Dans la presse, on retrouve fréquemment les trois même qualificatifs : punk, poète, esthète. Nous vous proposons quelques extraits d'articles afin de vous faire une idée sur ce "personnage", "fantôme" du cinéma français.
Une fille pilote un hors-bord et tracte un jeune skieur. Ils bravent l’un comme l’autre leurs limites quand un choc survient…Par la suite, Stan van der Daeken s’éveille du coma pour découvrir que des généalogistes recherchent un individu dont l’identité correspond à la sienne. Loin de s’interroger sur la réalité de cette filiation testamentaire, il souscrit à l’héritage du Professeur Starkov et s’embarque pour le pays de Las Estrellas…
Dès la séquence d’ouverture, ce n’est plus du cinéma, mais le cinéma de FJ Ossang : une femme, lunettes noires, physique de star des années 40, pilote un hors-bord.
Derrière son visage, on distingue un skieur nautique qui slalome dangereusement. Noir et blanc. Musique furieuse de MKB. Tout Ossang est là : l’évocation du cinéma ancien, le sens du plan, du glamour, du mystère, du mouvement, de la fureur, de l’électricité.
Soudain, l’accident : le skieur est inanimé, placé dans une ambulance. On le retrouve dans différents voyages, aux prises avec une mystérieuse succession, mêlé à d’obscures machinations, victime d’expériences médicales étranges.
Flash-backs ? Traversée du pays des rêves ? Ou du pays des morts ? Et qui est notre héros ? Un guerrier ? Un artiste ? Un héritier ? Un espion ? Une victime ? Déjà mort ou en sursis, notre skieur atterrit dans une contrée en situation de guerre ou d’état de siège, il croise d’inquiétants avocats et de douteux médecins, déambule dans un hôtel désert, à moins que ce ne soit une prison.
Un trafic d’armes semble être au cœur de cette planète onirique… Peu importe l’opacité du récit, seule compte la force des images ourdies par le cinéaste. En noir et blanc ou en couleurs, les plans d’Ossang ont toujours l’air d’avoir été prélevés dans l’histoire du cinéma puis recomposés par son propre imaginaire.
On se croirait parfois replongé dans du Murnau ou dans du Franju, puis dans du Lynch, mais ces référents sont plutôt évoqués par rémanences que recopiés ou cités. Un peu comme Guiraudie, Ossang a le génie des noms évocateurs ou des mots inventés, décisifs dans la création d’un monde singulier.[...]
On ne saurait pas résumer ce que raconte Ossang ou assigner un sens précis à son histoire. Ce qu’on sait, c’est que regarder Dharma Guns est une expérience forte, loin de notre réalité prosaïque et qui pourtant la reflète aussi (des pays en état de siège ou de guerre, des individus broyés par des forces puissantes, on en voit tous les jours aux infos).
Dans un paysage largement dominé par le réalisme, le roman, la fiction classique et son trio exposition-conflit-dénouement, Ossang apparaît comme l’un des derniers poètes-esthètes purs et durs du cinéma.
Serge Kaganski pour Les Inrockuptibles
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En terre ossangiennes, terres milles fois brûlées (elles nous viennent de l'expressionnisme allemand), les choses avancent autrement : par flashs, par fulgurances, dans un état d'hébétude permanent. [...]
l'amnésie est ici un état général qui contamine tout : la façon de regarder le monde et de l'appréhender, la manière dont les séquences s'entrechoquent. Chaque scène ravale la précédente, la défait, et le film tout entier se détache progressivement du fil mémoriel qui est censé le coudre au récit. Ceux qui connaissent le travail de F. J. Ossang seront en terrain familier : ils y retrouveront cette façon de tisser des scénarios paranoïaques, croisant parfois une science-fiction militaire, où la peur de la contamination et de l'autorité emportent des personnages de parias poétiques dans une course contre la mort. [...]
On dit d'Ossang qu'il est LE cinéaste rock en France. Mais le rock est ici une affaire large, comprenant aussi bien la poésie de Maïakovski que les paysages industriels des Açores. En retour, sa photographie noir et blanc acérée est punk jusqu'en dessous des ongles.
Philippe Azoury pour Libération
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Avec l'épure de la série B, Ossang retrouve l'épure des films d'horreur Bauhaus d'Ulmer comme Le Chat Noir, et transforme son île en territoire psychique hanté par les terreurs du siècle : manipulations génétiques, attentats du mystérieux groupuscules "Dharma Guns", trafic de virus et de clés ADN fatales. De la série B, Ossang a également retenu la puissance incantatoire lorsqu'une phrase lancée ("l'invasion commence !") et une silhouette au loin peuplent le hors-champs de créatures fantastiques, fruits des expériences contre nature du professeur Starkov.
Dans ce laboratoire d'expérimentations narratives, Chris Marker et William Burroughs croisent Henri Vernes et la SF punk de Métal Hurlant.
Stéphane du Mesnildot pour les Cahiers du Cinéma (#665, p42)
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Le mois de mars aura été celui de F.J. Ossang puisqu'en parallèle à la sortie en salle de son nouveau film, l'éditeur Potemkine a la riche idée d'éditer un coffret regroupant les précédents long métrages
L'affaire des divisions morituri - 1984
Dans une sordide affaire de paris clandestins, le gladiateur Ettore crache le morceau a la presse. Un premier film punk, provoquant.
Le trésor des iles chiennes - 1990
Un ingénieur qui tient, grâce a la découverte d'une nouvelle énergie, le monde entre ses mains, a disparu avec son secret. Une expédition est envoyées aux iles Chiennes, le seul endroit au monde ou existe cette énergie a l'état naturel
Docteur chance - 1997
Angstel, jeune ecrivain rate, attend Zelda, la femme qu'il aime devant un cinema qui projette "l'Aurore" de Murnau. Elle ne viendra pas. Il part alors dans la nuit et croise dans la rue Ancetta, une danseuse dont il achete la compagnie pour une poignee de billets. Ancetta et Angstel vont se chercher, se perdre et se retrouver. Ils quittent la ville a l'aurore a bord d'un spider charge d'armes et de monnaie de singe.
Les courts métrages
La Dernière Enigme
« Ce film a été tourné le 18 février 1982, avec deux boîtes de 16mm Kodak Double X. Il est librement inspiré du texte Del terrorismo dello stato (la Teoria e la pratica del terrorismo per la prima volta divulgate de Gianfranco Sanguinetti. » Premier carton du film
Zona Inquinata
« Le texan Benz est à la tête d’une organisation de tueurs à gages. Le capitaine Mort est son bras droit. C’est en poussant sa maîtresse Stella dans le lit du boss que le capitaine Mort est parvenu à ce poste de chef des tueurs. La situation devenue pour lui intolérable, il décide de supprimer le cow-boy. » F.J. Ossang
Suppléments :
- Entretiens avec le réalisateur autour de chacun des films
- F.J. OSSANG, FILMS & DOCUMENTS, livret de 76 pages réunissant de nombreux documents inédits (fax de Joe Strummer, photos de tournage, textes de F.J. Ossang, Claude Pélieu, Jean-François Charpin, Nicole Brenez etc.)
Le coffret F.J Ossang est en vente sur notre boutique theendstore.com