « Circumnavigations », seconde partie de l'ouvrage The Geopolitical Aesthetic. La première partie a été publiée sous le titre La Totalité comme complot (Les Prairies ordinaires, 2007).


Né à Cleveland en 1934, Fredric Jameson est philosophe, critique littéraire et théoricien marxiste. Professeur de littérature à l’Université de Duke, il est particulièrement connu pour son analyse des courants culturels contemporains et ses travaux sur le postmodernisme, qu’il a été le premier à décrire comme une spatialisation de la culture sous la pression du capitalisme. Ses recherches couvrent aussi bien la tradition des penseurs marxistes (Walter Benjamin, Theodor Adorno, Louis Althusser), que la littérature (en particulier la science-fiction) et le cinéma. L’art tient une place centrale dans son travail, dans la mesure où chaque œuvre est pour lui la proposition d’une cartographie cognitive dans un monde désorienté.

Philosophe de premier plan, extrêmement influent dans le monde anglo-saxon, ami et maître de Slavoj Zizek, Jameson commence d’être reconnu et traduit dans le monde francophone. Publié en 2007 par les éditions Les Prairies Ordinaires, La Totalité comme complot, consacré à un corpus de films américains des années 1970, a été très bien accueilli par la critique et par le public. Un de ses ouvrages majeurs, Le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif, a été publié au même moment par les Éditions des Beaux-Arts, ainsi qu’Archéologies du futur, un désir nommé utopie, chez Max Milo.

Penseur d’une grande exigence, Fredric Jameson est aujourd’hui une des figures les plus importantes d’un renouveau mondial des questionnements situés au croisement de l’esthétique et de la politique.


Source : Capricci

Identités Japonaises

Pour nos lecteurs parisiens, sachez que demain au BAL (6, Impasse de la Défense 75018), le film documentaire Extreme Private Eros : Love Song de Kazuo Hara sera diffusé à 11h00. Une projection unique pour un film extrêmement rare en France (voire jamais vu).
Cette séance intervient dans le cadre du cycle Identités Japonaises qui à lieu depuis le 4 juin dans ce lieu indépendant dédié à la représentation du réel par l’image, sous toutes ses formes : photographie, vidéo, cinéma, nouveaux médias dixit Diane Dufour, directrice de l'endroit.

La sélection des lons-métrages a été faite par Philippe Azoury, journaliste à Libération.

Traquer son identité. L’interroger. La confronter à la nation, aux maîtres, à toutes les influences susceptibles de la déplacer, la faire changer, la bousculer. Se voir dans le regard de l’autre. Aller ailleurs voir si on n’y est pas…

La série de documentaires présentée durant ce cycle fait écho de façon intime à ce Japon en plein bouleversement que le BAL expose jusqu’au 21 août, à travers les photos de Keizo Kitajima, Yukichi Watabe et Yukata Takanashi.

Ces huit documentaires appartiennent à un segment de l’histoire qui va de la fin des années soixante au début des années 2000 et qui aura vu au Japon le cinéma documentaire devenir à la fois un moyen de passer les règles à tabac (sous l’impulsion des enragés Shohei Imamura, Masao Adachi, Kazuo Hara) et un médium de rêve pour une écriture introspective(Shinji Aoyama, Naomi Kawase).

Les historiens du documentaire japonais parlent d’un choc tellurique à propos de la projection, en 1973, pour la première fois au Japon, de Reminiscences of a Journey to Lithuania de Jonas Mekas : toute une génération qui avait assisté à la olitisation
et à la radicalité d’une nouvelle vague nippone d’une richesse inouïe (Oshima, Imamura, Yoshida, Wakamatsu)comprit qu’elle pouvait désormais associer la protestation et le portrait de soi.

On verra ici que ces transformations profondes de l’écriture documentaire ont commencé encore plus tôt, dès la fin des années soixante, lorsqu’Imamura fit
raconter l’histoire du Japon par une prostituée, lorsqu’ Adachi repartit sur les traces d’un tueur en série pour un grand balayage urbain et politique,qui renvoyait la ville à son indifférence, semblable à celle qui émane du portrait de la gigantesque station de métro de Shinjuku par Jonouchi Motoharu. Une séparation avec une femme induit un dispositif où celui qui filme (Kazuo Hara) est analysé en retour, avec pertes et fracas (Extreme Private Eros: Love Song 1974, l’un des chocs de l’école documentaire japonaise). Vingt ans plus tard, un jeune cinéaste (Shinji Aoyama) se lance dans le paysage du poète qu’il admire le plus, Kenji Nakagami, pour tenter de percer le secret de sa création. Une cinéaste (Naomi Kawase) qui passe sans s’en apercevoir de l’essai à la fiction et de la fiction au journal intime, cherche à renouer avec un père yakusa en se faisant comme lui tatouer la peau : ma chair est toujours la chair de ta chair.

Par eux tous, nous devrions mieux comprendre, à terme, ce que le photographe Keizo Kitajima, compagnon lointain de ces cinéastes, appela longtemps, pour qualifier son travail, « the un-identity ». Où l’identité est toujours à construire, dans sa confrontation à l’autre. Impossible alors de ne pas confronter, à notre tour, ces cinéastes japonais au regard aigu de deux Européens : Chris Marker et Wim Wenders, deux grands voyageurs qui, au fond, n’ont jamais rien compris au prétendu exotisme japonais, se sentant au Japon comme chez eux…

Que Tokyo semble familier à ceux qui ont la passion
du détail et des visages…"
Philippe Azoury

Liste des films de la programmation

Shohei Imamura, L’Histoire du japon d’après-guerre racontée par une hôtesse de bar, 1970, 105’

En demandant à Akemi, ancienne hôtesse du bar« Madame Onboro » (littéralement « Madame Déglingue ») de raconter ce qu’a été sa vie, au Japon, puis aux USA, où elle s’est exilée, et de confronter sa parole à des images d’archives qui retracent la capitulation du Japon en 1945, son redressement économique, et ses troubles politiques récents (l’émergence, dans le sillage de 1968, de la Fraction Armée Rouge japonaise), Imamura invente un dispositif provocateur et salutaire, dans lequel se mêlent la grande histoire et la petite histoire, la Nation et la Putain, le cynisme politique et une survie plus terre-à-terre.
À côté de son oeuvre fictionnelle, deux fois récompensée par la Palme d’or à Cannes (La Ballade de Narayama en 1983 et L’Anguille en 1997), Shohei Imamura (1926-2006), grande figure de la Nouvelle Vague nipponne, est un documentariste subversif, qui scrute l’histoire japonaise et la met face à ses tabous.


> Samedi 23 Juillet

Naomi Kawase, Kya Ka Ra Ba A (Dans le silence du monde), 2001, 49’
> Samedi 11 Juin

Shinji Aoyama, Roji –E, 2000, 64’

Un des films les plus beaux et les plus secrets de Shinji Aoyama, où il part sur les traces de Kenji Nakagami, un écrivain qui a été son maître et dont les romans expriment l’attachement pour sa région natale, Kishû, une région montagneuse avec d’impressionnants rivages qui donnent sur l’océan Pacifique. Les ruelles sont aussi l’un des motifs récurrents de l’écrivain. Aoyama combine les images tournées par Kenji Nakagami en personne, dans ces venelles aujourd’hui disparues, avec ses propres images, en revenant à son tour sur les lieux laissés vides par l’écrivain disparu en 1992.
Shinji Aoyama, né en 1964, ancien critique aux Cahiers du Cinéma Japon, est le chef de file d’une nouvelle génération de cinéastes, apparue à la fin des années quatre-vingt-dix. Eureka, Desert Moon, Elli Elli, Sad Vacation, ont été sélectionnés à Cannes et Venise. Le Festival d’Automne à Paris lui a rendu hommage en 2009.


> Samedi 30 Juillet

Wim Wenders, Tokyo-Ga, 1985, 92’
> Samedi 25 Juin

Chris Marker, Sans Soleil, 1983, 100’
> Samedi 2 Juillet

Kazuo Hara, Extreme Private Eros: Love Song, 1974, 90’


Miuyki est l’ancienne compagne du cinéaste Kazuo Hara. Lorsqu’il décide de la filmer, au début des années soixante-dix, elle vit avec une femme, puis elle trouve un emploi d’hôtesse dans un bar du quartier rouge d’Okinawa, s’amourache d’un soldat noir américain et en attend un enfant. Dans le même mouvement perturbant qui accompagne les photos de Keizo Kitajima, Kazuo Hara se sert de sa caméra pour percer le secret de l’autre, mais ne récolte, en retour, qu’une dissolution lente de sa propre identité. Ce film culte n’a quasiment jamais été montré en France.
Kazuo Hara est né en 1945. Documentariste, il est connu pour deux autres films, tout aussi frontaux : The Emperor’s Naked Army Marches on (1987) et A Dedicated Life (1994).


> Samedi 9 Juillet

Jonouchi Motoharu, Going Down into Shinjuku Station, 1970, 15’

Plongée sensorielle dans la plus grande station de métro de Tokyo. Entre documentaire et cinéma expérimental underground.
Jonouchi Motoharu, documentariste expérimental né en 1935, plasticien contre-culturel, a été à la tête de plusieurs groupes « anti-art » (dont le néo Dada club).
Ses films de la fin des années soixante interrogent la place de l’humain au Japon depuis Hiroshima et en sondent la dévastation.

> samedi 16 juillet à 11h00

Masao Adachi, Aka Serial Killer, 1969, 86’

Norio Nagayama tue quatre personnes entre octobre et novembre 1968. Lorsqu’il est arrêté, il n’a que 19 ans(en prison, il deviendra un écrivain à succès). Masao Adachi marche sur ses pas, et filme un à un les lieux qui furent les siens. Une façon d’aborder, par l’absence, la figure du serial killer à la fois politique, comme situationniste, et voisine de ce qui serait aujourd’hui un projet d’artiste contemporain.
Artiste expérimental né en 1939, cinéaste indépendant, combattant révolutionnaire (aux côtés de l’Armée Rouge Japonaise), prisonnier politique (au Liban), Masao Adachi
fut dans les années soixante un proche collaborateur de Koji Wakamatsu et Nagisa Oshima.


> Samedi 16 juillet à 11h00

Source : Le BAL

La femme scorpion | Arte Cinéma Trash

Depuis le début de l'été, Arte propose des programmes à l’honneur des femmes (films, documentaire, concerts) à travers la thématique "Summer of girls". Et bien sachez que la case Trash de la chaine embraye le pas avec les 4 premiers volets sur 6 de la saga Female Prisoner 701 aka La Femme Scorpion. A l'heure où nous écrivons ces lignes nous ne savons pas encore si les 2 derniers épisodes - sans Meiko Kaji - seront programmés mais si c'était le cas nous vous avertirons via le blog ou sur notre page Facebook.


Inspiré d'un manga de Toru Shinohara, le récit d'une vengeance implacable. Avec Meiko Kaji, icône sublime du cinéma japonais des seventies.

Alors que le directeur d’une prison pour femmes est sur le point d’être décoré, l’alarme signale une tentative d’évasion : c’est ainsi, avec un escadron de gardiens à ses trousses, que nous faisons la connaissance de la fameuse Nami Matsushima, ou « Matsu », prisonnière 701 que l’on surnommera bientôt Sasori (Scorpion en japonais). Personnage mutique doté d’un sens exacerbé de la justice, la jeune femme, du fond de sa geôle, mettra tout en œuvre pour se venger de son ancien amant, un policier véreux qui a trahi sa confiance. « La femme Scorpion » (1972) est le premier opus d’une série devenue mythique, notamment grâce à son interprète principale, Meiko Kaji. La comédienne, ne voulant pas associer son nom aux « romans pornos » alors en vogue dans les studios de la Nikkatsu, se laisse débaucher par la concurrence, la Toei, et tourne sous la direction de Shunya Ito, dont ce sont les premiers pas en tant que réalisateur, ce WIP (« Women In Prison » – un genre cinématographique en soi) ultra stylisé au succès immédiat.


> Jeudi 7 juillet à 00h00

Dans une prison pour femmes, Matsu et ses codétenues sont humiliées par leurs geôliers. Un cocktail délirant de sexe et de violence, d'une incroyable beauté plastique. Pour public averti.

Matsu est enfermée à perpétuité dans une prison pour femmes. Comme ses compagnes de cellule, elle subit quotidiennement tortures, viols et humiliations de la part de ses gardiens. Mais Matsu ne se laisse pas faire. C'est une détenue féroce et inflexible, à qui ses agressions fulgurantes ont d'ailleurs valu le surnom de Sasori (scorpion). Le directeur de la prison a fait de son cas une affaire personnelle, bien décidé à briser la jeune femme par tous les moyens. Mais lors d'un transfert, Sasori s'évade avec six détenues. Une longue et terrible traque commence...

Perle rare du cinéma érotique japonais, Elle s’appelait Scorpion est le deuxième opus - le meilleur ! - d'une incroyable série ayant pour héroïne une jeune femme mutique, sensuelle et ultraviolente. Tout au long de cette saga délirante, Sasori subit les pires outrages pour finalement triompher de ses ennemis, spécimens monstrueux de la gent masculine. À la fois film de prison de femmes, film de fantômes, film gore (un bon mâle est un mâle empalé au niveau de ses attributs), film de vengeance et western manga, Elle s'appelait Scorpion convoque une multitude de genres de l'extrême, tout en offrant au spectateur des échappées pleines de poésie - un spectre récitant façon kabuki les forfaits qui ont conduit chacune des évadées en prison, Sasori partageant son couteau avec le fantôme de ses anciennes codétenues... Son succès, le film le doit autant à la formidable mise en scène de Shunya Ito (il y a au moins une idée par plan) qu'au charisme de Meiko Kaji, icône du cinéma japonais des années 70, aux yeux perçants et électriques. Un regard terrifiant, empli à la fois de colère et de défiance, qui fait de Sasori une femme toujours debout, même sous le joug du mâle.


> Jeudi 14 juillet à 00h00

Troisième volet de la série des Sasori, cocktail délirant et beau de sexe et de violence, porté par une actrice sublime.

Matsu, toujours habitée par le désir de vengeance, s'est évadée de prison. Activement recherchée, elle parvient dans le métro à échapper à la police, après avoir sectionné le bras d'un inspecteur. Livrée à elle-même, elle trouve refuge chez une prostituée, dans les bas-fonds de la ville, où elle se terre comme un animal traqué.

Shunya Ito délaisse le milieu carcéral sans pour autant rendre sa liberté à son inflexible héroïne. La ville s'apparente ainsi à une immense prison où les femmes, comme dans les deux premiers opus, sont victimes de la barbarie des hommes et de la société dans son entier, qui maltraite les plus pauvres. Oscillant entre poésie et sadisme, ce troisième épisode est une fois encore sublimé par Meiko Kaji, éblouissante en ange vengeur.


> Jeudi 21 juillet à 23h45


Quatrième volet de la série des Sasori, cocktail délirant de sexe et de violence, porté par une actrice sublime.

Toujours recherchée par la police, Sasori se lie avec Kudo, un ancien activiste de gauche, traumatisé pour avoir été torturé dans sa jeunesse. Kudo se fait arrêter, suivi de peu par Sasori. Les amants réussissent à s'échapper lors d'une fusillade. Mais l'inspecteur Kudama compte bien faire appliquer la peine de mort prononcée contre Sasori.

Après trois épisodes réalisés par Shuntya Ito, c'est Yasuharu Hasebe qui passe derrière la caméra pour prolonger la saga de la femme scorpion. Il le fait à la demande de l'actrice principale qui, marquée par les précédents tournages physiquement très éprouvants, espérait des conditions un peu plus "soft". Meiko Kaji abandonnera néanmoins la série après cet épisode. La chanson "Urami Bushi", qu'elle interprète, sera reprise plus tard par Quentin Tarantino pour la bande son de Kill Bill.


> Jeudi 28 juillet à 00h10

Reste à savoir maintenant si les 2 épisodes suivants La nouvelle femme scorpion : prisonière 701 et La nouvelle femme scorpion : Cachot X seront programmés au mois d'août.

Sachez qu'un coffret dvd comprenant l'intégralité de la saga est disponible auprès de THE END.



A commander en envoyant un mail à theendstore(at)gmail.com

Source : Arte